André Malraux
Ceux qui croient que le pouvoir est amusant
confondent "pouvoir" et "abus de pouvoir".
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Ceux qui croient que le pouvoir est amusant
confondent "pouvoir" et "abus de pouvoir".
Ed. Zulma, février 2014
Traduit de l'anglais (Ghana) par Sika Fakambi. Prix Mahogany 2014
304 pages, 21 €.
Kayo Odamtten est un jeune médecin légiste qui a fait ses études à Londres et qui vient de retourner au pays, c’est à dire au Ghana. Sa candidature n’a pas été retenue par les services de police, aussi il travaille sans grand enthousiasme comme manager dans un laboratoire d’analyse biochimique et vit chez ses parents, à Accra, la capitale, tout en espérant mieux, malgré un contexte difficile pour exercer dans son pays.
Pendant ce temps, de mystérieux restes humains sont retrouvés dans la case de Kofi Atta, un cultivateur de cacao à Sonokrom. Le légisse, comme le nomme les villageois,n’a pas su déterminer de quoi il s’agissait réellement : « ça pourrait être n’importe quoi. Personnellement, je pencherais plutôt pour de la matière placentaire, mais en même temps ça me parait un peu trop gros pour que ce soit ça ». Sonokrom est un petit village situé à quelques heures d’Accra qui sert de rendez-vous discret pour le ministre du Développement des routes et autoroutes avec sa jeune maîtresse, originaire de Tafo, proche de Sonokrom. C’est justement parce que c’est cette fille qui, alertée par l’odeur alors qu’elle poursuivait un oiseau à tête bleu, a découvert ces restes humains dans la case, que Kayo va être recruté de façon plutôt inhabituelle par l’inspecteur principal Donkor. Donkor est un type tout sauf sympathique, dont l’ambition est à la mesure d’une totale absence de scrupules. Ainsi Kayo, de son vrai nom ghanéen Kwadwo, est chargé, ou plutôt sommé, de faire la lumière sur cette affaire, mais surtout de pondre un rapport du style « Les Experts », une série qu’affectionne l’inspecteur, qui puisse servir la cause de ce dernier aux yeux du ministre, et peu importe la vérité vraie. Voilà donc notre médecin légiste, qui après avoir passé une mauvaise nuit en cellule, part pour Donokor, affublé de Garba, un policier qui lui sert d’aide et de chauffeur. Kayo est content de pouvoir enfin exercer son métier, mais cependant contrarié par les circonstances dans lesquelles il est appelé à le faire. Détenteur de connaissances à la fois venues de l’étranger mais aussi de son éducation, dont il a retenu les bonnes façons de se comporter selon les coutumes de la société rurale de son pays, il va se mouvoir avec pas mal d’aisance et beaucoup de respect entre deux mondes. Il fait ainsi le lien entre sa science et sa technologie et le monde clos du village avec ses traditions ancestrales et un savoir tout aussi ancien mais pas moins efficace. Cela lui vaudra d’être apprécié et soutenu dans son enquête par les habitants du village, particulièrement par Opanyin Poku, dit Yao Poku, le chasseur, mais aussi le féticheur du village, Oduro, et ces deux là semblent en savoir bien plus sur cette affaire que ce qu’ils en disent. Il faudra donc que Kayo prenne patience et se rende utile, tout en savourant le vin de palme et les bons plats de chez la troublante Akosuoa Darko et sa fille Esi, plus troublante encore et qu’il écoute surtout jusqu’au bout l’histoire que Yao Poku va lui raconter. « Ah. Peut-être c’est ça l’histoire que tu cherches. Mais ce n’est pas moi qui peux te dire si c’est vrai. Je te raconte une histoire seulement. Sur cette terre ici, nous devons bien choisir quelle histoire nous allons raconter, parce que l’histoire là va nous changer. Ça va changer comment nous allons vivre après. »
Kayo savait qu’il ne pourrait jamais se faire une idée complète et précise de ce qui s’était passé dans la case, avant la fin du délai imparti pour rendre son rapport. « Il commençait même à se dire que l’ultime vérité des choses, comme l’amour, se trouvait hors de portée de toute explication scientifique ». Aussi une fois sa mission remplie, sa confrontation avec la corruption des pouvoirs en place et ce qu’il avait appris de son séjour à Sonokrom, le placent face à un choix qui met au défi son courage et son intégrité, mais plus encore, qui le poussent à décider qui il veut être véritablement.
« Les lois des livres et le pouvoir des fusils n’enseigneront jamais les manières de faire avec les humains. »
Notre quelque part dans l’écriture duquel se mêle avec bonheur français classique et langue populaire d’Afrique de l’Ouest, est un bel hommage à l’identité profonde ghanéenne. Nii Ayikwei Parkes nous fait entrer ainsi de façon très originale dans l’intimité de son pays natal, nous fait découvrir au-delà des travers et problématiques, sa beauté, sa sagesse et sa dimension humaine et donc universelle. C’est un livre rafraichissant, d’une grande dignité et qui fait du bien.
« Ceux qui ont vécu savent que l’ombre n’est là que pour un temps ; le matin apporte avec lui sa lumière. »
Cathy Garcia
Romancier, poète du spoken word, nourri de jazz et de blues, Nii Ayikwei Parkes est né au Ghana en 1974. Il partage sa vie entre Londres et Accra. Notre quelque part, est son premier roman, très remarqué, finaliste du Commonwealth Prize.
Cet article sera en ligne sur le site de la Cause Littéraire.
Le poète descend du songe
in la revue Microbe n°84
Moi ce que je veux, c’est rêver avec lui, rêver de lui, rêver pour lui, l’aimer comme peuvent aimer les sorcières.
cg in Journal 1995
Artiste américaine.
Cette culture détransée a perdu le sens, l’essence, l’essentiel.
La musique nourrit les cellules, comme les parfums, les lumières…
La basse qui avale, engloutit les sons dans une matrice aquatique.
cg in Journal 2005
Le temps ne passe pas, il monte rejoindre le grand fluide, le « tout-temps » qui se dilate et ne peut qu’accueillir le courant des objets, des êtres et des mots lâchés comme buée dans le feu du soleil.
in Fou trop poli
Mais ce qui est charmant chez moi, c’est aussi de l’immaturité et quand je joue à la mature, je deviens dure alors mieux vaut, effectivement, m’aimer comme je suis, un peu comme on aime les oiseaux, juste pour le plaisir de les voir vivre en liberté, offrant le spectacle d’eux-mêmes sans se soucier de savoir s’ils font bien ou pas. On peut me parler, me regarder, me toucher même contrairement aux oiseaux, mais on ne peut m’enfermer, me nourrir de graines chaque jour identiques, me dicter les moments où il faut dormir, les moments où il faut chanter, car alors je perds mes couleurs, ma voix… Ne restent plus que mes serres et un bec clos et acéré. Je me laisse mourir ou je tue mon geôlier. Symboliquement bien entendu, car je souffre terriblement de blesser les êtres qui m’ont donné leur amour. Je cherche à les protéger de ma tristesse mortelle, je me force même parfois à leur donner l’illusion que je chante encore et que ma foi, les graines de ne sont pas si mauvaises même si je rêve de manger des fleurs…
cg in Journal 2001
Je deviens folle, j'ai avalé la clé. Les autres fuient lorsque j'ai trop de joie, fuient quand j'ai trop de peine.
Certains cafards sont plus cruels que d'autres, je voudrais bien le ranger dans un coin mon mal-être, attendre que ça passe, mais il y a des choses qui ne passent pas, qui s’amplifient au contraire à trop bouffer du dépit. Des cafards qui prennent tant de place qu’ils finissent par vous pousser dans le vide.
Cg, août 1997, Geleen, Hollande
in Calepins voyageurs et après ?
C'est sinistre la jeunesse. On peut tout et on ne peut rien. J'aime encore mieux avoir mal aux pieds et sentir que la mécanique s'enraye. Dans ces ruines, j'ai l'esprit libre. Mais à vingt ans...
in Le directeur de l'Opéra