Ambrose Bierce
Cerveau n. Appareil avec lequel nous pensons que nous pensons.
in Le dictionnaire du Diable
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Cerveau n. Appareil avec lequel nous pensons que nous pensons.
in Le dictionnaire du Diable
Si tu vois une chèvre dans le repaire d'un lion, aie peur d'elle.
Artiste sculpteur sénégalais.
Et c'est si bon de se contredire de temps en temps. Cela repose.
in Caligula
Préface de Fabrice Marzuolo.
éditions Gros Textes, 2014
90 pages, 6 €
J’emmerde… Déjà le titre a quelque chose de jouissif en soi, une petite revanche à lui tout seul, mais Marlène Tissot rajouterait certainement : j’emmerde la revanche et elle aurait bien raison. Ce recueil s’il vous tombe entre les mains, attention il colle et si vous l’ouvrez, juste histoire d’y jeter un œil, en attendant d’avoir le temps de le lire, vous saurez que déjà vous emmerdez « le temps de…. ». Ce sera de suite et maintenant, et vous ne le lâcherez pas tant que vous ne serez pas arrivés au bout, à la fin, avec ce magistral « j’emmerde les fins de moi difficiles »…
De ce recueil, on serait tenté de citer chacune des déclarations d’emmerde, chacune percutant le lecteur en trois phrases et un seul round. Aucune ne parait inutile, surfaite, et chaque lectrice-lecteur y trouvera forcément résonnance avec son ressenti propre, voire avec le sale…
J’emmerde l’équitation
On ne galope pas très loin
en étant à cheval
sur ses principes
Marlène Tissot a ce don qui ne cesse d’enchanter, ce don de la pirouette tout en emmerdant la pirouette. L’art du paradoxe, la nécessité surtout de la contradiction, écorchant au passage tout ce et ceux qui se voudrait ceci ou cela… Ne se prenant elle-même pas au sérieux (surtout pas, quel ennui !), elle a ainsi une intégrale liberté que bien des jaloux-jalouses pourraient lui envier.
J’emmerde la haute couture
Broder ce qui faut de dérision
sur le bord des jours
pour éviter qu’ils ne s’effilochent
Et sage avec ça… C'est-à-dire dotée d’une compréhension profonde et in-situ de la complexité et de la vanité humaine.
J’emmerde l’aqua-bonisme
Mettre les poissons dans un bocal
et les laisser nous regarder
tourner en rond
*
J’emmerde les proverbes
Quant on veut, on peut
mais quand on peut
souvent, on ne veut plus
Un mélange goûteux de désespoir et de jubilation...
J’emmerde les grands discours
Rester fidèle à cette petite voix
qui chante des berceuses
à nos terreurs
*
J’emmerde les courbes de croissance
En devenant adulte on ne grandit pas
on ne fait que rétrécir
notre aptitude à nous émerveiller
Avec une pointe d’acidité…
J’emmerde les évidences
Les choses parlent d’elles-mêmes
les gens aussi
assez souvent
Pour le plaisir, en guise d’amuse-bouche, comme on dit dans les restaurants qui n’osent pas dire amuse-gueule, voici donc quelques-unes des perles de ce recueil qu’il faudrait garder toujours en poche, un genre de spray antidépresseur, voire pour éloigner quelques emmerdeurs et emmerdeuses. Marlène pourrait rajouter : j’emmerde l’égalité des sexes, et elle aurait bien raison, car elle est basée sur de fausses données, il y en a toujours un qui finit avant l’autre.
J’emmerde le strip-tease intégral
Je préfère la vérité
débraillée
à la vérité nue
Mais trêve de….
J’emmerde les blablas
Les mots sont des adultes consentants
on peut les coucher là, l’un par-dessus l’autre
et leur faire dire ce que l’on veut
Procurez-vous vite ce livre et osez donc…
J’emmerde la chasse au trésor
Chercher
ce qu’il reste de bonté
en chacun de nous.
Parce qu’en plus l’éditeur fait partie de ces artisans fous du monde de l’édition indépendante qu’il faut absolument soutenir, et donc acheter ses livres.
Cathy Garcia
Une partie de ce recueil a été publié sous le même titre « J’emmerde… » dans le Mi(ni)crobe n°43, de la revue belge Microbe http://courttoujours.hautetfort.com/
Marlène Tissot est venue au monde inopinément le 10 juin 1971. A cherché un bon bout de temps avant de découvrir qu'il n'y avait pas de mode d'emploi. Sait dorénavant que c'est normal si elle n'y comprend rien à rien. Raconte des histoires depuis qu'elle a dix-ans-et-demi et capture des images depuis qu'elle a eu de quoi s'acheter un appareil. Ne croit en rien, surtout pas en elle, mais sait mettre un pied devant l'autre et se brosser les dents. Écrira un jour l'odyssée du joueur de loto sur fond de crise monétaire (en trois mille vers) mais préfère pour l'instant se consacrer à des sujets un peu moins osés.
Biblio :
Sous les fleurs de la tapisserie, éd. Le Citron gare, 2013.
Les Choses ordinaires, Kiss my Ass éd., 2013.
Buk You, collectif, éditions Gros Textes, 2013.
Je me souviens, c'est dimanche, éd. Asphodèle, coll. « Confettis », 2013.
Mailles à l'envers, éd. Lunatique, coll. « Roman », 2012.
Mes pieds nus dans tes vieux sabots bretons, éd. La Vachette alternative, coll. « 8pA6 », 2011.
Nos parcelles de terrains très très vagues, éd. Asphodèle, coll. « Minuscule », 2010.
Celui qui préférait respirer le parfum des fleurs, éd. La Vachette alternative, coll. « 8pA6 », 2010.
Son site : http://monnuage.free.fr/
Les éditions Gros Textes : http://grostextes.over-blog.com/
Assisté n. Individu qui compte sur la générosité publique pour un soutien que vous-mêmes n'êtes pas en position de pouvoir obtenir.
in Le dictionnaire du Diable
Je n’ai pas connu un milliardième de ce que certains êtres humains ont vécu, vivent et vivront encore sur cette foutue planète. Je vois ma fille grandir, je vois sa vulnérabilité d’enfant dans un monde en lambeaux. La sensation amère du mensonge, car c’est vrai, une mère est avant tout une menteuse. Une contrebandière d’espoir, une trafiquante d’amour. Il n'y a aucune égalité en ce monde, certains naissent dans la soie ou dans le coton, d’autres sur des mines dans les champs de la mort.
cg in Journal 2006
Égotiste n. Personne de goût médiocre,
plus intéressée par elle-même que par moi.
in Le dictionnaire du Diable
Disparaître, c’est juste paraitre distant hein ? C’est ça, l’art du magicien, hop hop, passe passe, j’étais là, je n’y suis plus. Oh le joli lapin, oh la belle colombe et hop ! La boite magique où s’enfoncent les lames. Disparaître, paraître dispersée, en morceaux, en lamelles, en lambeaux.
cg in Le baume, le pire et la quintessence
http://franwilliams1310.com/home.html
Je marche et glisse dans la nuit, je compte les spectres.
Un spectre, deux spectres, trois spectres… Quatre spectres.
Mes bras noués, griffent et trinquent à la noirceur du gel.
Les violoncelles saluent la vanité des cérémonies.
Bonheur bossu, miel infidèle. Tout brûle, irrattrapable capharnaüm.
cg in Fugitive (Cardère 2014)