Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Quand j'étais cagibi de Hélène Gaudy

    Note parue sur La Cause Littéraire : http://www.lacauselitteraire.fr/quand-j-etais-cagibi-helene-gaudy

    cagibi-couv.gif

    illustrations Émilie Harel

    Ed. Le Rouergue, janvier 2013

    96 p. 7 €

     

     

    Une petite histoire tout en douceur sur les émotions enfantines, sur le sentiment de solitude qui est le lot de chacun, enfants comme adultes.

    Amy est en colère. Chez elle, personne ne l’écoute. Ni sa maman, ni son papa et même plus sa grande sœur Rosa.

    J’ai pensé que j’étais devenue invisible ou que j’avais rétréci comme Alice au pays des merveilles quand elle boit la potion magique. (…) J’ai dit « Personne ne m’écoute jamais », maman a haussé les épaules et Rosa en a profité pour filer dans sa chambre. Papa, on ne l’entendait déjà plus. Il était encore parti travailler en oubliant de dire au revoir.

    C’est comme ça qu’Amy est devenue cagibi.

    Le cagibi était mal rangé. Il sentait la peinture, le vieux et la poussière, mais je m’en fichais. Là, au moins, j’étais tranquille. Personne ne pouvait venir m’embêter.

    Amy s’est enfermée à clé dans le cagibi. Au départ, elle aurait bien aimé que quelqu’un vienne frapper à la porte, la supplier, mais personne n’est venu la chercher, alors Amy, après avoir bien pleuré, a décidé : Ce cagibi, je n’en sortirai plus jamais.

    Dans le cagibi, il y a tout ce qu’il faut : à boire, à manger, des tapis, un duvet et même des vieux jouets. Amy va découvrir ainsi que la solitude et l’ennui, cela développe l’imagination, ce n’est pas si difficile que ça de vivre dans un cagibi. Alors même quand sa maman lui prépare son plat préféré, Amy résiste. Une journée, une nuit, une journée encore, elle n’accepte d’ouvrir que pour s’emparer rapidement du plateau repas que sa maman posera devant la porte ou du MP3 que lui prêtera, à sa grande surprise, sa sœur Rosa. Elle ne l’aurait jamais fait avant.

    Le temps passe et Amy écoute sa famille vivre de l’autre côté de la porte, elle note comme des petits changements, des verres qui tintent, Papa et Maman qui se prennent dans les bras. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’est que tout le monde allait commencer à lui envier son cagibi, ça a commencé par Rosa qui avait besoin de parler, alors elle l’a laissée rentrer, et puis maman, qui elle aussi avait besoin de raconter sa fatigue, sa lassitude et puis Papa qui ne voulait pas rester tout seul, si bien que finalement, c’est toute la famille qui s’est retrouvée dedans. Et oui, ça fait du bien à tout le monde, un petit coup de cagibi, et maintenant on le sait, grâce à Amy.

    Je ne suis pas devenue quelqu’un d’autre mais il y a quelque chose que j’ai compris : on voyage beaucoup, dans un cagibi.

    Tout le monde a besoin d’un petit cagibi, pour se réfugier, pour se confier, c’est un endroit idéal pour faire des conseils de famille et des igloos en duvet. On peut y aller tout seul quand on a besoin de pleurer, y être triste ou en colère, on peut aussi y rigoler, y rêver et y faire des projets. On peut aussi y prendre le temps de s’écouter et de s’aimer. Ce n’est pas rien ça. Merci Amy !

     

    Cathy Garcia

     

    Helene_Gaudy.jpgFormée à l'école des Arts décoratifs de Strasbourg, Hélène Gaudy choisit finalement la voie littéraire pour donner libre cours à son imagination. Membre de la revue Inculte, elle participe à la rédaction de différents ouvrages du collectif parisien parmi lesquels Une chic fille, paru en 2008. La jeune femme signe également plusieurs œuvres à son nom comme Vues sur la mer en 2006, une variation sur le thème de la solitude, et Si rien ne bouge en 2009. On lui doit également un livre destiné au public adolescent intitulé Atrabile, publié en 2007.

  • Dominique Darbois

     dominique darbois guyane_du_sud_19521.jpg

    Guyane, 1952

     

    dominique darbois 1023529_immemo.jpg

    dominique darbois photo.jpg

    Dominique_DARBOIS_Image4.jpg

    dominique darbois Achouna.jpg

    dominique_darbois_photographe_01.jpg

     

    domnique darbois décembre 2004.jpgSi les images photographiques de Dominique Darbois sont connues son nom l’est moins. Des générations de lecteurs ont pourtant rêvé sur ses pages des «Enfants du Monde», célèbre collection d’albums pour les enfants, publiée de 1953 à 1975. La collection s’est arrêtée, les photographies sont restées imprimées dans nos mémoires. Elles continuent à vivre par leur vérité et l’exemplarité de la relation de la photographe à son sujet. Elle efface le trop plein de détails du quotidien accordant toute son attention à un visage, un geste. Pêcher, ouvrir un livre, cuisiner… la transmission de ces apprentissages familiaux est commune à toute l’humanité. Née en 1925, la photographe commence sa carrière en 1946 en devenant l’assistante de Pierre Jahan. Sa «vérité du monde», Dominique Darbois l’a éprouvée au camp de Drancy où elle a été internée et dans les Forces Françaises Libres. Médaille de la Résistance, Croix de Guerre, Légion d’honneur. Sa première exposition personnelle a lieu à la Galerie Maeght à Paris en 1954. Membre de l’expédition Tumuc-Humac, en Guyane, de 1951-52, elle a depuis parcouru le monde. Des reportages sur des écrivains, ou sur le musée de Kaboul, des portraits de femmes, ont fait l’objet de plusieurs publications.

     

    dominique_darbois_photographe_terre_d_enfants.jpgParmi ses images rassemblées dans le livre «Terre d’enfants» paru aux éditions Xavier Barral en 2004, nous avons sélectionné une cinquantaine de photographies qui documentent la vie de cet enfant de Chine, de cet autre du Sénégal, ce geste rarement montré d’un adulte qui transmet avec douceur, parfois fermeté, et qui nous comble comme un souvenir retrouvé.

    Ses photos ne sont pas arrachées de force avec un objectif braqué sur le sujet. Elle a longtemps utilisé un Rolleiflex. Pierre Amrouche, l’ami proche, auteur du texte du livre remarque qu’«il est le seul qui permette, grâce à son viseur vertical, de garder le contact visuel avec le sujet pendant la prise de vue. Ici réside un des secrets des photos de Dominique Darbois, ce regard qui passe entre le photographe et son modèle, établissant un rapport particulier de confiance propre à faire éclore de la vie sur le plus fermé des visages».

     

  • Déesse Durga Chandraghanta

    0d3b599e088d13760e0b9406072e5905.jpg

    Cette sculpture est récente. La photo a été prise à Kumartuli, "le village des sculpteurs", un quartier célèbre de Calcutta. Kumartuli demeure l'exportateur exclusif des idoles de la déesse de Durga aux quatre coins de la planète, au cours de la Durga Puja qui a lieu chaque année.
  • Elena Ray - Transformed

    ElenaRay_Transformed.jpg

     

    RÉSURGENCE 

     

    Je suis la Truie dit-elle

    et la Lionne.

    Mon jardin fut des plus fertiles,

    ma fontaine des plus sacrées.

    Je contiens tous les âges,

    le temps devant moi

    docilement s’inclinait.

     

     

    Ils sont venus

    en mon ventre

    arracher le soleil.

    Ils m’ont liée à la lune,

    jetée à la nuit

    mais jamais lumière

    ne fut plus blanche

    qu’entre mes cuisses

     

     

    Toi le frère, le fils, le père

    et l’Ancien qui a trahi,

    tu te dresses en conquérant

    sur des ruines et des cendres.

    Tu invoques l’amour

    glaive à la main,

    des fusils des roquettes,

    innombrables phallus

    de destruction.

     

     

    Tu n’as jamais été pourtant

    aussi impuissant,

    homme émasculé du sens,

    depuis que les déesses de l’amour

    tu as maudites.

     

    Innana, Ishtar, Astarté

    Brûlés le fruit le jardin

    Symboles de ta perdition

     

    Tu as réduit les mères nourricières

    au rang de putains de l’agro-industrie,

    tu leur a mis le joug

    de tes folies mécanistes.

     

     

    Cérès Déméter pleurent sans fin,

    quelle que soit la saison,

    Perséphone ne quitte plus les enfers.

    La vulve de Gaïa est sèche,

    ses seins sont crevés,

    ses veines lourdes et souillées.

     

    La vérité n’est plus voilée,

    elle est violée sans répit

    mais tu as beau pilonner homme

    je reste l’Inviolable

    et la Vierge éternelle

     

     

    « car je suis la première et la dernière.

    Je suis l’honorée et la méprisée.

    Je suis la prostituée et la sainte.

    (…)

    Ayez du respect pour moi.

    Je suis la scandaleuse et la Magnifique. » *

     

     

     Cathy Garcia

    in Salines

     

     

     

    * transcrit de papyrus gnostiques traduits en copte au IIIe ou Ive siècle,

    découvert vers 1945 à Nag’ Hammâdi, en Haute-Egypte