Kasia Derwinska
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Qui a fait le cygne et l’ours noir ?
Qui a fait la sauterelle ?
Je veux dire cette sauterelle-ci − celle qui a bondi hors de l’herbe,
celle qui mange du sucre au creux de ma main, qui bouge ses mandibules de gauche à droite, plutôt que de haut en bas − qui regarde autour d’elle avec ses énormes yeux compliqués.
La voilà qui lève ses pâles avant-bras et se nettoie soigneusement la tête.
La voilà qui déploie ses ailes, et s’envole au loin.
Je ne sais pas exactement ce qu’est une prière.
Mais je sais comment prêter attention, comment tomber dans l’herbe, comment m’agenouiller dans l’herbe, comment flâner et être comblée, comment errer à travers champs,
ce que j’ai fait tout au long de la journée.
Dis-moi, qu’aurais-je dû faire d’autre ?
Tout ne finit-il pas par mourir, trop rapidement ?
Dis-moi, qu’entends-tu faire de ton unique, sauvage et précieuse vie ?
in La journée d’été
SUPPLIQUE
Je vous prie
Qu'on me lave d'eau douce, celle du puits où dort la salamandre
Tout au fond du jardin près du figuier à l'ombre mortelle
Qu'on me lave de pluie
Celle tombée qui fait bouger la terre de miracles légers
Je vous prie,
Qu'on me lave de neige, de grêle,
Et du flot de la mer que je ne reverrai pas,
De l'eau des larmes que j'ai pleurées quand je pleurais encore
De ce que vous n'avez pas touché
Qu'on me lave, nue,
Du vin, du sang, des paroles, qu'on me lave
De la puanteur
On donne, on reprend, je ne sais rien de la tête des hommes
De ce qui y grouille, vermine et douceurs mêlées,
Et de cette marée qui soulève le cœur, porte aux nues
Avant de jeter à bas le naïf, l'autre ou celui qui ne joue pas
Aux mêmes jeux que vous
Je vous prie
Qu'on me lave de mon odeur d'humain qui me fait honte