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  • Superman est arabe de Joumana Haddad

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    traduit de l’anglais par Anne-Laure Tissut, Sindbad/Actes Sud, février 2013. 232 pages, 20 €.

     

     

    Joumana Haddad, dans la continuité de J’ai tué Shérazade, nous donne à lire un pamphlet aussi réfléchi que passionné, bouillonnant, à la fois très personnel dans la forme : truffée de citations qui soulignent les propos, elle alterne faits, pensées, coups de gueule, récit, poésie, témoignages - et d’une nécessité universelle vitale dans le fond. Ce livre sous-titré « De Dieu, du mariage, des machos et autres désastreuses inventions » est une attaque en règle contre le système patriarcal qui sévit dans le monde arabe mais pas seulement, loin de là. Un système qui s’enracine ici dans les trois religions monothéistes, avec tout ce qui en dérive : machisme, discrimination, violence, assassinat, privation de liberté et qui, si les femmes en sont les victimes directes, n’épargne pas non plus les hommes, qui se doivent d’adopter certains comportements, qui ne font que camoufler en vérité, un profond malaise, des peurs et un sentiment d’insécurité non affrontés de face et qui surtout les empêchent d’accéder à la totalité de leur être et donc à leur propre liberté.

     

     « (…) il m’apparut un jour comme une évidence que ce monde, et en particulier les femmes, n’avait que faire d’hommes d’acier. Ce qu’il leur fallait c’était des hommes véritables. (…) Des hommes qui ne se croient pas invincibles, qui n’ont pas peur de dévoiler leur côté vulnérable, qui ne cachent pas, que ce soit à vous ou à eux-mêmes, leur véritable personnalité. Qui n’hésitent pas à demander de l’aide quand ils en ont besoin. Qui sont fiers que vous les souteniez comme ils sont fiers de vous soutenir. Des hommes qui ne s’identifient pas à la taille de leurs pénis ou à l’abondance de leur pilosité. Des hommes qui ne se signifient pas par leur performance sexuelle ou par leurs comptes en banque. Des hommes qui vous écoutent vraiment, au lieu de vous venir en aide avec condescendance. Des hommes véritables, qui ne se sentent pas humiliés ou castrés parce que, de temps à autre, ils peinent à obtenir une érection. De vrais hommes qui discutent avec vous de ce qui est mieux pour tous deux au lieu de dire, sur un ton arrogant : « Laisse-moi m’en occuper ! ». (…) des hommes qui partagent avec vous leurs problèmes et leurs préoccupations, au lieu de s’obstiner à tenter de tout résoudre tout seuls. Des hommes qui, en un mot, non pas honte de vous demander la direction à suivre, au lieu de prétendre tout savoir, souvent au risque de se perdre. »

     

    D’où le titre « Superman est arabe ».

     

    « (…) le vrai problème, c’est que ceux qui adhèrent à cette idée de Superman sont convaincus d’en être l’illustration. Et leurs actes sont en conformité avec cette conviction. Et c’est là que tout commence à dérailler. C’est là que les leaders se révèlent être des despotes, les patrons des esclavagistes, les croyants des terroristes et les copains des tyrans. Leur formule favorite c’est : « Je sais mieux que toi ce dont tu as besoin ».

     

    Mais la perpétuation d’un système patriarcal dépassé n’est pas seulement de la responsabilité des hommes.

     

    (…) Mais, s’il nous faut supporter l’existence de Superman, il n’est pas le seul à blâmer. N’oublions pas que ce sont des femmes qui on pourvu à son éducation. Des mères ignorantes, des petites amies superficielles, des filles complaisantes, des sœurs qui se posent en victime, des épouses passives, et ainsi de suite. »

     

    C’est pourquoi il s’agit d’un combat qui doit impliquer les hommes autant que les femmes, car c’est toute l’humanité qui doit évoluer, et non pas hommes contre femme ou vice et versa, mais bien les deux ensemble pour le profit de tous. C’est ce que Joumana Haddad appelle le féminisme de la troisième vague et qui est la suite des premières vagues, nécessaires mais elles aussi aujourd’hui, dépassées. Il s’agit de sortir de la logique de guerre des sexes, pour entrer dans un partenariat évolué, libre et libérateur, où chacune et chacun se retrouve en tant qu’individu, avec ses particularités propres et toute sa dignité, dans des relations de réciprocité clairement choisies.

     

    Joumana Haddad nous parle de l’amour, du sexe, de la fidélité, de l’image que la femme est censée donner à la société, qu’elle ait entièrement disparu sous une burqa ou soit entièrement nue sur du papier glacé, elle nous parle du mariage, de la vieillesse, de religion et de politique. Elle s’implique dans tout ce qu’elle défend avec une sincérité décapante, crue dirons certains qui ne s’habituent toujours pas à ce que les femmes puissent l’être, et elle conserve un sens de l’humour salvateur, car ce combat est loin d’être facile.

     

    « J’ai toujours farouchement évité de jauger ma valeur dans le regard des autres parce que c’est cela, le véritable adultère : c’est se trahir soi-même. »

     

    Sa position de Libanaise, issue d’une famille catholique, la place au centre même de l’hydre monothéiste tricéphale. D’ailleurs au sujet des femmes, le catholicisme et le judaïsme n’ont rien à envier aux intégrismes islamiques. Il faut donc du courage et de la verve, et elle ne manque ni de l’un, ni de l’autre, d’autant plus que malgré un grand succès à l’étranger, elle a choisit de rester vivre au Liban pour distiller sa parole de l’intérieur. Elle nous offre avec chaleur et générosité, une ode, provocante si besoin, à la vie et à la liberté, où la poésie, plus qu’un art de vivre, est l’art d’être vivant.

     

    Joumana Haddad s’exprime avec force pour celles, mais aussi ceux, qui ne le peuvent pas, et si chacune et chacun, avec sa sensibilité propre, ne se retrouvera pas forcément dans tous ses propos, il va de soi que ce livre est un bon coup de pied dans une fourmilière non seulement poussiéreuse, mais aussi extrêmement active et toxique pour l’humanité.

     

    « C’est la guerre des sexes, me direz-vous. Ne serait-ce pas plutôt le moment de déclarer le match nul et de nous remettre en question ? »

     

    Cathy Garcia

     

      

    Joumana Haddad.jpgJoumana Haddad est née le 6 décembre 1970. Elle dirige les pages culturelles du quotidien An-Nahar, ainsi que le magazine Jasad (Corps), qu’elle a fondé en 2009. Journaliste et traductrice polyglotte, elle a interviewé de grands écrivains comme Umberto Eco, Wole Soyinka, Paul Auster, José Saramago et Mario Vargas Llosa. Poétesse, elle a publié cinq recueils, dont Le Retour de Lilith (Babel n° 1079), pour lesquels elle a reçu divers prix, notamment le prix de la fondation Metropolis bleu pour la littérature arabe (Montréal, 2010).

      

    Publications en arabe

    Invitation à un dîner secret, poésie, Éditions An Nahar, 1998
    Deux mains vouées à l’abîme, poésie, Éditions An Nahar, 2000
    Je n’ai pas assez péché, poésie, Éditions Kaf Noun, 2003
    Le Retour de Lilith, poésie, Éditions An Nahar, 2004
    La Panthère cachée à la naissance des épaules, poésie, Éditions Al Ikhtilaf, 2006
    En compagnie des voleurs de feu, entretiens avec des écrivains internationaux, Éditions An Nahar, 2006
    La mort viendra et elle aura tes yeux, 150 poètes suicidés dans le monde, anthologie poétique, Éditions An Nahar, 2007
    Mauvaises Habitudes, poésie, Éditions ministère de la culture égyptienne, 2007
    Miroirs des passantes dans les songes, poésie, Éditions An Nahar, 2008
    Géologie du Moi, poésie, Arab Scientific Publishers, 2011
     
    Publications et traductions en français
    Le temps d'un rêve, original en français, Poésie, 1995
    Le Retour de Lilith, traduit par Antoine Jockey, Paris, Éditions L’Inventaire, 2007/ Nouvelle édition 2011 chez Actes Sud, Paris
    Miroirs des passantes dans le songe, traduit par Antoine Jockey, Paris, Éditions Al Dante, 2010
    J'ai tué Shéhérazade. Confessions d’une femme arabe en colère, traduit par Anne-Laure Tissut, Arles, Actes Sud, 2010
    Les amants ne devraient porter que des mocassins, original en français, littérature érotique, 2010, Éditions Humus
    Superman est arabe, traduit par Anne-Laure Tissut, Arles, Actes Sud, 2013

  • Coralie Raynaud

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    "Artiste autodidacte influencée par les techniques aborigènes, mes toiles, même si elles n'ont pas la même symbolique graphique, prennent leur source au même endroit.

    C'est une vision interne ramenée à une dimension cosmique qui évoque l'interaction entre les mondes vibratoires.

    Tout est Un, chaque élément n'existe que par rapport aux autres. De l'obscurité naît la lumière. La rondeur, les courbes, évoquent la matrice, source de toute vie, de toute énergie.

    La mosaïque respire en s'étirant dans un mouvement perpétuel au delà des limites de la toile.

    Du chaos naît l'harmonie."

     

    http://coralieraynaud0989.wix.com/cora

     

  • Zao Wou-Ki - Hommage

    Zao Wou-Ki nous a quitté hier le 9 avril 2013, à l'âge de 93 ans.

     

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    zao wou ki portrait Y.jpgZao Wou-Ki (Zao, de son nom, Wou-Ki ou Wou-ki de son prénom ; chinois : 趙無極 ou 赵无极 et pinyin : Zhào Wújí), né le 1er février 1920, ou bien le 13 février 1921 à Pékin, et mort le 9 avril 2013 à Nyon, est un peintre chinois naturalisé français en 1964.
     
    Il est rattaché, dans les années 1950, à la nouvelle École de Paris, puis à l'abstraction lyrique avant de devenir, selon la définition de Claude Roy :
     « ...Un grand peintre qui poursuit dans son œuvre une dizaine au moins de grands siècles de l'art chinois, et qui est un des meilleurs peintres modernes de l'Occident. »
    Son œuvre est vaste. Elle comprend les peintures réalistes de ses premiers tableaux qui sont surtout des portraits, quelques natures mortes et des paysages (1935-1949), ainsi que des huiles sur toiles de grands formats inspirées de Paul Klee qui tendent vers l'abstraction à partir des années 1950, puis l'abstraction lyrique dans les années 1960, des encres de chine, des calligraphies.
     
    Très vite apprécié en Occident, ami de Pierre Soulages, de Joan Miró, de Henri Michaux, il est reconnu par son propre pays vers 1983. À cette date, il est accueilli à Pékin où ses œuvres sont exposées au Musée national de Chine.

     

     

    " Peindre, peindre - Toujours peindre - Encore peindre -
    Le mieux possible - le vide et le plein - Le léger et le dense -
    Le vivant et le souffle."

    Zao WOU-KI