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  • Valérie Valère

     

    J’ai erré dans les rues, sans cesse et sans but, j’ai marché des jours entiers sur leurs pavés d’indifférence à la recherche de quelque chose de différent. Je me suis perdue dans cet immense labyrinthe sans même penser à demander mon chemin. Car je n’en ai pas et je n’en aurai jamais. 

     

  • Hideyuki Katagiri

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    Noir d’encre. Cette musique est un appel aux voyages, toujours le voyage, intérieur ou extérieur. Ma maladie, c’est de vouloir me sédentariser alors que mon âme reste nomade. Cette maladie je ne sais si elle est bénédiction ou malédiction. Pourquoi donc, toujours ces choix à faire ? Ces contraires qu’il faut départager ?

     

    cg in Journal 2001

     

     

     

     

     

  • Estelle Lemaître

     

    Les hasards qui faisaient surgir un lien impromptu, mais chargé de résonance, entre divers éléments avaient toujours exercé sur elle une emprise délicieuse. Ces rapprochements imprévisibles entre les multiples rives de son existence enchantaient son esprit, comme tout ce qui intensifiait sa vision du monde ou plutôt tout ce qui favorisait la fusion de son monde intérieur avec le monde extérieur. C’étaient enfin ses meilleurs moments: un fabuleux bouche-à-bouche. L’unité régnait à nouveau ici-bas. Elle était à la recherche de ces instants glorieux quand la place entière était cédée à la sidération. L’émotion qui naissait alors était porteuse d’une métamorphose. Cette idée la réjouissait. Se sentir transformée équivalait à une révélation. (…) Les coïncidences lui tournaient la tête, ouvraient ses yeux, ses lèvres, ses oreilles, lui procuraient la divine sensation de l'étonnement. Elle se laissait volontiers séduire par l’idée que d’autres réalités se dissimulaient derrière ces manifestations extérieures si elle était prête à les voir. La réalité était en cela comparable à une peinture à l’huile: toute en couches de pigments successives dont la superposition demeure invisible à l’œil nu. Les amoureux sont sensibles aux signes les plus infimes: elle était tout le temps amoureuse, donc très exercée à l’extra-lucidité et capable d’aller voir jusqu’à la couche la plus maigre pour découvrir le dessin originel. Faire cette descente, c’était en quelque sorte accéder aux causes premières et anticiper leurs effets.

     

    in Swiftitudes

  • Hideyuki Katagiri

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    Depuis quelques jours, des parfums suaves m’arrivent soudain de je ne sais où, des parfums fleuris. C’est étrange. C’est un phénomène qui a commencé il y a quelque temps maintenant, et qui revient soudain, comme ça. Des parfums flottent dans les airs. Parfois la sensation qu’un autre monde est là, tout près, de l’autre côté d’un voile de plus en plus fin.

     

    cg in A la loupe, tout est rituel

     

     

     

     

     

  • Le Cow-boy de Malakoff de Thierry Roquet

    édition Le pédalo ivre, mars 2014

     

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    75 pages, 10 €.

     

     

     

    Le Cow-boy de Malakoff est un héros presque solitaire qui vit avec « une squaw du Maroc, une berbère au sang pur et noble » et une fillette qu’il appelle « mon trésor ». Le Cow-boy de Malakoff vit dans « l’immensité poussiéreuse d’un tipi d’avant-guerre » au troisième étage sans ascenseur, « il n’y a pas de digicode, pas de boîte aux lettres (juste une fente dans la porte) ». Le Cow-boy de Malakoff a un lasso de sept mètres, 10 000 vaches qui paissent « jusqu’au quai de la ligne 13, station plateau de Vanves-Malakoff » et des « crocodiles qui viennent de la cave (les larmes d’encore plus loin). Le cow-boy de Malakoff écrit des poèmes « - Je ne sais pas faire autre chose, ma chérie… » et son ranch donne sur l’open space « ce sont des quartiers à perte de vue des immeubles des villes et encore des villes qui s’étendent à l’infini » qu’il peut observer depuis la fenêtre rectangulaire de son tipi deux pièces. Une fenêtre sur les rebords de laquelle « les rayons du soleil s’échouent comme des merdes ». Le cow-boy de Malakoff  mène « un vide sédentaire », et même si un vague espoir demeure « comme les oiseaux cherchent la branche au dessus des nuages d’où ils pourront s’élancer vers la rivière poissonneuse qui coule dans le couloir du bus 191 entre deux blocs de béton et un supermarché », le cow-boy de Malakoff sait que le désert est à la porte «  - De quoi tu parles, mon chéri ? – De ce qui nous entoure ; referme la porte derrière toi, s’il te plaît. ».

     

    « Dans le décompte des jours indifférenciés », le cow-boy de Malakoff met un pas devant l’autre, bon gré, mal gré, parce qu’il le faut bien :

     

    « - c’est comme ça qu’on avance, je crois

    un peu comme une mouche

    attirée par

    le cul d’une vache. »

     

    Même si parfois, « les jours de peur irraisonnée quand je n’ose plus foutre les pieds dehors », ce n’est que pour aller du lit à la salle de bains, roulant du cul justement « comme John Wayne », « en imitant Robert Mitchum devant la glace beuglant d’une voix virile : - Do you want à biggest target ? ».

     

    « Satori par ci, Satori par là », c’est pourtant bien de la sagesse que le cow-boy de Malakoff ramène à coups de poèmes-lasso.

     

    « Succession de hauts et

    de bas

    de doux vallons

    et de hautes montagnes

    pierreuses

    le temps

    d’une vie

    présente les mêmes aspérités

    qu’une toile

    entre les mains

    d’un maître

    qui n’en finirait plus

    de boire un

    dernier verre

    puis

    de tout recommencer

    sans trouver

    jamais la justesse

    à la fin. »

     

    Le cow-boy de Malakoff, alias Thierry Roquet, a une fois encore, mais peut-être plus encore dans ce recueil là, le don de ré-enchanter le désenchantement. Ce recueil plein d’amour et jamais sans humour est comme une canette d’oxygène pour un chinois de Pékin, un espace intérieur illimité pour les cowboys urbains. A lire à cheval sur un bon vieux canapé. Hiiiiiiiii haaaaaa !

     

     

    Cathy Garcia

     

     

     

     

    roquet.jpgNé en 1968 en Bretagne, Thierry Roquet vit à Malakoff (banlieue sud de Paris). Après une adolescence boutonneuse et solitaire, des études assez vite écourtées, divers boulots alimentaires, des lectures marquantes, une belle histoire d’amour, un enfant et un licenciement (presque) à l’amiable, s’oriente vers l’écriture (du quotidien) petit format… mais longue durée. Ne compte pas s’arrêter là. Inch’allah !

     

     

     

     

     

  • Henri-François Guitard

     

    La vie n’est donc qu’une course éperdue

     Rien ne sert de courir

     Il faut partir à point

    Il faut mourir à point

    Chercher devant une ombre

    Et se ronger les poings

    L’on voudrait résister bien ou mal

    Et mettre les poings sur les i d’idéal. 

     

     

     

     

     

     

  • Terres de Femmes n° 112 ― mars 2014

    Un extrait de Fugitive :

    L’âme s’encorde aux cailloux sorciers
    Ph., G.AdC







    [JE DOIS MARCHER ENCORE]



    Je dois marcher encore, vers les jachères où les sources vives brassent des runes de rocs et d’ongles. Ça ulule, ça hurle, les nuits sont glacées, les étoiles toujours inaccessibles mais le cœur résonne dans le bois, dans les pierres.

    Tambours, feux couvés. Flammèches, camouflage des crinières.

    Nuques renversées. Transe insolente.
    L’âme s’encorde aux cailloux sorciers.

    Voir : http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2014/03/cathy-garcia-je-dois-marcher-encore.html

     

      

    Merci à Angèle Paoli.