Santiago Caruso
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Sublimes qui vont à travers l’hébétude
Cherchant à percer le brouillard abject et sale,
Qui sont traqués dans leur solitude,
Se confient parfois à un espèce de journal.
Voyage au bout de ma nuit. Journal d’une instabilité psychique. La lune plonge et baise avec Neptune. Rythme. Énergie. Son. Vibration. Euphonies incantatoires. Parfois la route est large et resplendissante, tellement que les yeux se ferment, éblouis. En profiter pour faire pénétrer le vent du large dans les poumons. Se mettre au diapason. Ne l’avais–je pas dis ? « Je trouve la paix sur les ailes d’un délire ». J’explore entre deux avenues de soleil, des catacombes étrangement familières. Je suis au-dessous de la ligne de flottaison. Faire confiance. On ne risque jamais rien de plus que sa vie. Naître, c’est risquer sa vie. Je me fraie un passage entre deux falaises, c’est parfois d’une étouffantes lenteur, puis soudain les rapides et la navigation à l’instinct. Prise de risque oui, mais nulle part où débarquer, alors il faut continuer, louvoyer entre les falaises abruptes, immenses. C’est une naissance longue, compliquée, douloureuse mais qu’importe, il ne s’agit toujours que d’ici et maintenant. Je m’épouvante d’un rien, je me réjouis d’un rien, c’est un genre d’équilibre, de grand écart. La vie n’est-elle pas un grand écart ? Buissonnière d’essence. Il me faut encore changer de peau, ma peau d’âme, la peau intérieure, grand ménage. Une période riche, parfois atrocement dérangeante… La peur jugulante. De nouveau crever d’anciens yeux pour déciller les nouveaux, me traquer dans les moindres recoins. Je suis le pisteur, je flaire mes déjections morales, me suis à la trace de mes compromissions, me fouette l’ego parce que j’aime ça. C’est comme une douche glacée en plein hiver dans la montagne.
cg in Journal 2005
Tout condamné à vivre aura la tête bourrée
L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes ;
Allonge l’illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté.
Tout cela ne vaut pas le poison qui découle de tes yeux, de tes yeux ouverts ;
Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers…
Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces gouffres amers
Tout cela ne vaut pas le terrible prodige de ta salive qui mord
Qui plonge dans l’oubli mon âme sans remord
Et, chavirant le vertige,
La roule défaillante aux rives de la Mort !
Rien n’est plus fragile
Que le bonheur sans illusion
Se séparer. Les pissenlits en graines, réfractaires aux vœux, nous manquons de souffle. Se séparer. Être dans l’instant d’un bourdonnement qui passe, faire taire les pensées, l’espoir, le désespoir. Se séparer. Arrêter les pensées ? Impossible ! Elles tournent, tournent, infernal manège, on n’en veut pas, on n’en veut, à l’autre. Un bourdon sur ma peau, doux, mais aussitôt la peur, ancestrale peut-être, de la piqûre.
cg in A la loupe, tout est rituel
Histoire : puits des ressentiments.
in Le Tiers-Instruit
POÈME NOIR
Poème aux rimes noires
Poème d'un monde écorché
Monde de paix illusoire
De rêves assassinés
Toutes les nuits sont les mêmes
Autant de joies que de haine
Tous les soleils se ressemblent
Trempent dans un même sang
Aux pieds de cités qui tremblent
Jusqu’à la mort elles dansent
Tous les peuples savent sourire
Ils savent tous tendre la main
Tous ces peuples qui chavirent
Avec des armes sur leur sein
Leurs enfants jouent dans les rues
Qu'il tombe de l'eau ou des bombes
Ils aiment tous courir pieds nus
Même s'ils trébuchent sur des tombes
Poème aux rimes noires
L’espoir est un supplice
Le monde à l'abattoir
Et l’amour s’éclipse
cg 1995
in Guerre et autres gâchis