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  • Atelier mensuel à distance pour travailler son écriture

     

    Je mets en place un nouveau type d'atelier qui va fusionner deux de mes activités : l'animation d'atelier d'écriture et un accompagnement très pro à l'écriture.

    Cet atelier sera mensuel et distanciel, quatre participant-e-s minimum avec un engagement sur trois mois, un minimum pour progresser.

    Voici comment cela va se passer : dès que j'aurais le minimum requis de personnes inscrites, l'atelier démarrera. Je proposerai par mail à chacun des inscrit-e-s, une consigne, un jeu, un départ d'écriture assez précis, vous aurez alors 15 jours pour envoyer vos textes que je transmettrai ensuite à tout le groupe dans un seul mail et avec simplement les prénoms (ou pseudo) de chacun-e. Parallèlement, chaque texte fera l'objet d'un travail de ma part, celui que je fais quand j'accompagne professionnellement des travaux d'écriture et vous sera renvoyé individuellement et annoté.

    À partir de là, vous aurez de nouveau 15 jours pour renvoyer le texte retravaillé en fonction de ces annotations mais toujours de la façon dont cela vous paraitra pertinent. Mon intervention sert aussi à vous permettre d’affirmer vos choix. J’accompagne, je n’impose rien. Après réception à la date butoir, je renverrai à tout le monde dans un seul mail tous les textes retravaillés, ainsi chacun pourra profiter du travail qui aura été fait en comparant les deux versions.

    Et on continuera ainsi sur trois mois renouvelables, si le groupe se forme sur la durée, le travail sera d'autant plus profitable car il sera évolutif. S’il y a beaucoup de demandes, il y aura plusieurs groupes, je n’ai pas encore défini le nombre maximum de participant-e-s par groupe.

    D’expérience, ma façon d'accompagner permet vraiment de développer sa propre méthode de travail, de visualiser plus rapidement ses forces et ses "faiblesses" et donc d'acquérir toujours plus de fluidité et de plaisir dans l’acte d’écrire.

    Pour participer à ces ateliers, il faut avoir le goût bien-sûr de l'écriture mais surtout avoir envie de progresser. Aucun niveau n’est requis mais ce n'est pas simplement un atelier ludique, c’est une façon efficace d'améliorer et développer son expression écrite et de découvrir ce qui vous est unique tout en partageant avec d’autres (les mails des participant-e-s seront toujours en copie cachée). Le distanciel pour cet atelier est un + (prénom ou pseudo seront utilisés uniquement) car vous vous sentirez plus à l’aise pour donner à lire ce que vous avez écrit. Mon travail d’accompagnement lui se fait toujours individuellement de façon privée.

    Un retour extérieur bienveillant mais exigeant est vraiment très utile, je suis passée par là et voilà pas mal d’années que j'aide à mon tour, d'où cette envie de le proposer sous forme d'atelier, sachant que tout le monde ne peut pas se déplacer même localement et que cela permet ainsi de participer sans limite géographique.

    Votre engagement pour trois ateliers (trois mois) est indispensable, pour une question d’organisation.

    Le tarif, à régler à l’inscription par virement de préférence, pour 3 ateliers complets (consigne, écriture, textes envoyés à tout le groupe et renvoyés individuellement annotés, réécriture, textes finalisés envoyés à tout le groupe).

    Les inscriptions sont ouvertes, pour plus de renseignement : mc.gc@sfr.fr

    Au plaisir de vous accueillir et de travailler avec vous !

     

     

  • Serge Quadruppani - Contre l’énergie masculine au pouvoir soyons toustes des femmes dissolvantes !

    paru dans lundimatin#460, le 20 janvier 2025

    https://lundi.am/Contre-l-energie-masculine-au-pouvoir-soyons-toustes-des-femmes-dissolvantes

     

     

    "On sait que Zuckerberg, patron de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp, Threads), pour complaire à Trump et monter dans la caravane des rois mages de la Tech venus se prosterner devant le divin monstre, a apporté dans la crèche de Mar a Lago outre deux millions de dollars, une interview où il évoque la nécessité de réintroduire de l’« énergie masculine » dans des réseaux sociaux menacés d’ « émasculation » [1]. On pensait à ça en relisant quelques pages de Gli Uomini Pesce, le dernier roman de Wu Ming 1.

    Dans ce livre non encore traduit, le membre du collectif bolognais raconte comment la jeune chercheuse Antonia est conduite à enquêter sur deux mystères qui se rejoignent : celui de l’identité réelle de son oncle Ilario récemment décédé, cinéaste et héros des guerres partisanes contre le nazis et les fascistes, et celui des hommes poissons du titre, légende née dans le delta du Po en proie aux exactions industrialistes des humains. Voici le passage dans lequel elle s’entretient avec un médecin détenteur de bien des secrets, qui me semble entrer en si forte résonnance avec l’époque :

        — Avez-vous déjà lu Klaus Theweleit ?
        —  Non, je ne connais pas.
        — Vous vous occupez du rapport entre terre et eau, entre solide et liquide. Theweleit pourrait vous servir. Son monumental Männerphantasien est une exploration de la psyché proto-fasciste. L’auteur examine une quantité infinie de journaux intimes, papiers, opuscules et livres écrits par des rescapés de la Grande guerre et par des membres des Freikorps, les groupes paramilitaires qui, entre autres, assassinèrent Rosa Luxemburg. Ceux qui écrivent là sont presque tous des hommes qui par la suite ont adhéré au national-socialisme ou, tant qu’ils ont existé, à d’autres courants du fascisme allemand. Le cadre qui en émerger est très utile pour comprendre ce qui se passe à Mesola [dans le delta, NdT].
        L’homme fasciste est un mâle mal à l’aise, au développement psychologique inachevé et à l’identité précaire, qui craint à chaque instant de se dissoudre. C’est pour cela qu’il a besoin de l’Ordre, de corps – physiques et sociaux – solides et aux limites sûres. Des corps secs, sans rien qui coule, et avec une coquille qui les protège. Theweleit parle de « carapace » psychique.
        (…)le fasciste a la terreur de se dissoudre, de fondre. Avec son image mentale d’un corps tonique et scellé, il essaie de fuir à la pensée de la putréfaction, de la reddition à l’informe qui l’attend de toute manière, parce que corpus debet solvi [le corps doit se dissoudre en latin, NdT]
        (…)
        J’en viens à penser à l’importance énorme qu’occupa dans la rhétorique fasciste l’assèchement du Marais Pontin. Là où auparavant régnaient le marais, l’informe, l’incertitude, le régime avait fait apparaître un espace sec, régulier et réglé, avec des limites nettes, et l’entreprise était citée parmi les plus grandioses. Et masculine : le duce torse nu, immortalisé à battre le grain dans un domaine d’Aprilia.
        De la terreur de la dissolution dérive la peur de la femme. Le féminin est associé aux flux mystérieux : les menstrues, l’humeur vaginale, l’odeur du liquide amniotique… Tout cela met le fasciste mal à l’aise, le remplit de doutes. Sa manière de tenir en respect l’incertitude est de se créer une femme sans humeurs, qui a endigué ses propres flux, et donc ne représente par une menace, mais qui serait en fait virginale et soignante. Theweleit l’appelle l’Infirmière Blanche, parce que le plus souvent, il s’agit d’une infirmière. Elle est l’épouse de la nation, prend soin du patriote et en recoud les blessures, rétablissant la limite entre son corps et le monde extérieur.
        La femme ennemie, au contraire, est dissolue, ce qui en réalité veut dire dissolvante…

    Lisant cela, comment ne pas songer au corps que s’est fabriqué Zuckerberg, converti au MMA, ce sport des winners, des adeptes du droit du plus fort promu par Musk, le triomphant général de l’armée des adeptes du muscle scientifique comme rempart contre l’angoisse de vivre et de mourir ? Les transhumanistes qui prennent en main ces jours-ci le poste de pilotage de l’empire américain sont assurément le pire danger auquel l’humanité ait été jamais confrontée. A nous de réfléchir aux moyens de les rappeler à leur nature soluble. La voie choisie par Luigi Mangione est certes d’une grande portée symbolique, mais hélas d’une efficacité proche de zéro. Ce n’est pas en éliminant les corps de la tech qu’on viendra à bout de ce qui les a produits, car ce qui les a produits, le capitalisme, en produira autant que nécessaire aussi longtemps qu’il durera. C’est en s’attaquant à la fiction dont ces corps sont porteurs, en proposant dans la rue, dans la lutte, dans la vie quotidienne, d’autres rapports au monde et aux autres, qu’on aura quelques chances de dissoudre leurs maléfices. Il me semble qu’en France, des groupes comme « Les Peuples Veulent » et des mouvements comme les Soulèvements de la Terre montrent des voies possibles.

    Serge Quadruppani"

     

     

    à propos de l'auteur, voir ma note de lecture sur un de ses livres :

    http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2018/01/09/loups-solitaires-serge-quadruppani-6015473.html

     

     

     

  • Le pont suspendu de Marie-Françoise Ghesquier

    001.jpg

    Extraits :

    Arpenteur penché en direction de la terre
    marque le sillon du même encore
    dédié au retour à la ligne.

    (…)

    On se demande s’il faut arracher des os
    aux cages thoraciques 
    de la nuit

    (…)

    La voilà lune vestale
    nacre fluide
    à l’aune d’un sentier
    scandé sur la fin des temps

    (…) Les bâtis du Port Nord survivent
    comme autant de reliques recroquevillées,
    bâtis en ramassis sur eux-mêmes
    relégués à l’extrême onction
    des voies de garage.

    (…)
    On ne voit que des formes abstraites
    Dans l’empierrement des yeux.

    (…)

    On chemine entre les flaques. L’air est élimé. On sent la
    rouille qui s’infiltre
    insidieusement : rouille fongique fallacieuse
    pénétrant la peau, les yeux, l’artère fémorale.

    Les mots naissent-ils de la décomposition du monde ?

    (…)

    Des nuées d’oiseaux sombres volent à contre-jour
    formant dans le ciel une plaie de cendres.

    (…)

    On se perd dans tout cet amas de pièces détachées
    entre bords et lignes,
    entre taches et traits,
    à profusion abrasés.

    De ces tas entassés torves
    surgit le chaos en étages achalandés,
    brocante de rouille en points de bâti surjetés
    au bord du décor démultiplié cubique.

    (…)

    Des volets bouclent la voix des murs.

    (…)

    Le temps est ailleurs,
    aspiré dans les cylindres soufflets métallo-souffreteux
    dans les tubes tuyaux béton granuleux
    jusqu’aux poutres d’acier s’entrecroisant
    tout là-haut dans le ciel emmêlé de nuages.

    (…)

    On sent un parfum de terre mouillée
    un parfum de vase
    venant du fleuve.

    L’oubli a donc une odeur ?

    (…)

    On entend le bruit lointain de l’autoroute,
    Une inquiétude qui tord les viscères,
    Les glissières de sécurité.
    On entend les poncifs crucificateurs. De les entendre
    à même le sol réclame l’entaille des veines.

    (…)

    On sent dans le dos les chaines qui bloquent l’entrée des
    portes condamnées

    (…)

    Lune rose pleine entière ronde lune immense posée
    comme dans un grand nid troué de noir profond.

     

    *

     

    Paru chez Rafael de Surtis fin 2022. J'ai publié des poèmes de ce recueil dans le n°75 de Nouveaux délits, en avril 2023.

     

     

    ghesquier.jpgTraductrice de formation, Marie-Françoise Ghesquier vit actuellement en Saône-et-Loire, près de Chalon-sur-Saône. Elle écrit dans des revues (Décharge, Comme en Poésie, Traction Brabant, Nouveaux Délits, Cabaret). Son premier recueil de poèmes, Aux confins du printemps, paraît en 2013 aux Éditions Encres Vives. Viennent ensuite À hauteur d’ombre, chez Cardère (2014), La parole comme un cristal de sel (2016), De tout bois si (2017), aux Éditions Henry, Danse en résistance chez Jacques Flament (2021).

     

     

     

     

     

     

  • Poing d’ombre de Guénane (extraits)

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    Poésie
    ce mot ourle
    toutes les lèvres
    mais si peu savent
    entrer en silence
    et l’accueillir.


    (…)

    Tout poème vous invite
    à fuguer en vous-même
    ce gouffre où personne
    ne vous coupe la parole.

     

    (…)

    D’instinct l’enfant sait
    le pilotage des fenêtres
    les godilles secrètes
    les bômes où il envergue
    les rideaux de son rêve.

     

    (…)

    Poésie
    souffle de survie
    porte de sortie des incurables.

     

    (…)
    tous 
    ils crochent
    des dents se cachent
    derrière chaque
    question harpon
    être grand c’est mentir.

     

    (…)

    L’Ange est un chat
    aux ailes angora
    l’Enfant est en cale sèche
    dans la basilique secrète
    de l’abandon. Elle écoute
    l’orgue barbare des murmures.
    Dormir
    c’est un peu mourir
    au fond de soi-même
    mais moins dangereux
    que se pencher
    à la portière de la vie.

     

    (…)

    De l’enfance elle ne retint que les manques
    les vides les silences

     

    (…)

    Les erreurs balisent
    la piste où tu cahotes.
    Décollage imminent
    prendre une bonne hauteur de rêve
    avant la rechute

     

    (…)

    à demi dévorés
    à demi dévoreurs
    faisons en sorte
    que le jour rapporte
    un butin de lumières.

     

    (…)

    Ceux qui rament 
    dans un marigot de larmes.
    Ceux à qui
    une vie ne suffit
    pour naître.

     

    (…)

    Il faut fuir tous les miroirs
    surtout les regards
    ils déforment.

    Pourtant certains poèmes
    vous parlent et vous aiment
    dans la langue des miroirs.

     

    (…)

    Qui fournit la formule
    pour exister
    quand dans nos veines
    coule par moitié
    le sang de l’angoisse.

    — D’où venez-vous ?
    — De moi-même.

     

    (…)

    Être poète
    c’est tenter de rendre habitable 
    une solitude.

     

    (…)
    Aimer c’est dormir sans amarre
    Sur un fleuve rongé de rapides.

    Aimer 
    c’est attiser
    la gâchette
    d’un révolver intérieur
    qui cliquette
    entre tempe et cœur

    Aimer est un mot créateur
    les autres sont à demi-morts.

     

    (…)

    Triomphante solitude
    au bout du parcours
    l’amour
    tout sculpté de ses coups.

     

    (…)

    Lueur 
    craquelure
    rayon inquisiteur
    chaque flaque palpite
    accueille sa claque de lumière.

     

    (…)

    Faut-il revenir 
    pas à pas vers soi-même
    pour ne plus être ce poing d’ombre
    qui nous assomme ?

     


    Paru chez Rougerie éd., 2000

     

    Pour en savoir plus sur Guénane : http://www.guenane.esy.es/

     

     

     

  • L’affolement des courbes de Marc Tison

    Tison 1.jpg

    *

    Des terres vierges sont en attente au fond des verres
    Sublimation des cuites solidaires
    Dans les bars si dégueulasses qu’on y rêve
    Éternelle infusions d’étoiles
    Et la voix de Billie Holiday raye l’illusion
    Profond

    (…)

    En enfouissement sous les sourires
    Les indifférences cachées dans la foule
    S’obstinent à crever les yeux
    L’aveuglement l’aveuglement l’aveuglement

    Les écrans regardent s’éloigner les enchantements
    aux geôliers consentis s’offrent les derniers discernements
    nos intimités dépecées en dons

    (…)

    Parlons marketing, parlons de stimulation des besoins
    Parlons d’enfants mineurs adaptés à l’extraction de tonnes de minerais rares et toxiques nécessaires à la fabrication des téléphones portables avec la lampe torche intégrée
    (…)
    Parlons de marketing d’enfants à l’obsolescence programmée

    (…)

    Réalité minorée. Ça s’efface. Un delate sur le clavier
    Un choix éditorial à la tv
    Le quotidien impur disparaît des vérités
    Avec les cris, les pleurs, les dignités

    (…)

    Il m’arrive d’attendre allongé sur l’herbe
    Sur un lit de pénombre
    Posé dans la banquette arrière de la voiture
    Debout entouré d’une foule que j’éteins
    Dans le shaker des hontes quotidiennes

    Il m’arrive d’attendre
    Un instant admirable
    Une expiration qui n’en finit pas
    De définir l’apaisement

    Les espaces profonds
    Entre les souffles et les inspirations
    Des apnées d’évasion

    (…)

    Dans le remuage
    La voix ma voix
    Parle parle parle de nouveau
    Comme roule le ruisseau de montagne
    Où s’abreuvent les estives
    Dévale les pentes au-dessus des pierres
    Saute les obstacles de relief

    Porte cette voix dans les vallées
    Contre les falaises qui résonnent
    Tapage la parole dans les canyons
    Sur les crêtes
    Parle parle parle
    Couvre les oracles nauséeux

    (…)

    Tu es tout ce que j’ai et qui ne m’appartient pas

    (…)

    Mélancolie des ombres qui fuguent de soi

    Au bout du chemin le silence habité des feuilles sous le vent
    La transition où s’opère la mue des soirs solitaires

    (…)

    Devenir la sueur
    Devenir l’air
    Devenir le vent
    Devenir la disparition
    Le rien le tout

    Mais devenir

    (…)

    Quel spleen rattrape l’horizon qui s’éloigne
    Sur des oiseaux danseurs aux clairs obscurs du ciel

    (…)

    Dans la montagne souffle le baiser coupant des névés
    Dans les cheveux frissonne le chant des pierres
    Éparpillées sur le chemin
    Un chant de brisure

     

     

    La chienne Édith, collection Nonosse, 2020

     

     

  • L’espoir à l’arraché d'Abdellatif Laâbi

    LEspoir-larrache-dAbdellatif-Laabi_0-2304881982.jpgHYPOTHÈSE

    (…)

    J’aurais pu 
    partir 
    – avant qu’il ne soit trop tard –
    beau, ténébreux
    fleurant bon mes arômes naturels
    superbement romantique
    vif comme l’éclair
    apte au service permanent
    de l’impossible

    J’aurais pu 
    me taire
    me taire pour de bon
    épargner à mes semblables
    un tel lamento

     

    M’armer du silence
    de ceux qui ne connaissent de la mer
    que les vagues ennemies
    et le cimetière des fonds
    Ceux qui dans la boue glaciale
    se lavent le visage
    avec le sang des barbelés
    ceux que tout accuse et condamne :
    le nom, la couleur
    la langue, le pays
    (…)

    J’aurais pu
    me réfugier dans une grotte
    en sceller l’entrée
    M’y exercer 
    à la surdité
    à la cécité
    l’insensibilité
    En finir 
    avec le vacarmes des images
    et livrer ma mémoire
    au grand réparateur
    qu’est l’oubli

     


    DUPE

    (…)

    Peut-on dire alors
    qu’en plus du rire
    du langage
    être dupe
    est le propre de l’homme

    Tiens
    j’ajouterais bien à cette liste
    la trahison

     


    RENONCEMENT

    La porte entrebâillée
    et que l’on sait être
    la dernière
    Pour la pousser
    il faudra davantage
    que du courage
    la noblesse du renoncement

     


    LA MARGE

    (…)
    Adieu chaînes
    qui m’ont paru aimables
    Je me détache 
    m’écarte
    et retourne à ma place
    dans la marge extrême
    Ce sera
    je présume
    ma dernière adresse connue

     

    À VOIX BASSE

    (…)
    L’horreur 
    nous épuise
    Elle malmène en nous
    la bonté
    et bride
    jusqu’au désir

     


    FINITIONS

    La vérité ?
    Ce que j’avais à dire
    je crois l’avoir amplement dit
    et si je m’accroche encore un peu
    à l’écriture
    c’est par acquit de conscience
    pour les finitions
    vous dira l’artisan

     

    Il y a beaucoup de très beaux poèmes dans ce recueil paru au Castor Astral en 2018, ils feront l'objet d'une lecture enregistrée prochainement, à suivre donc...