Jolene Casko
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Poème extrait du livre paru à La Chienne éditions, collection Nonosse, Roubaix, 2019. Maquette et graphismes par Jean-Jacques Tachdjian.
Lu par moi-même.
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Maquette et graphismes par Jean-Jacques Tachdjian
La Chienne éditions, collection Nonosse, Roubaix, 2019.
Je manque de temps pour faire des notes de lectures comme je voudrais et il y aurait bien du bien à dire de ces nuits au mixeur de Marc Tison, mais sa poésie parle d'elle-même, lisez plutôt :
Tu sais ce qui nous attend
dans les révolutions borderline
l’équilibre se fait sauter le caisson
(…)
C’est d’une importance extraordinaire
d’aller vers ce qui éclaire l’immensité en soi
(…)
On partira à l’aube sur les océans
On part toujours à l’aube
Dans la pureté des promesses
Avant l’ouverture des supercheries marchandes
(…)
Des bars comme des Sirius
Des signes comme des toiles de Tapies
Et la nuit qui gueule habitée
Plus sûrement que les jours des quartiers d’affaires
Et la nuit qui chante en abîme des romances tristes
De matin de grisaille
(…)
Je ne descends plus des grands singes
La lignée est éteinte
Exterminée dans les salons climatisés des banques d’investissement
Je n’enfante plus des gens sauvages
Mon sperme est défolié, il est minable et minuscule
(…)
L’odeur ça pue le vrai, ça n’est pas permis
(…)
Les algorithmes qui tracent les désirs sont des menottes
Aux radiateurs des polices du comportement
(…)
On a tordu le ciel qui était beau
(…)
Des nuits au mixer
À courir éventré l’ennui au cul
Comme la mort
(…)
L’affolement en moteur de désir
Et la route qui se barre en chewing-gum
La vrille
Les pieds sur le vide
Plongeons profonds dans l’univers
(…)
Les enfants dansaient comme des derviches défoncés
Sur les débris des usines
Les tapis de ferrailles rouillées
(…)
Tes mains sur les marbres de nerfs
Mets tes paumes de paix
sur les pensées en charpie
Ne rassure pas
Ne console pas
Aime
(…)
Personne ne sait combien j’ai peur
tout le temps. Pas même moi sous
mon parapluie de confiture. Il fond
sous la pluie d’orage que j’invente.
Je lèche ce qui coule comme un sexe
qui dégouline. Je ne le sais pas que
c’est un sexe qui dégouline que je
lèche tout le temps quand j’ai peur.
La pluie me dégoutte.
(…)
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Dans le ciel toutes les formes
Une à une passent et s’en vont
Le vent impitoyable remplit son office
Gardons-nous de trop aimer vivre
in Homme Montagne
La vie est froide, alors on coupe quelques poèmes en manière de bûches.
On se réchauffe de peu.
in Trouver refuge
Un vieil ami m'a dit que je ne lisais pas
que je n'étudiais pas
que tout ce que j'écrivais
avait déjà été dit mille fois
qu'il n'y avait pas plus de
dix ou douze livres
essentiels sur terre
que le reste était bon à jeter
C'est vrai
je ne possède rien de plus grand que
mon ignorance
je ne détiens qu'une grande obscurité
dans laquelle
la lumière même la plus humble
peut briller intensément.
trad. par Laurent Bouisset
http://fuegodelfuego.blogspot.com
1977. Deux ans après la mort de Franco, dans l’urgence de la transition démocratique, l’Espagne vote la loi d’amnistie générale qui libère les prisonniers politiques mais interdit également le jugement des crimes franquistes. Les exactions commises sous la dictature et jusque dans les années 1980 (disparitions, exécutions sommaires, vols de bébés, torture) sont alors passées sous silence. Mais depuis quelques années, des citoyens espagnols, rescapés du franquisme, saisissent la justice à 10.000 kilomètres des crimes commis, en Argentine, pour rompre ce « pacte de l’oubli » et faire condamner les coupables.
Ce que j’ai toujours considéré comme étant l’essence de l’anarchisme, c’est précisément cette conviction que le fardeau de la preuve doit être imposé à toute forme d’autorité, qui doit être démantelée si cette preuve de légitimité ne peut pas être faite.
JE SUIS L’EAU
Je suis goutte
Et je suis océan
La flaque dans laquelle
Jouent les enfants
Je suis fontaine
Fraîche chaude
Mémoire blanche
Des origines
Source sacrée
Porteuse de vie
Messagère des fées
Guérisseuse aussi
Jaillissante bouillonnante
Colliers de perles
Bracelets de cristaux
Je suis la divine mère
De tous les fleuves
Je suis ruisseau filet d’argent
Je suis la fougue du torrent
Calme et limpide berceau
Des grenouilles et poissons
Je suis la chevelure
Des gracieuses ondines
La voluptueuse vouivre
Des marécages
Je suis le paradis des roseaux
Je suis le repos des noyés
Le tombeau liquide
Des sans papier
Je suis la vie
Je suis la mort
Je suis le paradis des oiseaux
Je suis le grand serpent
Qui a creusé la vallée
Sang de la terre
Lymphe des mammifères
je suis la mère qui lave les yeux
La sainte mer qui lèche vos pieds
Je suis le chant
Des sirènes
La respiration
Des immenses baleines
Je suis la glace
La mort blanche
La vapeur qui sublime
La formule aromatique
Qui nettoie vos âmes
Je baigne vos corps
Nourrit vos cellules
Vous délivre de la crasse
Et de la maladie
Mais vous
Que faites-vous pour moi ?
Je suis souillée
Partout où je passe
Certains m’usent pour leurs crottes
Et leurs urines
Me gardent jalousement
Dans leur piscine
Alors que tant d’autres ailleurs
Meurent de mon empoisonnement
Vous ratissez mes flancs
Raclez mes os
Massacrez toutes mes créatures
Alors mon message de vie
Devient un message de mort
Jusque dans votre propre corps
Car chacune de mes gouttes
Parle à toutes les autres gouttes
Elles savent les sons
Et elles savent les mots
Elles savent le chaos de la haine
Le cristal de l’amour
Je suis la vie
Je connais les maux
Je suis l’eau."
Cathy Garcia 2012
photo (c) cg : cascade à St Pierre-Livron (82)