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* ATELIERS ARTISTIK & LITTÉRAIRE - Page 4

  • Atelier Collage & écriture du 21 février 2022

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    G

     

    Bois_ vaudou_ bouquet_ traditionnel_ piéta_ renouveau

     

     

    Il s’était réveillé au petit matin, un chant vaudou sur les lèvres. Il avait pris un balluchon et s’en était allé. 

    D’autres aussi avaient ressenti l’appel du chant et s’étaient mis en route. 

    Ils arrivaient de toutes parts, les sacs emplis de souhaits, d’objets merveilleux, de douces suppliques, de cités idéales. 

    C’était le jour traditionnel du grand entremêlement, jour rare et béni. 

    Ce jour arrivait toujours par hasard, comme le fruit sec tombé de l’arbre, ce jour cassait sa coque d’un long désir de consolation. 

    Et cette aspiration buissonnière s’amplifiait, envahissait les vallées, les plaines et les monts, d’où tous accouraient. 

    En une file sans fin, chacun venait déposer des présents au pied de la Piéta de bois, des objets précieux, des bouquets, des chemins, des paysages, des rêves… 

    S’agenouillant, chacun sentait sa peine se déverser dans le cœur de la déesse qui changeait les douleurs en poussière et savait caresser les âmes. 

    Et tous repartaient, légers, le front haut, le regard ancré vers l’horizon où flottaient des promesses de renouveau. 

    A.

     

     

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    G.

     

     

     

    La statue de bois rigide, froide, annihile les sentiments traditionnels humanistes de la PIETA. Il n’y a pas de renouveau, même les bouquets de fleurs, les ors et les bijoux n’embellissent pas les âmes. En Afrique, ou ailleurs, le Vaudou peut-il redonner vie et espérance ?… le secret reste entier.

    J.

     

     

     

    Les offrandes s’accumulent autour de la Piéta. La mère pleure son fils torturé et noueux. Quelqu’un a laissé là un enfant à genoux, sculpté dans du bois clair. Vision vaudou de l’altérité. Au milieu des bouquets, dans le cimetière des villes, quelques fenêtres-tableaux invitent à oublier l’indicible.                Comment croire encore à l’annonce maintes fois faite de la venue du renouveau ? Mais inlassablement le rituel traditionnel recommence, pour ne pas oublier l’espoir.

    L.

     

     

     

    S'agit-il d'une pietà ou d'un dieu vaudou ? Il me faut déposer une offrande aux pieds de l’imposante divinité de bois, des bouquets, des brassées de fleurs aux fragrances de printemps ; glorifier le jour qui vient, exubérant de couleurs et de lumière, me fondre dans la procession traditionnelle, contribuer à cet élan de vie qui annonce un renouveau … oublier la chaise vide !

    O.

     

     

     

    Offrandes de bouquets précieux à la Vierge vaudou. Riches et pauvres, gens des périphéries et nantis des belles villas rejoignent la procession pour honorer la très ancienne divinité au bois mangé. Chacun porte une croix arrosée de lait. La statue portée par des novices quasi dénudés est déposée sur la rive du fleuve, les quais sont illuminés de bougies consacrées. La fête dure toute la nuit et s’achève au petit jour avec le lâcher traditionnel du faucon-soleil. Gens des périphéries et nantis des belles villas, tous réunis pour partager le renouveau. La Pietà a redonné vie, le sein s’est rempli de lait, la mort pour un temps est conjurée.

    C.

     

     

     

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    A

     

    Ossements_ museau_ kaléidoscope_ poucet_ homo sapiens_ souffle

     

     

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    G.

     

     

     

    La poussière a tout recouvert.

    Poucet regarde vers le bas, voit dessous.

    S’y entremêlent ossements, terre, pigments, peaux arrachées, colorées, crâne ciré, homo sapiens brisé, miroir d’une tour sous les glaces. 

    Les vertèbres s’escaladent sous la poussière, les vivants y rampent sur le dos, les masques ont perdu leurs visages.

    Poucet regarde vers le haut. Le museau divin y souffle le ciel, les nuages, la femme.

    A.

     

     

     

    Homo sapiens que reste-t-il de nos ossements, c’est le Poucet qui les a semés le long du chemin des temps. Pourtant, ils sont là, dans le souffle du kaléidoscope en couleur de la vie. Nos museaux en terre et nos masques froids, rigides, restent visibles dans la poussière. 

    J.

     

     

     

    Que la vie est compliquée pensait Homo Sapiens. Au musée d’Histoire Naturelle, il faut suivre les traces laissées par les ossements pour le comprendre. Dans la capitale, la jeune fille trépidante a d’abord visité la Tour Eiffel et maintenant elle est là reprenant son souffle, devant ses origines. Elle a suivi le parcours de l’évolution tel le petit Poucet mais elle est perplexe. Le grand kaléidoscope de l’Humanité est d’un genre unique : toutes les facettes représentent le MÂLE. Où est la femme préhistorique ?! Elle sort du musée tellement en colère qu’elle s’écrase le museau sur la porte vitrée.  

    L.

     

     

     

    Petit Poucet dans un monde perdu. Qu’est devenu l’élan ?... Kaléidoscope insensé de l’homo sapiens à la sempiternelle même destinée. Il se fraye un chemin au milieu des ossements, cherche les traces, renifle la vie du bout du museau. Il lui faut inventer l’espoir, un souffle nouveau, retrouver des repères, faire sauter les barrages, passer le pont…

    O.

     

     

    Homo sapiens en marche, petit poucet de l’évolution happé dans le kaléidoscope du temps. Le flair s’est émoussé et s’enivre aujourd’hui de parfums de femelles de moins en moins naturels et de plus en plus chers. Le souffle court, Homo sapiens consomme, s’étourdit de fêtes ou s’endort sous les ponts. Seuls les ossements se souviennent de la musique et de l’équité originelles.

    C.

     

     

     

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    J

     

    Vapeur_ aérien_ figé_ lacustre_ pression_ explosion

     

     

     

    Sur la cité lacustre, suspensions figées, 

    les oiseaux en plein vol, les poissons à la nage, 

    les âmes cachées sous leurs visages masqués. 

    L’explosion agitait l’aérien en soupape,

    une vapeur bleue en pression s’ennuageait,

    elle invoquait les anges et les archanges,

    et redonnait vie aux êtres qui la croisaient. 

    La lune étonnée invoquait les mirages 

    absorbés par le lac et en son fond coulés.

    Le plancton vermeil veillait, sans repos ni âge.

    A.

     

     

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    G.

     

     

    De nombreux regards figés tristes, froids, anxieux, glacés fixent l’horizon. Ils anticipent la pression, l’explosion. PrêtS à un vol aérien de départ, les oiseaux fuient, les poissons s’épuisent.

    Dans le ciel, la vapeur signale la mort imminente des cités lacustres et terrestres.

    (Voyance)

    J.

     

     

    Ça tournicote dans le bocal ! Les pensées-pilotes obsédantes se reflètent sur les traits figés des visages. La pression des lèvres annonce l’explosion. Dans un ailleurs aérien, la liberté s’envole à tire d’ailes. Seul demeure dans la vapeur de l’air, un rêve doux et tranquille. Mirage d’une vie lacustre au clair de lune.

    L.

     

     

    Un vaste aquarium, une bulle hermétique préserve les derniers mondes aériens et lacustres qui s’entremêlent, inventent une vie rêvée pour ne pas infliger trop de pression aux hommes, les visages figés, étrangers, le regard noir. Une seule alternative : se noyer ou s’envoler ! Un ultime jet de vapeur espère pouvoir atteindre la lune. Désenchantement. Ainsi font font font les petits poissons jusqu’à l’explosion !

    O.

     

     

    S’évader, s’envoler du gris lacustre des jours dont la note de stress est bien trop salée. Époque cocotte-minute sous pression, chacun figé dans la glace de ses émotions qui ne trouvent plus d’issue sinon dans l’explosion. Nuit et jour alternent dans une vapeur sale, petits poissons coincés dans nos aquariums dévitalisés, à tenter maladroitement de se faufiler par des chas d’aiguilles, quelques fissures improbables pour s’évader, s’envoler, tenter un temps plus léger, plus aérien, faire revenir le sourire et le temps de rêver.

    C.

     

     

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    L

     

    Masculin_ léchage_ percée_ fruit_ sexualité_ sieste

     

     

    Sieste, sieste, sieste ! Que tout soit léchage ! celui de l’oreiller sous nos têtes, de son corps masculin sur les draps, du fruit dans ma bouche, 

    de la lumière sur les murs, des tissus sur le sol, des voilages aux fenêtres, de nos langues sur nos peaux… Sexualité en percée dans la chambre…

    A.

     

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    G.

     

     

    Une corbeille de fruits, le léchage des raisins ronds dorés, masculins, pendant une sieste rafraichissent la bouche. Le soleil et la sexualité au loin fait une percée, magique magnifique, entre deux nuages, un homme apparait nu. Seul.

    J.

     

     

     

    Le livre pèse aux bouts des bras. Dans le fauteuil moelleux, une douce torpeur m’envahit. Le temps et les mots glissent de mes mains. Dans une lumière fraîche, un fruit délicieux s’offre. Séance de léchage de raisin te susurre ton rêve. L’envie d’un grain de beauté masculin entrevu dans la crique du bonheur. Ensuite, sieste dans la sieste, viennent les souvenirs tenaces de sexualité aboutie. Puis la percée stridente jusqu’aux oreilles : « tiens, c’est bébé qui se réveille » !

    L.

     

     

     

    Sieste d’été où je me laisse emporter par les rêves qui m’assaillent. Un homme à moitié nu porte un bébé dans ses bras. Celui-ci procède à un léchage minutieux de ses doigt que je retrouve collants dans mes cheveux. Me dégager n’est pas une mince affaire mais apparaît un homme dans une percée rocheuse, lumineuse. C’est toujours la même histoire, la quête de l’éternel masculin, de fruits nouveaux, d’une sexualité débridée. Désirs refoulés. L’homme avec un grand H… Je vais finir par l’encadrer et l’accrocher au mur, mon œil rivé à ses fesses et à ses chaussettes rouges !

    O.

     

     

     

    La sieste ouvre les pages d’un livre, des mots flottent : imagination, sexualité, complexe, solitude, tentation.  Des mots comme des grains mûrs de raisin qui éclatent sous la langue. Léchage de la mémoire pour en extraire le suc. L’homme, l’enfant, le père, l’amant, tout se mélange dans la torpeur. Le père, le fils, le fils, le père et les cuisses largement ouvertes du fauteuil d’où s’écoule la vie. La percée… Et la femme dans tout ça ?

    C.

     

     

     

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    O

     

    Antique_ baiser_ céleste_ missive_ mot_ velu

     

     

    Dans le velu de son corps lascif se cachait le baiser.

    Je le cherchais, fouillant de mes doigts la fourrure de l’endormi. 

    Il avait arraché le mot de la missive reçue il y a tant de temps 

    il en avait dérobé les lettres, le sens, jusqu’à son origine.

    Ce mot ne s’écrivait plus, ne se disait plus, ne s’actait plus.

    Il détenait là, au chaud de sa peau, l’antique secret céleste.

    Mes doigts ont trouvé le baiser, 

    l’en ont recouvert qui l’ont réveillé.

    A.

     

     

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    G.

     

     

     

    Images Antiques, Soieries, Paysages, Baisers célestes en Toscane. Oui .. Je vais leur dire, il faut que je le dise … et la missive s’envole, dans le souffle du soir.

    Pourquoi : parce que j’aime son corps velu, sa prestance, son intelligence, sa douceur... Le voyage sera plein de rires, d’amour et d’imprévus.

    J.

     

     

     

    Une missive, ô combien céleste et attendue, comme tombée du bec d’un coursier préhistorique, fut acheminée jusqu’à eux par un taxi-avion. Les amoureux attendaient cela depuis des lustres. Leur adulescent tamanoir, velu déjà depuis un moment, allait enfin avoir son propre logement. Ils étaient aux anges et si heureux qu’un long baiser suave scella leur bonheur. Ils pouvaient enfin mettre deux mots sur leurs maux : barre-toi ! Antique conflit de génération. Mais ils prenaient leur rêve pour une réalité. Si seulement ils savaient à quoi pense leur progéniture…

    L.

     

     

     

    L’oiseau prophète a surgi de l’imaginaire ou d’un quelconque monde antique, il a répandu sa prédication. Rester vivant. Résister. S’obliger à dire les mots qui dérangent, traverser les contrées et les espaces célestes pour délivrer de secrètes ou impudentes missives,  hors du temps et des morales. Dire, défier les courbettes, les monstres velus et les églises vides, oser être. Foudroyer le bruit des moteurs de nos écrits. Faire jaillir des mots de nos baisers, ma bouche contre ta bouche. Animer les jardins de nos rêves, nier le chaos. Ils s’habitueront !

    O.

     

     

     

    Et si je leur disais ce que je pense ? Si je leur envoyais une missive, comme un baiser descendu des cieux pour les libérer de leurs croyances vaines ? Un mot céleste, un seul, qui mettrait du velu dans leur fantasme de sainteté, du bec dans la bouche, des griffes au bout des pieds, du sens dessus-dessous pour les réveiller de l’hypnose dans laquelle les plonge leurs sermons antiques totalement dépassés. Et si je leur disais ce que je pense ?

    C.

     

     

     

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    C

     

    Technique_ scarabée_ caméra_ météorite_ ville_ radiation

     

     

    La langue de la girafe sait son squelette sous elle. Ce n’est pas l’homme en croix qui le lui a appris, ni la femme qui abreuve, 

    ni l’amphore aux mille souvenirs, ni l’homme qui dispense ses secrets. Non, c’est la radiation qui lui a révélé. 

    Déversée par la météorite, la radiation est entrée dans la ville, est entrée dans les caméras, est entrée dans toute la technique de la ville, dans ses ordonneàtous,  

    s’est infiltrée partout, n’a laissé aucune chance. 

    Seuls la girafe et le scarabée ont digéré la radiation et vont. 

    A.

     

     

     

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    G.

     

     

    L’œil de la technique froide et mortuaire utilise les caméras pour percer les chairs, visualiser les os, scanner notre esprit. Dans la ville, étourdie, même les scarabées s’interrogent.. la météorite nous frôle.. Si le chaos s’installe dans une folie de radiations, nous sommes contraints de vivre une litanie sombre, perpétuelle et secrète. 

    (voyance)

    J.

     

     

     

    Dans les officines secrètes s’élabore un programme d’une redoutable et ridicule efficacité : provoquer le cosmos ! À partir de l’ADN du scarabée, les scientifiques ont mis au point une technique qui permettra d’éradiquer dans un grand souffle les villes et toute forme de vie ici-bas. Le 1er essai a dûment été filmé par de multiples caméras pour les archives. Il montre l’effet tout à fait réussi des radiations sur une girafe de laboratoire. Désormais, il ne reste plus que l’ultime étape : provoquer l’anéantissement planétaire par météorite téléguidée depuis la Terre. Congratulations dans le labo ! et tant pis pour les femmes et les enfants.

    L.

     

     

     

    Prévision de tempête solaire. La radiation a déréglé les saisons, paniqué les villes. La technique et la science auront raison de la planète. Les météorites ne font plus peur. Le monde craint désormais le soleil. Les caméras braquées sur le scarabée, dernier survivant de l’espèce animale avec une girafe en état de décomposition avancée, diffusent heure après heure son combat. Saura-t-il résister à la menace, l’ouragan de feu qui se prépare ?... À suivre, si les éléments le permettent !

    O.

     

     

     

    Les villes s’endorment arrogantes avec leurs bijoux dernier cri hyperconnectés, sans savoir que cette nuit des seins de l’antique Mère, le feu du vivant est sur le point de s’écouler. Une révolution secrète que nulle caméra de surveillance ne pourra arrêter. Le soleil, d’un seul jet de radiations, va balayer le soi-disant progrès de la modernité. Le scarabée s’est retourné, Dante et Van Gogh le savaient, le monde aura les oreilles coupées et quand la splendeur de l’aurore boréale nous réveillera dans un total silence technique, alors nous pourrons aller chanter et danser sous les météorites.

    C.

     

     

     

     

  • Atelier Collage & écriture du 31 janvier 2022

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    L.

     

    Continent_ savane_ traversée_ racines

     

     

    Je chante un autre continent, celui des  vastes étendues, des sorciers et des marabouts, de la savane brûlée de soleil et de ses secrets, le pays de mes racines. 

    Je chante les chèvres sauvages qui taillent les manguiers, le vert improbable de la saison des pluies, le rouge des crépuscules ; je chante au rythme des djembés, je tape sur les tôles rouillées.

    Un bateau qui n’est pas ma pirogue, m’attend au bord du fleuve. On m’a vendu un ailleurs que je n’affronterai pas, une traversée que je ne ferai pas.

    Je chante avec les griots. Quand je célèbre mes ancêtres et les grands oiseaux, ce sont mes pieds que j’ancre dans le sable.

    Miroir aux alouettes, liberté promise dans les abysses de l’Atlantique ! Puissent mes frères entendre ma chanson ! Je chante…

    O.

     

    *

     

    Nos racines sont présentes dans la Savane et la traversée du continent ravive nos origines présentes à tous les instants de notre vie. Les animaux à l’horizon nous rappellent la fuite du soleil, les hommes vont bientôt rentrer du travail, la journée s’achève "JETEZ VOUS A L’EAU ".

    J.

     

    *

     

    Le joueur d’orgues des savanes et le joueur de tôle des bidonvilles travaillent de concert pour donner de l’écho aux rêves de tout un continent dont les fortes racines sauront abattre toutes murailles diviseuses. Ils jouent à rendre chèvres les inquiets qui tremblent à l’idée farfelue d’un grand remplacement.

    Quelles que soient les traversées, chacun ne fait que rejoindre son centre. Voile soleil de l’espoir qui tel un phénix renait à chaque nouveau départ, voire noire du deuil qu’il faut aussi affronter. Quelle que soit l’embarcation, quelle que soit la forteresse, chacun à un moment doit se jeter à l’eau et jouer sa partition. La mort est un passage, nul mur ne peut le refermer, en attendant il faut vivre pleinement nos traversées. D’où que nous venions, où que nous allions, nous allons vers le centre, le cœur de ce qui nous est donné à vivre et à partager.

    C.

     

    *

     

    Partir pour le continent inconnu signifie que tu quittes tes racines pour chasser un rêve. Un rêve teinté de sang dilué dans la mer. Malgré tout, une force te pousse à abandonner la savane, ton cheptel qui se meurt, comme toi. À tenter la traversée comme d’autres avant toi. Malgré les passerelles dangereuses, les barrières dressées et les murs qui s’élèvent, tu te jettes à l’eau.

    L.

     

     

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    O.

     

    Trancher_ onirique_fantasque_lumière 

     

     

    La puissance de l’arme pointue, faite pour trancher, a-t-elle la faculté d’éliminer la vie, les animaux, l’art, la nature, les hommes ?.. C’est une question ; quelle réponse : notre puissance onirique et la lumière des temps obligeront ces rêves fantasques à s’évanouir en fumée, dans les étoiles de la nuit céleste. 

    J.

     

    *

     

    Dali trône en maître fantasque à l’entrée du musée. Son cabinet des curiosités construit à l’orée du bois est ouvert uniquement aux visiteurs égarés. Pour entrer, il faut passer le test du couteau. Cela consiste à trancher le fil invisible qui libèrera le rhinocéros. Le safari onirique peut alors commencer.

    Si tu enlèves les bottes du chat en t’éclairant simplement à la lumière d’une bougie, tu as passé avec succès la première épreuve. Ensuite, tu dois chevaucher deux poules en embuscade dans le temple maya et pour finir, reconstituer le centaure. Un petit indice tout de même pour cette dernière épreuve : l’homme et le cheval ne sont peut-être pas d’accord. 

    Tu termines la visite en caressant le rhinocéros que tu as libéré sans te faire tuer.

    L.

     

    *

     

    « — Surréel vous dites, cher professeur ?

     —  Absolument mon cher Salvador, commencez donc par suivre le Chat Botté qui vous indique le sentier.

     —  La quête initiatique, cher professeur, tourne vite au fantasque avec moi, je veux bien me prêter à vôtre petite expérience onirique mais je ne garantis pas le résultat. Regardez ces poules confucianistes et l’archer qui guette derrière l’arbre, j’en parierai mon rhinocéros d’ivoire qu’en avançant vers la lumière, elles finiront tranchées en offrande à une divinité étrange, probablement extra-terrestre.

     —  Pas si sûr, mon cher Salvador, pas si sûr ! Vous savez bien que les poules ne fondent pas comme les montres, je parie que nous les retrouverons bien installées sur le dos de votre rhinocéros, mais méfiez-vous plutôt de leurs œufs ! Qui sait ce qu’il pourrait bien en sortir, vous savez bien comment sont les poules quand elles trouvent un couteau. Méfiez-vous des œufs Salvador, méfiez-vous des œufs ! »

    C.

     

    *

     

    Rêve ou réalité ? Bric-à-brac figé, bribes de représentation ; mémoire onirique, pitreries de l’inconscient ou aigreurs du cœur ? 

    Un fatras de légendes où les empreintes primitives se mêlent aux souvenirs des lectures enfantines. Témoins de l’immobilisme ambiant , le chat botté, malgré ses bottes, dépossédé de son histoire, n’a plus de lieues à parcourir et Tintin n’aperçoit plus que des mirages. Un Pégase empêché, ni Minotaure, ni Centaure , liberté pétrifiée sous la bure rouge, assiste l’archer mythique, reflet du Sagittaire prêt à reprendre la guerre. Tout ce désordre sous la protection du Rhinocéros blanc à la colossale stature qui impose force et puissance mais appelle à la solitude contemplative.

    Inutile désormais de mesurer le temps, Dali a largué sa montre molle, rappel surréaliste pour embrouiller un peu plus les esprits. 

    Subsiste la flamme timide d’un photophore qui inviterait à sortir du marasme et imaginer un avenir. De même, au bout de la grotte ,une trouée mène vers la lumière, celle de l’extérieur, des arbres et des plantes ; la nature toujours en régénérescence ! Vie, mort, résurrection, c’est peut-être le sens de cette histoire fantasque  à moins qu’elle ne soit bonne qu’à trancher le cou des poules et que le couteau, dont je n’ai rien dit, ait le dernier mot !

    O.

     

     

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    J.

     

    Mosaïque_ diapré_ arche_ rêve

     

     

    Tenter la traversée. Passer l’arche et croire à demain. Kaléidoscope du temps qui s’enfuit, mosaïque diaprée, jeu de miroirs des souvenirs et des espérances. Fragments de vie déposés en offrande, conjuration des papiers collés, feuilles d’acanthe, croix du sud, bouts de vitraux, autant de talismans ou de prières secrètes pour atteindre mon rêve !

    O.

     

    *

     

    Le vitrail de la cathédrale du temps a explosé en une mosaïque de mille éclats. Seule, l’arche de l’édifice a résisté à la force du rêve. Éblouissements diaprés et reflets troubles de vies passées brouillent le regard. Les sens s’interpellent sans se comprendre. Seuls les visages comme les fleurs s’imposent de tout temps. 

    L.

     

    *

     

    Mosaïque du rêve… Lambeaux diaprés, enluminures et fleurs vives, l’histoire cousue et recousue sous son arche qui enjambe les temps. Pont, passage. Symbole de la quête et de la réconciliation. À l’intersection des lignes, imbrication des mémoires, tissage d’existences. Matière de l’art transmutée, signes et sens, petites fenêtres de sens, fractales du songe. Lamelles d’espoir sous le microscope de la création, l’avenir cherche sa direction : une paix moins incertaine.

    C.

     

     

    *

     

    Les  mosaïques de tous les instants s’imbriquent les unes dans les autres, petits bouts diaprés, de tout et de rien, c’est ainsi que la vie s’écoule lente, parfois fragile, parfois rieuse, parfois odieuse. 

    Néanmoins ces morceaux de vie, de réalité, de projets, peuvent apporter le réconfort et sérénité dans l’arche du rêve. 

    J.

     

     

     

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    C.

     

    Relaxation_ serres_ vie_ mémoire

     

     

    Les glaciers, le ciel pur et bleu embrassent  la terre. Et pourtant le masque de jade ne peut-il obscurcir la vie et la mémoire. Je vois la femme nue dans sa pureté, belle radieuse, en relaxation, pourtant a-t-elle la pleine conscience de sa vie ? Car son cœur n’est-il pas dans les serres de la mort. 

    J.

     

    *

     

    Le cercle polaire se fond dans l’univers. La vie sauvage, la course des planètes, le ciel, l’humanité nue ne font qu’un. Tout est là pour atteindre la plénitude. Les couleurs de la terre, tous les êtres et tous les paysages ouvrent une fenêtre de calme et de relaxation. Être là. Juste être là, présent au monde. Mais les serres, les crocs et les masques menacent. L’équilibre risque de perdre la mémoire.

    L.

     

    *

     

    Posée là au milieu de nulle part, dans les déserts blancs des glaciers polaires, Narcisse oublié(e) à l’ image déformée, comment prendre racine ? J’ai la mémoire d’une terre où les grands fauves et les oiseaux sauvages faisaient la loi. Je pliais sous leurs serres barbares, m’inventais une vie fantasque où la relaxation embrassait l’utopie. Il suffisait de remettre le masque pour croire au soleil et vagabonder à s’essouffler.

    Déposée là, nue au cœur d’un monde glacial, indifférente au monde, je ne crains ni les pingouins ni les hommes !

    O.

     

    *

     

    Entre spleen et idéal, le vivant dévale la pente. Entre la fonte des banquises et les rivières qui coulent tranquilles vers le couchant de l’utopie, le reflet de l’humanité se perd dans la gueule des bêtes acculées. On rêve à une déesse nue, une sauveuse écoféministe qui nous transfuserait l’art de la relaxation malgré les serres du stress qui nous déshumanise toujours plus, nous jette dans l’accélérateur de fin. La vie respire pourtant quelle que soit sa forme et de très anciennes mémoires s’apprêtent à refaire surface. Choisir ce que nous voulons sauver, mettre le cap sur de nouvelles façons d’être sur Terre… Emergency, emergency !

    C.

     

     

  • Atelier Collage & écriture du 25 octobre 2021

    2021.10.25 - Collage de Christine.jpg

    Ch.

     

    création_ miroir_ passage_ joker_ ombre_ jaillissement

     

     

    Qui est il, ce Joker aux multiples visages ?

    Longue silhouette aux entrailles vides qui hésite a emprunter ce passage entre noir et blanc, entre ancien et renouveau, entre ciel et racines.

    Que craint-il ? A t'il peur de voir son ombre dans un miroir, ou d'accepter le jaillissement de sa propre création ?

    L.

     

    *

     

    Au travers du miroir, se fraye le passage de l'ombre. Ainsi naît par ce jaillissement, la création du Joker lumineux.

    K.

     

    *

     

    Le joker à double face ombre son miroir d’un faux soleil. Les traits se brouillent et se dérobent. Le visage cherche le passage d’où viendra le jaillissement de la lumière. Peu importe qu’elle vienne de la voûte céleste d’une église ou de celle des arbres. Le monde sera alors sa création.

    Li.

     

     

    *

     

    Je pleure comme je ris, mi-ombre mi-lumière. Pourtant la vie fourmille, je la sens, je la guette. Je  devine un passage pour sortir de cet imbroglio, de ce nœud impossible à défaire sans l’aide des cathédrales. Je m’oblige à la création. Jaillissement ! Convertir les ténèbres en éclat… Je cherche dans les livres, je cherche dans les fleurs, je prie les dieux, me penche sur mon miroir : « Miroir, mon beau miroir… »

    Joker !

    O.

     

    *

     

    Dans le miroir de la création, tout jaillissement ouvre un passage. Bouquets de cathédrales, visages et forêts, la terre sur son axe a tellement de facettes. Côté noir, côté blanc, choisis ton joker, trouve la voie du milieu, le regard qui saura dénouer le nœud. Entre ombre et lumière, un chemin mène au cœur du sacré.

    C.

     

    *

     

    L’ombre du passé se fraie un passage vers le miroir. De sa rencontre avec le Joker qui l’y attend naîtra la Création en jaillissement.

    Ch.

     

     

     

    2021.10.25 - Collage de Laurette.jpg

    L.

     

    mystique_ matière_ matériau _grenier_ cœur_ mémoire

     

     

    Découvrez donc le cœur de ce grenier : il est la mémoire mystique de la matière ! Vous y trouverez tous les matériaux des Origines.

    Ch.

     

    *

     

    Dans le grenier sont les matériaux mystiques, matière qui fonde la mémoire de notre cœur.

    K.

     

    *

     

    L’enfant à la chevelure de plante se souvient, même si depuis longtemps sa mémoire est partie se perdre dans le cœur des livres. Il se souvient du grenier de sa grand-mère, les odeurs des matériaux qu’elle utilisait pour soulager les femmes et les bêtes du village. Il se souvient qu’on la traitait de mystique. Alors qu’elle ne faisait que mettre les matières de la nature en ordre.

    Li.

     

    *

     

    Vert, vert ! Je t’emmenais au grenier les jours de lumière, ces jours d’élans mystiques où je t’offrais mon cœur d’artichaut. A la recherche d’un trésor, nous fouillions les casiers où s’entassaient des manuscrits serrés. Il y avait matière à rêver dans tout ce fatras de souvenirs, ces objets abandonnés, ces matériaux entassés, mannequins oubliés, fleurs séchées ; j’ai gardé en mémoire cet endroit, ces instants, et cet éclairage si particulier… Vert, vert ! 

    O.

     

    *

     

    Dans le grenier de la mémoire, les matériaux se font mystère, dans le grenier de la mémoire, la matière devient mystique. Dans les petites alcôves, les souvenirs s’empilent, certains sentent la naphtaline et le muguet, d’autres le musc ou la mer. Dans le grenier de la mémoire, une couturière raccommode les fleurs séchées du cœur ; à force de le lancer, le dé du hasard a perdu ses points. Dans le grenier de la mémoire, il y a autant de poussière que de trésors et quelques traces de vie palpitent encore.

    C.

     

    *

     

    Le cœur-mémoire se souvient,

    des rêves entreposés, recouverts de poussière d'étoile,

    des archives mystiques, reléguées au fond du grenier,

    des matériaux et désirs calcifiés, issus des profondeurs.

    La mémoire du cœur attend le réveil de ces matières éteintes.

    L.

     

     

     

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    K.

     

    brisé_ besogne_ Nikita_ jalousie_ superflu_ brillance

     

     

    Face au superflu comme à la brillance, Nikita n’a qu’une seule besogne : même brisée, elle remplit sa mission de désintégration. La jalousie n’est pas son affaire : elle n’aspire qu’à une vie merveilleuse.

    Ch.

     

    *

     

    Elle se plaît à se plaindre, cette fausse Nikita,

    de sa galère quotidienne, de son ardue besogne.

     

    Cette femme brisée par sa jalousie qui convoite une vie merveilleuse,

    s'illusionne de brillance mais s'acharne à s'entourer de superflu.

    L.

     

    *

     

    Comment briser le cercle infernal de la pauvreté, de la misère ? Quand la multitude se tue à la besogne, d’autres, une poignée, dégueulent de luxe et de superflu, étalent la brillance de leur service en cristal de Bohème, s’avachissent sur leur yacht. « La jalousie envers ce qui brille n’est pas une solution. Je préconise la révolution» disait Nikita. 

    Li.

     

    *

     

    Nikita, Riquita, fleur de java. J’aimais le bal du samedi soir où tu m’emmenais après avoir troqué ton bleu de travail pour un costume de monsieur. Je sortais ma plus jolie blouse et nous jouions à la vie merveilleuse malgré l’âpre besogne de la journée qui nous avait rendu l’âme rugueuse et ma jalousie au creux du ventre à te voir papillonner et essayer d’exister. Mes rêves brisés comme ce verre, ce matin chez la comtesse. Tout ce superflu, ce luxe, cette brillance dont nous sommes exclus. Entends-tu ma révolte ?...

    O.

     

    *

     

    Nikita…. « Comment exister quand on doit se battre pour tout ? ». Une  vie merveilleuse, lui avait-il promis, le luxe, la vie en rose, le conte de fée occidental. Elle a tout laissé derrière elle, Nikita, la maison froide, son enfance de misère, son père alcoolisé, elle a tout laissé et elle a suivi celui qui lui faisait miroiter un avenir de princesse. Le superflu, la brillance, elle y croyait Nikita, elle voulait que tout son village en crève de jalousie, tous ceux qui l’avaient humiliée, alors elle l’a suivi le beau capitaine, elle l’a suivi tout droit en enfer quand sitôt arrivé au pays des merveilles, il l’a brisée et mise à la besogne. Nikita sur le trottoir. Nikita, la désintégration. Un révolver sur la tempe, Nikita suicidée.

    C.

     

    *

     

    Pourquoi du superflu naît la brillance ? Pourquoi du brisé naît la besogne ?

    Pour que Nikita soit exempte de jalousie et d'ignorance.

    K.

     

     

     

    collage du 25 octobre 21.jpg

    O.

     

    rotation_ transmission_ religion_ empreinte_ rond_ pêcheur

     

     

    L’empreinte du pêcheur tourne en rond : la transmission de sa religion dans le règne animal se heurte à la rotation du temps.

    Ch.

     

    *

     

    La rotation de la Terre dessine forcément un rond et ainsi le pécheur laisse son empreinte engendrant transmission et religion. 

    K.

     

    *

     

    Le monde en rotation perpétuelle laisse d’étranges empreintes. Dès le début, malgré la difficulté, chacun fait sont petit rond dans l’eau et pousse sa balle jusqu’au cœur des cibles. Et tout ça, ça avance, quel miracle ! Religion de l’improbable, l’homme et l’animal continuent la transmission… bien qu’ils soient l’hameçon au bout de la ligne du pêcheur.   

    Li.

     

    *

     

    Depuis sa naissance

    ce besoin de sacré

    une trace pour masquer les peurs

     

    Homme fier, intelligent

    créateur d'histoires, légendes

    religions

     

    Peu à peu l'amnésie, sans transmission

    il n'est pas plus qu'un poisson tiré hors de l'eau

    par un pêcheur qui s'amuse

     

    Ouvrant la bouche

    pour prendre de l'air

    il s'étouffe...

     

    S'il est chanceux, trop petit

    rejeté, il pourra retourner

    faire ses ronds tout étourdi

     

    Trop heureux de rentrer dans la danse

    hypnotisé par la rotation du banc de sardines

    il participe gaiement. Insouciant

     

    À son palais la blessure de l'hameçon

    en son cœur l'illusion

    de s'être échappé, sauvé

     

    Il tourne, tourne, oublie

    inconscient de la cible, l'empreinte

    qu'il porte sur le dos.

    L.

     

    *

     

    La roue du temps a laissé son empreinte. Le temps c’est de l’argent, lance l’émir en rotation sur le museau de l’otarie. C’est le loto de la vie, le pêcheur et sa pêche, tantôt miraculé, tantôt bredouille, tout est question de rotation, de courroie de transmission. Fourmis de toutes religions, vous tournez en rond ! Pour trouver l’issue, suivez les poissons, oubliez les écritures, les masques et les cibles, cherchez l’embouchure et débouchez sur le vaste océan de l’indifférencié.

    C.

     

    *

     

    Un tour de roue, encore un dans un monde qui ne tourne pas rond. Pauvres pêcheurs dans l’attente, dans l’espoir de la rédemption…Elles ont bon dos, les religions, les transmissions de pouvoir ! Tout est écrit depuis la nuit des temps. La vie grouille, dévore. Les fourmis s’engouffrent dans les signes cabalistiques, empêchent la rotation d’un pantin désarticulé. Celui-ci ne laissera aucune trace, aucune empreinte. Tourne le ballon sur le nez du phoque, tournent les heures anciennes, ici ou là, en Arabie… Peu importe de quel côté du globe, l’homme marche seul. Il cherche à ranimer le soleil. Il envisage la terre à l’envers, la vie à reculons ou encore se mêler aux poissons et aux cauris de nacre. Les dés sont pipés. Son nom est déjà inscrit sur la liste ; il tend le dos, cible promise à l’assassin.

    O.

     

     

     

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    Li.

     

    vie_ luxure_ voyage_ feu_ résilience_ temps

     

     

    La vie offre du temps pour la résilience pendant que la luxure du voyage attise le feu. 

    Ch.

     

    *

     

    Voyage, bel oiseau de feu,

    Brûle le temps, passe la vie,

    En luxure ou résilience.

    L.

     

    *

     

    La porte ouverte de l'esprit fait passer la résilience, la vie et la luxure. La résilience, ce feu qui pour un long temps, permet un autre voyage.

    K.

     

     

    Une vie de luxure et de voyages à l’aune du temps, ne vaut ni plus ni moins que le chemin des pénitents et les anges auront beau pisser sur le feu, seul l’oiseau du temps saura toquer au cœur quand viendra le moment d’emprunter la passerelle. Vers le haut ou vers le bas, lumière ou ténèbres, la vie reste un cactus de résilience.

    C.

     

    *

     

    Insouciante, je l’étais. J’offrais mes cuisses au soleil, rêvais de luxure, d’exotisme et d’improbables voyages.

    Une corneille noire, messagère du vent mauvais, a tout balayé .

    Ma vie s’est embrasée, foudre et  sang sous l’arche des flammes, le feu a tout dévasté.

    Je pisse comme je pleure, comme dit la chanson, sur le temps perdu, celui qui n’est plus.

    Je vaincrai mes nuits sans sommeil, mes trous noirs où poussent des cactus, j’accueillerai la résilience et lui construirai un temple !

    O.

     

    *

     

    Telle est la vie au début : un voyage dans le feu et la luxure. Tu n’es que de passage mais tu ne le sais pas. En équilibre sur une étroite passerelle, tu pisses sur les problèmes. Tu es jeune, elle est belle. Vous ne pensez pas à l’horloge, aux cactus, à la noirceur du corbeau. Il sera bien assez temps de penser à la résilience.

    Li.

     

     

     

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    C.

     

    Pensive_ douceur_ souvenir_ regard_ érotisme_ carnivore

     

     

    Le regard carnivore posé sur la douceur pensive fait émerger un souvenir d’érotisme. 

    Ch.

     

    *

     

    Femmes pensives,

    Yeux clos, souvenirs de douceur.

     

    Regards braqués,

    Dos tournés, douleur profonde.

     

    Érotisme carnivore

    L.

     

     

    Quoi de plus naturel que la douceur ? La lumineuse pensive aurait fait disparaître un souvenir nocif :

    tel un carnivore affamé

    telle une belle nuit d'érotisme.

    Tel un vif regard éblouissant.

    K.

     

    *

     

    La déprime, bête carnivore, te lacère le cerveau. Les mouchoirs s’accumulent dans la chambre. Loin des champs, de l’homme, tu restes pensive pendant un temps infini. Sans un regard sur ton corps, sans plus jamais aucune douceur sur tes seins. L’érotisme n’est plus qu’un souvenir.

    Li.

     

    *

     

    Tu me vois pensive ou les yeux fermés et me crois endormie. Je sens ton regard qui insiste sur ma peau. Je ne suis pas partie. Je nage, lascive, dans la douceur des souvenirs et voyage en territoires clandestins où l’érotisme serait carnivore. J’offre mon sein à la griffure sauvage. On essaie ? Je m’ennuie. Pantin désarticulé, femme oubliée, j’ai besoin d’air. La lumière derrière la fenêtre. Un rai d’espoir pour mes ailes déployées.

    O.

     

    *

     

    La femme est pensive, tant de vies vécues déjà, toujours à offrir sa douceur, amante, mère, sœur, fille de joie, toujours à taire sa douleur, à baisser le regard, à cacher l’ourse en elle, à la cacher au plus profond de ses forêts intimes, loin des chasseurs, dans un souvenir de cascade et de courses sauvages. La femme est pensive, son cœur brûle comme la Terre. Tant de vies vécues déjà, danse saccadée sur le métronome du temps, toujours à offrir son corps aux carnivores qui spéculent sur l’érotisme. Amantes, mère, sœurs, ourses de joies, ne baissez plus le regard.

    C.

     

     

     

     

  • Atelier Collage & écriture du 17 octobre 2021

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    O.

     

    crépuscule_totem_semer

     

     

    Il y a des villes qui hurlent à chaque coin de leurs rues et de bons chiens qui veillent sur les crépuscules. Il y a des villes qui crochètent leurs carrefours et des sorciers y sèment des totems où on retrouve accrochés, au petit matin, les rêves brisés de jeunes filles venues d’ailleurs colorés. Dans le labyrinthe des nuits, des murailles rougeoyantes enserrent des minotaures de paille. Dans les quartiers des quêtes louches, combien d’hommes carbonisés s’adossent au ciment des solitudes ?

    C.

     

     

     

    Crépuscule incertain d’un univers inventé où semer ne sert plus à rien. Toutes les croyances se sont évanouies. Reste le totem de pierre planté dans la terre, et quelque symbole et emblème qui ont su résister, une croix bigarrée, un masque de taureau, vestiges des forces perdues. Intervention impossible des naïades aux sources taries ; elles s’inscrivent pour une heure de piscine, mardi soir, à l’angle du boulevard, avant que le ciel ne se couvre de sang. J’entends déjà le cri de la nature qui fracasse le silence. Seul, le chien muet se souviendra. Immuable, il gardera un temple vide dans l’attente de l’improbable retour des peuples unis.

    O.

     

     

     

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    C.

     

     

    funambule_recherche_psychiatrie

     

     

    Funambule sur le fil des ailleurs, les rives m’attirent. Je jette ma ligne au gré du hasard, pêche un mouton qui bêle et crucifie mes nuits. Cauchemars où se battent nains de jardin et chouettes diaboliques en recherche de pouvoir. Prendre un avion. M’échapper. Oublier ton corps d’Apollon dont je suis prisonnière et tes émois affichés dignes de la psychiatrie. Partir. Loin de l’œil qui me cloue.

    O.

     

     

     

    Elle est folle, ils ont dit, je les ai entendus, ils ont dit qu’elle était folle, la pêcheuse de songes somnambule. La nuit, elle grimpe au mat du grand cirque, effrayée par les nains de son jardin dont les regards la poursuivent. « Noire Neige, Noire Neige », est-ce ainsi qu’ils l’appellent ? Elle grimpe au plus haut du chapiteau et cherche l’Homme parmi les moutons-garous qui hurlent et les avions de nuit. L’Homme, juste une image en somme et elle marche, funambule, entre la mort et l’amour, le détachement et la psychiatrie. Elle est folle, ils ont dit, elle est folle la pêcheuse de songes somnambule. La voilà pourtant bien tranquille, campée sur sa plage de galets. Qui sait ce qu’elle pêche, pêchera ou a pêché ?

    C.

     

     

     

    et deux textes sur un collage d'A.

     

    lumière_effervescence_ascension

     

     

    La vie, là, qui grouille, rumeur des marchés flottants. La vie, avec ses orages, ses ciels noirs à supporter mais aussi ses pleines lumières. Songer à quitter l’effervescence des vivants pour aller vers plus de clarté ! M’envoler vers les cieux.  Dans mon ascension, ceindre des anges de tulle blanc parsemé de fleur fraîches qui distilleraient  l’innocence. Plus de plafond au-dessus de ma tête. Juste le ciel ! Flotter, libérée…

    O.

     

     

    Désir d’ascension… Suivre le chemin de lumière, l’éveil des fleurs jusqu’à trouver la source de mon Extrême-Orient. Verticalité des tiges, je rêve les couleurs du jour, dans une effervescence d’espoir et le tumulte du cœur. Chaque nuit me ramène à un rêve de départ, je m’accroche, je plonge et m’élève à chaque pas.

    C.

     

     

     

  • Atelier Collage & écriture du 13 septembre 2021

     

     

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    K.

     

     

    Une explosion de vie, des tapis de couleurs, des fleurs acidulées, dans un kaléidoscope en accordéon. Celui de l’herboriste du coin de la rue qui fume une clope et boit son café d’un air désabusé. 

    J.

     

     

    Je me balade dans ton printemps, je le visite en herboriste curieuse au son d’un accordéon imaginaire. Chant de lumière et de miroirs à travers un kaléidoscope à géométrie variable. Marelle improbable de petits carrés brillants qui fredonnent la vie en rose.

    O.

     

     

    Mes yeux voient des tâches géométriques dispersées dans ce kaléidoscope coloré, parsemé de bouquets de fleurs variés d’herboristes.

    On semble voir fleurir le printemps mais cet œil sévère veut-il nous priver de la joie de nous emplir de toute cette lumière fortifiante ?

    S.

     

     

    La vie est comme le soufflet de l'accordéon.

    Elle est à géométrie variable.

    Le cycle des saisons amène le printemps; cet herboriste qui éclaire de sa lumière 

    Et permet de faire tourner le kaléidoscope de la vie.

    K.

     

     

    Aujourd’hui, c’est le printemps. La lumière et le son d’un accordéon filtrent à travers les persiennes. Alanguie sur des tapis profonds, tu bois la vie en rose. Ton œil au kaléidoscope s’extasie. Géométries mouvantes. Tu vis l’instant présent très longtemps. Tu n’as pas vu s’avancer la pénombre et le manque qui te submergent. L’herboriste du coin de la rue sera-t-il encore là ?

    L.

     

     

    Rideaux de perles bonbons, fractions de réalité à géométrie variable, visions kaléidoscopes, bouquets de lumière, labyrinthes phosphorescents en accordéons de printemps…

    Dans la tasse rose que nous a tendu l’herboriste, le breuvage n’était certainement pas que du thé ! Nous voilà, voyageant sur des tapis volants, l’œil fixe, pupilles dilatées. Les lièvres, la tortue, le serpent, nous invitent au cœur de la matière.

    Comment s’appelle-t-elle l’herboriste ? Oui, il se pourrait bien que ce soit Alice.

    C.

     

    *

     

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    J.

     

     

    Je comprends pourquoi ce chat est en colère… des gallinacées qui jouissent de toute liberté sous ses yeux… quel désordre !!! 

    Un coq ironique, une poule indifférente et l’oiseau haut perché toise tout ce monde à moins qu’il soit inquiet de voir le danger dans le lointain … pour lui, pas de mystère, notre Terre est en péril… 

    S.

     

     

    Parlons de mystère !!!

    Nous attendons une révolution mais l'ironie c'est qu'une minorité

    reste indifférente à cette liberté.

    Alors règne le désordre.

    K.

     

     

    L’ironie et le mystère de ces temps perturbés, génèrent le désordre dans l’indifférence. Notre planète demande que nous l’aimions et même les animaux résistent.. mais si peu. Une révolution des cerveaux, pour une liberté de la vie, est à clamer...

    J.

     

     

    Les corps en liberté dérisoire s’entassent sur la plage. Ils se cachent derrière des bouts de tissu. Oubliés la révolution sexuelle et Fritz le chat ! Tel un oiseau à l’ironie primesautière, je préfère regarder en face l’origine du monde, perchée sur mon échelle. Au fond du jardin, très loin de l’indifférence, je sens le joyeux désordre s’emparer de mes sens et niché au creux de mes reins ce picotement qui ne fait plus aucun mystère. Avec envie, je contemple par-dessus la haie, mon voisin nu au soleil.

    L.

     

     

    C’est l’histoire d’un mystère, celui de l’indifférence profonde. Je n’ai jamais su dire. Bouche muette, je crie ma révolte et ma colère, invente une révolution de plus, liberté chérie, en dessinant l’ironie du désordre de l’esclavagisme moderne. Concert de poules et d’oiseaux tonitruants, la basse-cour dit l’opinion qui rappelle une chanson, celle des poulaillers d’acajou. Tout le monde s’en fout : personne ne voit , personne n’entend !

    O.

     

     

    Dans le désordre d’un système devenu fou, où l’humain civilisé est un poulet arrogant qui se pavane sur les plages, où la bouche lisse des usines détruit les dernières réserves d’oxygène et où bientôt le brin d’herbe et l’oiseau ne seront plus qu’un souvenir, les chats de gouttière sortent la nuit et viennent pisser sur les murs des jets de couleurs indélébiles qui clament justice et liberté. Des chats sauvages qui fomentent aux pieds des échelles, des révolutions-mystères, des flammes vives, des pas de côté, qui trempent dans le rouge de leur colère, les bombes d’une inaliénable ironie.

    C.

     

     

    *

    Sylvie Collage.jpg

    S.

     

     

    La nature est exubérance ; les pratiques chamaniques en attestent.

    Ces pratiques d'or qui soignent les troubles d'une certaine Maëva.

    K.

     

    Les Maoris aujourd’hui, célèbre Maèva. Les fleurs de tiaré embaument, dans l’exubérance de la nature. La cérémonie chamanique trouble les participants. Le soir tombe sur l’or du ciel, les chants dureront toute la nuit. 

    J.

     

     

     

    L’appel hypnotique te pénètre. Tu rejoins sur le sable Maeva, déesse de l’exubérance, invoquée dans le trouble de la transe. La nature saupoudrée d’or, de parfums et de poudres chamaniques t’emporte au paradis.

    L.

     

     

    Maeva, ton exubérance nous éblouit, tu portes toute la beauté de la nature en te parant de trésors sortis des mers ou de la Terre…

    Trop de beauté appelle les esprits chamaniques, ces petits hommes rouges surgissant et ce ciel menaçant tombant nous troublent… Maeva reste avec nous … On veut croire que le monde peut être aussi beau !!!

    S.

     

     

    Incantation de feu. Danse du soleil. Sous l’influence des adjurations chamaniques, Maéva, l’enchanteresse, dégrafe l’exubérance de sa nature : explosion de fleurs et de coraux, jets de senteurs exquises. Je retiens l’or au creux de ma paume, l’or du temps que je sens glisser vers le lagon. Il enfante un trouble cristallin, m’entraîne dans un tourbillon sauvage, trop limpide pour m’y noyer.

    O.

     

     

    Maeva ferme les yeux, sent le sable sous ses pieds, la mer dans ses oreilles, le coeur-tambour. Maeva danse, le corps tatoué d’ocre rouge, elle danse et tourne et le ciel tourne avec elle. Les hommes frappent dans leurs mains et Maeva, femme nature, parée de fleurs, de coquillages, toute en courbes et exubérance, entre en transe. Rituel chamanique, cérémonie océanique, Maeva a de l’or plein les doigts, tous ceux qu’elle touche s’illuminent et les novices ont le regard qui se trouble. Maeva, Maeva déesse-étoile, se fond en eux, pollinise leur âme.

    C.

     

     

    *

     

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    O.

     

     

    La maison du sage est éclairée, les regards convergent vers la mer et la forêt des grands singes frissonnent. C’est là que se déclare l’origine du monde, le primitif ne doit pas être une fracture. Donner un sens à la vie moderne devra être respecté, car nos ancêtres vivent toujours en nous.

    J.

     

     

    Comme un idéogramme chinois en haut à droite du collage m'interpelle et m'évoque le caractère  "grand" en chinois constitué du caractère "homme ".

    Si l'on doit donner un sens à la vie, elle débuterait plutôt à l'origine par un mode primitif mais nous pouvons constater qu'une fracture est observable.

    K.

     

     

    Qui est-ce ? Lucie, notre bipède des origines…

    Regarde t-elle le Monde avec ce regard ensablé, voit elle que la vie humaine primitive qu’elle a vécu a tant évolué, créant bien des fractures … 

    Après ces millions d’années, comme elle, on cherche à survivre et le sens qui nous mènera à un Monde plus supportable.

    S.

     

     

    Les tombes et les non-humains sont des vestiges d’un monde primitif, premier. L’homme entraîne la civilisation dans sa course effrénée vers le mur. Mais il avance quand même tête baissée. Sans connaître le sens, malgré son GPS. Sans connaître la vie et le secret des origines. La fracture qui le pourfend, seul son regard la trahit.

    L.

     

     

    La grande fracture a divisé l’être humain, l’a déchiré entre la Terre et le monde. Sa quête arrogante de transcendance l’a égaré, il s’est détourné de lui-même, s’est coupé de sa nature et dans l’abîme qu’il a peu à peu creusé, croyant toucher aux cieux, il n’a saisi que matière morte. Il a perdu les savoirs primitifs, l’instinct de survie, la sagesse des plantes, le cœur animal connecté à celui de la Terre, ses battements, sa pulsation… Il a perdu le sens de sa vie, la boussole intérieure.

    C.

     

     

    Singe ou poisson, pattes ou nageoires, origines de l’évolution de l’homme ressassées à l’endroit ou à l’envers. Pauvre mémoire ancrée dans la peau pour tenter d’éradiquer le primitif et trouver un sens à la vie ! « De l’inconvénient d’être né » écrivait Cioran. Nous sommes tous des coups pour rien dans le ventre de la terre, nous nageons dans le placenta de l’absurde : blessures dès l’enfance, fractures ouvertes, grands fracas, séismes à fleur de vie, pendant que s’inscrivent le numérique, l’informatique et tous les hic pour réinventer le monde. 

    Singe ou poisson, la belle affaire !

    O.

     

     

    *

     

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    L.

     

     

    Portons un regard sur l'Occident : " quelle empreinte de vie l'humain laissera sur cette terre ?"

    K.

     

     

    Je vois les empreintes de la vie, dans tous ces regards humains.

    C’est un jeu, l’occident maintenant ressemble à un théâtre de masques.

    J.

     

     

     

    L’empreinte du pied, les regards tristes, animaux et humains, donnent de la vie à la matière terre qui est partout, seul un coin de ciel bleu de l’occident soulage cette oppression.

    S.

     

     

    Raconte-moi l’Occident comme le voient encore les humains, ceux qui savent les regards purs. Emmène-moi au creux de la terre où la vie existe encore. Insuffle-moi le désir ! Qu’il exulte, sans empreinte aucune ! Oublie les pitreries du clown blanc, raconte-moi l’espoir !

    O.

     

     

    Nombril, première empreinte indélébile. Avant la main sur la paroi et le pied dans la glaise de la grotte, premier abri des humains et des bêtes. La vie et la mort dépendent d’un regard. Chaque être a su trouver sa fragile place sur cette terre et disparaître sa tâche achevée. Et tout a recommencé.

    « C’est ainsi depuis la nuit des temps » dit l’homme sage. « Redeviens petit et humble mon ami clown Occident. Le nombril du monde, c’est l’abeille, pas ton dard venimeux ». 

    L.

     

     

    La ruche a perdu son miel, la main froide de la violence a marqué la Terre de son empreinte. Humain, sauras-tu soutenir le regard de l’animal que tu extermines ? La vie qui t’a été transmise depuis l’origine ? Cet ADN que t’ont légué tes ancêtres, a-t-il toujours été contaminé par ce gène de domination ? Ô toi, clown blanc d’Occident à la si grosse tête, si tu pouvais contempler ton crâne et voir à quel point il est vide quand il n’est plus connecté au tambour du vivant. Qu’as-tu fait de ta vie, humain, pourquoi as-tu laissé la ruche perdre son miel ?

    C.

     

     

    *

     

     

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    C.

     

     

    L’œil de notre monde visionne l’anachronisme et l’écartèlement de toutes ses richesses, il joue à colin-maillard en désignant une cible dans la malveillance. Cette épopée est cruelle et génère des décalages dans le jeu de la vie et dans notre futurisme.

    J.

     

     

    C’est le cas de le dire, nous jouons à colin-maillard dans cette société.

    Si la cible, c'est de vivre, drôle d'épopée entre l'écartèlement de nos vraies origines et ce monde futuriste.

    Quel anachronisme !

    K.

     

     

     

    Je ne comprends pas ce collage…

    Il en est ainsi d’œuvres trop complexes ou trop futuristes…

    Bien sûr cette cible centrée me dirige vers l’anachronisme entre la limousine flambante et cette dame d’un autre siècle jouant à colin-maillard…

    Faut il se transposer dans une épopée imaginaire pour y voir un sens ?

    Je comprends la démarche de l’artiste qui interpelle ou interroge…

    Pour moi il y a « écartèlement » entre le désir de rentrer dans l’œuvre et l’incapacité à la déchiffrer. Mais faut–il la déchiffrer ?

    S.

     

     

    Nous vivons une épopée formidable au futurisme et aux anachronismes assumés. Le western cyberpunk aborigène a rendez-vous avec la Mondaine. Tarantino et Robocop déboulent sur la planète du jeu de l’amour et du hasard. La mère de Cupidon joue à colin-maillard les fesses à l’air et prend pour cible un Spiderman lascif. Englué dans sa propre toile, il est en proie à l’écartèlement et s’interroge : « suis-je un homme ? Suis-je une femme ? »

    L.

     

     

    Partie de colin-maillard pour déjouer le temps de notre épopée infernale où nous confondons les anges et les démons. Je reste ta cible, même si tu t’enfermes, buté et muet, dans un futurisme inventé où la vie ne peut être qu’écartèlement. Quel avenir pour deux étrangers ? Ballotés par l’anachronisme de nos rêves, isolement ou légèreté, recul ou puissance, nous oublions la roue qui tourne. Le compte à rebours a commencé. Tic-tac. Pourtant, j’aime jouer à avancer vers toi, les yeux bandés.

    O.

     

     

    Sur son terrain de jeu, Homo sapiens joue à colin-maillard entre futurisme et anachronisme. Sa tragédie est cet écartèlement entre infiniment petit et infiniment grand, il chute au cœur de sa propre cible, rêve de déesses-mères dominatrices et d’angelots libres. L’épopée de la vie lui demeure un mystère, d’aussi loin qu’il se souvienne, il a toujours été habile à perdre la mémoire de son origine cosmique.

    C.

     

     

    *

    Un grand merci à toutes les participantes !

    PROCHAIN ATELIER EN OCTOBRE

     

     

     

  • Atelier collage & écriture du 24 juin 2021

     

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    O.

     

    Les sourires et les larmes côtoient les masques. 

    Est-ce cela être vivant ?  

    Traverser telle une marionnette le théâtre d’ombres et de lumières et mordre dans un monde sans queue, ni tête ?

     

    L.

     

    *

     

    Dans la tête, un monde vivant à croquer. Théâtre psychédélique, envers et endroit, visages et masques, esprits libres et corps marionnettes. Lotus et cavalcade dans la tête, un océan dans un bocal, des crocs prédateurs. Silhouettes et mots tempêtes, grands sages et grands fous. Jongler vivement avec des mots bâtisseurs, des mots voyageurs, des mots doux comme des tétons qui pointent. Dans la tête, une chaise et d'innombrables fenêtres. Des écritures tatouées tracent des lignes de fuite pour échapper à ce qui voudrait nous arraisonner, nous avaler, nous pétrifier. Dans la tête, tout un monde à mordre goulûment avant de le dissoudre.

     

    C.

     

    *

     

     

    Le monde est fou.

    Ronde des sorcières, pantins et arlequins.

    Prisonnière de châteaux imaginaires, je brode des marionnettes qu’engloutissent et dévorent les crocodiles.

    J’ai perdu la tête à mordre la vie. 

    J’ai chevauché à travers les steppes et les mémoires, survolé les mers sur le dos des grands oiseaux.

    La voix des masques est la plus forte.

    S’entêtent les mots-poignards pour mater l’illusion et rester vivante.

     

    O.

     

     

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    L.

     

     

    Je veux croire aux possibles sur ta drôle de planète.

    Frotte ton animalité à ma peau, serre-moi, trinquons à l’envie, à en faire crier les étoiles ! Mélangeons nos sucs !

    Je rêvais de voyages, d’immensités pâles. Regarde ces étendues moussues, ces lacs, ces rivières, toute cette eau que je sens couler dans nos veines.

    Oasis improbable. Havre de fraîcheur.

    Les ombres nomades ne sont plus ; la tendresse a jailli d’un fourré où murmurent les écureuils.

    Embrasse-moi ! 

     

    O.

     

    *

     

    Dans le trouble de l’eau, surgissent des mémoires très anciennes, imprégnées du suc d’une animalité pleine de tendresse. Voyage intra-imaginaire vers la source originelle. Planète douceur et nectar chlorophylle, l’envie d’être en vie. Au fil du courant, l’amour se faufile, ombre et lumière, anamnèse des espèces. Se retrouver inlassablement depuis l’aube première jusqu’à l’ultime baiser des météorites dans le doux berceau de l’incréé.

     

    C.

     

    *

     

    J’ai juste envie d’être là avec toi et de partager encore une fois nos mondes au creux des reins. Envie de retrouver notre planète d’eau et de sucs malgré les cratères. Et blottis dans notre écrin vert, de rire toujours des visites impromptues et malicieuses.

    Mais tu n’es pas là et je voyage seule. Le manque de tendresse réveille mon animalité et mon désir brûle comme un mirage.

     

    L.

     

     

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    C.

     

     

    Du livre magique surgit la lumière. Tu as pu encore une fois disparaître dans les fleurs du sofa. 

    L’échappée chaude comme l’or d’un baiser te fait voyager si loin que ton cœur flambeau chevauche des nébuleuses.

     

    L.

     

    *

     

    Tu m’as déposée là, dans ta lumière.

    Un seul baiser et j’ai pris goût à la douceur. 

    Touchée en plein cœur, je m’enfonce dans le sofa, au mépris du désir d’échappées.

    Je survis au milieu des cactus.

    Prison d’or et d’argent d’un Barbe-Bleue d’un printemps. 

    Où sont les clefs ?...

    Séduisant papillon, aide-moi !

    Joue-moi la petite cantate oubliée qui respirait la liberté et, sûr, je m’envole avec toi ! 

     

    O.

     

    *

     

    Ardence d’un baiser, son or, sa douceur, son piquant. Le cœur cavale, flamboie, le cœur s’ouvre et s’enflamme et ô joli papillon, ô fragile fleur sur sa tige penchée. Idéogramme des sens, marque de l’Éros qui cherche la trouée. Forgé comme une épée mystique, le cœur pourtant lassé des épines, se laisse jouer la partition des frissons. Évadé d’un sofa gorgé de fleurs, il chevauche la ligne de crête, cherche à bondir hors des cycles du déjà vécu. L’horizon pèse trop lourd sans la verticalité, sa part vive d’inconnu.

     

    C.

     

    *

     

  • Atelier "Collage & écriture" du 25 février 2020

     

    Chez Fourmillard à Cahors, un atelier collage libre, suivi d'une récolte de mots pour lancer dans la foulée l'atelier d'écriture. Voici donc les œuvres et les mots qu'elles auront inspiré.

     

    Merci à tous les participantes pour ce bon et chaleureux moment

    de concentration et de partage !

     

     

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    Al.

     

    Le compte à rebours est lancé. Rien à regretter. L’univers n’est pas assez vaste pour toi, qui es traversée par des sentiments extra-terrestres. Tout est exploration. Tu inventes des mondes aux couleurs de bonbons acidulés. Tu nous invites dans ton comics trip et ton rodéo cosmique finit dans ton jardin. Tu souris sûrement sous ton casque empli d’humour. C’est toi qui es dans le bocal.

    L.

     

     

    Aujourd'hui, il y a de l'humour dans l'Univers, beaucoup de rigolades et de sentiments heureux car les extra-terrestres en exploration s'amusent.

    J.

     

     

    L’extra-terrestre part à la conquête de l’univers ! C’est avec humour qu’il mène une exploration entre ciel, terre et mer où ses propres sentiments se mêlent.

    A.

     

     

    Elle partait pourtant bien cette exploration. Un sentiment de puissance nous pousse à explorer l’univers, mais il faudra beaucoup d’humour pour faire face à ces extra-terrestres.

    Al.

     

     

    Ils sont partis dans des fusées de turquoise, il y a de cela bien longtemps, pour aller voir s’il y avait dans l’univers, d’autres créatures dotées d’humour et de sentiments. L’exploration d’une multitude de planètes ne donna rien du tout, ils ne trouvèrent que des amibes insensibles et des poissons bougons. Aussi, ils retournèrent sur leur planète où ils ont raconté toutes leurs aventures et ils ont bien rigolé, tous ensemble, heureux, plein d’humour et de sentiments.

    C.

     

     

     

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    A.

     

     

    La mémoire voyage pour retrouver les racines du puzzle originel. La plénitude de l’oiseau, la sagesse de l’éléphant, la douceur de la lumière suivent les traces du passé retrouvé et chéri. Ou bien est-ce le présent ?

    L.

     

     

    Ce voyage intérieur est une bulle de douceur, de sagesse, rempli de plénitude, au cœur de ses racines.

    J.

     

     

    Elle le sait maintenant,  elle doit partir avec douceur et sagesse dans un voyage intérieur, toucher ses racines pour atteindre la plénitude.

    A.

     

     

    Mes racines me portent vers un voyage plein de sagesse. Elles nourrissent la douceur des souvenirs, la plénitude du présent.

    Al.

     

     

    Dans l’œil du pachyderme se reflète la mémoire de la Terre, sa peau est comme l’écorce de l’arbre, on peut y lire en braille. L’ange écarlate a révélé aux hommes qu’un seul œil d’éléphant contient tout le cosmos, que sa marche puise aux racines communes à tout le vivant, qu’il est un roi paisible et plein de sagesse qui montre le chemin. Celui qui voyage sur la piste de l’éléphant trouvera plénitude et douceur, son âme sera légère comme le vol des oiseaux-nuages et son cœur empli de lumière. Il sera un baume d’amour pour tous ceux qui croiseront sa route.

    C.

     

     

     

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    J.

     

     

    La cohorte humaine, triste et blafarde, se résigne à quitter la terre. La boucle est bouclée et les mondes inversés. La planète est devenue une prison - et sous l’œil médusé des poissons arc-en-ciel -  le cortège disparaît dans l’eau comme aux temps premiers. Pauvres poissons, vous ne savez pas encore qu’ils ont pourri ce monde où vous accostez pour survivre. Eux ignorent, aveugles qu’ils sont, qu’ils ont pourri le votre. Des profondeurs amniotiques déjà des plaintes s’élèvent. Et l’arc-en-ciel sur terre déjà se strie de noir.

    L.

     

     

    Notre planète souffre, elle voit en prison ses poissons dans l'eau de la mer souillée par l'homme, œil de la vie observe dans l'attente .... 

    J.

      

     

    Un soir, sur notre planète,  son œil grand ouvert au fond d’elle-même, elle s’échappe de sa prison pour rejoindre les profondeurs mouvementées de l’être.

    A.

     

     

    Ma planète est une prison. Un œil énorme nous observe, même dans les profondeurs de l’eau, il n’y a nul endroit où se cacher.

    Al.

     

     

    Sur la planète des Poissons, les humains sont de la nourriture. Parfois, ce sont des criminels entassés dans les prisons terriennes que des maffias revendent à la planète des Poissons ou de malchanceux humains capturés au bord des plages, des vacanciers, des travailleurs aquatiques, ou juste des malheureux qui trainaient, ces inconscients, la nuit au bord de l’eau et que l’œil des Poissons a repéré. Les Poissons de la planète des Poissons ont l’œil encore plus puissant que les plus puissants des télescopes terriens, ils peuvent voir partout dans l’univers et peuvent sonder la profondeur de tous les êtres. Les Poissons détestent les humains, sauf séchés saupoudrés sur leur plat de plancton ou à la plancha ou encore marinés crus puis roulés en sushis. Avant de les manger, ils les gardent dans des aquariums à barreaux avec vue sur l’amer.

    C.

     

     

      

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    L.

     

     

    Pas de limites, ni de barrières pour faire rire un enfant. Mais les villes et la mer bercent et écrasent à la fois. « N’aie pas peur ma fille ! Papa fait du kung-fu dans le cirque de la vie ». Et en deux temps, trois mouvements et pirouette cacahuète, il fait s’envoler les murs et les statues. « Pour que tu puisses voir la profondeur du monde en toute liberté, ma fille ».

    L.

     

    Un saut de puce pour la liberté, l'homme apporte son énergie, sans limite toujours au-dessus des barrières en mouvement.

     

    J.

     

     

    Derrière ses barrières et ses propres limites, son enfant intérieur contemple les mouvements du monde avec profondeur, elle attend la liberté.

    A.

     

     

    Il n’y a ni barrière, ni limite à la liberté. Si je reste en mouvement, je peux voir et entendre le monde en profondeur.

     Al.

     

     

    Ils ont construit des murs, ils ont construit des barrières, ils ont parlé de limites mais lui il a ri et il leur a montré ses mains, il leur a montré son cœur. Il a ri comme un enfant et les enfants ont crié : liberté ! Il a commencé à sauter, sauter, tourner, tourner sur lui-même, il a fait sans peur le saut périlleux, et la tête à l’envers, il a remis le monde à l’endroit. Les enfants ont alors crié : mouvement !

    Ils ont construit des murs, des barrières mais ne pourront jamais construire des limites à la liberté intérieure.

    C.

     

     

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    C.

     

     

    Au volant de ton bolide, dans un joyeux fouillis, tu traverses le monde. La main tendue attrape au passage les couleurs éclatantes. Chaque visage t’emporte vers un autre voyage. Et chaque découverte vers une autre émotion. Tu brûles les étapes et les décors de tes rêves défilent à toute allure. Si la Terre s’arrêtait de tourner un instant, tu pourrais te reposer en son sein.

    L.

      

    C'est un fouillis, d'où émerge une explosion de couleur, et dans la découverte du voyage il existe la main tendue vers la femme magnifique. 

    J.

     

    Partir en voyage c’est une main tendue vers la découverte, un fouillis de couleur et de souvenirs.

    Al.

     

      

    Dans le fouillis humain, l’essentiel d’une vie de couleur repose sur une main tendue, la découverte et le voyage.

    A.

     

     

    De sa main tendue, il recouvrit pudiquement le bassin dénudé de la geisha vahiné. La tête pleine de couleurs, il n’était pas au bout de ses découvertes. Parti d’Angleterre, il avait parcouru dans sa vieille voiture vert pomme, tous les continents, mais il restait absolument ébahie devant l’incroyable beauté de la geisha vahiné et il ne voulait plus que les touristes continuent à reluquer, irrespectueux, son beau corps dénudé dans le grand aquarium où elle était exhibée avec son amie dite « la vahiné à plateau », en compagnie de poissons rayés.

    C.

     

     

     

  • Atelier "Collage & écriture" du 23 janvier 2020

     

    Chez Fourmillard à Cahors, animé par moi-même toujours, un atelier collage libre, suivi d'une récolte de mots pour lancer dans la foulée l'atelier d'écriture. Voici donc les œuvres et les mots qu'elles auront inspiré.

    Merci à tous les participants pour leur enthousiasme !

     

     

    Collage JR janv 2020-page-001.jpg

    J.

     

     

    La profondeur du ciel génère la lumière, ailleurs se trouve la peur du rituel, mais l'amour de la vie est une obsession qui nous gardera en paix.

    J.

     

     

    L’obsession et la peur de la mort, s’éloignent avec les rituels de la vie, une petite flamme nous éclaire les chemins de l’ailleurs

    R.

     

    Toujours fuir. Partir pour sauver sa famille. Toujours la même peur, les mêmes rituels, talismans et totems. L’obsession lancinante de la mort accompagne tout au long du chemin. Pourtant, comme une lueur fragile, l’innocence de l’enfance rêve d’un ailleurs de sérénité.

    L.

    Assise nue sur un tabouret haut, elle contemple les bougies, cherche le calme en elle, la paix qui tarde à venir tellement la peur est là, dans le ventre et elle voudrait qu’elle s’en aille. Elle respire, fait le vide, cherche l’oubli, que cette obsession de la mort la quitte enfin. Elle ferme les yeux, se projette ailleurs : rituel de purification, rituel de libération. Partir et laisser les morts reposer. En paix, en paix, trouver la paix. Obsession.

    C.

     

     

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    R.

     

    L'homme de la lumière permet la vie à l'art, généreux et coloré il crée dans l'absolu de sa générosité.

    J.

     

    L’art illumine la vie mais une petite lumière suffit à révéler la grandeur, la beauté et le mystère de l’Homme.

    R.

     

    Le regard s’égare. Multiple et insaisissable, la lumière telle un joyau éclate en mille morceaux. En état de grâce, l’homme  traverse la vie kaléidoscopique jusqu’à la mort. Du grand art !

    L.

     

    La flamme de la création habite l’homme depuis sa plus tendre enfance. De la naissance à la mort, créateur, procréateur, il éclaire la vie de sa lumière intérieure. Artiste, c’est de sa semence qu’il féconde son art, de son énergie, de sa puissance, il défie la mort. Créateur jusqu’à sa dernière heure, chacune de ses œuvres, aussi infime soit elle, est un joyau qui illumine le monde.

    C.

     

     

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    L.

     

    Dans les abysses du cosmos se trouve une déesse qui récolte le blé du mystère pour nourrir nos vies.

    J.

     

    La déesse des abysses, s’interroge, sur le mystère du cosmos

    R.

     

    Née du cosmos et des abysses, la terre-mer n’en finit pas de livrer ses mystères en offrande. Telle la déesse de la vie, chaleureuse et claire, la femme planète est toujours là. Bien là.

    L.

     

    Du plus profond des abysses, remonte, palier par pallier, le mystère des origines, jusqu’à toucher la cime des cimes, englober tout le vivant, toutes les créatures, tous les règnes. De l’aven  au cosmos, veille la Grande Mère originelle, qui tient entre ses doigts le fil de la vie. Elle donne et reprend selon les cycles immémoriaux. Du plus profond des abysses jusqu’aux étoiles : flux et reflux d’un amour inconditionnel.

    C.

     

     

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    C.

     

    La terre source de vie protège les siens, malgré la profondeur et l'attente des songes, un regard peut tout changer.

    J.

     

    Dans l’attente du songe, la profondeur du regard, scrute la beauté de l’hiver».

    R.

     

    Rêverie de la femme en rouge, rousse comme le renard. Elle songe au jeune homme triste. Elle a croisé son regard : profondeur de lune. Et depuis le désir, fait de cuir, de griffes et de cris, la cloue dans l’attente de la nuit.

    L.

     

    Elle songe la belle renarde, elle songe, juchée sur la lune a son amant coiffé comme un poisson, aux banquises cosmiques, au champagne, aux pattes de poulets et aux dents de lion. Elle songe la belle renarde vêtue de rouge à son sac usé de secrets et aux mystères bridés de son Extrême-Orient. Elle songe à la flamme dans la froidure de l’hiver et contemple la grande débâcle de son cœur.

    C.

     

     

    Merci à vous tous ! Ce fut encore un très bel atelier !

     

     

     

     

  • Atelier "Collage & écriture" du 26 novembre

     

    Chez Fourmillard à Cahors, encore et animé par moi-même, un atelier collage libre, suivi d'une récolte de mots pour lancer dans la foulée l'atelier d'écriture. Voici donc les œuvres et la quasi-totalité des textes qu'elles auront inspiré, les manquants seront rajoutés bientôt. Merci à toutes les participantes pour leur enthousiasme !

     

     

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    L.

     

     

    Jolie tortue, accompagne-moi

    sur mon chemin de vertige

    Ma maison est si calme

    Dans l’orange de ma Vie

    A-G.

     

    *

     

    Elle avait décidé d'aller se promener dans la cité, au calme.

    Elle prenait toujours le même chemin,

    celui qui l'amenait vers la maison de Ludo.

    Ludo possédait une tortue qui vivait en liberté dans son jardin.

    Ludo était beau. Son sourire faisait chavirer son cœur.
    Elle mit une feuille de salade dans sa poche... pour la tortue.

    C'était le prétexte pour voir Ludo, pour lui parler.

    A-M.

     

    *

     

    Une tortue présomptueuse a repéré l’orange perchée retenue par les feuilles d’aloe vera.

    Même pas peur ! Pour se donner de l’élan, croit-elle, il lui faut s’élever un peu sur une colonne,  en direction du but à atteindre et garder tout son flegme.

    J.

     

     

    *

     

    Quand tu sors de la ville, regarde devant et avance sur le chemin. Libère tes pieds et tes rêves et laisse-les te guider vers le calme. Marche tout doucement, ainsi tu auras le temps de voir, au-delà des fenêtres et des murs, le parc s’échapper. Alors, la forêt chaude et humide comme une orange s’ouvrira devant toi. Suis la tortue, sinon tu auras le vertige. 

    L.

     

     

     

     

    *

     

    Vertige de la ville, de sa folie des grandeurs, de sa fureur de réussite, ses bunkers, ses cages, sa croissance, sa vitesse… Tirer sa vie comme un chien en laisse, fatigué, un chien mutant, un chien rouillé. Prendre le chemin de la lenteur, le chemin calme. Renouer avec le rythme de la tortue qui a tout son temps. Sortir du monde, retourner sur la Terre et trouver ce refuge où on peut s’asseoir tranquillement sous un arbre pour déguster une orange.

    C.

     

     

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    J.

     

     

    Je t’offre un baiser

    Au nom de mon émotion

    Que me procure ta posture

    Devant le déchirement de ton portrait

    A-G.

     

     

    *

     

    Elle rêvait de ses baisers.
    Elle les attendait avec impatience.
    Chacune de leur séparations était un déchirement.

    Les moments passés sans lui la rendaient mélancolique.

    Elle restait cloîtrée chez elle, à rêver à son retour.

    Chacun de ses retours était un feu d’artifice.

    A-M.

     

    *

     

    La rupture laisse pantelant. Les émotions, la vie explosent en fragments : du premier baiser au déchirement. Le portrait dans le miroir peut sourire, les postures s’alanguirent, rien n’y fait. Les aiguilles de la douleur s’agitent encore.

    L.

     

     

    *

     

    Ça fait longtemps qu’elle cherche, la bonne posture, le meilleur profil, être belle, désirable. Poser nue face à l’objectif, danser, oser laisser sortir les émotions pour ne plus errer seule dans son désert intime. Étrange désert en pointillés… Trouver la paix, la sérénité. S’ouvrir, à l’autre, à lui, pourquoi pas ? Ne pas reculer, ne pas avoir peur de souffrir encore. Sortir de ce déchirement qui l’empêche de se laisser aller. Oser. Qu’importe la beauté, le désir, juste la confiance. Juste retrouver son centre. Son juste centre.

    C.

     

    *

     

    Déchirement de la séparation. Elle cherche l’oubli, adopte une posture d’abandon après son départ définitif.

    Introspection et réflexion l’invitent à calmer ce trop plein d’émotions. Elle fixe encore son portrait, là sur la commode, comme en hypnose. Elle avait été heureuse, comblée, pense à leurs baisers…Non, cela n’avait pas été un mirage.

    Plus tard, elle cherchera l’apaisement dans la méditation, comme il avait su l’initier. Ce sera sa façon de le rejoindre.

    J.

     

     

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    A-G.

     

     

    Quelle abondance me murmure mon âme

    Va vers l’Asie en voyage

    Rencontre la jungle et les coquillages

    Et reviens évoquer ce doux présage

     

    A-G.

     

     

    *

     

    Enfin, elle avait réalisé son rêve :  elle était en Asie.

    Quel pays merveilleux !  Quelle abondance ! Que de mystères !

    Que de couleurs !

    Elle avait bien fait de partir, de s'éloigner de cet homme une fois pour toutes.

    Elle avait emporté sa machine à écrire, celle que son père lui avait offerte.

    Elle allait enfin pouvoir écrire ce roman qui lui trottait dans la tête depuis des années.

    Elle  avait loué une maison pour six mois pour prendre son temps,  pour ne pas être tentée de rentrer.

     

    A-M.

     

     

    *

     

    L’Asie offre des jungles, paysages variés en abondance. Invitation au voyage en permanence

    Où l’esprit curieux est sollicité à chaque pas et cherche à le traduire par des mots.

     

    J.

     

     

    *

     

    C’est un roman écrit il y a très longtemps. La jungle a recouvert le début de l’histoire mais les pierres, les coquillages témoignent. La nature regorge. Mais aujourd’hui, à part l’homme et la femme, rien n’est plus comme avant. L’abondance fait s’écrouler le monde. Le sourire sculpté et énigmatique d’Asie plane, voyage au dessus du chemin parcouru et distille un hypnotique « Restons zen ! ».

    L.

     

     

    *

     

    Maison silencieuse, feu dans la cheminée. Machine à écrire, boîte de chocolats. Rester quelques instants, les yeux fermés, que l’esprit se pose et laisser venir l’inspiration… La couleur, l’envol, le voyage… Un parfum d’Asie vient chatouiller ses narines, effluves, coquillages, oiseaux, chatoiements, chaleur, jungle de sensations… Elle la tient sa corne d’abondance, imaginaire en expansion, l’automne est loin, le portail s’ouvre grand : entre un éternel été.

    C.

     

     

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    A-M.

     

     

    Elles étaient Elles

    Les femmes au féminin

    Elles étaient rêve

    Ces danseuses au singulier

     

    A-G.

     

    *

     

    Elle dansait la vie.
    Elle dansait pour toutes celles qui souffraient, toutes celles qui pleuraient, toutes celles qu’on enchaînait.

    Elle dansait pour toutes les femmes heureuses, pour toutes celles malheureuses.
    Elle dansait pour leur vie,

    pour les cœurs en joie, pour les cœurs en peine, pour les cœurs déchirés, pour les cœurs unis.

    Depuis toute petite, elle dansait.

     

    A-M.

     

    *

     

    Les jeunes ados aujourd’hui regardent en souriant la danseuse de Degas pour la rapprocher de leurs propres danses endiablées.

    Bien qu’elles se sentent féminines, leurs modes de vie en partie libérée les conduisent sur d’autres chemins, d’autres exigences, aspirations.

     

    J.

     

     

    *

     

    Petite fille, tu rêves d’être danseuse, ensuite tu rêves à l’amour. Quelques heures plus tard, te voilà sur le plancher des vaches en guise de parquet de danse. Et tu traines derrière toi toutes les femmes, féminins rêvés, accomplis ou non. Tu es elles toutes.

     

    L.

     

     

    *

     

    Elles, multiples, uniques, magnifiques, Elles, plurielles. Danseuses sur le fil de l’éternel féminin. Elles, filles, mères, grand-mères, solidaires. Mêmes bonheurs, mêmes souffrances, même quête de douceur, d’harmonie. Elles, fragiles, Elles, puissantes, splendides et offertes. Femmes, chacune, toutes, aux couleurs du monde.

     

    C.

     

     

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    C.

     

     

    Aïe j’ai mal à ma pudeur

    Moi qui rêve de douceur

    Pose le sparadrap sur ton couple

    Le coton ne sera plus une entourloupe

    A-G.

     

     

    *

     

    Petite, on l'empêchait toujours de parler.

    C'était comme si on lui avait mis un sparadrap sur la bouche.

    La douceur, elle ne la connaissait pas.

    Alors, elle la rêvait.

    On disait d'elle qu'elle était toujours dans les nuages.

    Et c'était vrai.

    Elle rêvait pour s'évader, elle rêvait pour parler, pour chanter.

     

    A-M.

     

    *

     

    Univers cotonneux, douceur assurée, où il est question de couple en osmose qui rêve de voyages, de tendresse…

    C’est oublier le chaton jaloux et ombrageux qui, pour se venger d’être remisé aux oubliettes,

    À grands coups de griffe, oblige l’infortuné à se couvrir de sparadraps.

     

    J.

     

    *

     

    Vision irréelle du paradis sur terre. Les nuages de coton entourent le couple de douceur moelleuse. L’enfant parfait paraît, c’est un ange ! Dans la solitude de la salle de bains, pourtant, chacun rêve d’un nouveau départ. Avec qui ? Sur quel bateau ? Au réveil, la vie reprend son cours, faite d’accumulation de sparadraps. Seul le chat de la maison n’a pas de ces états d’âme, il attend serein que l’oiseau rentre dans sa cage.

    L.

     

     

    *

     

    Dans le sang, ça coule encore les rêves de voyages inaccomplis, les blessures ancestrales, les parents disparus, les petites coupures à l’âme. Besoin de panser la tête, d’arrêter de penser. Coton, douceur, sparadrap, le rêve d’un cocon, d’un nid, d’une maison, un nid pour deux, un nid avec elle, la belle, dans lequel il se laisserait bercer, où il accepterait de montrer sa fragilité. Un rêve de couple parfait où Cupidon est un beau bébé aux fesses rebondies. L’amour tout doux et tranquille comme un chat endormi. Une petite maison bleue, un rêve oui mais la peur aussi, la peur de la cage qui se dissimule derrière, la cage où l’oiseau sera pris.

    C.

     

     

     

     

     

     

  • Atelier "Collage & écriture" à Cahors

     

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    Chez Fourmillard, 60 rue du Portail d'Alban à Cahors.

    Animé par Cathy Garcia Canalès.

    Deuxième atelier collage & écriture, un vrai moment de détente où on se laisse aller et porter par notre imaginaire : réalisation d'un collage qui lui-même deviendra source d'inspiration pour l'écriture d'un texte Venez vous surprendre, nul besoin de savoir faire, juste prendre plaisir à...

    tarif : 15 euros (13,50 pour les adhérents)


    Inscription obligatoire avant le 22 novembre :

    https://www.facebook.com/events/498039500781541/

     

     

     

  • Atelier "collage & écriture" du 17 octobre

     

     

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    L.

     

     

    La plante du pied, racine, enfouie dans la douceur des draperies. Le pied qui touche terre, pied humain dégagé de la matrice pour aller marcher sur la terre, toutes les terres. Voyages, rencontres, traces et empreintes dans tous les sols, chaines humaines liées, tissées sous un seul et même soleil. Couleurs, textures, espoirs. Humains circulant comme le sang dans les veines, pérégrinations, pèlerinages, transhumance, exodes. Tous issus d’une même mère, reliée au cordon ombilical de la Terre. Marcheurs en quête de sagesse, exilés en quête de repos.

    Humanité tissée qui trop souvent s’effiloche, dénigrant ses couleurs, sa multiplicité, l’incroyable diversité de ses richesses et la simplicité de ces quelques mots : « Viens, entre, c’est ouvert, qui que tu sois, sois le bienvenu. ».

    La plante du pied, résonnance, tambour de la marche qui nous relie d’un bout à l’autre de la trame. Racines nomades qui devraient pouvoir fleurir partout où le sol les accueille.

     

    C.

     

    *

     

    L’homme revient chez lui. Dans la lumière et les dessins des temples, il a retrouvé le chemin. Sa peau a bruni. Sa maison a changé.

    Dans son foyer, les draperies du lit et la femme ont faim de la nouvelle peau de l’homme.

    L’envie voyage des lèvres aux seins.

    Il gravit l’escalier. Son pied est sûr. Il sait, il sent le désir.

    Dans l’alcôve, berceau de la vie, les tissus et la peau susurrent.

    L’homme sourit.

     

    L.

     

     

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    C.

     

    Pachamama, Terre Mère, te voici en colère. Esprits de la nature qui veillez à l’équilibre, vous voici en colère. Les volcans explosent, les rivières débordent, les sources tarissent, les montagnes et le ciel s’effondrent. Ô vous les Gardiens, esprits totems, vos regards nous foudroient, nous avons réveillé la Santa Muerte, l’avenir est de cendres et de suie, le passage de plus en plus étroit. Puissent les plumes de la sagesse effleurer nos esprits car nos fronts seront marqués par la griffe, la vieille griffe de la Terre, l’antédiluvienne griffe et par la blessure s’engouffreront tous les oiseaux, tous les animaux, toutes les eaux, toutes les flammes. Par la blessure nous ne feront plus qu’un avec toi Pachamama, Terre Mère. Ceux qui survivront seront volcans avec les volcans, lynx avec les lynx, tigres avec les tigres, ceux qui survivront toucheront l’horizon du bout de leurs ailes.

    Esprits totems, les enfants de la Terre apaiseront sa colère et berceront la Santa Muerte jusqu’à ce qu’elle se rendorme et reprenne sa place de gardienne des rêves, d’un nouveau rêve, une nouvelle source. Un nouveau pacte de la vie avec elle-même.

    C.

     

    *

     

    La terre aux temps premiers.

    Pierres, glace, eau

    animaux et chaos

    frémissements et griffes.

    La lune, visage de lait,

    douce comme la plume

    ne sait pas encore la mort.

    Mais tout est là déjà

    frôlement d’aile.

    C’est la source naturelle

    et la porte d’entrée.

    Les côtes étincelantes

    et le crâne ricanant

    disent le chemin à suivre.

    Les animaux attentifs

    le savent bien, tout recommence

    c’est écrit dans le paysage

    évident.

    L’homme-lune sans regard

    flotte au-dessus de l’univers,

    confiant.

     

    L.

     

     

     

     

  • Atelier collage & écriture à Cahors

     

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    animé par moi-même

    à la boutique Fourmillard 60 rue du Portail d'Alban à Cahors

     


    Dans un premier temps, quelques pistes seront données pour se laisser porter ensuite par l'inspiration pour réaliser un collage, qui lui-même deviendra une source d'inspiration pour l'écriture. Un échange post-atelier par mail sera possible pour finaliser l'écriture.


    tarif : 15 euros (13,50 pour les adhérents)


    Inscription obligatoire par mail avant le 15 octobre : mc.gc@orange.fr

     

     

     

     

  • Atelier d'écriture "Immersion dans le réel" : les textes

     

    Voici trois textes produits lors de l'atelier "Immersion dans le réel", animé par moi-même dans le cadre du collectif Fourmillard, sur Cahors, le 5 septembre dernier. Pour le plaisir du partage de cette expérience qui fut des plus intéressantes et qui sera très certainement renouvelée.  

     

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    (photo : patoufette)

     

     

    Déambulations

     

    Petit square, végétalisé par la main de l'homme.  Assise sur un banc métallique, je vois, j'entends, je respire. Je goûte seulement à la tranquillité des lieux ; enfin, pas tout à fait ! Non loin d'ici me parviennent les bruits de la ville, et surtout le vrombissement des moteurs automobiles. Deux éléments m'interrogent et appellent mon regard : le gigantisme d'une statue de pierre, un centaure tout droit venu de la mythologie grecque, figé, érigé, scellé depuis et pour des siècles. Et ces escaliers agrémentés d'une voute végétale : où peuvent bien conduire ces larges marches descendantes, dont je ne distingue d'ici que la pénombre, un début d'obscurité...

    Dans le vent bruissant et frissonnant, passants anonymes et pigeons s'animent au cœur du petit square. Mais toi, mon amie perdue, inanimée, évanouie, volatilisée pour toujours dans une nuée de cendre, qu'il m'eut plu de te retrouver ici, de manière impromptue. De t'apercevoir, d'entendre ton rire si familier, si distinctif et qui claironne encore à mes oreilles. Oh oui, t'apercevoir seulement, seulement pour infirmer, pour démentir cette absence de l'amie, à la vie à la mort. Me suffit-il de penser : jusqu'à la mienne tu continueras de vibrer, d'exister pour moi. Alors, peu importe si ton rire n'a pas résonné au cours de cette visite au cœur de Cahors.

     

    Cathédrale Saint Étienne : neuf-cent ans d'histoire chrétienne. Pause en son cloître. Que de formes, que de matériaux employés pour une esthétique parfois disharmonieuse ; au sommet de ses colonnes sculptées : gargouilles, parfois méconnaissables tant l'usure des siècles a fait son œuvre. Édifice en pavés du Quercy - blanc, beige, gris - parfois noircis par le Temps et les frottements. Mon regard vers le ciel, cette envie irrépressible d'échapper à ces lieux dits sacrés ; mais celle, irrésistible, d'aller à la rencontre du souvenir de Vous. Vous mes si chers cousins, catholiques de confession et qui ont si chaleureusement, si joyeusement agrémenté ma vie des décennies durant. Tous "partis". Toute orpheline je reste. Dans ce cloître cadurcien, il m'importait de me relier à vous par le cœur et en pensée. Que vous m'entendiez, j'en doute un peu, et même beaucoup ! Mais que je vous l'dise quand même : votre "Absence" de ma vie me laisse un goût de profonde mélancolie. La vie donnée. La vie reprise, comme le souffle du vent, que la nature engendre et livre à son destin. A quoi bon prier ?... Mon athéisme n'entend rien à cela. Hermétique, mais par tant de sensations humaines habitée, alertée, démultipliée. Vivante.

    Vivante, vibrante cette placette moderne au sol pavé. Toute encadrée de hautes façades érigées et de divers petits commerces au niveau inférieur. Cernée encore de mille et hautes fenêtres, d'où une  légère sensation d'enfermement. Un lieu urbain donc et aménagé pour les besoins des citadins ; y trône aussi quelques spécimens végétaux majestueux aux nombreuses ramifications conduisant au feuillage. Lui-même enguirlandés comme il l'est au cœur de l'été, doivent s'y donner quelques réjouissances nocturnes pour le plaisir des Cadurciens ou estivants de passages.

    Sous ce carré bleu du ciel, nous quatre, assis en terrasse pour y prendre une collation, achevant ainsi notre déambulation dans ce cœur de ville. Réflexifs encore puisque dernière étape de cet atelier d'écriture quelque peu improvisé. Les bruits divers mais continus, le souffle de l'air qui circule de part en part, vient ventiler nos poumons et vivifier notre esprit. Nous seulement faisons silence, car la circulation automobile, incessante, l'écho des voix humaines et même animales tout autour de cette brasserie Velvet emplissent nos oreilles sans discontinuer.

    Tous les sens en éveil. Toute  liberté de penser, de ressentir, de voir, de toucher, d'entendre, de goûter, mais... une liberté assiégée, conditionnée par le contexte, les circonstances du lieu,  du vacarme ambiant, de sa population, de cette agitation propre à la vie citadine : peu appropriée à l'activité intellectuelle en général.

    Retour à la boutique d'Artisanat local où nous ferons lecture des annotations sensitives de chacun. Moments de partage aussi utiles qu'inspirants ; que tout pratiquant peut non seulement comprendre mais apprécier. L'écriture ne se nourrit-elle pas d'échanges, de voyages au sens large, d'émotions, de sentiments, d'expériences, de sensations en tous genres... Oui ! les Passionnés, les "Mordus" de la plume savent bien tout ça !

     

    M-A

     

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    (auteur inconnu)

     

     

    Entre les murs

     

    La ville petite s’est rétrécie : un jardin public, un cloître, un café sur une place. Partout des murs. Pour protéger les pigeons à mes pieds ou pour enfermer le bruit du vent.

    Dans le jardin petit, une rose toute seule, bouge, dodeline sur sa tige érigée vers le ciel. Têtue, elle dit oui, oui, oui au vert, au pourpre, à l’odeur d’épice, tenace. Dans le jardin carré, un centaure dans un carré de terre s’enracine, sans racines. Autour, d’autres carrés de terre imitent un jardin. Le centaure  au corps couleur platane ne bouge pas. Il écoute le silence, entre deux voitures, pas souvent. Au dessus du jardin petit, les briques des maisons sont bien rangées. Elles sont réfractaires au bruit des voix dans la rue et aux bourrasques de vent qui s’agitent dans les feuilles. Une porte en bois s’ouvre toute seule. Les nuages passent très vite, le soleil aussi. Un homme âgé avance avec prudence, il a l’expérience. Son caniche est gris de cheveux aussi. Un pigeon précède deux touristes, un homme, puis sa femme. Tous les trois marchent  à la queue leu leu. Le pigeon est très fier de leur faire visiter le jardin petit. Les pigeons reviennent plus nombreux à mes pieds. Certains nettoient leurs plumes. Ils font comme chez eux, les plantes au pied du centaure sont constellées de chiures blanches.

    Bien protégé, le jardin est entouré de murs en verre, en pierre, de routes. Les plantes ont des barricades. Je sens la grande fraîcheur sous les arbres, la peau frissonne comme les feuilles. Un athlète traverse le jardin petit comme une flèche, il l’a déjà oublié. Je sors aussi. La rose dit toujours oui.

    La ville petite semble encore avoir rapetissée. Au pied de la cathédrale, on dirait un petit enfant. Anciennes terreurs ressurgies de la nuit, sans doute.

    Je passe du jour au noir pour rejoindre le cloître. Odeur d’égout quand la cloche sonne. Le lieu est habité par les chuchotements et les plaintes d’éléphants. Orgue improvisé par les machines sur le toit. Des ouvriers perchés quelque part derrière des bâches orchestrent la litanie. Atonale et envoutante.    

    Dans le cloitre carré, un autre carré de jardin petit. Le bruit des pas dans le gravier de l’allée est assourdissant. L’herbe est bien gardée. Une plante pousse en l’air. Les autres sont bien rangées, géométriques. Le reste de la végétation : mousses pourrissantes et plantes mortes en exposition. A nouveau les cloches. Toujours le dégoût. Je me heurte aux portes fermées, aux barreaux, aux fenêtres occultées par des planches. Silence. Retour des éléphants majestueux.

    Solitaire, sur le gris, un tuyau de cuivre flambant neuf attire l’envie de couleur. Des vitraux répondent avec du ciel dedans. Les colonnes de pierre se veulent légères aussi. Elles sont rugueuses et froides. Pour ne pas oublier, on voit bien la grande croix de bois. Au dessus, des personnages facétieux tiennent un toit avec leur tête. Je cherche l’issue, le soleil. Je lève les yeux. Pour l’éternité, Quasimodo crie sans bruit. Je trouve un peu de lumière et d’air, sans odeur. Une fenêtre ouverte vers le soleil, très haut, invite la chaleur à entrer dans une boule de verre.

    Je ressors. Je n’ai vu aucun oiseau dans le carré rangé du cloître. Dehors, j’ai plaisir à retrouver l’odeur d’épice. La peau est mise en exergue par le soleil.

    La ville petite est vivante et simple. Tout n’est pas loin.

    Sur la place petite, la terrasse du café tend ses tables vers moi, la vie circule ou s’installe. Le vent nous a suivis. Tout le monde a voulu venir ici : un enfant et son papy dans un portable, un livreur pour la pharmacie, les bruits de vaisselle, les voitures, les vélos. Ça crisse, ça chuinte, les portières claquent comme les rires, la musique en passant, un mégaphone incompréhensible. Les cloches avec des rires cette fois-ci. Des moteurs. Ça pue. Silence pendant trente secondes. Ma langue pétille, le diabolo menthe religieusement. Deux hommes mangent leur quatre heures : frites et autre chose qui les rend forts. Ils sont concentrés.

    La place de la Libération est encerclée de bâtisses. Cerné, le vent veut s’en aller maintenant. Il cherche à sortir la tête haute en agitant le drapeau français. Rien n’y fait, il tourne en rond, s’agrippe à un sèche-linge sur un balcon rouillé, le linge bat de l’aile sur place. Il attrape tout ce qu’il peut : des moulins crécellent à toute vitesse, un papillon géant attaché aux fils électriques essaye de s’envoler, odeurs de poisson, de cigarette, de la musique… il envoie tout en l’air. Il tourne en rond sur la place petite sans trouver la libération. Retour dans le drapeau français. Je vois, comme lui, la rue étroite avec un arbre au bout. Un cow-boy arrive. Mais non, il erre sur la place petite et repart par la rue étroite avec un arbre au bout. Le vent s’est engouffré derrière lui. J’ai envie de le suivre.

     

    L.

     

     

    *

     

    Immersion dans le réel

     

    Traversant la place, nous croisons le petit train touristique et son guide dans le haut-parleur nasillard. L’improbable mais bien réel convoi nous suit alors, puis nous dépasse. Nous entrons dans l’enceinte du parc tandis qu’il poursuit son périple perpétuel, laissant la parole aux cloches qui sonnent, implacables, le temps qui passe ici-bas.

     

    Nous y voilà. Le parc petit, le banc où je suis assise avec dans mon dos le bourdon agressif de la circulation, puis soudain une vague dans les arbres : le vent avec sa présence animale, réconfortante, qui se frotte aux poumons. Une dame plutôt âgée passe près de mon banc, ce bruit que font les semelles quand elles grattent le gravier. L’entrée du parc, en face, est comme une entrée en scène : celle de trois hommes et une femme. L’un deux en t-shirt vert a des lunettes suspendues à l’encolure, de celles qui ont la couleur des yeux de mouche. Puis entre, un autre homme, sportif, short noir, baskets, les yeux rivés sur son portable. Le vent toujours semble vouloir nous dire quelque chose. Peut-être à propos de notre insignifiance. C’est du vent, dit-on, comme si nous ignorions sa puissance.

     

    Une dame, la démarche à la fois tranquille et assurée, contourne mon banc et passe devant, sa longue jupe flotte au vent tandis qu’elle s’arrête devant la boîte à lire. Quelque chose de digne et profond émane d’elle. Un pigeon se dandine, s'approche sans crainte, tandis que je surprends dans une grande façade vitrée, le vol vif des hirondelles et le coq d’une girouette qui au plus haut perché, se permet de tutoyer les nuages.

     

    Deux jeunes femmes se sont arrêtées près d’un bac d’aromatiques, elles hument, charmées, le parfum que la menthe a laissé sur leurs doigts. De l’autre côté, un caniche gris, au bout d’une longue laisse, pisse sur un triangle de pelouse. Un gang de pigeon tourne autour de son maître dont un bouquet d’arbres ne me laisse entrevoir qu’un bras et une montre mais pas la main qui tient la laisse. Le gang de pigeons, se foutant bien des montres, se dirige droit sur moi. Me racketterait bien de quelques miettes si j’en avais. Au sol : une multitude de mégots non comestibles.

     

    Entre une jeune fille en robe bleu roi et lunettes de soleil, nous échangeons un sourire. Puis arrivent en sens inverse, deux dames aux cheveux argentés, dynamiques. L’une d’elle dit à l’autre : « je n’ai pas vu la pub, d’habitude ils en parlent à la télé » et le vent vient balayer la suite.

     

    Les gens, dans un mouvement quasi incessant, fendent le parc, mains dans les poches ou transportant un ou plusieurs sacs ou bras le long du corps, quand ils n’ont pas un portable greffé à la main. Sur le tour de ville derrière moi, le déplacement des autos, plus incessant encore, mais le parc a une présence qui semble cependant plus forte qu’elles. Circulation de sève. Le ciel est bleu parcouru de nuages en transhumance, les arbres bougent comme des voiles. Sur mon banc, immobile, je voyage aussi.

     

    Un papillon blanc comme une page : apparu, disparu, au milieu des plantes. Une légère odeur de cigarette me picote les narines, des corbeaux ont quelque chose à dire. Un homme accompagné d’un autre cherche un livre dans la boîte à lire qui n’y est plus, douceur et amour semblent les envelopper.

     

    Le parc, petit et un sentiment de paix : je pourrais rester là encore longtemps à sentir la vie tout autour de moi.

     

    Nous quittons le parc, marchons en silence, les sens déployés, vers la cathédrale. Ses parties les plus hautes sont quadrillées d’échafaudages et bandées de toile de protection grisâtre et légèrement transparente. Curieux cocon. Le bourdonnement d’une machine, à tailler ou à poncer, met une ambiance bizarre. À l’intérieur même de la cathédrale, la résonance est impressionnante, comme la vibration futuriste d’un autre monde plutôt inquiétant, oppressant. Cela m’évoque dans un flash, un tableau de Zdzisław Beksiński.

     

    Nous ressortons aussitôt, du côté du cloître. Cloître, claustrum, clôture. Autant je n’aime pas les clôtures, autant je n’ai jamais détesté les cloîtres. Paradoxe. Ou peut-être parce qu’ils sont comme un refuge dans la ville.

     

    Peu de monde, les pas résonnent posément sous les voûtes des galeries, les cloches sonnent trois heures. Dans le quadrilatère central, à ciel ouvert, de mornes buis taillés en lignes droites au plus près du sol : certains gardent la marque de dévoration des pyrales. Un assemblage étrange de cartons peints, de mousse défraîchie et autres plantes coupées, sert de présentoir pour des têtes de licornes  imprimées, découpées, peintes et collées elles aussi sur du carton : des enfants sont passés par là mais leur vivacité a vite disparu, n’en reste qu’un emballage vide. Au centre du quadrilatère, un cercle de buis garde des lavandes encore en fleurs, mais les lieux sentent la vieille pierre et la pisse plus que les fleurs. C’est décevant. Il manque le murmure d’une fontaine pour irriguer ce cœur lourd et asséché.

     

    Cloître. Lieu de recueillement et de déambulation où les gens parlent à voix basse, comme si cela s’imposait, mais les travaux sur la cathédrale ne respectent pas la règle. Sur un des piliers, un dragon me montre sa croupe, sur un autre, un sphinx semble attendre pour l’éternité, une question qui ne viendra plus. La pierre noircie par le temps, porte le poids de ses chaînes. Au sol : des galets alignés, sertis dans un ciment, galets de rivière, chacun d’eux prisonnier, bien rangé, à sa place… Rêvent-ils d’être roulés à nouveau par les eaux ?

     

    Soudain, le soleil vient illuminer une série d’arcades, les sculptures des chapiteaux prennent du relief, les figures plus haut sur la corniche deviennent plus expressives. Si elles n’étaient pas muettes, qui sait tout qu’elles pourraient nous dire ? Côté soleil, le clair calcaire du mur bas sur lequel reposent les piliers, est chaude. J’y pose la main et pense aussitôt à toutes les mains qui s’y sont déjà posées. Chaînes humaines.

     

    Les espaces clos sont faits pour en sortir, nous retraversons la cathédrale, je lève les yeux vers la vaste coupole. J’ai toujours aimé aussi les coupoles, ce ciel fait à main d’hommes, si féminin.

     

    Il est temps de regagner la vie urbaine. Retrouver la place en pente, toute en longueur, celle dite de la Libération et s’installer en terrasse de café. Les sens sont à nouveau surchargés d’informations. Une voix d’enfant parle fort dans le portable du grand-père. Sous la croix verte clignotante de la pharmacie, la température de la ville : 23°. Pas de fièvre, juste une petite brise légère qui fait penser au bord de mer. Un vélo a les freins grinçants et revient le petit train qui déroule sa dictée monotone à sa cargaison de touristes. Devant la terrasse, une voiture rouge s’arrête, le conducteur sort en laissant une passagère à l’avant et un chien à l’arrière. Il revient vite pour ne pas créer de bouchon, nuire à son prochain, car déjà une autre voiture est là. Voitures, voitures… Ici ce sont elles qui dominent.

     

    Les cloches sonnent, une fois. Passent des baskets étincelants de paillettes, pantalon rayé, sac bleu éclatant, les couleurs que les humains arborent comme des plumages, que racontent-elles ?

     

    Tasse de café, chaleur, amertume sur la langue, de celle qui réveille. Un moulin à vent géant multicolore tourne, ne tourne plus, tourne encore… Décalé. Plumages encore : veste jaune, basket blancs, veste bleu, sandales noires, les couleurs vives ne sont pas si fréquentes. « Gris et noir ça ferait chic », dit une passante à son compagnon, bribes de paroles saisies au vol. La mini-jupe en skaï beige d’une jeune femme rutile au soleil, attire l’attention. Le regard serait-il une pie ?

     

    Une voiture blanche est heureuse de montrer qu’elle a une boite à rythme sous le capot. Des poches en plastique, des papiers, blancs eux aussi, traînent par terre, désœuvrés, s’agitent comme des pigeons. A l’autre bout de la place, un homme en t-shirt rouge assis sur des marches, parle très fort dans son téléphone et sa main libre parle aussi vivement, le rouge est une couleur énergique. Une femme passe, elle aussi au téléphone, conversations intimes qui n’ont plus rien d’intime.

                                                                                                                                       

    Deux jeunes hommes quittent la table d’à-côté, le plus grand me sourit, un beau sourire franc. Un autre jeune homme plus bas sur la place passe avec deux grands chiens en laisse, un homme âgé avec deux petits qui trottinent librement. Évolution naturelle.

     

    Une rue en pente débouche sans prévenir sur la place, frôlements tendus de voitures mais pas encore de tôles froissées. L’homme en t-shirt rouge s’est levé, parle toujours très fort au téléphone, puis sort de scène, remplacé par un couple de cyclistes. L’homme, casque sur la tête, la femme, casque au guidon. Le moindre détail peut en dire long, ouvre la porte à l’interprétation. Un autre couple de cyclistes, plus âgé, marche, chacun poussant son vélo.

     

    Dès que le ballet automobile s’arrête un instant, les voix humaines aussitôt habitent les lieux, mais les moteurs reprennent vite le dessus. Peut-être pour cela que certains parlent si fort au téléphone. Un moineau sous la table, minuscule : apparu, disparu. A t-il vraiment été là ou bien était-ce le fantôme d’un passé révolu ?

     

    Un petit chien au bout d’une laisse rouge ne cesse de se gratter, tandis que ses humains boivent un coup sans prêter aucune attention à son problème. Deux autres petits chiens, blancs et grassouillets, sont attachés à un couple, celui de la femme n’est pas autorisé à suivre sa maîtresse dans le bureau de tabac, il doit attendre sagement dehors avec le maître en t-shirt rose. Plumage pas si commun chez le mâle de notre espèce. Voilà que Mr t-shirt rouge réapparaît sur scène, il ne parle plus au téléphone, il a l’air un peu perdu. Apparu, disparu.

     

    Il est temps de quitter à notre tour la salle d’immersion dans le réel. 

     

    C.

     

     

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    (photo non contractuelle, la Dépêche)