Lionel Mazari
Je fais miroir à qui me voit ; et c’est pourquoi
une main aveugle, à tâtons, m’a relégué
dans ce grenier, où, tel un souvenir perdu,
je bois contre la paroi le sucre de la pluie
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Je fais miroir à qui me voit ; et c’est pourquoi
une main aveugle, à tâtons, m’a relégué
dans ce grenier, où, tel un souvenir perdu,
je bois contre la paroi le sucre de la pluie
Je me prête à vos jeux
Ô mes petits compagnons
Et j’en invente aussi.
J’écarquille mes perceptions, je lèche la lumière. Je trace au pinceau des sentiers échevelés,
des seins de lune où je dilue les abysses.
in Le poulpe et la pulpe
Se perdre…
Dans la touffeur du cœur, une quête et l’aube dépose une nouvelle rose dans la boite d’allumettes.
Chaque solution n’est toujours qu’une étape.
L’animal, l’étoile, la graine, le vent, l’eau, l’acide, les limbes et les cimes.
La cueillette du jour lavée au lait des nuits.
in Les mots allumettes
J'aime la simplicité qui s'accompagne avec l'humilité. J'aime les gens qui savent sentir le vent sur leurs propres peaux, sentir les arômes des choses, en capturer l'âme. Ceux qui ont la chair en contact avec la chair du monde. Car là il y a la vérité, là il y a la douceur, là il y a la sensibilité, là il y a encore l'amour.
V.
Autorité_ multiple _yeux_ voir_ différence
*
Des visages inquiets aujourd’hui nous regardent. En effet nous allons voir la maîtresse des lieux, nue, méprisante, menaçante. Sous son autorité des personnes dans leurs différences s’interrogent ? Il y a de la souffrance dans leurs yeux, Mais plus tard, après la punition, la maîtresse effacera la peur d’un baiser mouillé.
J.
*
Libertine et nue, observée par des milliers d’yeux aux multiples visages. Ils veulent me voir, me jauger. J’assume, ose la différence. Explosion de découvertes. Maîtresse femme, je savoure déjà mon pouvoir et l’autorité dont je vais abuser. Je les ferai tous plier, surtout les hommes, les beaux !
O.
*
Les yeux fermés sur la beauté des multiples, quelle autorité pourrait juger des différences ?
À voir…
V.
*
Humain voyeur, tu te regardes dans le miroir de tes multiples alter ego. Désir, rage, plaisir, douleur, possession, dépossession : de tout temps tu décrètes avec autorité ce qui est beau, ce qui ne l’est pas, ce qui a droit de vie, droit de mort ; tu pointes le faible, désignes le fort et orchestrant cette explosion de différences, tu demeures aveugle à ce qui ne fait qu’un seul et unique corps : celui de l’humanité. Corps si fragile, si abimé, si exploité, alors regarde, mais surtout essaie de voir ! Ouvre grand plus que tes yeux, ton cœur et ton esprit !
C.
O.
Échec_ rencontre_ rouge_ provenance_ cœur
*
Regards orientés vers un même horizon dans la contemplation d’un ailleurs invisible, point de rencontre et de mire où les cœurs affranchis se découvrent. Nul échec possible : la petite table du fond avec sa nappe aux carreaux rouges, comme un aimant rassemble les êtres en provenance de tous les exils.
V.
*
Ici, aujourd’hui, je vois des personnages de diversités et de cœurs, les visages sont aimants, ils favorisent les rencontres.
Il n’y aura pas d’échec, il n’y aura pas de couleur rouge.
Là, commence l’ailleurs, pour favoriser l’humanité des sourires en provenance des pays de la joie.
J.
*
Avec la rencontre, commence l’ailleurs mais si tu omets la provenance véritable de tout un et chacun, la rencontre sera un échec. Ne jamais oublier que nous venons toutes et tous d’un seul et même pays : celui rouge et battant du cœur.
C.
*
Rouge sang comme une partie d’échecs qui aurait mal tourné. Salamalecs, prières et charabias des peuples de toutes provenances. Peu importe ! Ici commence l’ailleurs dans les profondeurs du cœur. Il faut continuer le chemin, aller à la rencontre de l’autre, de tous les autres. La petite table du fond, ça vous va ?
O.
J.
Tumulte _bagarre_ enfance _consommation_ classe
*
Quels possibles pour quelles rencontres au sortir de l’enfance et des bagarres de rue ? Le tumulte assourdissant de la consommation est-il une question de classe ?
V.
*
Les années 1970, après l’enfance... Tout est ouvert, lumineux, insouciance, liberté et consommation … Pourtant ces facilités de papiers viennent créer le tumulte, bagarres, différences de classes, richesses à crédit … L’opulence génère la gabegie et de bien grandes désillusions, que fera-t-on de l’avenir ?
J.
*
Quel tumulte ! Je marche sur l’avenue assaillie par les tags et les messages publicitaires divers qui tapissent sans vergogne les murs de la ville. Ce monde de consommation m’ulcère à en imposer toujours plus ! L’époque est à la bagarre. Il faudrait éradiquer le mal, comme le prônait l’homme à la cape de mon enfance, celui dont je lisais les aventures en classe, le plus souvent en cachette. Les images m’agressent, pourtant l’air est doux, propice à la promenade. Est-ce que j’ai mis mon chapeau ?
O.
*
L’enfance est cotée en bourse, a-ton appris ce matin et aussitôt ce fut la bagarre à Wall Street. Du jamais vu ! Un tumulte de tous les diables, ou plutôt de tous les vampires ! Les banquiers se ruent dans toutes les écoles du monde et chaque classe partout espère attirer des actionnaires. Les moindres gribouillis sur les murs, la moindre boulette de papier mâché font leur entrée sur le marché de l’art, les élèves ne veulent plus rentrer chez eux. Ils préfèrent rester sur place, les grandes marques se les disputent. L’enfance à prix d’or ! les parents ne reverront jamais leurs enfants, ils n’ont pas le droit de retirer du marché ces nouveaux produits si convoités de consommation.
C.
C.
Cible_ envie_ tableau_ le toucher_ fenêtre
*
Fenêtre sur corps, tableau de sensualité, exaltation du toucher sublimé… où pourrait se glisser l’envie… Au détour de quel colimaçon ? Au nombril de quelle cible ? Au cœur de quelle chair, encore ?
V.
*
La femme, bijou dans sa nudité, ajuste son regard dans la cible, elle n’est pas effrayée, ni angoissée Non !! elle souhaite rentrer dans le tableau de la fenêtre, pour toucher à l’envie le spectacle de la rue. Se mêler aux passants, sentir l’air doux de la vie.
J.
*
Envie d’envie. Un prince viendrait-il par la fenêtre ? Du fond des bois, accompagné par des biches et des cerfs ? Je ferme les yeux dans ce salon douillet où je croise et recroise les jambes sous les tableaux de mes ancêtres, agacée par mes attentes de luxure : douceur, toucher, volupté…Ne plus me restreindre ; oser faire du désir ma cible !
O.
*
C’est cette appétence du toucher, cette envie de posséder. Les femmes ont changé, elles ont renoué avec la chasse originelle. Prédatrices, elles guettent aux fenêtres, jettent des sorts, tissent des toiles, aiguisent leurs armes de séduction. Leur proie, leur cible, c’est l’homme qui une fois capturé est aussitôt mis au foyer. Elles sont sauvages, redoutables, femmes de pouvoir antique, elles sont alliées aux bêtes les plus indomptables et partagent avec elles tous les territoires reconquis. Les hommes vivent dans la peur, ils se terrent, se cachent mais elles finissent toujours par les retrouver. Leur flair s’est tellement perfectionné au fil des siècles et des siècles de lessive, elles connaissent le moindre effluve de linge sale mâle. C’est l’avènement d’une nouvelle civilisation : celle des Chasseuses et leur tableau cynégétique est impressionnant.
C.
P.
(n'a pas souhaité la mise en ligne de son collage & textes,
sont publiés ci-dessous les textes que son collage a inspiré aux autres participantes)
Solitude _ Froideur_ Ombre_ Émotion_ Théâtre
*
Jaillie de l’ombre une main s’avance avec froideur sur la solitude des vivants, plongeant dans le théâtre des désirs de façade, décevantes émotions scénarisées.
V.
*
Le théâtre de la vie est endimanché. Pourtant aujourd’hui dans la solitude des ombres, toutes ces personnes mangent, dégustent, vivent dans une froideur immense. Elles sont rigides même en mouvement. Soudain j’ai une grande tristesse en provenance de toutes ces marionnettes sans émotion.
J.
*
Jeux d’ombres et de lumières. Enfouir nos émotions tout au fond de nos poches puisque nous ne sommes que les proies d’une gigantesque pièce de théâtre dont quelques magiciens obscurs tirent les ficelles. Indifférence et froideur instaurées. Pauvres marionnettes empêtrées dans leur solitude ! Trois p’tits tours et puis s’en vont.
O.
*
Dans le petit théâtre d’ombres, les marionnettes ont coupé leurs ficelles. Rébellion ! Fini de se laisser manger, dévorer des yeux par de gras spectateurs, les marionnettes ont décidé de jouer leur propre musique, de venir hanter toutes celles et ceux qui se sont gavés si longtemps de leurs malheurs. Pauvres marionnettes dans la froideur de leur solitude, combien d’années déjà que le théâtre a fermé ? Mais les voilà libres et elles aussi veulent maintenant jouer sur la corde des émotions ! Attendez-vous à les voir entrer chez vous à la faveur de l’obscurité. Elles se mettront à vos tables, dormiront dans vos lits, aimeront vos femmes et vos maris, préparez-vous, les marionnettes du petit théâtre d’ombres sont enfin libres !
C.
PROCHAIN ATELIER LE 22 JUIN, IL EST COMPLET
Me présenter sans masque face au miroir, sans me laisser ni absorber, ni m'en détourner. Cette fois je ne veux pas m’échapper. Échapper à moi-même. Il me semble que je suis face à un miroir moins déformant, très limpide, très beau, très pur mais je sais que rien n’est seulement beau et pur. Il y a aussi la face cachée des miroirs, la crasse. Ce qui demande à être nettoyé justement. Toujours polir le miroir, toujours l’aimer pour sa franchise et ne jamais oublier que chaque affirmation a ses limites, à partir desquelles tout est possible : le meilleur comme le pire. Deux faces. Janus. La porte.
in Journal 2006
Turbulences mentales. Le poids des questions.
Aux quatre faire où aller, sinon en l’air ?
Confusion. Grand toboggan. Oppressant, n’est-il pas ?
Savoir que nous ne sommes pas seuls permet d’être seul, car grande est la tentation du terrier. Seul on se torture et on aime ça.
J’ai beaucoup d’envies mais n’ai plus l’envie de l’envie.
in Le poulpe et la pulpe