The Man From The Future (O Homem do Futuro) de Claudio Torres (2011)
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.




Qui a fait le cygne et l’ours noir ?
Qui a fait la sauterelle ?
Je veux dire cette sauterelle-ci − celle qui a bondi hors de l’herbe,
celle qui mange du sucre au creux de ma main, qui bouge ses mandibules de gauche à droite, plutôt que de haut en bas − qui regarde autour d’elle avec ses énormes yeux compliqués.
La voilà qui lève ses pâles avant-bras et se nettoie soigneusement la tête.
La voilà qui déploie ses ailes, et s’envole au loin.
Je ne sais pas exactement ce qu’est une prière.
Mais je sais comment prêter attention, comment tomber dans l’herbe, comment m’agenouiller dans l’herbe, comment flâner et être comblée, comment errer à travers champs,
ce que j’ai fait tout au long de la journée.
Dis-moi, qu’aurais-je dû faire d’autre ?
Tout ne finit-il pas par mourir, trop rapidement ?
Dis-moi, qu’entends-tu faire de ton unique, sauvage et précieuse vie ?
in La journée d’été

SUPPLIQUE
Je vous prie
 Qu'on me lave d'eau douce, celle du puits où dort la salamandre
 Tout au fond du jardin près du figuier à l'ombre mortelle
 Qu'on me lave de pluie
 Celle tombée qui fait bouger la terre de miracles légers
 Je vous prie,
 Qu'on me lave de neige, de grêle,
 Et du flot de la mer que je ne reverrai pas,
 De l'eau des larmes que j'ai pleurées quand je pleurais encore
 De ce que vous n'avez pas touché
 Qu'on me lave, nue,
 Du vin, du sang, des paroles, qu'on me lave
 De la puanteur
 On donne, on reprend, je ne sais rien de la tête des hommes
 De ce qui y grouille, vermine et douceurs mêlées,
 Et de cette marée qui soulève le cœur, porte aux nues
 Avant de jeter à bas le naïf, l'autre ou celui qui ne joue pas
 Aux mêmes jeux que vous
 Je vous prie
 Qu'on me lave de mon odeur d'humain qui me fait honte



