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CATHY GARCIA-CANALES - Page 159

  • Pier Paolo Pasolini

    Je suis un homme ancien, qui a lu les classiques, qui a récolté les raisins dans la vigne, qui a contemplé le lever ou la chute du soleil sur les champs. (...) Je ne sais donc pas quoi en faire d'un monde créé, par la violence, par la nécessité de la production et de la consommation. Je déteste tout de lui : la précipitation, le bruit, la vulgarité, l'arrivée. (...) Je suis un homme qui préfère perdre plutôt que de gagner par des manières déloyales et impitoyables. Et la beauté c'est que j'ai l'effronterie de défendre cette culpabilité, de la considérer comme une vertu.

     

     

     

     

  • Alexander Zavarin

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    Prendre la route

    qui grimpe vers la douceur

    comme une écharpe vaporeuse

    autour du cou de la lumière

     

    lancer au ciel quelques prières

    légères comme des pièces de cuivre

    d'une monnaie qui n'aurait plus cours

     

    se gorger du silence

    d'un sommeil d'oiseau

    qui a passé la nuit

    à boire de l'encre

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Atelier Collage & écriture du 21 février 2022

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    G

     

    Bois_ vaudou_ bouquet_ traditionnel_ piéta_ renouveau

     

     

    Il s’était réveillé au petit matin, un chant vaudou sur les lèvres. Il avait pris un balluchon et s’en était allé. 

    D’autres aussi avaient ressenti l’appel du chant et s’étaient mis en route. 

    Ils arrivaient de toutes parts, les sacs emplis de souhaits, d’objets merveilleux, de douces suppliques, de cités idéales. 

    C’était le jour traditionnel du grand entremêlement, jour rare et béni. 

    Ce jour arrivait toujours par hasard, comme le fruit sec tombé de l’arbre, ce jour cassait sa coque d’un long désir de consolation. 

    Et cette aspiration buissonnière s’amplifiait, envahissait les vallées, les plaines et les monts, d’où tous accouraient. 

    En une file sans fin, chacun venait déposer des présents au pied de la Piéta de bois, des objets précieux, des bouquets, des chemins, des paysages, des rêves… 

    S’agenouillant, chacun sentait sa peine se déverser dans le cœur de la déesse qui changeait les douleurs en poussière et savait caresser les âmes. 

    Et tous repartaient, légers, le front haut, le regard ancré vers l’horizon où flottaient des promesses de renouveau. 

    A.

     

     

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    G.

     

     

     

    La statue de bois rigide, froide, annihile les sentiments traditionnels humanistes de la PIETA. Il n’y a pas de renouveau, même les bouquets de fleurs, les ors et les bijoux n’embellissent pas les âmes. En Afrique, ou ailleurs, le Vaudou peut-il redonner vie et espérance ?… le secret reste entier.

    J.

     

     

     

    Les offrandes s’accumulent autour de la Piéta. La mère pleure son fils torturé et noueux. Quelqu’un a laissé là un enfant à genoux, sculpté dans du bois clair. Vision vaudou de l’altérité. Au milieu des bouquets, dans le cimetière des villes, quelques fenêtres-tableaux invitent à oublier l’indicible.                Comment croire encore à l’annonce maintes fois faite de la venue du renouveau ? Mais inlassablement le rituel traditionnel recommence, pour ne pas oublier l’espoir.

    L.

     

     

     

    S'agit-il d'une pietà ou d'un dieu vaudou ? Il me faut déposer une offrande aux pieds de l’imposante divinité de bois, des bouquets, des brassées de fleurs aux fragrances de printemps ; glorifier le jour qui vient, exubérant de couleurs et de lumière, me fondre dans la procession traditionnelle, contribuer à cet élan de vie qui annonce un renouveau … oublier la chaise vide !

    O.

     

     

     

    Offrandes de bouquets précieux à la Vierge vaudou. Riches et pauvres, gens des périphéries et nantis des belles villas rejoignent la procession pour honorer la très ancienne divinité au bois mangé. Chacun porte une croix arrosée de lait. La statue portée par des novices quasi dénudés est déposée sur la rive du fleuve, les quais sont illuminés de bougies consacrées. La fête dure toute la nuit et s’achève au petit jour avec le lâcher traditionnel du faucon-soleil. Gens des périphéries et nantis des belles villas, tous réunis pour partager le renouveau. La Pietà a redonné vie, le sein s’est rempli de lait, la mort pour un temps est conjurée.

    C.

     

     

     

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    A

     

    Ossements_ museau_ kaléidoscope_ poucet_ homo sapiens_ souffle

     

     

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    G.

     

     

     

    La poussière a tout recouvert.

    Poucet regarde vers le bas, voit dessous.

    S’y entremêlent ossements, terre, pigments, peaux arrachées, colorées, crâne ciré, homo sapiens brisé, miroir d’une tour sous les glaces. 

    Les vertèbres s’escaladent sous la poussière, les vivants y rampent sur le dos, les masques ont perdu leurs visages.

    Poucet regarde vers le haut. Le museau divin y souffle le ciel, les nuages, la femme.

    A.

     

     

     

    Homo sapiens que reste-t-il de nos ossements, c’est le Poucet qui les a semés le long du chemin des temps. Pourtant, ils sont là, dans le souffle du kaléidoscope en couleur de la vie. Nos museaux en terre et nos masques froids, rigides, restent visibles dans la poussière. 

    J.

     

     

     

    Que la vie est compliquée pensait Homo Sapiens. Au musée d’Histoire Naturelle, il faut suivre les traces laissées par les ossements pour le comprendre. Dans la capitale, la jeune fille trépidante a d’abord visité la Tour Eiffel et maintenant elle est là reprenant son souffle, devant ses origines. Elle a suivi le parcours de l’évolution tel le petit Poucet mais elle est perplexe. Le grand kaléidoscope de l’Humanité est d’un genre unique : toutes les facettes représentent le MÂLE. Où est la femme préhistorique ?! Elle sort du musée tellement en colère qu’elle s’écrase le museau sur la porte vitrée.  

    L.

     

     

     

    Petit Poucet dans un monde perdu. Qu’est devenu l’élan ?... Kaléidoscope insensé de l’homo sapiens à la sempiternelle même destinée. Il se fraye un chemin au milieu des ossements, cherche les traces, renifle la vie du bout du museau. Il lui faut inventer l’espoir, un souffle nouveau, retrouver des repères, faire sauter les barrages, passer le pont…

    O.

     

     

    Homo sapiens en marche, petit poucet de l’évolution happé dans le kaléidoscope du temps. Le flair s’est émoussé et s’enivre aujourd’hui de parfums de femelles de moins en moins naturels et de plus en plus chers. Le souffle court, Homo sapiens consomme, s’étourdit de fêtes ou s’endort sous les ponts. Seuls les ossements se souviennent de la musique et de l’équité originelles.

    C.

     

     

     

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    J

     

    Vapeur_ aérien_ figé_ lacustre_ pression_ explosion

     

     

     

    Sur la cité lacustre, suspensions figées, 

    les oiseaux en plein vol, les poissons à la nage, 

    les âmes cachées sous leurs visages masqués. 

    L’explosion agitait l’aérien en soupape,

    une vapeur bleue en pression s’ennuageait,

    elle invoquait les anges et les archanges,

    et redonnait vie aux êtres qui la croisaient. 

    La lune étonnée invoquait les mirages 

    absorbés par le lac et en son fond coulés.

    Le plancton vermeil veillait, sans repos ni âge.

    A.

     

     

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    G.

     

     

    De nombreux regards figés tristes, froids, anxieux, glacés fixent l’horizon. Ils anticipent la pression, l’explosion. PrêtS à un vol aérien de départ, les oiseaux fuient, les poissons s’épuisent.

    Dans le ciel, la vapeur signale la mort imminente des cités lacustres et terrestres.

    (Voyance)

    J.

     

     

    Ça tournicote dans le bocal ! Les pensées-pilotes obsédantes se reflètent sur les traits figés des visages. La pression des lèvres annonce l’explosion. Dans un ailleurs aérien, la liberté s’envole à tire d’ailes. Seul demeure dans la vapeur de l’air, un rêve doux et tranquille. Mirage d’une vie lacustre au clair de lune.

    L.

     

     

    Un vaste aquarium, une bulle hermétique préserve les derniers mondes aériens et lacustres qui s’entremêlent, inventent une vie rêvée pour ne pas infliger trop de pression aux hommes, les visages figés, étrangers, le regard noir. Une seule alternative : se noyer ou s’envoler ! Un ultime jet de vapeur espère pouvoir atteindre la lune. Désenchantement. Ainsi font font font les petits poissons jusqu’à l’explosion !

    O.

     

     

    S’évader, s’envoler du gris lacustre des jours dont la note de stress est bien trop salée. Époque cocotte-minute sous pression, chacun figé dans la glace de ses émotions qui ne trouvent plus d’issue sinon dans l’explosion. Nuit et jour alternent dans une vapeur sale, petits poissons coincés dans nos aquariums dévitalisés, à tenter maladroitement de se faufiler par des chas d’aiguilles, quelques fissures improbables pour s’évader, s’envoler, tenter un temps plus léger, plus aérien, faire revenir le sourire et le temps de rêver.

    C.

     

     

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    L

     

    Masculin_ léchage_ percée_ fruit_ sexualité_ sieste

     

     

    Sieste, sieste, sieste ! Que tout soit léchage ! celui de l’oreiller sous nos têtes, de son corps masculin sur les draps, du fruit dans ma bouche, 

    de la lumière sur les murs, des tissus sur le sol, des voilages aux fenêtres, de nos langues sur nos peaux… Sexualité en percée dans la chambre…

    A.

     

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    G.

     

     

    Une corbeille de fruits, le léchage des raisins ronds dorés, masculins, pendant une sieste rafraichissent la bouche. Le soleil et la sexualité au loin fait une percée, magique magnifique, entre deux nuages, un homme apparait nu. Seul.

    J.

     

     

     

    Le livre pèse aux bouts des bras. Dans le fauteuil moelleux, une douce torpeur m’envahit. Le temps et les mots glissent de mes mains. Dans une lumière fraîche, un fruit délicieux s’offre. Séance de léchage de raisin te susurre ton rêve. L’envie d’un grain de beauté masculin entrevu dans la crique du bonheur. Ensuite, sieste dans la sieste, viennent les souvenirs tenaces de sexualité aboutie. Puis la percée stridente jusqu’aux oreilles : « tiens, c’est bébé qui se réveille » !

    L.

     

     

     

    Sieste d’été où je me laisse emporter par les rêves qui m’assaillent. Un homme à moitié nu porte un bébé dans ses bras. Celui-ci procède à un léchage minutieux de ses doigt que je retrouve collants dans mes cheveux. Me dégager n’est pas une mince affaire mais apparaît un homme dans une percée rocheuse, lumineuse. C’est toujours la même histoire, la quête de l’éternel masculin, de fruits nouveaux, d’une sexualité débridée. Désirs refoulés. L’homme avec un grand H… Je vais finir par l’encadrer et l’accrocher au mur, mon œil rivé à ses fesses et à ses chaussettes rouges !

    O.

     

     

     

    La sieste ouvre les pages d’un livre, des mots flottent : imagination, sexualité, complexe, solitude, tentation.  Des mots comme des grains mûrs de raisin qui éclatent sous la langue. Léchage de la mémoire pour en extraire le suc. L’homme, l’enfant, le père, l’amant, tout se mélange dans la torpeur. Le père, le fils, le fils, le père et les cuisses largement ouvertes du fauteuil d’où s’écoule la vie. La percée… Et la femme dans tout ça ?

    C.

     

     

     

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    O

     

    Antique_ baiser_ céleste_ missive_ mot_ velu

     

     

    Dans le velu de son corps lascif se cachait le baiser.

    Je le cherchais, fouillant de mes doigts la fourrure de l’endormi. 

    Il avait arraché le mot de la missive reçue il y a tant de temps 

    il en avait dérobé les lettres, le sens, jusqu’à son origine.

    Ce mot ne s’écrivait plus, ne se disait plus, ne s’actait plus.

    Il détenait là, au chaud de sa peau, l’antique secret céleste.

    Mes doigts ont trouvé le baiser, 

    l’en ont recouvert qui l’ont réveillé.

    A.

     

     

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    G.

     

     

     

    Images Antiques, Soieries, Paysages, Baisers célestes en Toscane. Oui .. Je vais leur dire, il faut que je le dise … et la missive s’envole, dans le souffle du soir.

    Pourquoi : parce que j’aime son corps velu, sa prestance, son intelligence, sa douceur... Le voyage sera plein de rires, d’amour et d’imprévus.

    J.

     

     

     

    Une missive, ô combien céleste et attendue, comme tombée du bec d’un coursier préhistorique, fut acheminée jusqu’à eux par un taxi-avion. Les amoureux attendaient cela depuis des lustres. Leur adulescent tamanoir, velu déjà depuis un moment, allait enfin avoir son propre logement. Ils étaient aux anges et si heureux qu’un long baiser suave scella leur bonheur. Ils pouvaient enfin mettre deux mots sur leurs maux : barre-toi ! Antique conflit de génération. Mais ils prenaient leur rêve pour une réalité. Si seulement ils savaient à quoi pense leur progéniture…

    L.

     

     

     

    L’oiseau prophète a surgi de l’imaginaire ou d’un quelconque monde antique, il a répandu sa prédication. Rester vivant. Résister. S’obliger à dire les mots qui dérangent, traverser les contrées et les espaces célestes pour délivrer de secrètes ou impudentes missives,  hors du temps et des morales. Dire, défier les courbettes, les monstres velus et les églises vides, oser être. Foudroyer le bruit des moteurs de nos écrits. Faire jaillir des mots de nos baisers, ma bouche contre ta bouche. Animer les jardins de nos rêves, nier le chaos. Ils s’habitueront !

    O.

     

     

     

    Et si je leur disais ce que je pense ? Si je leur envoyais une missive, comme un baiser descendu des cieux pour les libérer de leurs croyances vaines ? Un mot céleste, un seul, qui mettrait du velu dans leur fantasme de sainteté, du bec dans la bouche, des griffes au bout des pieds, du sens dessus-dessous pour les réveiller de l’hypnose dans laquelle les plonge leurs sermons antiques totalement dépassés. Et si je leur disais ce que je pense ?

    C.

     

     

     

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    C

     

    Technique_ scarabée_ caméra_ météorite_ ville_ radiation

     

     

    La langue de la girafe sait son squelette sous elle. Ce n’est pas l’homme en croix qui le lui a appris, ni la femme qui abreuve, 

    ni l’amphore aux mille souvenirs, ni l’homme qui dispense ses secrets. Non, c’est la radiation qui lui a révélé. 

    Déversée par la météorite, la radiation est entrée dans la ville, est entrée dans les caméras, est entrée dans toute la technique de la ville, dans ses ordonneàtous,  

    s’est infiltrée partout, n’a laissé aucune chance. 

    Seuls la girafe et le scarabée ont digéré la radiation et vont. 

    A.

     

     

     

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    G.

     

     

    L’œil de la technique froide et mortuaire utilise les caméras pour percer les chairs, visualiser les os, scanner notre esprit. Dans la ville, étourdie, même les scarabées s’interrogent.. la météorite nous frôle.. Si le chaos s’installe dans une folie de radiations, nous sommes contraints de vivre une litanie sombre, perpétuelle et secrète. 

    (voyance)

    J.

     

     

     

    Dans les officines secrètes s’élabore un programme d’une redoutable et ridicule efficacité : provoquer le cosmos ! À partir de l’ADN du scarabée, les scientifiques ont mis au point une technique qui permettra d’éradiquer dans un grand souffle les villes et toute forme de vie ici-bas. Le 1er essai a dûment été filmé par de multiples caméras pour les archives. Il montre l’effet tout à fait réussi des radiations sur une girafe de laboratoire. Désormais, il ne reste plus que l’ultime étape : provoquer l’anéantissement planétaire par météorite téléguidée depuis la Terre. Congratulations dans le labo ! et tant pis pour les femmes et les enfants.

    L.

     

     

     

    Prévision de tempête solaire. La radiation a déréglé les saisons, paniqué les villes. La technique et la science auront raison de la planète. Les météorites ne font plus peur. Le monde craint désormais le soleil. Les caméras braquées sur le scarabée, dernier survivant de l’espèce animale avec une girafe en état de décomposition avancée, diffusent heure après heure son combat. Saura-t-il résister à la menace, l’ouragan de feu qui se prépare ?... À suivre, si les éléments le permettent !

    O.

     

     

     

    Les villes s’endorment arrogantes avec leurs bijoux dernier cri hyperconnectés, sans savoir que cette nuit des seins de l’antique Mère, le feu du vivant est sur le point de s’écouler. Une révolution secrète que nulle caméra de surveillance ne pourra arrêter. Le soleil, d’un seul jet de radiations, va balayer le soi-disant progrès de la modernité. Le scarabée s’est retourné, Dante et Van Gogh le savaient, le monde aura les oreilles coupées et quand la splendeur de l’aurore boréale nous réveillera dans un total silence technique, alors nous pourrons aller chanter et danser sous les météorites.

    C.

     

     

     

     

  • Pat Ryckewaert

    Nulle autre qu’elle

    ne sait mieux l’amour

    et le nu du poème

    nulle autre qu’elle

    n'a de fourrure aussi profuse

    pour couvrir sa chair vive

    et son âme écorcée.

    Nulle autre qu’elle

    ne sait mieux la colère

    et le cri enfoui

    le chant des perdus.

    Elle se cache si bien

    en dessous de la bête

    qu'on est à les confondre.

    Nuls autres que la nuit

    et le vent des collines

    ne savent entendre sa plainte.

    Nul ne sait

    L’humeur labile

    l’anxieuse rumination

    la folle douleur qui l’étreint.

    Nul ne sait l’épine plantée

    entre les vertèbres de l’enfance.

     

    in À la folie