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  • Lionel Mazari

     

    Dans la cour, quelque poule
    entonne
    un chant mystique à l’œuf.

    Alors l'enfant choisit,
    puisqu'il fait jour,
    le clan sauvage.

    Voici qu’une couleuvre endormie
    le remet dans le droit chemin
    de l’appétit et du confort,
    à l’heure où les chiens parlent
    aux vaches sans respect.

    L'enfant choisit,
    quand le soir le pousse,
    le parti domestique.

    La nuit retombe et la famille fait
    sa vie dans le nid de dieu,
    un peu de paille sur le cœur,
    l’odeur du foin dans la parole,
    un incendie dans le regard,
    et l’azur en cabane.

    L'enfant s'accorde
    pour le lendemain
    la liberté de changer.

     

    in l'impossible séjour

     

     

     

  • Albert Camus

     

    Si j’avais à écrire ici un livre sur la morale, il aurait cent pages et 99 seraient blanches. Sur la dernière, j’écrirais : "Je ne connais qu’un seul devoir et c’est celui d’aimer ".


    in Carnets 1 (1937)

     

     

     

  • Andrée Chedid

     

    Je reste émerveillée
    Du clapotis de l’eau
    Des oiseaux gazouilleurs
    Ces bonheurs de la terre
    Je reste émerveillée
    D’un amour
    Invincible
    Toujours présent

    Je reste émerveillée
    De cet amour
    Ardent
    Qui ne craint
    Ni le torrent du temps
    Ni l’hécatombe
    Des jours accumulés
    Dans mon miroir
    Défraîchi

    Je me souris encore
    Je reste émerveillée
    Rien n’y fait
    L’amour s’est implanté
    Une fois
    Pour toutes.
    De cet amour ardent je reste émerveillée.

     

     

  • Alexo Xenidis

     

    ET SI JE PARLAIS DE MOI POUR UNE FOIS

     

    Je
    Regarde

    Avec des sentiments mélangés
    Découragement colère beaucoup de lassitude et la sensation de mes vanités
    Cet énorme tas de papiers ce vomi de mots qui s’incruste
    Le monde que je mâchonne et qui ne passe pas
    Cette voix de l’habitude parce que j’écris le matin tous les matins
    Comme si c’était hygiénique je me lève je pisse je fais un café j’écris
    Je ne trouve pas la paix
    Je ne trouve pas la paix
    Je
    Regarde
    L’énorme tas de papiers cette bouillasse de sentiments mélangés
    Le découragement la colère qui s’enfuit la lassitude qui prend la place
    Toute. Toute la place.
    Dis Il faut corriger
    Enlever tailler couper refaire casser que la fin plaise à Tartempion Que le début soit agréable à Ducon
    Foutre aux poèmes des corrections qu’ils chialent un bon coup s’en souviennent
    Qu’ils te regardent comme si tu leur faisais peur
    Miskin les poèmes comme tout aujourd’hui
    Et puis être guerrière et martiale et belliqueuse parler des combats sacrés
    Sauf dans la vie bien sûr
    In real life tu t’écrases tu lèches ta peine à l’abri des regards
    Et tu nettoies derrière
    Je
    Regarde
    Ma vie on dirait l’avant-guerre qui était déjà l’après d’un autre bordel
    Les années quarante que je n’ai pas connues
    Les fêtes décaties la fièvre des bons mots qui s’empare des foules
    On se congratule on moque on se déclare déprimé mais pas dépressif
    J’ai envie d’appuyer sur le bouton marche rapide en avant voir
    Les fêtes sombrer dans le noir les foules devenues muettes le silence
    La terreur soudaine entendre les Si j’avais su
    Cesser d’être Cassandre
    Ne plus dire je vous l’avais bien dit en pensant je ne l’ai pas assez bien dit
    Justement
    Je ne trouve pas la paix
    Je ne trouve pas la paix
    Je ne sais pas où la chercher ni même si elle existe ailleurs que dans mes contorsions
    Ces cabrioles de mots ces vieilles grammaires du malheur décaties agitées qui font des phrases
    Au Guignol du jardin du Luxembourg quand j’étais petite je me souviens de ma terreur
    Il y avait une marionnette qui chaque fois perdait la tête on savait qu’elle allait la perdre
    Elle était faite pour cela, son cou s’étirait s’étirait puis sa tête sautait hors du corps
    Poupée décapitée je hurlais de peur et je continue à hurler
    Le long des sabres qui se soulèvent et des pleutres qui les acceptent en cadeau
    En remerciant pour l’honneur qui leur est fait
    Je ne trouve pas la paix
    Non je ne trouve pas la paix
    Juste par instant un répit un moment bref dans un coin du ring sur le tabouret
    On me passe une éponge sur le visage et des mains me recousent prestes
    Avant que ne sonne le gong pour la reprise pour tituber une fois encore
    Les mains brisées sous les gants la bouche qui saigne les yeux qui ne voient plus
    Juste un répit le temps que je croie encore à la douceur avant d’oublier
    Et que tu me dises que toi et moi ce n’est qu’un intermède une façon de passer le temps
    En attendant des amours sérieuses des vraies des qui font rêver et pleurer
    Je boxe des fantômes, shadow boxing, jusqu’à l’épuisement, le corps se dérobe
    Se défait, s’effiloche, part en fumées en souvenirs s’effondre tombe
    Puis repart prendre sa ration de coups dans la gueule et en redemande
    Alors la paix
    La paix, pourquoi la trouver,
    Pourquoi vivre autrement qu’un enfant qui commence un dessin
    Puis insatisfait arrache la page et recommence sur une belle page neuve
    Le même gribouillis qui soulève le cœur
    Je ne me soucie plus d’en être aux dernières pages presque à la couverture
    Presque au moment de refermer le cahier
    Je marquerai à la place du mot fin
    Ceci est recyclable Je recommencerai
    Et, de nouveau,
    Je ne trouverai pas la paix

     

    A.X.

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Julie Rey

    Julie Rey_n.jpg

     

    à genoux vous creuserez sous les coups les plus bas

    à terre vous demanderez pardon pour boire encore

    ne serait-ce qu’une goutte à la source miracle

     

    cg in Pandémonium II