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CATHY GARCIA-CANALES - Page 405

  • Marc Tison - Des nuits au mixeur

    des-nuites-au-mixer.jpg

    Maquette et graphismes par Jean-Jacques Tachdjian

    La Chienne éditions, collection Nonosse, Roubaix, 2019.

     

    Je manque de temps pour faire des notes de lectures comme je voudrais et il y aurait bien du bien à dire de ces nuits au mixeur de Marc Tison, mais sa poésie parle d'elle-même, lisez plutôt : 

     

     

    Tu sais ce qui nous attend

    dans les révolutions borderline

    l’équilibre se fait sauter le caisson

     

    (…)

     

    C’est d’une importance extraordinaire

    d’aller vers ce qui éclaire l’immensité en soi

     

    (…)

     

    On partira à l’aube sur les océans

    On part toujours à l’aube

    Dans la pureté des promesses

    Avant l’ouverture des supercheries marchandes

     

    (…)

     

    Des bars comme des Sirius

    Des signes comme des toiles de Tapies

    Et la nuit qui gueule habitée

    Plus sûrement que les jours des quartiers d’affaires

    Et la nuit qui chante en abîme des romances tristes

    De matin de grisaille

     

    (…)

     

    Je ne descends plus des grands singes

    La lignée est éteinte

    Exterminée dans les salons climatisés des banques d’investissement

    Je n’enfante plus des gens sauvages

    Mon sperme est défolié, il est minable et minuscule

     

    (…)

     

    L’odeur ça pue le vrai, ça n’est pas permis

     

    (…)

     

    Les algorithmes qui tracent les désirs sont des menottes

    Aux radiateurs des polices du comportement

     

    (…)

     

    On a tordu le ciel qui était beau

     

    (…)

     

    Des nuits au mixer

    À courir éventré l’ennui au cul

    Comme la mort

     

    (…)

     

    L’affolement en moteur de désir

    Et la route qui se barre en chewing-gum

    La vrille

    Les pieds sur le vide

    Plongeons profonds dans l’univers

     

    (…)

     

    Les enfants dansaient comme des derviches défoncés

    Sur les débris des usines

    Les tapis de ferrailles rouillées

     

    (…)

     

    Tes mains sur les marbres de nerfs

    Mets tes paumes de paix

    sur les pensées en charpie

     

    Ne rassure pas

    Ne console pas

    Aime

     

    (…)

     

    Personne ne sait combien j’ai peur

    tout le temps. Pas même moi sous

    mon parapluie de confiture. Il fond

    sous la pluie d’orage que j’invente.

    Je lèche ce qui coule comme un sexe

    qui dégouline. Je ne le sais pas que

    c’est un sexe qui dégouline que je

    lèche tout le temps quand j’ai peur.

    La pluie me dégoutte.

     

    (…)

     

     

     

     

    Pour commander : https://www.lachienne.com/product-page/des-nuits-au-mixer

     

     

     

  • Luis Alfredo Arango

     

     

    Un vieil ami m'a dit que je ne lisais pas
    que je n'étudiais pas
    que tout ce que j'écrivais
    avait déjà été dit mille fois
    qu'il n'y avait pas plus de
    dix ou douze livres
    essentiels sur terre
    que le reste était bon à jeter
    C'est vrai
    je ne possède rien de plus grand que
    mon ignorance
    je ne détiens qu'une grande obscurité
    dans laquelle
    la lumière même la plus humble
    peut briller intensément.

     

    trad. par Laurent Bouisset

     http://fuegodelfuego.blogspot.com

     

     

     

  • Le Silence des Autres, documentaire d'Almudena Carracedo et Robert Bahar (2019)

     

     

    1977. Deux ans après la mort de Franco, dans l’urgence de la transition démocratique, l’Espagne vote la loi d’amnistie générale qui libère les prisonniers politiques mais interdit également le jugement des crimes franquistes. Les exactions commises sous la dictature et jusque dans les années 1980 (disparitions, exécutions sommaires, vols de bébés, torture) sont alors passées sous silence. Mais depuis quelques années, des citoyens espagnols, rescapés du franquisme, saisissent la justice à 10.000 kilomètres des crimes commis, en Argentine, pour rompre ce « pacte de l’oubli » et faire condamner les coupables.

     

     

     

     

  • Noam Chomsky

     

    Ce que j’ai toujours considéré comme étant l’essence de l’anarchisme, c’est précisément cette conviction que le fardeau de la preuve doit être imposé à toute forme d’autorité, qui doit être démantelée si cette preuve de légitimité ne peut pas être faite.

     

     

  • Bonne journée mondiale à toi, l'Eau !

     

    Cascade pétrifiante de Saint Pierre-Livron (82).JPG

    JE SUIS L’EAU

    Je suis goutte
    Et je suis océan
    La flaque dans laquelle
    Jouent les enfants

    Je suis fontaine
    Fraîche chaude
    Mémoire blanche
    Des origines
    Source sacrée
    Porteuse de vie
    Messagère des fées
    Guérisseuse aussi

    Jaillissante bouillonnante
    Colliers de perles
    Bracelets de cristaux
    Je suis la divine mère
    De tous les fleuves

    Je suis ruisseau filet d’argent
    Je suis la fougue du torrent
    Calme et limpide berceau
    Des grenouilles et poissons
    Je suis la chevelure
    Des gracieuses ondines
    La voluptueuse vouivre
    Des marécages
    Je suis le paradis des roseaux

    Je suis le repos des noyés
    Le tombeau liquide
    Des sans papier
    Je suis la vie
    Je suis la mort
    Je suis le paradis des oiseaux

    Je suis le grand serpent
    Qui a creusé la vallée
    Sang de la terre
    Lymphe des mammifères
    je suis la mère qui lave les yeux
    La sainte mer qui lèche vos pieds

    Je suis le chant
    Des sirènes
    La respiration
    Des immenses baleines
    Je suis la glace
    La mort blanche
    La vapeur qui sublime
    La formule aromatique
    Qui nettoie vos âmes

    Je baigne vos corps
    Nourrit vos cellules
    Vous délivre de la crasse
    Et de la maladie
    Mais vous
    Que faites-vous pour moi ?
    Je suis souillée
    Partout où je passe
    Certains m’usent pour leurs crottes
    Et leurs urines
    Me gardent jalousement
    Dans leur piscine
    Alors que tant d’autres ailleurs
    Meurent de mon empoisonnement

    Vous ratissez mes flancs
    Raclez mes os
    Massacrez toutes mes créatures
    Alors mon message de vie
    Devient un message de mort
    Jusque dans votre propre corps
    Car chacune de mes gouttes
    Parle à toutes les autres gouttes
    Elles savent les sons
    Et elles savent les mots
    Elles savent le chaos de la haine
    Le cristal de l’amour

    Je suis la vie
    Je connais les maux
    Je suis l’eau."

     

    Cathy Garcia 2012

     

    photo (c) cg : cascade à St Pierre-Livron (82)