Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 19

  • Lia G - Série Belleza inquietante

    Lia G la belleza inquitante.jpg

     

    La poésie n’habite pas dans les mots.  La poésie est sans mot fixe.

    Elle erre seule, maudite et folle, sage flamme.

     

    La poésie si vous n’y prenez garde contamine chaque cellule, parcelle,  seconde de votre vie. C’est la mystique universelle du gluant obscur au blanc pur, elle a la densité de la pierre, la fulgurance d’un ange.

     

    Cg in Chroniques du hamac, 2008

     

     

     

     

  • Requiem de Marie-Josée Desvignes

    avec 12 encres de l’auteur et des photos d’Hélène Desvignes

     

     L53.jpg
     
    Cardère éditions septembre 2013
     
    108 pages, 14 €

     

    Requiem comme son nom l’indique est une pièce maîtresse et bouleversante. Il s’agit bien comme son titre l’indique d’un hommage à un défunt, une cérémonie du souvenir, mais aussi une pièce d’un puzzle jusque-là resté inachevé, qui vient donc combler un manque, refermer autant que possible une plaie béante, car le défunt, ici, n’a jamais eu d’existence, il n’a jamais été reconnu parmi les vivants et donc impossible de le compter parmi les morts.

    Pas de pleurs, sauf les miens, en silence, toujours – loin des autres, quelque chose de honteux – faut cacher.

    Il faut cacher et il faut oublier, lui a-t-on dit, et le silence est tombé comme une chape sur la mère. Cette mère qui ne l’a pas vu elle, seul le père l’a vu, l’enfant. Cet enfant non viable, lourdement handicapé, mort peu de temps après avoir été tiré du ventre, deux mois avant terme. Cet enfant qu’il fallait oublier, ne pas nommer, juste un blanc dans la lignée familiale.

    Je peux le voir ?… veux le voir…

    « … vaut mieux pas, c’est mieux pour toi… »

    Pas même enterré. Impossible oubli, impossible deuil de celui qui pourtant avait un nom : Julien.

    L’enfant subtilisé – en-volé – enfermé dans la salle des blouses blanches – curiosité monstrueuse, jouet pour la science, je l’ai nommé.

    Requiem pour réparer, la mère et l’enfant qui a été, quoiqu’on en dise, qui a été, qui a connu sa mère, dans son ventre, sa mère qui l’a connu, senti, dans son ventre à elle, avec toute cette douleur en partage, elle et lui, lui et elle.

    « Il n’y a rien eu – ne s’est rien passé – Vous oublierez – vous êtes jeune – vous en ferez d’autres – c’est mieux ainsi de toute façon – un enfant handicapé ».

    Requiem pour dire enfin, pour parler, pour raconter. Requiem pour nommer, tout : l’enfant, la souffrance, la peur, le chagrin, la colère, la vie, la mort. Requiem pour recoudre le ventre-tombe et le lien, entre la mère et l’enfant, la mère et le père, la mère et le monde. Car une femme qui donne la mort en donnant la vie a elle aussi un pied dans la tombe, et elle vit ainsi, à cheval, ici pour les vivants, mais là-bas pour le défunt, elle vit et ravale, étouffée par le silence imposé, comme pour mieux… Mieux pour qui ? Mieux pour quoi ?

    À défaut de l’enfouir dans la terre, c’est en moi que je l’ai enfoui, longtemps…

    Pas de place pour un enfant qui n’a pas existé aux yeux de la société, une société qui se veut parfaitement organisée, qui ne reconnaît que les enfants officiellement nés, vivants, normaux. Il faut continuer à vivre et un enfant est déjà là, l’aîné, bien vivant. Mais l’aîné de qui ?

    Le temps passe vite – occupé à faire grandir des enfants – raison contre folie du monde. Personne jamais ne viendra écouter sa douleur, personne – pas même l’homme qui vit près d’elle. Et lui – où sa peine ?

    Requiem qui monte, prière et lumière pour éclairer tout ce noir, tout ce temps dans le noir, parler à cet enfant, qui lui aussi, et peut-être plus encore, a besoin d’amour.

    Agrippée aux marches du temps,

    je prends dans mes bras cet enfant de la nuit

    et sa douceur tremblante

    et mon cœur s’ouvre immense

    sur un Amour infini

    m’unit à la consolation ultime

    Et on vibre profondément à l’unisson avec ce chant, cette voix de femme, de cœur de mère, qui vient dénouer un silence impossible, un silence toxique. La poésie ici prend toute sa signification, elle enrobe peu à peu la mémoire-douleur, pas pour l’oublier, bien au contraire, mais pour la reconnaître, l’accueillir et la transcender. Poésie guérisseuse qui vient faire le travail que la société des Hommes n’a pas fait, n’a pas permis, alors qu’elle aurait dû.

    L’enfant porté sept mois, qui l’a connu ? – ceux qui l’ont vu ?… ses yeux fermés ont fermé ceux du monde, elle ne l’a pas vu, elle, seule l’a connu.

    Requiem est une œuvre saisissante, poignante, dont on ne sort pas indemne et aussi une parole véritablement essentielle pour toutes celles et ceux qui, hélas, ont traversé ou auront à traverser cette épreuve.

     

    Cathy Garcia

     

     

     

    L53mariejosee.jpgMarie-Josée Desvignes, née d’un père sarde et d’une mère sicilienne, dans un quartier très cosmopolite du sud de la France. « Peu faite pour les lettres » au dire de ses professeurs, elle déserte la littérature pendant dix ans, durant lesquels elle porte ses cinq enfants comme aujourd’hui ses livres, avec amour et passion. Poète et formatrice en écriture, Marie-Josée Desvignes est également professeur de Lettres. Elle est l’auteur d’un essai sur les ateliers d’écriture, et nombre de ses poèmes sont parus en revues (Décharge, Arpa, Poésie première, Gros textes, Encres vagabondes, Encres vives, Friches, Filigranes, L’Échappée belle, Lieux d’être, Landes, Pan poétique des muses…). Requiem est son premier recueil publié.

     

    Note parue sur La Cause Littéraire : http://www.lacauselitteraire.fr/requiem-marie-josee-desvi...

  • Gamin de Bogota

     

    ***

     

    Quand je suis né, il n’y avait personne à la maison. Mon père était parti depuis deux ans et ma mère jouait aux cartes chez une voisine.

     

     Parole d’un Gamin de Bogota

    in Les gamins de Bogota de Jacques Meunier

     

    ***