Karl Kaufmann
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Sur le coteau un troupeau paisse l’herbe maigre jusqu’à mordre de jeunes soleils.
Tout semble paisible, rien n’est silence.
in D’un silence inachevé
Cabrerets, place de la mairie, 13h30, gentiment accueillie par le maire et l'adjointe au maire, sur la table je mets nappe blanche, livres, mes cartes postales, il y a aussi des programmes, plaquettes... Autre table : brochures, cartes, autocollants & affiches du Parc, de beaux carnets de circuits de randonnées.... Je ne connaissais pas, c'est beau et bien fait. Des personnes arrivent, un couple est venu de Lauzerte suite à mon mail, puis l'équipe printemps des paysages avec Dominique Sampiero, le "tu" coule de source entre poètes (ou je l'impose ?). Rencontres multiples, brèves, sympathiques, départ du groupe pour le programme de l'après-midi. Mon programme c'est de tenir compagnie à mes livres et voir venir. Place de la mairie, seule avec mon stand, chaleur (j'aime), mouches énervées, vaguement énervantes, silence.... En fait non, pas silence, foot, match en direct sur grand écran de l'autre côté de la route à la terrasse du café. Lire, les brochures locales, ce que je sais, ce que je ne sais pas ou plus, une spéciale autour du tuf, j'apprends tout sur le tuf, reconnais des coins précieux, secrets, enfin non pas secrets, puisque dans la brochure ! Je lis la plaquette du printemps des poètes et apprend que le thème 2019 c'est "La beauté" et que c'est Bilal qui fait l'affiche. Place de la mairie, moi, les brochures, les mouches, ma fatigue me tient compagnie, tranquille, en face le foot, le temps s'étire, j'enlève mes chaussures, je marche, pieds nus sur les nouveaux revêtements, cœur de village inauguré ce matin. Cœur arpenté de quelques touristes, voitures, motards, trois quatre torses nus et jeunes sur shorts noirs, cigarettes, aller/retour distributeur de boissons/Célé, le plein de munitions, une maman petite et ronde aux cheveux henné acajou brillant au soleil et ses deux petiots en route aussi pour la baignade, deux enfants seuls, un petit grand et une petite petite avec une grosse bouée.« Stop » lui dit-il, avant de traverser la route et de regarder de chaque côté consciencieusement. Le temps passe, s’étire, mouches, foot, cigales. Il fait très chaud, je traverse la route moi aussi, le pont au-dessus de la Sagne qui chantonne, prête à sortir de son bel écrin pour bondir dans le Célé, la jolie Sagne, sentir, inspirer sa fraîcheur. Aller mettre les pieds dedans, me suggère un adjoint au maire qui range le matériel de la cérémonie d'inauguration cœur de village. Bonne idée, je vais un peu plus loin sur la place toute neuve, m'assoir sur les marches toute neuves façon lavoir, au bord de l’eau, des fleurs, des oiseaux, des insectes et la jouissance des pieds plongés dans la fraicheur mentholée, y rester jusqu'à ce qu'ils soient tout légers et les ramener nus dans l'herbe sous les beaux platanes, qui coûtent cher en entretien me dira l'adjoint au maire. Oui mais ils sont beaux et les cigales les aiment. Marcher sur les pavés clairs, chauds, tout neufs... Envie d'un café, retraverser la route, terrasse, table pour deux (ça tombe bien je ne suis jamais seule avec moi-même) face au grand écran, vagues silhouettes de bonshommes rouges, jaunes, qui galopent sur du vert et la rumeur fauve du public. C'est loin, irréel. Le serveur est très pris, il est seul pour toute la terrasse, son look de travail me fait penser au chanteur d'AC/DC... Une marcheuse lui demande un sac de glace, il n'y en a pas, elle insiste, le serveur semble se charger d'un poids supplémentaire, j'ai mon café et mon verre d'eau, il revient vers la marcheuse, un sac de glace peut-être, mais pas avant quelques heures, la marcheuse trouve ça "super !", on ne la découragera pas.... Café, verre d'eau que je fais durer, passe en coup de vent dans ma tête un "qu'est-ce que je fous là ?" mais ça fait pas mal de temps que j'apprends à accepter ce qui est là et là où je suis, cela ouvre des perspectives étonnantes, de nouveaux paysages justement. Un homme avec un groupe de touristes d'un certain âge comme on dit, au vu de leurs cheveux blanchis, passe devant moi et me pose une question en allemand ou flamand ? Devant mon air sans doute ahuri, me demande en français si je suis Hollandaise.... Non, non, non. Française ? Oui je réponds et en même temps ça ne fait pas sens non plus. J'ai faillit lui dire je suis d'ici. C'est le mot du jour "ici", tout en résonances. C'est ça la poésie, ce flux invisible qui relie tout, traverse tout, imprègne tout et provoque des "hasards", des "coïncidences". Poésie qui vient mourir dans les livres, je l'ai dit plus tard à l'adjointe au maire, avec mes livres devant moi, sur la nappe blanche. Ce stand que j’ai rejoint après les pieds-fraicheur et le café-foot, un îlot un peu absurde, dans un recoin de la place de la mairie, la table, les livres, la nappe, les mouches énervées et l'adjoint au maire qui m'avait gentiment proposé de le garder. Alors on entame la discussion qui d'un sujet à l'autre prend racine dans le sujet politique locale (d'à côté), qui me ramène de nouveau à cette pensée que les choses sont rarement comme on croit qu'elles sont et que c'est une gymnastique salutaire de l'esprit d'essayer de ne pas coller des pré-pensées sur les choses, les gens, les situations, sur les autres et sur soi-même.... Et puis aussi que c’est bien d’être ici sans être trop d’ici. Fin de journée, le groupe ou ce qu'il en reste est revenu, il va être temps de plier la nappe. Un bouquin, deux revues, quelques cartes changent de main, on parle un peu, là aussi différents sons de cloches sur le paysage du jour et tout ce qui n'est pas dit mais que l'on entend quand même, foutue ultra-perception de poète ! Tout le monde est un peu pressé de partir vers ce qui l'appelle, je reste là un peu sonnée, je range, charge la voiture, bon ce n’est pas tout ça, mais faut que j'aille chercher de l'eau à la source... Le paysage, ça peut se boire aussi !
« Ici est le pays sauvage, le pays solitude.
On s’y sent parfois plus près du cœur.
(…)
Ici l’obscurité a des reflets. Au fond des puits précieux, gisent des clés, mais rien ne se dit, tout se tait.
(…)
Ici est le pays où on est seul ensemble. »
Extraits de Chroniques du hamac (2008)
rempli par un monsieur d'ici d'origine hollandaise, qui n'a pas laissé son nom
mais que j'avais déjà croisé ici et là
Merci à Dominique Sampierro & Hugo Perez du Printemps des poètes
édito, sommaire et textes à découvrir en ligne :
https://lichen-poesie.blogspot.com/p/n-28-juillet-aout-2018.html
40 pages agrafées
tirage limité et numéroté
sur papier recyclé
offset 90 gr
couverture calcaire 250 gr
textes de Bruno Toméra
l’auteur présenté par Jean-Louis Millet :
Tom le malgré tout poète
Quelle est cette manie de vouloir coller une bio ? les poèmes se
suffisent, non ? Pour les bios je préfère l'intime à deux, dans un canapé
moelleux, prêts à se défenestrer l'ego et le corps, dans le duel de la
parade séductrice.... (non je rigole)
Mais, faut se méfier des chats acculés dans les coins de murs, balancent
toujours de foutus coups de pattes, enfin... je suis aux aguets des
pulsions de révoltes comme autant de petits espoirs de cette humanité
déchue.
Ce regard entrouvre la porte d'un désir
que nous n'aurons pas le temps de franchir
c'est le cambriolage d'une caresse
qui restera là, dérobée, sans adresse.
… mais, avec le recul, y a de quoi pondre quelques belles foutues
phrases sur le tapis savonneux de l'existence.
Mon rire délivre insolent et joyeux l'impertinence de vivre.
Tom
Ouvrier mécanicien pour la raison sociale, poète essentiellement
chercheur de vie et d’étonnement, chercheur de musicos chanteurs & enchanteurs aussi pour que les mots puissent vaincre les lois de la
gravité.
Bio recomposée par petits prélèvements dans l’œuvre et les échanges épistolaires avec « le malgré tout poète ».
illustrations originales de Jean-Louis Millet
Grand spécialiste en rien mais curieux de tout : dessin, peinture, sculpture, photo, écriture, vidéos, édition virtuelle, chasse aux connivences & alternatives… Ensemble de ‘’propos’’ mis en actes dans l'animation de blogs et de sites dont "Zen-évasion", site cave-grenier aux malles ego-mystérieuses : http://www.zen-evasion.com/. Il a déjà maintes fois illustré la revue ainsi que d’autres publications Nouveaux Délits comme Ailleurs simple ; Claques & boxons ; Guerres et autres gâchis (textes de Cathy Garcia) et ses encres sont à l’origine du livr’art : États du Big Bang. Il a illustré Le poulpe et la pulpe de Cathy Garcia également (Cardère éd., 2010) et Des brins et des bribes (éd. Du Cygne, 2011) de Werner Lambersy et Cheval rouge de Fanny Sheper, 2017 (thebookedition.com). Il a exposé ses travaux artistiques, notamment à Perros-Guirec, en Bretagne, sa terre évasion.
« Au retour dans la bagnole, intercalé dans la file des pressurés
l'humanité klaxonnait, gueulait, les bras au ciel, pressés
de se jeter corps et âmes dans d'autres emmerdements.
Le connard de derrière habillé en voiture dernier cri
gesticulait dans le rétro, le poing brandi.
Garde toujours le piaf des urgences dans ton cœur
Garde toujours le piaf des urgences dans ton cœur.
Que je me suis dit. »
Serrant mes mains dans ses mains
elle me dit :
“Gamin, c'est une bulle de savon, la vie,
ça pique les yeux et c'est fini.”
10 €
à commander à
Association Nouveaux Délits
Tu te lèves, et tu vois la sale gueule du monde, les flippés qui se regroupent en meutes hargneuses et assassines, les mers qui vomissent la mort, les plus "jamais ça" qui ont fondu comme neige au chalumeau, les culs mal bénis qui rêvent d'inquisition, les trous du culs qui chient des lingots et à qui un enfant de 4 ans né dans un bidonville pourrait donner des leçons d'humanité de haut niveau, ne cherchez pas, l'enfer c'est ici, les enfers, il y en a de toutes sortes, mais si on est là avec encore un minimum de dignité, ce n'est pas seulement pour se lamenter sans fin ou aboyer plus fort, c'est qu'il y a quelque chose à comprendre, des choses à faire, petites, toute petites, minuscules, ridicules, risibles, mais avec courage, avec du cœur, nous ne serons pas des héros, des sauveurs, ni plus humains ni meilleurs que les autres, nous sommes tous reliés, qu'on le veuille ou non, enchainés les uns aux autres, la moindre de nos pensées forme des ondes, le moindre de nos actes a des répercussions sans fin, un mot après l'autre, un geste après l'autre, un pas après l'autre, nous ne sommes pas là pour rien mais nous ne pouvons agir que là où nous sommes et à partir de là où nous en sommes et il y a des choses essentielles à comprendre au-delà des apparences, cherchons toujours et encore, apprenons toujours et encore et sur nous-mêmes pour commencer, pour ne plus être dupes de cet enchainement continuel de causes et d'effets, de cet enchainement continuel de nos pensées qui nous rend malades sans nous rendre pour autant plus efficaces, c'est énorme en fait d'être là, énorme.......... et je ne sais pas si c'est la fatigue qui m'inspire (de nouveau en concubinage avec dracula, j'ai atteint là l'au-delà de la fatigue)..... Mais vraiment, arrachons-nous aux engrenages et essayons de percer le brouillard pour voir les choses telles qu'elles sont vraiment, toutes les sagesses et philosophies humaines convergent vers un même point, alors ouvrons bien nos écoutilles, toutes ! Et acceptons à quel point nous sommes ignorants mais servons-nous aussi de tous ces flambeaux posés depuis le début du monde pour éclairer notre voie d'humanité ! À l'échelle cosmique, notre temps ne tient même pas dans une fraction de secondes....
cg, 30 juin 2018