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  • Jiddu Krishnamurti

     

    Donc l'esprit qui est capable de dire : « je ne sais pas » est l'unique état où il nous soit possible de découvrir quoi que ce soit. Mais celui qui dit : « je sais », celui qui a infiniment bien étudié toutes les diversités de l'expérience humaine et dont l'esprit est encombré d'informations, de connaissances encyclopédiques, peut-il jamais faire l'expérience de cette chose qui ne peut pas être thésaurisée ?

     in Le livre de la méditation et de la vie 

     

     

     

  • Nicolas Kurtovitch - Autour d'Uluru

     

     

    uluru goggle map2.jpg

     

    Uluru est une université, une encyclopédie, une somme de savoir–être, de sagesse, tout autant que de beauté. Voilà l’autre histoire.

     

    (…)

    Au bord de la maigre rivière

    le pays du rêve de la fourmi à miel

    j’essaie d’y retrouver la trace des hommes

    qui suivent une invisible piste

     

    (…)

    Le vieil homme rouge dort cette fois entre

    deux arbres

    à travers le sale rouge

    quatre directions emmêlent ses cheveux

     

    (….)

    Ils sont partis

    n’ont rien laissé sur le sable

    sinon un chant

    de peur qu’on ne se perde

     

    (…)

    Uluru est là

    toujours solide sur son assise

    n’attendant personne

    miroir des visiteurs

     

    Le serpent dit

    demain au petit jour

    je serai une rivière

     

    Le serpent dit

    demain au petit jour

    je serai le tonnerre

     

    Le serpent dit

    demain à tous moment

    souviens-toi

     

    Le vieil homme dort entre deux arbres

    il se repose de son long rêve

    au cours duquel il donne naissance aux

    mondes

     

     

    (…)

    Le serpent insaisissable est un simple trait dans la pierre, c’est une ombre de pluie, une ombre d’eau venant des millénaires passés, il se livre et dit à sa manière tranquille le monde et les humains enlacés.

     

      

     (…)

     J’entre alors par les trous d’eau

    dans la mémoire du monde

    laissé là par un homme nu

    qui a de ses mains dessiné

    chaque pensée et chaque geste

     

    (…)

     

    (mille clameurs sorties du ventre de Uluru

    disent, l’Univers s’estompe, comme effacé

    par le souffle mécanique d’êtres sans écoute)

     

    (…)

     

    « Redfern est loin    loin de Uluru     noyé dans Sydney

    Chemins défoncés     bières sans et crac     rien d’idéal

    Le rêve ne peut plus être

    s’il n’est pas également à Redfern

    Les Australiens de l’origine

    meurent à la ville impossible d’être au désert

    à Redfern délabré    le rouge des maisons   rappelle la beauté du désert

    Les peintres     certains Abos en ville    sur des portières de voiture

    Arrachées    peignent le désert    Leur cœur de sable rouge

    Leurs dents déchaussées sont les rocs détachés de Uluru »

      

     

     

    41mrcMkg78L._SX195_.jpgNicolas Kurtovtch in Autour d’Uluru

    Aux vent des îles éd, 2011

    http://www.nicolaskurtovitch.net/

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Jiddu Krishnamurti

     

     

    Seul un esprit libre de tout effort, qui n'essaie pas de devenir quelqu'un sur le plan social ou spirituel, un esprit qui n'est absolument rien, peut accueillir le nouveau, l'inconnu.

     in Tel que vous êtes 

     

     

     

  • Portrait d'actualité sur Décibel FM : Valéry Jamin

     
    madame-syries-jamin.jpgCe mois-ci Michel Brissaud invite Valéry Jamin. Né en 1970, fils adoptif du Quercy, autodidacte absolu et longtemps sans permis de conduire, Valéry aime explorer les formes et les espaces en y associant le public. Il vit et travaille aujourd’hui au hameau de Barrière sur la commune de Miers. Portrait d’actualité à écouter tout le mois d’octobre le dimanche à 16h sur nos ondes au 105.9 et 106.9 et ici : 

    http://www.creacast.com/play.php?sU=decibel_fm

     

     

     

     

     

  • Virginie Despentes

    Kiko entretenait avec Charles des conversations interminables – le trader lui expliquait pourquoi, selon lui, les luttes de classe venant d’en bas ne pourraient jamais plus aboutir à rien : « C’est terminé l’époque de l’abolition de l’esclavage ou du Front populaire. Plus personne ne veut en finir avec la misère. On avait besoin de main-d’œuvre, on était condamnés à négocier avec vous, les travailleurs. On n’avait pas le choix. Mais avec l’automatisation – on s’en fout des prolos. On va vous tuer. Je te parle pas de tirer dans la foule pendant les manifestations, ça on l’a toujours fait. Non, on va vous exterminer massivement. Vous ne servez à rien. C’est là-dessus que vous êtes en retard. Vous continuez à raisonner comme sous papa Marx – quand le prolétaire était nécessaire pour que des gens comme moi accumulions la plus-value. Peut-être qu’avec les progrès de la science, on fera encore un petit élevage de prolétaires robustes, pour vous prélever du sang, des organes et des morceaux de peau, porter nos enfants pour que nos femmes n’aient plus à s’abîmer… Mais même pour ça, franchement, avec les bio imprimantes et les couveuses de l’avenir, on va pouvoir se passer de vous. On va vous éliminer. C’est pragmatique. Vous créez beaucoup trop de problèmes par rapport à ce que vous rapportez. C’est pour ça, c’est inéluctable : les classes pauvres, on va vous rayer de la carte. » Ces raisonnements apparaissaient parfaitement logiques aux yeux du vieux Charles, qui répondait du tac au tac, enchanté d’être enfin tombé sur un interlocuteur lucide et sincère : « Tu préconises qu’on prenne les devants et qu’on exhume les guillotines ? » et Kiko secouait la tête, en signe de négation « si vous en étiez capable, vous l’auriez fait il y a longtemps. Mais vous respectez le dominant. Regarde comme les pauvres aiment Poutine. Je ne dis pas que c’est dans votre ADN, mais c’est un héritage de longue date. C’est comme un codage culturel, vous ne vous émanciperez pas assez vite. On vous a appris à aimer le chef. »

    Ils pouvaient continuer comme ça sur des kilomètres.

     

    in Vernon Subutex t.3

     

     

     

  • DATURA #1 - octobre 2018 sort cette semaine !

    Datura #1_n.jpg

    "Plus qu'une résurrection, c'est un ré-assemblage, à la façon du monstre de Frankenstein. Voici donc Datura 0 juillet 2018.

    Je me suis réapproprié le credo des années 90 que j'avais laissé de côté trop vite: "J'attends d'un texte qu'il me traumatise, me martyrise ou me fasse rire, me dérange surtout. Rien n'est plus désolant qu'un texte stérile qui ne laissera en toi aucune trace, à part l'envie de lire autre chose." Torturez-moi autant que possible, condition sine qua non pour monter à bord.

    Un ou plusieurs de vos textes ou créations sont publiés dans ce numéro car vous êtes mes émissaires, mes vaisseaux, les lumières (noires), les pierres angulaires, en d'autres termes les poètes, écrivains, artistes que les autres doivent lire et dont ils doivent s'inspirer pour être les bienvenus."

    Walter Ruhlmann

     

    EN (SA)VOIR + : https://daturaliteraryjournal.blogspot.com

     

     

     

     

     

     

     

  • À CROIRE QUE LE RÊVE C'EST UN MUSCLE - Sarah Roubato

    Le 13/10/2018 à 10:59, Sarah Roubato a écrit :

    "À CROIRE QUE LE RÊVE C'EST UN MUSCLE
    Grenoble Camargue et Hérault

    Chaque semaine de la tournée automnale,
    je vous propose un extrait de mon premier roman
    30 ans dans une heure

    J’aime marcher le long des rails. Ça donne l’impression d’aller quelque part. Rien de tel pour vous déclencher une rêverie. Pourtant j’ai du mal. À croire que le rêve c’est un muscle, ça doit s’atrophier si on ne l’utilise pas. En fait je n’arrive pas à penser à autre chose qu’à ces trois lettres qui me pivotent dans la tête depuis hier matin : C.D.I. Et je n’arrive pas à me réjouir de la satisfaction que j’éprouve.

    Je sais qu’il y en a qui essayent de faire autrement. Que chaque magazine a sa petite rubrique alternatif maintenant. Je ne crois pas avoir assez de courage pour m’installer dans le monde de demain ; il a les contours trop flous. Je ne vais pas passer ma vie à poser les rails d’un train que d’autres emprunteront. Je préfère encore m’emmitoufler dans le réel qu’on m’a appris. Et de temps en temps, regarder par la fenêtre et suivre les rails que d’autres réinventent.


    Dans mon coin de miroir, je me cogne à mon reflet. Un candidat qui vient de déposer son CV numéro 36. Pas l’exemplaire 36. La version 36. Trente-six distorsions de moi-même pour me faire accepter, par n’importe quel bout, en grossissant un détail, en limant tout ce bordel qu’est l’expérience humaine pour faire croire à une logique. À force de passer mes journées à me tailler un profil, je crois que j’ai perdu l’original.

    Combien on est, à cette heure, le dos voûté, le cou tendu vers l’écran, les yeux rivés sur une offre d’emploi ? Combien de lucioles qui font briller leurs fenêtres sans rideau jusque tard dans la nuit ? Je ne suis qu’un spécimen. C’est une autre solitude. Celle du milieu du troupeau.

    Aucun regard ne m’assure que je suis bien là. Il n’y a que des mots préfabriqués qui fusent, qui nous désignent mais qui ne nous racontent pas. Resserrements d’effectifs, restructuration, plan social, candidats, stagiaires, fusion. Des mots en acier de la marque Schindler, en rouge à lèvres de fin de journée, en haleine de café, pour dire qu’on arrive au bout de ce qu’on nous avait appris. Il vaut peut-être mieux s’exténuer à essayer d’inventer autre chose, au lieu de chercher à s’abriter dans les ruines de ce qui nous rassure. Il vaut peut-être mieux travailler à se donner les moyens de dire merde."

     

    et je lui réponds :

    "tellement ça, tellement ça, et tellement épuisant aussi, frustrant souvent, il faut être vraiment très courageux ou fou pour continuer, je continue pourtant mais je ne sais pas si c'est du courage ou de la folie, simplement il m'est viscéralement impossible de faire autrement maintenant, je me suis rétrécit les possibles à force de lucidité, de désir d'éthique et de sens, mais le sentier qui reste, je l'ouvre de mes propres mains, avec ma propre tête et aujourd'hui je me dis que c'est le plus beau sentier du monde et je rêve juste qu'il puisse croiser des centaines, des milliers d'autres petits sentiers comme lui et que tout ça fasse un monde de vivants pour donner toujours et encore envie de vivre......vivants."