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  • Michael Kenna

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    PANACHÉ ZEN

     

      Il fait très beau, le ciel est très bleu, les oiseaux chantent très bien

    C’est le jour du premier passage du nuage nucléaire japonais.

     

     

    cg in Purgatoire du quotidien

    Mi(nicrobe 32, janvier 2012

     

     

     

     

     

  • Gábor Béla

     

     

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     ACCESSOIRISTES D'UN SOIR
    AUX MÉNINGES TROUBLÉES
     

    Quel rivage pour les clandestins
    pour quel festin ?
    Le jeu ?
     
    Faire l’amour farfelu
    divaguer avec les truies
    puiser à la nuit
    les liqueurs illicites
    leurs parfums
    mystiques
     
    et la pluie étonnée
    nous rejoindrait à la nage ?
     
    Quand les longs doigts du rêve
    pénètrent le réel
    le frottement crée
    des étincelles
    des jouissances qui flambent
    comme des allumettes
     
    Fiel noir
    lettres impossibles
    rire éclatant du soleil
     
    profite, profite
    des souffles ultimes
    petite sœur
    et ne joue pas avec les allumettes
     
    mais il fait froid aujourd’hui
    le monde est froid

    le cœur grelotte
    il pleut tristesse
    l’automne
    à la gorge
    commence à serrer
     
    Solitude
    le cœur dans son terrier
    un lapereau tremblant
     
    Se mettre à l’abri
    en hauteur
    ne pas se prendre
    le plein fouet
    le versant nu de nos extrêmes
    fragilités
     
    Chercher l’autre rive
    des yeux seulement
    paysages projetés
    crachés au visage
     
    Le mythe usé jusqu’au nerf
    maudit
    au taux destructeur
     
    Sous les doigts s’effrite la surface
     
    et si on n’était pas aussi fort
    que l’on croyait ?
    et si ?
     
    Après A vient Z
    la connaissance
    des raccourcis.

     

     

     

    cg in Salines, 2005

    (in Eskhatiaï, Ed. de l'Atlantique, 2010)

     

     

     

     

     

     

  • Gábor Béla - Belso tersz 1 - 2013

    Gábor Béla 2013 Belso tersz 1.jpg

     

    Les stigmates de la froideur se posent sur les vitres qui me séparent de l’autre. Je ne me livre jamais complètement malgré mon apparente facilité à dire les choses telles qu’elles m’apparaissent, et non comme on m’a dit qu’elles devaient apparaître. Les gens aiment peut-être ce que je fais, je voudrais qu’ils aiment ce que je pense. Je pense donc je suis. Je pense donc je fuis, ça c’est la mienne. Je pense donc j’écris. J’écris ce que je ne sais pas dire. Le gouffre entre le semblant et le réel. Réel morcelé, multiplié par un coefficient inconnu, un prisme, un miroir à mille facettes. Toute parole est attaquable, transformable, critiquable. Toute parole pourrait être vaine et pourtant nous avons besoin de ce moyen imparfait de communication, nous sommes des êtres communiquant, nous sommes même des vases communiquant. La réalité est absurde. Parler de réalité est absurde. Alors, se raccrocher à quoi ?

    À une fleur, à la graine qui va peut-être germer, au nuage qui passe. A un rayon de lune ou de soleil. C’est ça la poésie et pas autre chose, c’est trouver une réalité à laquelle s’accrocher. La nature, la douleur, l’amour, la haine. La possibilité d’échapper à sa propre carcasse.

     

    cg 7 avril – 2h21 

    in Journal 2001

     

     

     

  • Francis Wu - Blind Love - 1950's

    Francis Wu (1911-1989) Blind Love 1950's.jpg

     

    Loin du compte

     

    S’ils regardent bien leur vie

    et ce qu’ils ont partagé

    lui et elle

    ils sont loin loin loin du compte

     

    parfois un coup de folie

    c’est vrai, la reprend

    et sans plus réfléchir

    elle vient lui parler

     

    comment peut-elle

    oublier la règle

    hier soir encore

    elle est désolée, désolée

    elle a encore oublié la règle

    et elle est venue lui parler

     

    c’est clair il est temps

    qu’elle nettoie son grenier

    tout plein de poussière

    de vieilles toiles d’araignées

    et des rats qui nichent dans une terre

    où rien n’a jamais poussé

    elle y a vu pourtant une porte

    qui donne sur l’extérieur

    et une très grande fenêtre

    comme une belle baie vitrée

     

    elle y a même porté à bout de bras

    une machine à laver

    et elle ne croit pas que cela soit impossible

    de venir à bout de toutes ces saletés

    elle pourrait même en faire un bel atelier

    mais elle sait, elle doit faire attention

    dans son rêve, un cristal

    sur son bureau était brisé

     

    qu’il ne s’en fasse pas, elle se gardera bien

    de venir lui en parler

    elle n’oubliera plus la règle

    quelle écervelée elle fait

    de ne pas avoir encore compris

    à quel point ils sont

    loin loin loin du compte

    loin loin loin du conte de fée.

     

     

     

    cg in Le baume, le pire et la quintessence