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CATHY GARCIA-CANALES - Page 265

  • Judith en den bosh

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    Je voudrais des ailes. Aile comme lumière, aile comme légère.
    Hélas…. Mes ailes lasses.

    Je touche aux bas-fonds où rampent folies, insanités. Tunnels lugubres, lancinants. Je me creuse au-dedans pour accueillir la vie mais mes yeux ne surprennent que la mort. Mort des mouches, mort du souriceau, mort dans l’âme que je traîne d’un matin à l’autre.

    L’âme…  Une superstition ?

    Ainsi donc j’étais folle et je ne le savais pas. J’avais oublié. Je l’avais trop bien caché, dissimulé dans mes brouillards, mes fumées. Folle sans aile. Sans amour. Sans amour surtout. Toujours à me frotter au côté crin de la vie. 

    Peau douce mais le cœur si friable. 

    À force d’user ma solitude, elle est devenue fine et translucide. 

    Fragile, si fragile…

     

     

     

    2002

    in Ourse bipolaire

     

     

  • Emily Dickinson

    Ils m’ont enfermée dans la Prose —
     Comme lorsque j’étais une Petite Fille
     Ils m’enfermaient dans le Placard —
     Parce qu’ils me voulaient « calme » —

     Calme ! S’ils avaient pu jeter un œil —
     Et espionner dans mon esprit — le visiter —
     Ils auraient aussi bien pu enfermer un Oiseau
     Pour trahison — à la fourrière —

    *

    They shut me up in Prose —
     As when a little Girl
     They put me in the Closet —
     Because they liked me "still" —

     Still! Could themselves have peeped —
     And seen my Brain — go round —
     They might as wise have lodged a Bird
     For Treason — in the Pound —

     

    un poème d'adolescence 

     

     

  • Wolfgang Suschitzky

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    enfouir dans l’argile

    les cendres de palabres

    quand l’onde fraîchit

    courir vers la forêt

    danse effilochée des sentiers

    s’imprégner du chant

    sur la peau de la pluie

    foudre de joie

    fulgurante lucidité

    primitive

     

    in Aujourd'hui est habitable, Cardère 2018

     

     

     

     

     

     

  • Daniel Masclet - La fille au pot de confiture - Quai d'Orléans - Paris - 1950

    Daniel Masclet-Quai-dOrléans,-Paris,1950-La-fille-au-pot-de-confiture.jpg

     

    J'emmerde les artistes et les poètes qui se pensent à part.

    Le mot ART ne devrait pas exister, à la place il faudrait lire VIE.

     

    Pulvériser ces ghettos qui font que les poètes ne fréquentent que les poètes. Tracer, tresser des ponts, se faire passeurs d’ailes.

     

    Que le poète s’enivre avec le plombier, que le plombier danse avec les ballerines, que les danseuses recoiffent les infirmières, que les infirmières peignent les maçons, que les maçons bâtissent des charpentes d’étoiles, 

    que les étoiles fassent des confitures, que les grand-mères fassent la révolution, que les révolutionnaires fassent du yoga, que les yogis fassent des plans sur les comètes qui ouvriraient des bars pour les poètes qui s’enivreraient avec les policiers en tricotant des alouettes pour faire rire les plombiers. 

     

    Que tout se mêle se mélange, semer l’ange bleu de chez Armani, costard de travail, babouches bleu blanc rouge et baguette au sésame. Que tout s’enlace dans l’immense orgie de l’humanité réconciliée et dans un grand feu de joie à ciel ouvert, toutes les machinations du monde seraient jetées.

     

    in Chroniques du hamac

     

     

  • Ile Eniger

    L'indifférence du ciel a blanchi ses cheveux, rétréci son pays. La serpe du vivre a taillé son chemin, ses rires, ses rêves. Des souvenirs traînent un air nostalgique qu'elle balaie. Régulièrement. Une poignée d'épines dans le sucre fondu des jours, elle est riche d'anciens bouquets et en avance d'une fleur. Elle aime que le trou du mur soit refuge de souris. Elle connaît le chant des terres. Sa vivante sève. Minuscule déploiement de folle envergure, remise à grains inépuisable, elle écrit : "ma saison c'est l'amour," et elle sourit. Au brûlot d'écriture, elle rassemble sa maison, ranime le feu. Comme la vie même, elle défie la raison raisonneuse.

    in Les pluriels du silence

     

     

  • Gustave Gain - Femmes sur la plage de Siouville-Hague vers 1908

    Gustave Gain, Femmes sur la plage de Siouville-Hague (50) vers 1908,.jpg

     

    AMER PÂLE

     

    Si pâles, toutes ces pages que le vent tourne

    Si sale, la plage où la viande se retourne

    A l'abandon vont les vieux bateaux

    Leurs grandes voiles tombées en lambeaux

     

    Les flots tournent en rond, à genoux

    Jusqu'au fond des draps

    Et les femmes pleurent tous les époux

    Qu'elles n'épouseront pas

     

    Mais allez venez, n'y pensez plus

    Allez dansez, dansez pour la mer

    Même si tout l'amour semble perdu

    Tournez, tournez trop blanches pages

    Que le vent jaloux balaie sur les plages

     

    Femmes, laissez coulez vos flots amers

    Qu'ils s'en retournent à la mer pâle

    Laissez partir toutes ces pages

    Que le vent tourne, tourne encore.

     

     

    in Au fond du tiroir, Livre d'artiste n°2, 2012

    http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2012/11/27/livre-d-artiste-n-2-au-fond-du-tiroir.html

     

     

     

     

  • Edvard Munch - The girl at the window - 1894

    Edvard Munch. The girl at the window.1894.jpg

     

    Je ne suis pas faite pour observer le lent écoulement des jours au travers d'un encadrement de fenêtre...

    Tout se fond dans l'informe, uniforme! Je me lasse de ce petit bout de ciel, aussi changeant puisse t-il être ! J'ai un besoin vital d'horizons nouveaux, d'espaces inconnus surtout quand l'hiver approche, traînant ses heures froides, sombres, interminables de puits sans fond. Je crains la petite mort de cette morne saison, celle qui jette sur les rêves des pelletées de mélancolie.

     

    in De la vie et de l'amour, inédit 1989