Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

CATHY GARCIA-CANALES - Page 1159

  • Skarabokki - Hyperconnection

    skarabokki hyperconnection.jpg

     

    La couche virtuelle du monde de plus en plus compacte, étouffante. Des heures qui passent en clignement de paupières.

     

    À l’ouest l’indien se réveille. À l’est le dragon apprend à cracher des dollars. Partout les jeunes explosent en musique, en vol parfois. Que fera-t-on des fragments de notre époque ?

     

    L’expérience virtuelle rejoint l’expérience chamanique et les esprits s’égarent par milliers déconnectés.           

     

    cg in Chroniques du hamac, 2008

     

     

  • Dans Recours au Poème

    Suis au menu avec :

     

    JE SUIS L’EAU

    GRAMINÉES

    Le Chant de La Vieille

    Celle qui manque (extrait)

     

    et bien d'autres auteurs...

     

    Une très bonne revue en ligne à découvrir si ce n'est déjà fait :

    http://www.recoursaupoeme.fr/po%C3%A8tes/cathy-garcia

     

    Directeur de la publication  :

    Gwen Garnier-Duguy

     

    Rédacteur en chef :

    Matthieu Baumier

     

    Rédaction :

    Mathieu Hilfiger
    Michel Host
    Antoine de Molesmes
    Paul Vermeulen
    Pascale Trück
    Christophe Morlay

     

    Collaborateurs réguliers

    Jean-Luc Maxence, Alain-Jacques Lacot, Alain Gopnic, Pascal Boulanger, Salima Aït-Mohamed, Fabien Desur, Jean Maison, Matthieu Gosztola, Luis Bénitez, Marie Stoltz, Bernard Mazo (┼), Gérard Bocholier, Malika Hadji, Andrjez Taczyński, Pierre Maubé, Max Alhau, Marija Knezevic, Giriraj Kiradoo  Sophie d’Alençon, Dubravka Djuric, Phil McBeath, Denis Emorine, Eze Baoulé, Lucia Acquistapace, Zvonko Karanovic, Jean-Pierre Védrines, Dimitra Kotoula, Didier Bazy, Željko Mitić, Shasheen Sauneree, Maximilien Kronberger, Christos Chrissopoulos, Nathanaël, Arundhathi Subramaniam, Katerina Iliopoulou, Christophe Dauphin, Nina Zivancevic, Yves Roullière, Elizabeth Brunazzi, Andrew Taylor, Brigitte Gyr, Maja Herman Sékulic, Marissa Bell Toffoli, Ian Gibbins, Jelena Radovanović, Laura Vazquez, Michel Baglin, Damir Sodan, Jean-Luc Wauthier, Eva-Maria Berg, Dominique Sorrente, Márcia Marques-Rambourg, Béatrice Machet, Rouhollah Hosseini, Robert Furlong, André Ughetto, Lucien Wasselin, Charlène Clonts, Danièle Faugeras, Sabine Huynh, Marilyne Bertoncini, Nasser-Edine Boucheqif, Anne-Marie Soulier, Raymond Mbassi Atéba, Marie-Josée Christien, Catherine Boudet, Joëlle Gardes, Guillaume Decourt, Raymond Farina, Michel Cazenave, Serge Meitinger, Stéphane Chaumet, Isabelle Macor-Filarska, Eric Pistouley, Lucien Noullez

     

     

     

     

     

     

  • Bol avec incantation à Lilith - Culture araméenne

     

    bol à incantations lilith 1.jpg

    Griffin Gallery Ancient Art

     

    Les « bols à incantation », également appelés « pièges à démons », sont une forme de protection magique ancienne. Ils étaient enterrés à l’envers (fond vers le haut), dans le coin des habitations ou sous le seuil, et étaient censés protéger la maison et ses habitants des démons et des esprits malfaisants, qui – c’est bien connu – émergent des profondeurs de la terre par les fissures du sol. Les démons étaient attirés et aspirés par la spirale jusqu’au fond où ils se trouvaient piégés… La plupart des bols connus (plusieurs milliers) viennent de l’empire Sassanide, incluant principalement l’actuel Iran et l’Iraq, et des parties de la Jordanie, du Liban, de la Syrie et de la Turquie. On en a trouvé jusqu’en Egypte et en Ouzbekistan. Ils ont été produits pour l’essentiel du 5ème au 7ème siècle, soit de la Mésopotamie tardive à la fin de l’ère Sassanide, voire au début de la période Islamique. Ces bols portent généralement une inscription en spirale commençant du bord en descendant jusqu’au fond (plus rarement en cercles concentriques). Une représentation ou un symbole du démon (Lilith) figure souvent tout au fond. L’inscription est le plus souvent rédigée en langue araméenne, mandaïque ou en hébreu. Elle contient fréquemment des indications nominatives des personnes à protéger, ainsi que extraits bibliques intéressants, car parfois inconnus des textes classiques tels que les manuscrits de la Mer Morte. Certains pensent qu’elles étaient rédigées par des lettrés hébreux, pour des clients de tout l’empire.

     

     

    bol à incantation lilith 2.jpg

    Griffin Gallery Ancient Art

     

    bol à incantations araméen o.jpg

    Musée Champollion - Figeac

     

     

    Un exemple de traduction d’un bol comportant 9 lignes de texte en spirale, en écriture araméenne judéo babylonienne, destiné à protéger la maison de Babai, fils de Batqina :

    Moi, Babai, fils de Batqina, je me tiens sur une grande montagne. Sur une grande montagne de pierre, j'attache des mots magiques. Je sors et je vole à votre rencontre, au dessus des ruines du village, des fossés du champ et au dessus des chemins des humains. La guérison que j’appelle (…)et la protection que j’apporte ainsi. J’ai dans la main un couteau qui existe de la terre au ciel, qui m'a été donné par la mère de tous les grands démons, des diables, des esprits, des satans, des idoles et de Lilith. Par lui ils ont été blessés et leur sang s’écoule vers les fleuves profonds. Parce que (…) j'ai tué, je vous ai arrêtés et je vous ai frappé ainsi, le couteau dans votre coeur. Au nom de SL SL SL SL SL SL SL, par ces sept mots, les cieux et la terre sont liés. Par eux est scellée et scellée encore la maison de Babai, fils de Batqina. Au nom du mystère supérieur, du mystère moyen, du mystère inférieur, par la présence divine supérieure, par la présence divine moyenne, par la présence divine inférieure, par le mystère de la mère et de sa fille, par le mystère d'une mariée et de sa belle-mère, par les feux du soleil et de la lune, par l'image du sceau de l'anneau de Solomon le roi, fils de David.

     

     

    bol à incantations  sassanides 6.jpg

    British Museum

     

     

     

  • Skarabokki - Selfportrait

    skarabokki selfportrai.jpg

     

     Comment vais–je faire pour ne pas passer d’un extrême à l’autre ? J’ai besoin de solitude. C’est elle qui me nourrit, si j’en ai suffisamment pour survivre à tout le reste, mais elle m’empoisonne si j’en ai trop. Il faut trouver l’équilibre et l’accepter.

    Je perds la sérénité que m’apportait la vie solitaire. Je suis trop souvent sur le qui-vive, culpabilisant de ce qui était autrefois naturel chez moi. Mon rythme est très particulier, il se règle au jour le jour, comme mes humeurs et mes envies. Je peux être toutes les femmes, incarner tous les rôles mais jamais trop longtemps. Il me faut le mouvement, le changement. Caméléon tête de mule.

    cg in Journal 2001

     

     

     

     

  • Corps à l'écart d'Elisabetta Bucciarelli

     

    traduit de l’italien par Sarah Guilmault, Asphalte, janvier 2014.

     

    corps-a-l-ecart.jpg

     

    224 pages, 21 €.

     

      

     

    Corps à l’écart, corps au rebut, comme la plupart des personnages de ce roman de la désillusion, qui se déroule principalement dans une immense décharge, accolée à une usine d’incinération, dans une ville sans nom du nord de l’Italie. Qu’ils soient des adolescents en rupture, comme Iac et Lira Funesta, où des adultes accidentés de la vie, comme Saddam le Turc, le géant Argos du Zimbabwe ou le Vieux, alcoolique au dernier stade de la clochardisation, tous ont en commun de vivre dans ce qu’ils appellent la « zone de vie », située dans une partie de ce no man’s land sordide, qui accueille chaque jour dans les allers-retours incessants de camions et de pelleteuses, tous les déchets de la ville. La décharge elle-même est un personnage à part entière du roman, avec tout son cycle organique d’absorption, déglutition, transformation de tout ce que la société ne veut pas, ou plus, voir. Déchets pour les uns, source de richesse pour les autres, qui savent comment recycler l’inutilisable, redonner une deuxième, voire une troisième vie au grand tout jetable. La décharge ainsi recèle souvent au sein de la crasse bien des trésors et comme tout microcosme, elle a ses habitudes, ses rythmes, ses règles et ses mythes. Ainsi il y a la Chose qui règne dans ce lieu où l’on évite d’aller : la Putride, sorte de marécage fangeux pestilentiel qui avale tout ce et ceux qui passent à sa portée et régurgite parfois d’étranges choses.

     

    Iac est un adolescent mutique et renfermé, qui ne veut plus retourner dans l’immeuble où vivent sa mère et son petit frère Tommi qui le prend cependant comme exemple. Il passe son temps dans son refuge sur la décharge, un cocon nauséabond qui représente pour lui sa liberté sans concession et dans lequel il entasse tout un tas de vestiges symboliques d’une enfance brisée entre autre par l’abandon du père. Il gagne un peu d’argent en revendant avec Argos des objets recyclés grâce à Saddam le Turc qui sait tout réparer, sur le marché aux puces, le marché des pauvres et a pour compagnon un chien aussi insoumis et indépendant que lui, Nero. Il passe du temps aussi avec Lira Funesta, malgré que celui-ci parle trop. Lira ne vit pas en permanence sur la décharge, il continue à aller plus ou moins au lycée. Et puis il y a Silvia… Silvia n’a rien à voir avec la décharge, mais tous les jours elle passe par une rue adjacente et Iac se débrouille pour être à chaque fois sur son chemin. Il la trouve belle et voudrait attirer son attention. Il ne sait rien d’elle et elle ne sait rien de lui. Il ne sait pas que Silvia vit dans un monde où la perfection est un droit, voire un devoir. Un monde éclatant de propreté, de blancheur, de luxe et d’impeccabilité. Son père est un chirurgien esthétique des plus renommés.

     

    Une des originalités du roman tient à cette alternance de grandes parties de l’histoire qui se déroulent dans la décharge et quelques incursions dans le monde des parents de Silvia. Cette juxtaposition donne à la décharge une réalité bien plus forte, comme si finalement la vraie vie, c’était là que ça se passait, en ce lieu de transit où tout finit par venir s’échouer : les matières, les objets, les personnes dont le nombre augmente sans arrêt et toutes sortes de substances plus ou moins officielles. En comparaison, ce monde de rides à effacer, de seins à augmenter, de cellulite à gommer, n’en parait que plus factice, absurde, déconnecté de la vie et en réalité bien plus obscène et dégoutant que la décharge elle-même, tout en soulignant que même des parties de nos propres corps deviennent des indésirables.

     

    Cependant une décharge n’est pas un lieu pour vivre et un incendie viendra bousculer un semblant d’équilibre et de solidarité dans la vie de ses occupants, révélant la face cachée et empoisonnée de ce qui aurait pu rester aux yeux des plus jeunes comme une aventure en marge du système avec des trésors à trouver et des dangers à braver, le plus souvent imaginaires… L’incendie va révéler que la décharge est réellement dangereuse, pire, elle est mortelle, puisque elle dissimule un trafic illégal de déchets hautement toxiques. Du coup Iac et ses acolytes se retrouvent  plus encore du côté des indésirables, puisque même en ce lieu qui est le dernier de tous, ils dérangent…  Chacun alors devra faire face à sa propre histoire.

     

    Un roman sombre et fétide qui est aussi et surtout une bonne critique sociale qui questionne nos modes de vies et met en exergue ce problème bien réel qui en découle directement, en Italie comme ailleurs : le trafic de déchets dangereux en tout genre. Un aparté à la fin du livre intitulé « Les faits » en donne un aperçu concret. En fait, c’est la société toute entière qui en état de décomposition avancée.

     

    Pour l’ambiance, il y a aussi à la fin du livre, et c’est original, une playlist de morceaux à écouter*.

     

      

     

    Cathy Garcia

     

     

    *http://www.youtube.com/playlist?list=PLVzRM6p_bm-vBpaCpLTTPP9QHG0Lfk0xn

     

     

     

     

    bucciarelli fotolores.jpgElisabetta Bucciarelli écrit pour le théâtre, le cinéma et la télévision. Elle a également de nombreux romans noirs à son actif, primés en Italie et traduits en espagnol et en allemand. Elle vit à Milan où elle donne des cours d'écriture.