CATHY GARCIA-CANALES - Page 1312
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Emil Cadoo
Emil Cadoo (1926-2002) est un photographe noir-américain qui vivait à Paris. Il est connu pour ses photos érotiques mêlant nus humains, formes botaniques et statues, auxquelles il ajoutait un grain particulier qui les rapprochaient de l'art abstrait tout en rappelant le pictorialisme en photographie. Il illustra entre autres Sexus de Henry Miller.
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AJ Frena - Sleipnir, 2012
MOIRURE
et chaque fois je réapprends
à regarder ma peur qui me regarde
cette sensibilité
un peu idiote
l’humide d’un trop plein
de beauté
l’envie d’un regard
amoureux
petit cinéma personnel
qui fait salle comble
l’indécrottable romantisme
cet élan qui fait gicler
de nous-mêmes le meilleur
cet enfant en nous qui veut plaire
mais le monde peut bien hurler
il y a des crocs qui jamais ne lâchent
accueillir donc
ouvrir se fondre à l’appel
briseur de sirènes
se couler dans le courant
d’une non-réalité
s’allonger sur le fond
et du coup sur les formes
danser la danse dissolue
des algues amnésiques
des traces des marques des signes
à tâtons je cherche
puis ne cherche plus
trouve la paix
sur les ailes d’un délire
un sourire qui s’étire
comme chat reptile
œil vif
cheval blanc
brin d’herbe entre les dents
guérisseur
ouvrir la fenêtre
du bout des lèvres happer la lune
la laisser fondre sous la langue
manger la nuit
recracher ses étoiles
ces milliards de soleils dans les yeux
dans nos yeux
toujours noirs
et que vienne la relève
les nouveaux dieux
barbares et bandant
qui marqueront nos lèvres
d’une sève profane
feu
averse
vapeur
la traversée
l’entre-deux mondes
je sens la force qui émane
des anciens sillons
je sens la chaleur
des entrailles
la rougeur organique
les flux de la peur
et du désir
qui tressaute
les muscles épices
le regard perforateur
du cheval écarlate
trempé de sueur
qui se cabre
juste le souffle
pour dompter
ce cheval fou
ce cheval ivre
de cette puissance
qu’est vivre
et chaque fois je réapprends
à regarder ma peur qui me regarde
Cg in Salines, 2007 -
Eugène Samuel Grasset (1845-1917) - Trois Femmes et trois loups, vers 1892
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Elliott Erwitt
Paris 1949
Paris 1949
Elliott Erwitt, célèbre photographe américain, né en 1928 de parents russes-juifs. Il a passé dix ans de son enfance en Europe notamment en Italie, Allemagne et France avant que ses parents n'émigrent en 1939 aux États-Unis, à New York puis à Los Angeles.
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Caroline Huwart et Les mots
LES MOTS
Les mots sont des lames qui laissent des traces, de vilaines cicatrices
Les mots sont des bombes à explosion différée
Parfois même mines anti-personnelles
Les mots sont cruels mais sont aussi
Des baumes pour le cœur, des bonbons qui fondent en bouche…
(mhmmmmm c’est bon ça, me dit ma toute petite fille).
Les mots sont des perles qui parfois font de beaux colliers
(comme pour mettre aux oreilles, me dit-elle encore).
Les mots sont des véhicules non polluants, les mots sont parfois trop salés
Les mots sont des animaux dociles ou sauvages et les poètes d'étranges bergers
Les mots sont points
De vue de croix de suture
Les mots sont fils conducteurs qui peuvent nous égarer
Les mots sont perches et parfois perchés
Tentatives pour se relier, se dire, se comprendre
Les mots sont ce que nous voulons qu'ils soient, mais trop souvent, ils nous échappent
Et souvent ils n'y sont pas quand l'essentiel est à dire
Les mots dès qu’ils prennent l’air, sont moRts
Les mots sont bouts de bois, cailloux, ficelles avec lesquels se construit l'humanité
Les mots sont étranges
Les mots en folles orgies de lettres
Les mots sont musique, ils chantent, enchantent
Et parfois, ils tuent.
Cg in Complainte du poète
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AJ Frena - Gulliver in Icelandic, 2010
AJ Frena is an illustrator from Texas who studied at the School of Visual Arts in New York City.
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Elmer Batters et M'aimes-tu ?
M’AIMES-TU ?
quand je suis
l’eau
roule galets
hanche qui bondit
remous secrets
eau sable lumière
qui t’envahissent
la bouche
fauve
aux griffes d’air
ciel fendu
terre foulée
avec des crocs des serres
à déchirer le cœur
d’un soleil
baiser serpent
flamme fumée
la chanson
le parfum
qui te font
pleurer
chatte
de gouttière
vagabonde
folle de lune
rêve tordu
fugue éclopée
semeuse d’espoir
sur laine de verre
quand je ris sans savoir
pourquoi
quand j’ai peur
de tout de vivre de moi
et rage de ne pouvoir
fuir encore et encore
faire tourner le monde
à l’envers
quand je trépigne et cabriole
sans bouger d’un cil
d’un fil
quand je dis
le convenu
le superflu
et omets
l’essentiel
quand j’entends des violons
inexistants
et oublie ces mots ces gestes
qui bafouillent
je t’aime
je naufrage au revers
d’un alcool de brume
ma robe est noire
mes yeux brûlés
des accents nomades
me font couler
mes sourires
tournent grimaces
et je tremble et grince
le vent se lève
tempête dans ma tête
gicle à mes lèvres
un jus noir amer
quand tes mots ne m’atteignent pas
quand tes mots ne m’atteignent plus
qu’explosent les ponts
les piliers de compréhension
un samouraï délirant
à la douceur assassine
s’arrache les entrailles
pour dérouler à tes pieds
l’histoire d’une vie
ratée
ma vie
m’aimes-tu dis
m’aimes-tu
encore ?cg in Salines, 2007
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ako Takaishi
Lui
Elle l’a vu
il lui a plu
dès la première fois
donné ce désir étrange
d’un chemin à ses côtés
voir où il mène
avec le cœur qui bat
l’envoûtant tempo
de ce nous
qu’elle pressent
cg in Le baume, le pire et l'essence
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Caroline Huwart
Photographe belge, fait partie du Project-experimental group C o n c e p t
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Annie French - A fairy tale
Fille d'un métallurgiste, Annie French (1872-1965) est née à Glasgow et a étudié à la Glasgow School of Art sous Fra Newbery et le symboliste belge, Jean Delville. Influencée par les préraphaélites, Aubrey Beardsley et Jessie M King, elle a développé cependant un style très pesonnel. -
Ellen Auerbach - Kormorane, 1941
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Ellen Auerbach - Sulpher bath - Big Sur, 1949
Elle est entrée en silence comme dans un bain d’huiles, quand les parfums se font médecine. Elle est entrée en silence et n’en est plus ressortie. Certains disent qu’elle s’est noyée, d’autres — mauvaises langues —, que le bain a refroidi. Tout cela est faux. Elle est entrée en silence et elle y a découvert un vaste univers, nul besoin de revenir puisque elle n’est même pas partie. Elle est simplement entrée. Entrée en silence. Les pieds léchés par les vagues, la place immense où il ne fait jamais nuit, pas plus que jour d’ailleurs, il y fait seulement un léger, un merveilleux, un dense silence. Elle y est entrée comme on entre dans son lit, comme on glisse en soi. Elle n’est pas partie. Elle est là, minuscule et immense, en silence.
Cg in Le baume, le pire et la quintessence
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Berenice Abbott - Soap Bubbles, New York, 1945
Argile des pieds, musique des toiles d’araignées. Le chant des sphères, le chant des bulles.
Non je n’ai pas oublié le sang des champs noirs mais je fabrique une énergie de contrebande, distille le peu que je sais de l’amour. Je poissonne, frissonne, électrise l’eau de mon corps pour la rendre vivante.
cg In Chroniques du hamac, 2008
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Ayako Takaïshi
Encre noire
Sur neige blanche
Devient plume
Vivante
L'oiseau
yin
est yang
CG, 2013