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  • Charles Harbutt - Joan in the Gran Hotel, Merida, Yucatan, Mexico - 1981

    Charles Harbutt     Joan in the Gran Hotel, Merida, Yucatan, Mexico      1981.png

     

    MIDI, LÀ-BAS

     

    Chambre à l’étage. Une valise cabossée, entrouverte sur des calepins. Pénombre moite à souhait. Une porte donne sur un carré de lumière, fenêtre opaque de salle d’eau et le son. Le son de l’eau sur les faïences de la douche.

     

    Elle chantonne.

    Qui ça ? L’eau ?

    Non, elle.

     

    Elle, cette femme, ni vieille, ni jeune, ni moche, ni belle, juste une femme avec un rien de décalé. Dans le regard d’abord. Ce regard qui se scrute maintenant dans la glace au-dessus du lavabo fêlé. Et puis ces cheveux trop longs, trop libres, en désordre collé à ses joues mouillées.

     

    Le regard continue de scruter le regard dans une espèce de fascination réciproque, qu’elle rompt soudain en s’enroulant dans une serviette pour aller à la fenêtre de la chambre. Ses pieds nus laissent des traces humides sur le sol carrelé. Elle ouvre les persiennes, les flots du soleil inondent la petite pièce. Elle ferme les yeux pour recevoir sa caresse.

     

    Midi, boucan de cloches, la place en bas est animée. C’est le marché, le grand déploiement de couvertures bariolées, ustensiles en osier, grands paniers, nattes, hochets. Des perles, des colliers et des poteries colorées, des chapeaux, plein de chapeaux, des fruits, des légumes, des œufs, des volailles…  Le nez s’empare des parfums de fleurs, de sueur, de poussière. Le regard engloutit tout ça, puis elle quitte la fenêtre et s’assoit par terre.

     

    Enroulée dans la serviette, elle écoute. La musique. La musique des voix qui s’interpellent, des cris, des rires, cette langue… Elle tend l’oreille. Le regard acquiesce. Elle est donc bel et bien partie !

     

     

    cg 2001

     

     

     

     

  • Erri De Luca

      

    Les livres devraient rester sans surveillance dans les endroits publics pour se déplacer avec les passants qui les emporteraient un moment avec eux, puis ils devraient mourir comme eux, usés par les malheurs, contaminés, noyés en tombant d'un pont avec les suicidés, fourrés dans un poêle l'hiver, déchirés par les enfants pour en faire des petits bateaux, bref ils devraient mourir n'importe comment sauf d'ennui et de propriété privée, condamnés à vie à l'étagère. 

     

    in Trois chevaux

     

     

  • François Monchâtre

     

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    Le Palpeur, 1982

     

     

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    François Monchâtre,  né de parents fléchois en 1928 dans les Deux Sèvres, vit et travaille à La Flèche depuis, 1964. Dessinateur, peintre, sculpteur, "ingénieux constructeur", d'une créativité débordante, fasciné par l'absurde, doté d'un humour parfois ravageur. Attiré dès son jeune âge par la magie et la poésie des machines et engins mécaniques, entré à dix-sept ans à l’École des Métiers d’Art, il exerce des emplois aussi divers qu’inattendus (marionnettiste, garçon d’ascenseur...), qui lui font jeter un œil lucide sur le genre humain. Concepteur de petites machineries en bois, François Monchâtre nous propose de découvrir de manière ludique un monde remplit d’humour et de poésie. Inspiré par la rêverie et par l'absurde, il démontre l’importance de la dérision dans le travail artistique. Il crée “Le Crétin”, regard vide, étriqué dans son habit passe-partout, individu anonyme dans le troupeau de ses semblables. Toujours présente, une réflexion sans détour sur les travers de notre société. Il expose dans toute la France et des villes étrangères comme Munich, Bruxelles, Gand, Genève, Londres, New-York. Plusieurs musées possèdent des œuvres de lui, notamment celui de Tessé au Mans et le Musé d’Art Moderne de la ville de Paris.

     

     

     

  • Détectives de père en fils, tome 1 de Rohan Gavin

    traduit de l’anglais par Anne Kriel, Gallimard Jeunesse, octobre 2014,

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    385 pages, 17,50 €   

     

    Plutôt prenante cette enquête et très british – pour cause l’auteur est anglais, elle se déroule d’ailleurs dans la ville de Londres et alentour. Élémentaire mon cher Watson ! (réplique du film Le Retour de Sherlock Holmes, 1929).

    Des enfants surdoués à faire peur, du suspense, de l’humour, des frissons, de la magie noire, une bonne dose de psychologie et de pathos familial, une touche d’excentricité, une pincée de Scotland Yard et quelques véritables cadavres, le tout sur un ton suffisamment léger pour que le livre soit recommandé à partir de 10 ans, cependant 12 me paraît plus raisonnable. L’enquête dure tout de même 380 pages, avec un foisonnement de détails et des longueurs qui peuvent décourager de jeunes lecteurs. Il y manque peut-être un peu de densité donc et le costume en tweed peut ne pas plaire à tout le monde, mais la lecture est toutefois agréable et on a toujours envie de connaître la suite, preuve que la mayonnaise a pris.

    Les héros, comme le titre l’indique, sont les Kingsley, un père et un fils, Alan et Darkus, 13 ans, surnommé Doc et toute l’énergie que met ce dernier pour égaler, voire surpasser un père qu’il n’a connu que tout entièrement absorbé par son travail, puis plongé depuis quatre ans dans un inexplicable profond sommeil. Mais Darkus a récupéré la Bible, le disque dur d’Alan, où sont compilés tout le fruit et les détails de ses enquêtes, qui convergent toutes vers un même but : prouver l’existence d’un groupe occulte mais ultra puissant, la Combinaison.

    Pour Darkus, le début de sa propre enquête, sont des évènements étranges qui semblent n’avoir aucun lien entre eux, mais très vite un nouveau best-seller intitulé Le Code semble être un bon début de piste. Un Livre peut-il prendre possession d’une personne jusqu’à lui faire commettre le pire ?

    C’est ce que le très rationnel Darkus, aidé de sa rebelle demi-sœur Tilly, mais aussi d’une imposante gouvernante polonaise et d’un tout aussi imposant agent écossais, va devoir découvrir. Ce sera aussi l’occasion pour lui de retrouver un père. Il est évident que tout au long de l’enquête les sandwichs à la confiture (en triangle, pas en carré) et les biscuits au chocolat seront d’un soutien non négligeable.

    Les aventures de Kingsley & fils, ne faisant que commencer, nous pourrons donc prendre le thé en attendant la suite.

     

    Cathy Garcia

     

    gavin rohan_.jpgAuteur et scénariste, Rohan Gavin vit à Londres. La série Détectives de père en fils lui a été inspirée par ses passions de toujours : les histoires de détectives, les voitures, et toute forme de théorie du complot. Fils de l’auteur Jamila Gavin, il était enfant un grand fan de Tintin, et ses cinq auteurs préférés sont Roald Dahl, Sir Arthur Conan Doyle, Charles Dickens, Ian Fleming et Stephen King.

     

     Cette note a été publié sur http://www.lacauselitteraire.fr/detectives-de-pere-en-fils-tome-1-rohan-gavin