Carl Jung
On n’atteint pas l’illumination en imaginant des figures de lumière,
mais en portant à la conscience l’obscurité intérieure.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
On n’atteint pas l’illumination en imaginant des figures de lumière,
mais en portant à la conscience l’obscurité intérieure.
ALLONS-Y
Le passé. Le passé réfugié derrière les remparts de la mémoire. Une clé avalée en entrant, en naissant je veux dire, né sans… Trop pleine déjà pourtant ! Déjà tracée l’étoile truquée, pour finir au panier de toute façon, oubliée. Automatiquement, fantomatique-ment oubliée.
Dans mon passé à moi, mon cher passé, d’un puits profond, une flamme tremblante ne cesse de remonter, remonter. Les a-t-on déjà connus ces vents froids qui passent entre les grilles ?
La mémoire ! Forteresse et oubliettes.
Depuis quand cherche-t-elle à remonter cette flamme ronge-cœur ?
Veuve. Femme frappée du destin. Femme vidée, juste une enveloppe, refroidie, pétrifiée par les larmes.
L’enfant fuit à tire d’ailes, la femme deux fois amputée continue de marcher, continue de ronger. L’enfant fuit la mort, puis la défie, à défaut de pouvoir la défaire. Attirer loin au-dehors cette contagieuse tristesse, afin que la vie puisse éclairer enfin le fond du puits. La vie, l’émoi, la joie d’être femme. Habitée, vivante !
Enfant de la veuve. Ma mémoire aux fossés pleins de larmes, pose encore l’interdit sur la douleur, les mots que je voudrais expulser.
Tombe d’amour
rongée de vers
les vers, les vers
la rime et la mort
toujours et encore
à jamais
trop tard
trop noir
Ce trou dans lequel on tombe et dont on ne se relève pas. Le couvercle se referme. Les prêtres corbeaux, les ombres affamées, les fleurs puantes déjà fanées. J’avais peur de ces journées trop grises où il fallait aller au cimetière. J’avais peur des larmes de ma mère, peur de mon désert. Peur de la pluie quand elle engloutit.
J’ai encore peur de la boite qui s'ouvre pour me montrer Mimie Jolie qui dort avec les vers.
J’ai grandi portant en moi cette terreur en gestation. Elle m’a façonnée de l’intérieur, creusant grottes et gouffres. J’y ai mis des cauchemars, des monstres, des mystères et de méchantes humeurs. Je suis la petite fille près de son papa endormi. J’attends qu’il se réveille comme une princesse de son long sommeil. Je suis petit prince impuissant à soulager sa mère.
L’écriture fleuve révèle des secrets enfouis, destins inaccomplis. Chercher, fouiller, sonder la vase, arracher de leur écorce moisie les vieilles douleurs muettes.
Pourquoi ?
2002
in Ourse (bi)polaire
LA DAME SAUVAGE
Toutes les couleuvres que l'Église nous a fait avaler depuis des siècles ! À croire que depuis l'époque du paradis, les reptiles tentateurs sont reproduits en série ! Et la fameuse pomme croquée par Ève est une tradition celtique de mariage druidique. Je ne pardonne pas à l'Église tous les préceptes qu'elle a imprimé aux fers rouges sur bien des cultures qui ne lui avaient rien demandé... et qu'elle-même se garde bien d'appliquer. Ses crimes sont innombrables et se perpétuent encore. Je dis bien l'Église... Il y a eu et il y a encore des Chrétiens admirables mais qui le seraient tout autant s'ils n'étaient pas Chrétiens. Ceci et valable pour les Musulmans, les Juifs et tout être humain qui se définit par une religion ou même l’athéisme, qui est lui aussi une croyance.
On n'a beau faire, on n'échappe pas à son milieu et athée ou pas, la religion est là, nous modèle sans même que nous nous en apercevions. Même si on écrit à un évêque pour que symboliquement il nous débaptise, ce qui entre nous est fort louable, symboliquement toujours.
J'ai donc cherché le sens du mot religion : "se relier à...". Terme très vaste qui au cours des âges n'a eu de cesse d'être (mal) interprété, beaucoup ont utilisé la religion pour satisfaire leur quête de pouvoir, comme instrument politique et pour l'asservissement d’autrui... Mais dire que c'est la faute aux religions, c'est faire erreur, c'est la faute aux Hommes.
À la base de chaque religion monothéiste, il existe un seul homme, ce qu'il aurait dit ou fait a été transcrit par d'autres, puis repris, traduit, déformé, falsifié, interprété... Qui peut se targuer de connaître la vérité ? Personne ! D'où la folie des religions monothéistes érigés en dogmes à suivre…. à la lettre !
J'ai donc fouillé avec grand intérêt le pourquoi et le comment des religions et spiritualités monothéistes, hindouistes, bouddhistes et leurs différents dérivés (je ne considère pas le Bouddhisme Vajrayâna et le zen comme des religions, bien que par certains aspects cela puisse y ressembler). Je me suis intéressée aux animistes, aux cultes de toutes sortes, au Taoïsme, au Shintoïsme. Aux Celtes… Et puis aussi aux Amérindiens, aux Aborigènes, aux Maoris, aux peuplades sibériennes et tous ceux que l'on nomme Peuples Premiers... c'est d'ailleurs le sort de ceux-là qui me tient toujours et beaucoup à cœur.
Je peux en conclure que je ne sais rien, juste assez pour être consciente de ça : de mon ignorance et de la multiplicité des cultures, de l’immense diversité des croyances et la vanité de tout jugement à l'emporte-pièce.
Que signifie le mot Dieu ? Le lumineux.
Lucifer ? Le porteur de lumière. Lugh, le dieu celte, poète et guerrier, musicien, magicien, expert dans tous les métiers (omniscient donc), son nom signifie lumière... sa fête était le 1er août (qui ne s'appelait pas août, l'empereur Auguste s'étant approprié cette fête).
Ce n'est pas un secret que tous les jours fériés religieux, tous les lieux de cultes chrétiens sont en fait d'anciennes fêtes et d'anciens lieux de culte dits païens.
Lumière, soleil... encore et toujours. Adoré partout.
Atoum, Horus, Rê et Osiris chez les Égyptiens, Bel ou Baal chez les Chaldéens, Belissama, dont le nom signifie « la très brillante » et Bélénos « resplendissant », « éclatant », des gaulois. Les fonctions principales de ce dernier sont la médecine et les arts. Il est honoré lors de la fête de Beltaine en juin, qui marque le passage de la saison sombre à la saison lumineuse. Belissama est à la fois la parèdre et l’équivalent féminin de Belenos. Associée au feu domestique, elle a en charge la métallurgie (plus particulièrement la fabrication des armes), c’est la déesse des forgerons dans son aspect guerrier ; elle est aussi responsable des arts. Puis nous avons Tammuz ou Adonis chez les Phéniciens et les Syriens ; Utu - un œil étincelant - témoin et juge chez les Sumériens ; Shamash à Babylone ; Mithra chez les Perses ; Hélios et Apollon chez les Grecs et Phébus chez les Romains ; Surya en Inde ; Pachacamac chez les Incas.. Huitzilopochtli, dieu de la guerre et du soleil chez les Aztèques, qui le nourrissait par des sacrifices et le dieu soleil Tonatiuh qui symbolise la cinquième ère actuelle.
Certains peuples nomades d’Asie centrale considéraient toutefois le soleil comme un principe féminin (la Mère soleil), c’est aussi le cas des Japonais pour qui le Soleil est le kami Amaterasu, la grande déesse, sœur de Tsukuyomi, le kami de la Lune. Chez les Chinois, c’est Xihe, la déesse du Soleil. Même dans la langue allemande, le Soleil est féminin selon son article (die Sonne). Dans la mythologie nordique, les enfants de Mundilfari et Glaur sont Sol (déesse du Soleil) et Máni (dieu de la Lune). Umai l’utérus ou la matrice en mongol s'appelle également Ymai or Mai et porte 60 tresses en or qui représentent les rayons du soleil.
L’humanité cultivatrice, sédentaire, patriarcale remplaça le nomadisme matriarcal. Le symbolisme du soleil a également subi cette mutation, quelques 2800 ans avant J.C.
Ma religion à moi, ma façon de me lier au monde est unique et son temple est à ciel ouvert, sans mur, sans dogme, elle est mouvante et changeante comme les dunes du désert.
Ma religion est syncrétique, n'appartient à aucun courant spécifique sinon celui du vaste fleuve de l'humanité. Ma religion est du domaine du ressenti. Dans ma quête, ce que je cherchais est venu à moi et je suis déjà morte plusieurs fois.
L'humain n'a pas beaucoup changé depuis les balbutiements de l'espèce, et c'est pourquoi il devient fou dans un monde qui n'est plus à sa mesure. Nous sommes des marcheurs-cueilleurs pas des forçats-consommateurs.
Religion est un mot, ce dont je parle est au-delà des mots. Le profane et le sacré n'auraient jamais dû être séparés, la dualité est une illusion. Être. Voilà tout. Les pieds ancrés à la terre, respirer, boire, manger, sentir, créer, contempler, toucher, aimer....
La poésie est naturelle à l'homme, là est sa transcendance, la poésie est rite magique, la poésie est spirale. Le poète est un chamane, le chamane est un poète. Ce sont ceux qui ont traversé leur folie. Dans la légende celte du fauteuil d'Idris, celui qui y passe une nuit, se retrouve le lendemain soit fou, soit poète.
Le poète à l'origine était le meneur d'une société totémique de danseurs religieux. Ses vers ("versus" en latin correspondant au grec "strophè", signifiant mouvement en tournant) accompagnaient une danse autour d'un autel ou enclos sacré. Chaque vers donnait le départ d'un nouveau tour ou mouvement de danse. Le mot "ballade" a la même origine : poème dansé du latin "ballare", danser.
Toutes les sociétés totémiques dans l'Europe antique étaient sous l'autorité de la Dame des Choses Sauvages.
Je suis une dame sauvage.
2004
in Universelle