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  • Victor Nizovtsev

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    D’une main l'amour nous donne des ailes, mais dans l'autre, il tient une paire de ciseaux...

    Ces ailes qu'il nous donne, ne sont pas destinées à nous protéger, ni à fuir, ce sont des ailes pour voler ! Il n'est pas donné à beaucoup de savoir bien s'en servir... 

    Certains vont trop haut, trop vite et tel Icare, leurs ailes fondent au soleil. D'autres se jettent impunément du haut des falaises, mais au dernier moment ne savent pas ouvrir leurs ailes... Par peur, par manque de confiance ?

    D'autres encore s'empêtrent dans des ailes trop grandes pour eux, et il y en a même qui en ont de si petites, qu'ils n'ont aucun espoir de décoller, ne serait-ce que de quelques centimètres ! 

    Je voudrais pouvoir voler de mes ailes d'amour, mais elles sont si belles que je n'ose pas les toucher. J'ai peur de les abîmer au cours d'un vol trop désordonné... 

     

    in Journal 1996

     

     

  • Ilarie Voronca

    Rien n’obscurcira la beauté de ce monde. Les pleurs peuvent inonder toute la vision. La souffrance peut enfoncer ses griffes dans ma gorge. Le regret, l’amertume, peuvent élever leurs murailles de cendre, la lâcheté, la haine, peuvent étendre leur nuit, Rien n’obscurcira la beauté de ce monde. Nulle défaite ne m’a été épargnée. J’ai connu le goût amer de la séparation. Et l’oubli de l’ami et les veilles auprès du mourant. Et le retour vide, du cimetière. Et le terrible regard de l’épouse abandonnée. Et l’âme enténébrée de l’étranger, mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde. Ah ! On voulait me mettre à l’épreuve, détourner mes yeux d’ici-bas. On se demandait : « Résistera-t-il ? » Ce qui m’était cher m’était arraché. Et des voiles sombres, recouvraient les jardins à mon approche, la femme aimée tournait de loin sa face aveugle mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde. Je savais qu’en dessous il y avait des contours tendres, la charrue dans le champ comme un soleil levant, félicité, rivière glacée, qui au printemps s’éveille et les voix chantent dans le marbre en haut des promontoires flotte le pavillon du vent.
    Rien n’obscurcira la beauté de ce monde. Allons ! Il faut tenir bon. Car on veut nous tromper, si l’on se donne au désarroi on est perdu. Chaque tristesse est là pour couvrir un miracle. Un rideau que l’on baisse sur le jour éclatant, rappelle-toi les douces rencontres, les serments, car rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
    Il faudra jeter bas le masque de la douleur, et annoncer le temps de l’homme, la bonté, et les contrées du rire et la quiétude. Joyeux, nous marcherons vers la dernière épreuve le front dans la clarté, libation de l’espoir, rien n’obscurcira la beauté de ce monde.


    — in Beauté de ce monde

     

     

  • Pat Ryckewaert

     

    Blessures faites à l’enfant

    entailles dans l’écorce et l’aubier

    à le faire mourir ou à le rendre fou

    frêle racine au sombre dessein

    dans une terre de safre

    flou de la mémoire et du ciel

    l’eau de pluie sur les plaies.

    Blessures faites aux femmes

    à les rendre dociles

    à les fendre

    dans leur unité et leur désir.

    Blessures d’amour

    à priver de sève et de sens

    à faire couler le sang

    assoiffer à jamais la bouche.

    Blessures de l’attachement

    quand tout ne tient qu’à un fil

    qui ne relie à rien

    la peau sans odeur

    le silence des yeux et des gestes.

    Blessures de la langue

    celle qui nous fait sujet

    celle qui nous fait vivant

    celle qu’on n’a pas entendue

    celle qu’on n’a pas parlée

    parole enroulée dans la gorge

    ou écrasée entre deux dents.

    Blessures à priver d'air

    à essouffler le cœur et l'en vie

    .

     in À la folie

     

     

  • Andrei Tarkovski

    N’aie pas peur. La mort n’existe pas. Non, il y a la peur de la mort, et c’est une peur affreuse. Parfois, elle pousse les gens à faire des choses qu’ils ne devraient pas. Mais combien les choses seraient différentes si seulement nous pouvions cesser de craindre la mort.

     

    in Le Sacrifice, son dernier film

     

     

  • Angélique Ionatos - Optimisme (Et si l'arbre brûle)

     

    "

    Ma mère Angélique Ionatos s’est éteinte ce mercredi 7 Juillet.
    J’ai du mal à trouver les mots, ils étaient si importants à ses yeux, elle qui leur a dédié sa vie.
    Et puis comment résumer une carrière comme la sienne, comment parler de la mère qu’elle était.
    Elle a façonné la définition de l’artiste à mes yeux, et son départ me laisse un vide immense tout en ayant conscience qu’il sera à jamais comblé par son œuvre, éternelle, et essentielle et évidemment par mes souvenirs.
    Elle s'inscrit à jamais dans la dynastie des plus grands artistes de son époque, des plus grandes, des plus audacieux et des plus audacieuses.
    Pour elle, l’artiste devait témoigner de son temps, et résister.
    C’est ce qu’elle a fait continuellement.
    Pour elle encore, la poésie était mère de tous les arts, et comme disait René Char, poète si cher à ses yeux, à ceux de mon père, et aux miens “Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la beauté, toute la place est pour la beauté”
    Ses mots, ou ceux qu’elle a empruntés à d’autres, résonneront à jamais comme un guide et ne résonnent que plus fort, comme jamais auparavant, depuis qu’elle est partie.
    Elle me manque déjà terriblement, mais je l’imagine aux côtés de ses pairs, de mon père, quelque part en Grèce sans aucun doute.
    Le regard d’aigle c’était mon père, et elle définitivement les effusions de mésanges, René Char, encore.
    Son héritage dépasse l’entendement, mon amour pour elle aussi"
     
    Alexis Sevenier