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  • Pistes noires de Jean-Baptiste Pedini

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     Ed. Henry, octobre 2014.

    30 pages, 8 €

     

     

    « Quelqu’un secoue des ombres à la fenêtre », ainsi débute ce petit recueil au format si sympathique de la collection La main aux poètes chez les Ed. Henry. Un livre qui bien au chaud sous sa couverture noir glacé, ornée d’une encre d’Isabelle Clément, tient dans la main, se glisse aisément dans la poche…

    « Quelqu’un secoue des ombres à la fenêtre »… Pistes noires nous place dans la position de celui qui passerait sous cette fenêtre et la poussière d’ombres nous fait frissonner. « La ville respire fort », on l’entend parce que le silence qui enserre ce recueil de toute part est celui de l’hiver, l’hiver qui approche, l’hiver qui encercle, l’hiver qui saisit et nous transit, nous dépouille, nous isole et nous désole aussi parfois. On sait qu’il arrive quand on sent « Un air rude et compact. Derrière on devine une lame qui se démène pour passer au travers, pour desceller  les souches noires de la nuit. »

    L’hiver, les ombres, la nuit, l’hiver est une longue nuit. « On dépèce le silence. On en garde un peu de fourrure. L’hiver avance sans relâche ». Quelle belle image que celui de cette bête de silence. Même le silence est dépouillé. « La main sur la poignée, on attend que ça passe. Que le soleil au matin vienne crocheter la serrure ». JB Pedini a la poésie qui coule de source, les phrases font mouche sans ostentation, c’est juste évident mais il fallait y penser, il fallait en être saisi et JB Pedini se laisse volontiers attraper. Hiver et poésie ont en commun cette capacité à nous étreindre, parfois même trop fort.

    L’hiver et la neige semblent aller de pair, comme poésie et silence, le souffle en suspension puis « La neige a fini par fondre. Il n’en reste qu’un amas dense. Les chats s’y font les griffes. On les regarde s’acharner sur les monticules noirs qui ont poussé un peu partout. Quelques éclats sautent  dans les airs et vont se planter dans la nuit. Aucun de nous ne les retrouvera. Même l’aube a ses limites. »

    En cette saison qui pousse à la solitude, chacun s’accorde cependant pour attiser le feu du jour. C’est beau mais ça nous cisaille aussi et les ailes gelées des oiseaux laissent des entailles dans le ciel.

    Pistes noires, un morceau d’hiver à glisser dans sa poche, pour le plaisir de frissonner un peu.

     

    Cathy Garcia

     

     

    JB Pedini.pngJean-Baptiste Pedini, né à Rodez en 1984. Vit et travaille en région toulousaine. Publication dans de nombreuses revues dont Décharge, Voix d’Encre, Arpa,… Des parutions également chez Encre Vives, Clapàs et -36° édition. Un second recueil publié en 2012, prendre part à la nuit, dans la collection Polder coédité par Gros Textes et Décharge.

     

     

  • L'oeuvre plastique de Cathy Garcia, un article de Jean-Paul Gavard-Perret

                   

     

     

     

    Lorsqu’elle ne peut plus écrire Cathy Garcia reprend ses « griboulglyphes » pour respirer. C’est pourquoi elle ne se considère pas comme une artiste « professionnelle ».Néanmoins par ses gris brouillages elle embue de couleurs et de taches les figures du dehors pour en consumer le vernis jusqu’à la transparence. Ils créent des no man’s land qui ne laissent rien perdre de l’absence qu’ils retiennent. L’artiste nie la neige et  retourne aux  terres noires.

     

    Dans la nudité de la blancheur la créatrice fait sourdre ses angoisses avec les nôtres mais pour créer ce que Ponge nommait l’ « Objoie » à savoir le lieu où le plaisir de gribouiller devient orgasme. Cathy Garcia devient la voyante par intermittence de l’art. Lorsque la poétesse devient taiseuse elle est l’intruse qui sait que les mots parfois ne résolvent rien. Le dessin scanne leur pénombre et auscultent les lieux retirés de l’être.  Les « griboulglyphes » brusquent le regard. Cela répond à une nécessité intérieure. De telles images ressemblent à ces linges de famille qui jadis se transmettaient sur plusieurs générations. Chez elle ce linge invente un univers dont la noirceur éclairait l’intérieur de nos armoires secrètes par soulèvement des vagues et surgissement du vivant.

     

    Jean-Paul Gavard-Perret

    http://salon-litteraire.com/fr/arts/content/1906082-l-oeuvre-plastique-de-cathy-garcia

  • Fabrice Marzuolo

     

    Comprendront-ils un jour

     Que la planète tourne

     Simplement

     Parce qu’on les oblige

     A pédaler

     Leur vie durant

     Sur une terre plate

     Et immobile

     

      in Il ne faut pas les prendre que pour des printemps

     

     

  • Salvador Dali - Alice mad tea party

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    Fous ! Les fous battent la campagne et la breloque !

     Fous ! désaxés ! détraqués ! dérangés !

     Siphonnés, piqués, cinglés, timbrés, cintrés!

     Mabouls, marteaux ! Toqués, tapés ! Tordus, toc-toc,

     Cinoques, louftingues, dingues loufoques !

       

    Z’ont perdu la raison,

     La boule et la boussole,

     Une araignée au plafond,

     Mais qu’importe Monsieur,

     Les fous travaillent et pas qu’un peu

     Les fous travaillent du chapeau !

      

    cg in Follement autre 

     

     

     

     

  • Tomoki Hayasaka

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    OUAF !


     


    Les chats aboient


    Les cadavres passent


    La nuit se marre


    Derrière son masque


     


    Marquise des rues


    En guenilles


    Bondit féline


    Lance un sourire


    Aux étoiles


    Aux passants


    Et d’une bougie


    Met le feu à la ville 


     


    Petite marquise


    A déjà tant vécue


    Princesse chenille


    Ce soir encore


    Les papillons rougissent


    Ta bouche à colorier


    Des papillons à semer


    Mains moites


    Gorges sèches


     


    Petite marquise à demi-nue


    Promène son ombre sur les murailles


    Et les mâles tournent fous


    Comme des chiens


    Se disputent


    Un os à ronger


     


    Un os comme une flûte


    D’où s’échappe une musique


    Petite marquise au corps blessé


    Tout doucement tu gémis


    Tu souris, la musique


    C’est juste dans ta tête


     


    Les chiens sont partis


    Regagner leurs lits


    Leurs pantoufles


    Leurs épouses


    Des chiens d’hommes


    Bien comme il faut


    En somme


     


    Si des gamines se donnent


    Pour quelques sous après tout


    Ils n’y sont pour rien 


    Une bonne nuit de sommeil


    Et demain


    Il n’y paraîtra rien.


     


    cg 2000

    in Claques et boxons,

    Ed. Nouveaux délits 2014