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CATHY GARCIA-CANALES - Page 1282

  • Passant l’été de Jean-Baptiste Pedini

     

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    Cheyne éditeur, 2012.

    Prix de la vocation de la Fondation Marcel Bleustein-Blanchet.

    64 pages, 16 €.

     

     

    Passant l’été peut faire penser à ces tableaux de front de mer, un peu rétros, avec cette lumière mélancolique d’un été qui semble toujours sur le point de finir. Des tableaux qui, à trop les regarder, finissent par nous rendre tristes sans qu’on sache pourquoi.

     

     Il y a dans ce recueil la nostalgie du souvenir et en même temps son refus.

     

    On ne raconte rien de l’enfance. (…) De ces jours qui nous doublent sur la ligne d’arrivée. (…) On ne raconte rien de cette nostalgie absurde. De ces pelures en vrac qui s’entassent n’importe où. Un peu plus loin, selon le sens du vent.

     

    Il y a une sorte d’amertume vaguement nauséeuse et des points colorés qui jaillissent ci et là, mais toujours comme l’ombre d’un drame qui plane imperceptiblement. « Ce soir les rires roulent sur la plage. On les entend tomber des gorges avant de s’évanouir ». Même la chaleur estivale peut prendre des allures menaçantes. « Le soleil brille. Les rayons traversent la ville comme des rouleaux compresseurs. Ils sont lourds et opaques et quand ils happent les passants on ne voit plus rien après. » On sent comme un effort, une sorte de répétition, la mer ne coule pas de source, quelque chose quelque part a cassé, on ne sait trop quoi, mais toujours est-il que ce n’est pas un recueil joyeux, ni même malheureux d’ailleurs. C’est un étrange mélange de douceur aux couleurs un peu fanées et de violence toute contenue.

     

    Mais il y a aussi une sorte de détachement, de regard pensant qui se regarde passer l’été, un regard affiné, dont l’acuité peut devenir douloureuse, « pour voir si les ressacs peinent eux aussi à se calmer ». Un regard qui peut se faire critique sur ces autres vacanciers par exemple, qui sont là, sur la plage « sans lever les yeux de leur viande. Sans écouter, siffler ou renifler. Sentir l’odeur iodée du vent. Sans être. » Et ces lieux, dont finalement le statut de vacancier nous empêche peut-être de profiter réellement. « C’est quand il commence à pleuvoir que la plage reprend des couleurs. On découvre que les corps en pillaient la matière. Ils n’en laissaient qu’un contour fait de boutiques de souvenirs et de résidence lasses. D’odeur de frites et de crèmes bon marché. » 

     

    Le lecteur qui plonge dans ce recueil en ramènera cependant un bon nombre de perles, qui ne perdront pas leur brillance, même exposées à l’air libre. Ainsi on y surprend le soleil qui « gratte à la fenêtre » et des « fantômes au cul nu » avec des « pelles en plastique ». « On pousse la bienséance dans les orties. On crache dans la main tendue du matin. Et sur les oiseaux qui sifflotent. »

     

    Jean-Baptiste Pedini distille une poésie toujours plus subtile, à partir de presque rien, en esthète doté d’une véritable profondeur, mais aussi d’un recul qui n’exclut pas l’humour, comme ces sages poètes chinois ou japonais qui ont gardé la fraîcheur malicieuse de l’enfance. On baigne dans ce qu’on peut appeler un véritable art poétique. Un « Prix de la vocation » bien mérité.

     

    Ainsi l’écriture sincère opère aussi au fil de son déroulement, son rôle de guérisseuse  « Il y a cette main qui promène un rouleau sur le ciel. Qui repeint pour de bon. Qui efface les restes. Qui prolonge l’été au dessus de nos têtes. » Et donc passant l’été, arrive le moment où « Au fond de l’arrosoir l’eau a des reflets des rivières. L’automne arrive à grands pas. » 

     

    Et on sent et ressent que c’est presque un soulagement.

     

    Cathy Garcia

     

     

    JB Pedini.pngJean-Baptiste Pedini, né à Rodez en 1984. Vit et travaille en région toulousaine. Publication dans de nombreuses revues dont Décharge, Voix d’Encre, Arpa,… Des parutions également chez Encre Vives, Clapàs et -36° édition. Un second recueil publié en 2012, prendre part à la nuit, dans la collection Polder coédité par Gros Textes et Décharge.

     

     

  • Oldřich Kulhánek

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    Dans l’évidé des yeux, une convention : le repos, le trépas s’affichent comme couleur. Il faudra de la résolution pour régler l’inéluctable, codifier tous les cadrans sur le temps obligatoire. Les affreux camelots ont cédé la nouvelle, les beffrois frappent et beuglent de plus belle. Aux douze collisions se substitue le calme et sous les étoiles effarées, de sournois guerriers nous guident dans les troubles d’escarbilles.

     

    cg in L’IRE EST VOCABLE, 1993

     

  • George H Seeley - The Faceless Girl c.1906

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    Boucler la boucle ou refuser en bloc.  

    L’aventure qui est la nôtre se passe d’outils.

    L’œuvre est magique c'est-à-dire intégrale.

     

    La réalité est un œuf, parfois du caviar. Œuf-océan.

    Les poèmes deviennent visions. 

     

    J’atteindrai le mot ultime. Le mot qui a vu le visage de la mort. En attendant ce jour, je polis mes cailloux, mes pacotilles.

     

    cg in Chroniques du hamac, 2008

     

      

  • Odilon Redon

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    Odilon Redon, né Bertrand Jean Redon le 22 avril 1840 à Bordeaux et mort le 6 juillet 1916 à Paris. Il fut un peintre symboliste et coloriste de la fin du XIXe siècle

     

     

     

     

     

     

  • Nicolas Kalmakoff

     

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    Deux femmes et un cerf, 1925

     

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    Medusa, 1924

     

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    Atlas et les Hespérides, 1911.

      

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     Nikolai Kalmakoff - Three Women Riding a Monster_ 1911 via 50watts.jpg

    Trois femmes chevauchant un monstre, 1911

     

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    Astarte 1926

     

     

    Nicolas Kalmakoff (1873-1955), né à Nervi sur la côte ligure d'un père russe, général, et d'une mère italienne, ce peintre singulier fut dès son enfance nourri de fantastique par sa gouvernante allemande. Sorti en 1895 de la très aristocratique École impériale de droit de Saint-Pétersbourg, il n'en retient guère, mais pour la vie, que la raideur, une certaine morgue et le goût des duels. Plusieurs années durant, en Italie, un travail à l'hôpital le confronte quotidiennement à l'anatomie de corps souffrants tandis qu'il se met, seul, à la peinture qui devient bientôt son unique préoccupation. Malgré des expositions avec le groupe du Monde de l'art (Mir Iskusstva), il reste une figure isolée. Après la révolution, il fuit dans les pays Baltes où il continue à peindre tout en rêvant d'un possible retour. Pourtant, en 1924, il quitte les marches de ce qui tarde à redevenir l'empire russe et se fixe définitivement à Paris. Il aura encore deux expositions, l'une à Bruxelles en 1924, l'autre à Paris en 1928, avant de sombrer dans l'oubli et le dénuement. Mais il continue de peindre, et les tableaux s'accumulent tandis qu'il relit indéfiniment Le Chef-d'œuvre inconnu de Balzac. En 1941, à soixante-huit ans, il rencontre sa dernière femme, une voisine guatémaltèque entre deux âges, également compagne, à ce qu'il semble, d'un pope. Six ans plus tard elle le met à l'hospice russe pour vieillards indigents de Chelles et confisque ses toiles. Il meurt en 1955. C'est au hasard des Puces et à la perspicacité de deux passionnés, Georges Martin du Nord et Bertrand Collin du Bocage, que nous devons la redécouverte de Kalmakoff. Deux expositions ont suivi à Paris, l'une en 1964 à la galerie Motte et surtout la grande rétrospective de 1986 au musée-galerie de la Seita, au catalogue de laquelle nous devons l'essentiel de notre information, ont révélé au grand public une œuvre et un destin si cohérents dans leur étrangeté qu'ils pourraient être inventés.