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MES NOTES DE LECTURE : LITTÉRATURE JEUNESSE - Page 2

  • Mouztic d'Emmanuelle Eeckhout

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    Voilà un album plein de tendresse et de malice qui fleure bon le printemps avec ses couleurs vives. L’auteur en est également l’illustratrice. Mouztic est une petite moustique d’un beau vert pomme, qui a beaucoup d’imagination car elle lit beaucoup de livres et tout le monde sait que lire beaucoup de livres, non seulement ça rend beau et intelligent, mais ça ouvre aussi et surtout les grands tiroirs de l’imaginaire que chacun a dans sa tête.

    Seulement voilà, si les livres nourrissent bien le cœur et la tête, le ventre lui a besoin de nourriture un peu plus terrestre, et la petite Mouztic va devoir quitter le cœur d’une superbe et confortable fleur pour aller chercher pitance. Prêts pour l’envol ?

    Nous suivons Mouztic, dont les lunettes lui donnent un air d’intellectuelle aviatrice, jusqu’au pied, c’est le cas de le dire, de merveilleux ronds et à croquer petits gros orteils, qui semblent somnoler à côté d’un joli ballon. Voilà un déélizieux repas en perspective quand zoudain une énooooorme main très effrayante se précipite, doigt en avant, sur la minuscule Mouztic ! Va-t-elle ze faire ratatiner ? Mais non, rappelez-vous, Mouztic a beaucoup d’imazination, cela dit on ne va pas tout vous dire, pour connaître la zuite, il faut lire ce zoli petit livre, drôle et rigolo, zi, zi, avec des zillustrations vraiment très, très zolies de fleur bien rouge, d’herbe bien verte, et d’un petit garçon qui pour une fois est le géant de l’histoire.

    Grâce à ce livre, les enfants apprendront que l’on peut s’amuser avec la langue, inventer celle des moustiques, juste en changeant quelques lettres et comprendre tout aussi bien ce qui nous est raconté. Cela peut donner des idées pour inventer d’autres langues, par exemple celle du ssssssssssssserpent ou du chmiaouuu ou du ro-bo-t, bref, avoir comme la petite Mouztic beaucoup, beaucoup d’imazination !

     

    Cathy Garcia

     

    AVT_Emmanuelle-Eeckhout_3783.jpgEmmanuelle Eeckhout, née en 1976 à Charleroi, en Belgique, dessine depuis toute petite sur le moindre morceau de papier trouvé. Après des études d’illustration à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles, elle travaille dans une bibliothèque publique, section jeunesse, ce qui lui permet de regarder un nombre impressionnant d’ouvrages. Emmanuelle Eeckhout a reçu le prix SCAM Illustration/Littérature jeunesse 2009 à la Foire du livre de Bruxelles.

     

     

    Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/emmanuelle-eeckhout

  • Chien pourri de Colas Gutman

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    illustrations Marc Boutavant,
    L'école des loisirs, mai 2013
    55 pages, 8 €    

     

    Que peut-on attendre de la vie, quand on est né dans une poubelle ? Des puces, des mouches, une terrible odeur de sardine et un affreux pelage, genre vieille moquette râpée ? Et bien oui, c’est ça la vie pourrie de Chien Pourri. Il est tellement pourri, qu’il fait fuir les enfants et qu’on n’en voudrait même pas pour paillasson. Chien Pourri n’a donc pas d’amis. Enfin si, un seul, c’est Chaplapla, autre estropié de la vie, passé sous les roues d’un camion à l’âge de trois mois. Chaplapla aime bien Chien Pourri mais malheureusement non seulement il est moche et il pue la sardine, mais Chien Pourri est aussi très bête…

    On joue à chat ? Ben non, je suis un chien. Alors à chat perché ? Ben non, je ne suis pas un arbre.

    Alors que peut-on bien attendre de la vie dans de telles conditions ? Un maître ! Le jour ou Chaplapla lui apprend que les chiens ont des laisses parce qu’ils ont des maîtres, Chien Pourri n’a plus qu’un rêve en tête, en avoir un, lui aussi. Alors, il quitte son ami et sa poubelle, pour se lancer dans le vaste monde, disons la vaste ville, à la recherche d’un maître. Il ne doute pas une seconde de pouvoir en trouver un, car Chien Pourri est certes puant, moche et bête mais il est aussi doux, serviable et affectueux.

    Hélas, ce n’est pas le cas de bon nombre d’humains dans ce vaste monde, disons cette vaste ville… De péripéties en péripéties, ou disons de vilains pièges en encore plus vilains pièges, Chien Pourri, sans jamais perdre ne serait-ce qu’une seconde son incroyable naïveté, finira par retrouver son ami Chaplapla au Musée des Horreurs, et avec lui d’autres malheureuses créatures, prêtes à être vendues par de méchants bandits, à des collectionneurs empailleurs ou pire… Heureusement, la petite fille aux chaussures sans lacet et aux croquettes qui font dormir n’est pas si méchante, elle aussi a été enlevée par les méchants bandits. Alors Chien Pourri, moche, puant, bête, doux, serviable et affectueux, va faire preuve également de flair et de bravoure et peut-être en fin de compte, trouvera-t-il le maître de ses rêves, voire bien mieux que ça !

    Un livre à lire en famille, mais aussi tout seul pour les enfants qui aiment déjà le faire. De belles illustrations de qualité, dont certaines s’intègrent dans la lecture, ce qui est plutôt original. Une histoire drôle et plein de rebondissements, où on comprend si on ne le savait pas déjà que ce qui compte dans la vie, ce n’est pas de quoi on a l’air mais ce qu’on a dans le cœur et que grâce à l’entraide et l’amitié, tout le monde peut se surpasser. C’est vrai quoi, ce n’est pas parce qu’on est né dans une poubelle, qu’on ne peut pas voir ses rêves se réaliser ! Parole de Chien Pourri !

     

    Cathy Garcia

      

    colas gutman.gifColas Gutman est né en 1972 Paris. Il a fait une école de théâtre dans laquelle il a rencontré un metteur en scène qui quittait un poste de rédacteur à France 5. Au culot, il l’a remplacé et a pris goût, peu à peu, à l’écriture. C’est un garçon constant qui écrit ses romans exactement dans les conditions où, plus jeune, il faisait ses devoirs : allongé sur son lit ou assis, avec une BD en guise de sous-main. Comme quoi, inconfort et précarité sont les père et mère d’hilarité.

    Bibliographie :

    Roi comme papa Gay, Mouche, 2006

    Rex, ma tortue, Deiss Mouche, 2006

    Inséparables (Les), Neuf, 2007

    Mon frère est un singe, Neuf, 2007

    Chaussettes de l’archiduchesse (Les), Poussier, Mouche, 2007

    Il va y avoir du sport mais moi je reste tranquille, (collectif), Medium, 2008

    Journal d’un garçon, Médium, 2008

    Aventures de Pinpin l’extraterrestre (Les), Deiss, Mouche, 2008

    Rose, Neuf, 2009

    Je ne sais pas dessiner (auteur et illustrateur), Mouche, 2009

    Vie avant moi (La), Perret, Mouche, 2010

    Super-héros n’ont pas le vertige (Les), Neuf, 2010

    Enfant (L’), Perret, Mouche, 2011

    Vingt-cinq vies de Sandra Bullot (Les), Médium, 2012

    Princesse aux petits doigts (La), Boutavant, Mouche, 2012

     

    Marc Boutavant, né en 1970 à Dijon, est auteur, illustrateur, graphiste, auteur de bande dessinée. Il a illustré un grand nombre d’ouvrages chez différents éditeurs. Il est notamment le créateur de la série Mouk (Mila éditions) et avec Emmanuel Guibert de la bande dessinée Ariol et ses amis (Bayard, J’aime lire).

     

     

    Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/chien-pourri-colas-gutman

     

  • Planète Larklight de Philip Reeve

             Planete-Larklight_large.jpg

     illustré par David Wyatt, traduit de l’anglais par Jean Esch, Folio (Gallimard), janvier 2013

    415 pages, 18,30 €

     

    Nous sommes en plein cœur du XIXème siècle, la construction du Crystal Palace est en cours pour accueillir la première grande exposition universelle à Londres. Arthur Mumby et sa sœur, qui ont perdu leur mère, vivent seuls avec leur père, un scientifique spécialiste en xénologie, sur une lointaine orbite. Et ceci, littéralement, car Arthur et Myrtle habitent Larklight, une étrange maison-vaisseau un peu délabrée, qui appartenait à la famille de leur mère, avec pour s’occuper d’eux et de la maison, quelques domestiques mécaniques d’un modèle un peu ancien, dont un automajordome en forme de chaudière nommé Raleigh, et des Porcs Voltigeurs, parfaits pour le ménage. Tout cela n’a rien d’exceptionnel à une époque où, grâce à Isaac Newton, les voyages dans l’espace sont des plus communs et les planètes et l’éther fort habités par toutes sortes de créatures. Les vaisseaux se déplacent tout naturellement grâce à l’alchimie et il y a des comptoirs de commerce un peu partout.

    C’est comme ça que Philip Reeve nous propulse dans une odyssée haletante, baignée d’une atmosphère des plus steampunk, que Jules Verne aurait, sans aucun doute, adoré. La question qui se pose au fur et à mesure que l’on avance dans le livre, c’est « mais où va-t-il chercher tout ça ? ». En effet, l’auteur fait preuve d’une imagination absolument époustouflante, avec une profusion de détails d’une richesse inouïe, qui fait que nous ne pouvons que nous immerger totalement dans l’histoire et y croire. Impossible de s’ennuyer une seconde, c’est du grand roman d’aventure. Un régal ! Après avoir posé le décor de Larklight, très rapidement, l’auteur y amène Mr Webster, un mystérieux visiteur qui va faire basculer Arthur et Myrtle, bien malgré eux, dans une série de péripéties extraordinaires et très souvent terrifiantes. Après s’être échoués sur la face cachée de la lune et avoir failli servir de repas aux larves affamées d’une Mite Potière, ils seront sauvés par le jeune pirate Jack Havock et son équipage hors du commun. C’est le moins qu’on puisse dire, puisqu’il est composé d’une lézarde bleue spécialiste en alchimie, d’un crabe géant, d’un Ionien trapu à quatre bras, de deux Jumeaux Tentacules, sorte d’anémones de mer sur pattes qui roucoulent comme des oiseaux et d’un lutin très grossier. Tout ce joli monde vit de rapines en naviguant dans l’éther à bord du Sophronia. Accepter leur aide sera un véritable calvaire pour Miss Myrtle, une jeune fille tout de même très anglaise et très distinguée, mais la vie réserve souvent des surprises de taille, et chacun peut se surprendre lui-même dans des circonstances fort difficiles. Ici, elles s’enchaîneront à la vitesse de la lumière de notre lampe de chevet, à même de réveiller, même chez le plus blasé des lecteurs, – adultes n’hésitez pas ! – l’enthousiasme et le goût du rêve qui demeurent tout au fond de nous. Un petit bémol peut-être, arachnophobes s’abstenir si vous le pouvez, mais je doute que quiconque puisse reposer ce livre, une fois qu’il l’aura commencé !

     

    Cathy Garcia

     

     

    ps : et en plus ils sont en train d'en faire un film, et ce bouquin est vraiment géniaaaaaaaaaaaaaaal !

     

     

    PhilipReeve2008.pngPhilip Reeve est né et a grandi à Brighton, où il a travaillé pendant de nombreuses années comme libraire, tout en commençant à coécrire, produire et mettre en scène des pièces de théâtre à petit budget. Passionné par l’écriture depuis son enfance, Philip Reeve est également illustrateur et a mis en images environ quarante livres pour enfants, dont plusieurs best-sellers couronnés de nombreux prix.

     

     

     

    Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/planete-larklight-philip-reeve-2

  • Un mur sur une poule de Baum – Dedieu

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    Gulfstream éditeur, avril 2013.

    18 pages, 11 €.

     

     

    Un chouette album poético-rigolo sur un sujet qui l’est beaucoup moins. Comment de la célèbre jolie, mignonne, petite comptine « Une poule sur un mur », on en arrive à « Un mur sur une poule » ? Une poule sur un mur, ça va, mais mille poules entre quatre murs ? On se retrouve avec des furies carnivores prêtent à dévorer un fermier, et comme le dit le titre de cette chouette collection d’albums, « ce que tu fais à la nature, la nature te le rendra » et il n’est jamais trop tôt, ni trop tard, chers parents, pour apprendre cette sagesse-là. Ce qui n’empêche pas de se régaler avec cet album et ses beaux dessins éclatants sur fond noir. Un remake écolo intelligent de vieille comptine à mettre entre toutes les mains !

     

     

    Cathy Garcia

     

     

     

    Gilles BAUM / Auteur. À défaut de devenir maître du monde, super-héros, jardinier ou ornithologue, Gilles Baum a voulu écrire pour les enfants. Peut-être pour leur raconter toutes ces vies-là.

     

     

     

    Autre album chez Gulfstream avec Thierry Dedieu également : J’ai adopté un crocodile

     

     

     

    Thierry DEDIEU / Illustrateur. Thierry Dedieu est né à Narbonne en 1955. Après des études scientifiques, il se tourne vers la publicité, puis se lance en littérature de jeunesse à partir de 1994. Il est aujourd'hui rédacteur et auteur-illustrateur de livres pour enfants.

     

  • Quand j'étais cagibi de Hélène Gaudy

    Note parue sur La Cause Littéraire : http://www.lacauselitteraire.fr/quand-j-etais-cagibi-helene-gaudy

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    illustrations Émilie Harel

    Ed. Le Rouergue, janvier 2013

    96 p. 7 €

     

     

    Une petite histoire tout en douceur sur les émotions enfantines, sur le sentiment de solitude qui est le lot de chacun, enfants comme adultes.

    Amy est en colère. Chez elle, personne ne l’écoute. Ni sa maman, ni son papa et même plus sa grande sœur Rosa.

    J’ai pensé que j’étais devenue invisible ou que j’avais rétréci comme Alice au pays des merveilles quand elle boit la potion magique. (…) J’ai dit « Personne ne m’écoute jamais », maman a haussé les épaules et Rosa en a profité pour filer dans sa chambre. Papa, on ne l’entendait déjà plus. Il était encore parti travailler en oubliant de dire au revoir.

    C’est comme ça qu’Amy est devenue cagibi.

    Le cagibi était mal rangé. Il sentait la peinture, le vieux et la poussière, mais je m’en fichais. Là, au moins, j’étais tranquille. Personne ne pouvait venir m’embêter.

    Amy s’est enfermée à clé dans le cagibi. Au départ, elle aurait bien aimé que quelqu’un vienne frapper à la porte, la supplier, mais personne n’est venu la chercher, alors Amy, après avoir bien pleuré, a décidé : Ce cagibi, je n’en sortirai plus jamais.

    Dans le cagibi, il y a tout ce qu’il faut : à boire, à manger, des tapis, un duvet et même des vieux jouets. Amy va découvrir ainsi que la solitude et l’ennui, cela développe l’imagination, ce n’est pas si difficile que ça de vivre dans un cagibi. Alors même quand sa maman lui prépare son plat préféré, Amy résiste. Une journée, une nuit, une journée encore, elle n’accepte d’ouvrir que pour s’emparer rapidement du plateau repas que sa maman posera devant la porte ou du MP3 que lui prêtera, à sa grande surprise, sa sœur Rosa. Elle ne l’aurait jamais fait avant.

    Le temps passe et Amy écoute sa famille vivre de l’autre côté de la porte, elle note comme des petits changements, des verres qui tintent, Papa et Maman qui se prennent dans les bras. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’est que tout le monde allait commencer à lui envier son cagibi, ça a commencé par Rosa qui avait besoin de parler, alors elle l’a laissée rentrer, et puis maman, qui elle aussi avait besoin de raconter sa fatigue, sa lassitude et puis Papa qui ne voulait pas rester tout seul, si bien que finalement, c’est toute la famille qui s’est retrouvée dedans. Et oui, ça fait du bien à tout le monde, un petit coup de cagibi, et maintenant on le sait, grâce à Amy.

    Je ne suis pas devenue quelqu’un d’autre mais il y a quelque chose que j’ai compris : on voyage beaucoup, dans un cagibi.

    Tout le monde a besoin d’un petit cagibi, pour se réfugier, pour se confier, c’est un endroit idéal pour faire des conseils de famille et des igloos en duvet. On peut y aller tout seul quand on a besoin de pleurer, y être triste ou en colère, on peut aussi y rigoler, y rêver et y faire des projets. On peut aussi y prendre le temps de s’écouter et de s’aimer. Ce n’est pas rien ça. Merci Amy !

     

    Cathy Garcia

     

    Helene_Gaudy.jpgFormée à l'école des Arts décoratifs de Strasbourg, Hélène Gaudy choisit finalement la voie littéraire pour donner libre cours à son imagination. Membre de la revue Inculte, elle participe à la rédaction de différents ouvrages du collectif parisien parmi lesquels Une chic fille, paru en 2008. La jeune femme signe également plusieurs œuvres à son nom comme Vues sur la mer en 2006, une variation sur le thème de la solitude, et Si rien ne bouge en 2009. On lui doit également un livre destiné au public adolescent intitulé Atrabile, publié en 2007.

  • Vampires, cartable et poésie de Sébastien Joanniez

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    édition du Rouergue janvier 2013

    76 pages, 7 €

     

     

     

    « Quand tu dors

    (mais tu ne le sais pas)

    tu deviens

    le quartier général

    des papillons »

     

    Armand le Poète

    Mes plus beaux poèmes d’amour

     

     

    Voilà une très jolie petite histoire, pleine à craquer de poésie et de drôlerie. Le narrateur est un jeune garçon de la Famille Magique, qui raconte comme dans un journal, une semaine et un peu plus de sa vie. La Famille Magique c’est une famille vraiment pas comme les autres, où il suffit de claquer des doigts pour faire ou avoir tout ce qu’on veut. Une famille extraordinaire, où l’on peut croiser lors du Grand Repas, aussi bien Barbe-Bleue et la Statue de la Liberté, la Joconde et King Kong, le Père Noël et les sept nains, Cendrillon et le Petit Prince que Bouddha ou Pachamama et bien d’autres encore. Bon, il y a bien l’Œil de contrôle que ses parents envoient pour le surveiller, mais il n’est pas bien méchant, et ses parents de toutes façons, ils ne sont pas méchants non plus et ils dorment souvent. Normal, quand on est magique, on n’a pas besoin de travailler, mais voilà, notre jeune narrateur lui, ce qu’il veut, c’est aller à l’école comme tous les autres, pour apprendre. Apprendre les mots, les mathématiques et les cris des animaux par exemple.

     

    « Bien sûr, je pourrais claquer des doigts et tout avoir par magie. Ce serait simple : mes parents m’ont appris à utiliser les pouvoirs pour avoir la vie facile. (…) Mais je ne veux pas. Je ne veux pas vivre allongé. »

     

    Et puis, sur le chemin de l’école, il y a LA fille. Celle qui fait que le cœur s’emballe. Pas Sophie Dumas, non, qui est dans son école.

     

    « Je n’aime pas Sophie, moi, mais c’est la seule qui m’aime, la seule à m’apprendre le nombril et le trou des fesses.

    Elle se jette sur moi pendant la récréation et elle veut jouer à l’amour. »

     

    C’est embêtant d’être trop aimé par une fille à l’école et de se retrouver puni à cause d’elle, et puis surtout, ce n’est pas LA Fille. L’autre, celle qui n’a pas de prénom et qui fait de la danse. Celle-là ? Elle donne envie d’écrire des poèmes. Oui, parce que ce qu’il aime aussi, notre jeune narrateur, c’est écrire des poèmes. Il en écrit tout plein et d’ailleurs, tout ce qu’il raconte est beau comme un poème. Ce qu’il va découvrir d’important, c’est qu’avec beaucoup de poésie et un peu de magie, on peut sauver la Fille de sa vie.

     

    C’est bien pratique aussi de faire partie de la Famille Magique et ce n’est pas si mal, finalement, de ne pas être tout à fait comme les autres.

     

     

    Cathy Garcia

     

     

     

     

    Sebastien-JoanniezcEric-Garault.jpgD'abord urbain, auteur dramatique, comédien, metteur en scène, puis RMIste, puis romancier, publié, poète, subventionné, puis néo-rural, puis père, mari, traduit, puis père encore, Sébastien Joanniez est né en 1974.

    Aux Éditions du Rouergue : Marabout d'ficelle (2002, roman) - Terminus Noël (2002, roman) - C'est loin d'aller où (2003, roman) - Même les nuages je sais pas d'où ils viennent (2005, roman) - Entrez (2010, poésie) - Noir grand (2012, roman) - Vampires, cartable et poésie (2013, roman) - J'aime pas ma sœur (2013, récit) / Aux Éditions Sarbacane : Je fais ce que je peux (2004, poésie) - Fred et Fred (2005, poésie) - Treizième avenir (2006, roman) - Camping (2014, poésie) / Aux Éditions Espaces 34 : Des lambeaux noirs dans l'eau du bain (2005, théâtre) - Désarmés (2007, théâtre) - Le petit matin de mourir (2010, théâtre) / Aux Éditions Color Gang : Trop tard c'est bientôt (2007, théâtre) - Dans quels déserts tu ranges tes soifs ? (2007, théâtre) - Cluemo (2010, essai) / Aux Éditions Poivre et Sel : Animalerie (2013, BD).

     

    Note parue sur la Cause Littéraire : http://www.lacauselitteraire.fr/vampires-cartable-et-poesie-sebastien-joanniez

  • Lily et Po de Lauren Oliver

    Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/lily-et-po-lauren-oliver

     

    Lily et Po, Lauren Oliver

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    Hachette, novembre 2012

    trad. (USA) d'Alice Delarbre

    Tomes 1, 2, 3 (160 pages chacun, les deux premiers reprennent les deux premiers chapitres du tome suivant) - 9,90 € par tome

     

    Trois livres jolis comme tout pour une seule histoire. Une belle histoire, celle de Lily et Po, tissée autour d’un sujet grave : la perte d’un proche, et pire encore, l’assassinat d’un proche pour le plus vil des motifs : la cupidité. Ici c’est le papa de Lily qui est empoisonné par Augusta, sa deuxième femme. La « parfaite » incarnation de la marâtre affublée de sa propre fille idiote, et la pauvre petite Lily, à la mort de son père, se retrouvera recluse au grenier.

    C’est là que Po et Baluchon vont faire leur apparition. Po n’est pas un garçon, il n’est pas une fille non plus et Baluchon n’est pas un chat, ni un chien, mais il pourrait être l’un ou l’autre. Po et Baluchon viennent de l’Autre Côté. Ce sont des fantômes, et tous deux et Lily vont devenir comme les meilleurs amis du monde, ou plutôt, des deux mondes. Ils aideront Lily à s’échapper du grenier pour réaliser son vœu le plus cher : apporter le coffret contenant les cendres de son père au pied du saule pleureur à la Maison Rouge, là où est enterrée sa mère. Il lui faudra prendre le train, c’est une grande aventure, mais Po et Baluchon seront ses compagnons de route.

    Seulement, c’est sans compter d’innombrables obstacles qui ne vont pas manquer de se mettre en travers de leur route, en grande partie dus à quelques adultes dotés de très vilains défauts. Ainsi, suite à une malencontreuse confusion entre deux coffrets, l’un contenant les cendres du papa de Lily, l’autre une poudre magique, la plus puissante qui soit, la petite Lily va connaître bien des mésaventures. Elle y rencontrera Will, un petit garçon apprenti alchimiste qui l’aimait sans qu’elle ne le sache, et dont le destin est lié au sien, et puis l’alchimiste, qui connaît toutes les magies possibles, sauf la plus essentielle : celle du cœur.

    Une vieille dame rigide et bornée, un policier trop zélé, une pseudo comtesse ambitieuse et cruelle, un malfaiteur qui n’est autre que le frère de cette pseudo comtesse, Mel, le garde de la comtesse, un grand maladroit au cœur énorme, sa chatte Gauchère le sait bien, et d’autres personnages encore. Toute l’histoire se déroule dans un décor sombre – le soleil a disparu depuis des années et la végétation aussi, et baigne dans une ambiance victorienne. La plus grande partie des personnages adultes semble courir après la gloire, la richesse, la reconnaissance sociale, d’autres après leur vision obtuse de l’ordre et de la morale, et tous sont prêts à tout pour obtenir satisfaction. Les deux enfants traverseront bien des dangers, mais la solidarité, l’entraide et l’amour auront raison de tous les mensonges et de toute vilénie. La morale, s’il en faut une, pourrait être que chacun en aidant l’autre, s’aide lui-même et comme dans les contes de fées, l’histoire finira bien.

     

    Cathy Garcia

     

     

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    Titulaire d’un diplôme de philosophie et de littérature à l’université de Chicago, Lauren Oliver a ensuite suivi une formation en arts à l’université de New York. Elle a brièvement travaillé comme assistante d’édition chez un éditeur new-yorkais, avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Elle vient d’une famille d’écrivains. Elle a publié son premier livre en 2010 : Le dernier jour de ma vie (Before I fall), puis une trilogie Délirium dont le dernier tome doit paraître en 2013.

  • Noé Nectar et son étrange voyage de John Boyne

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    Gallimard Jeunesse, novembre 2012

    illustrations Oliver Jeffers, traduit de l’anglais (Irlande) par Catherine Gibert

    255 pages, 13 €

     

     

    Voilà un roman original et atypique qui aborde, avec grâce et imagination, un sujet aussi grave que la mort d’un parent. À contre-courant des mangas et des histoires truffées de gadgets high-tech. L’étrange voyage de Noé Nectar est doté de ce qu’on pourrait appeler un charme d’antan, renforcé par les illustrations en noir et blanc qui semblent sortir tout droit d’un vieux manuel scolaire. Un récit à tiroirs, renfermant bon nombre de surprises, qui, tout en épinglant quelques travers, porte à l’honneur des valeurs humaines comme le courage, la persévérance, l’amour du travail bien fait, l’entraide, l’engagement et l’importance de la relation humaine qui est bien plus essentielle que la réussite dans le monde extérieur. En effet, rien ne sert de courir vite, si nous n’arrivons pas à temps là où nous sommes réellement attendus par ceux qui nous aiment vraiment. C’est aussi un très bel hommage au travail des mains, à l’artisanat dans ce qu’il a de plus noble.

    Noé est un petit garçon de 8 ans qui quitte sa maison, ses parents, un beau matin, très tôt, bien décidé à ne plus jamais y revenir. Ce n’est pas qu’il n’aime pas ses parents, mais il refuse d’affronter l’inacceptable. C’est pourquoi il doit partir à l’aventure et très loin. Sa maison est à la lisière de la forêt et il prend donc le chemin qui s’y enfonce. Un chemin qui va le conduire presque tout droit dans un monde qu’il ne soupçonnait pas, où les arbres ont du caractère comme les objets qui sont animés et souvent dotés d’un prénom et où les animaux parlent. Après avoir traversé deux villages aussi bizarres et inquiétants l’un que l’autre, Noé qui commence à avoir vraiment très, très faim, atteint un troisième village où il fera la rencontre d’un teckel et d’un âne, qui lui aussi a continuellement très, très faim. Dans ce village, près d’un arbre plus étonnant encore que les autres, il découvre une drôle de maison toute biscornue, défiant toutes les lois de la construction. Surprise de taille, c’est un magasin de jouets ! Noé ne peut résister à l’envie d’y entrer. Là, se trouvent tous les jouets dont un enfant pourrait rêver, mais en bois. Tout est en bois, pas le moindre bout de plastique ! En bois et peint dans des couleurs tellement plus belles que tout ce qu’il connaît, que Noé ne saurait pas dire leur nom. Un magasin inquiétant lui aussi tout de même, où d’innombrables pantins semblent conspirer, où les portes se déplacent toutes seules, où les sonnettes sonnent si elles le veulent, où les pendules sont timides, où les planchers font ce qu’ils peuvent pour ne pas que vous tombiez dans le vide. Quant au coucou qui donne l’heure, c’est un véritable coucou qui entre par la fenêtre toutes les heures. Dans ce lieu extraordinaire, vit un vieil homme qui va accueillir Noé, l’inviter à manger et à qui, peu à peu, Noé va se confier. Le vieil homme aussi va lui raconter sa vie, aussi étrange et exceptionnelle que cette maison où il demeure et où avait vécu son propre père, un certain Gepetto… Et c’est ainsi que cet univers totalement imaginaire va croiser un conte que tous les enfants connaissent, celui de Pinocchio.

     

    Cathy Garcia

     

     

     John Boyne by Richard Gilligan.jpgJohn Boyne by Richard Gilligan

     

     

     

    John Boyne est né en Irlande en 1941 et vit aujourd'hui à Dublin. Il a étudié la littérature anglaise et l'écriture. John Boyne a commencé à publier ses premières nouvelles à l'âge de 20 ans. 70 d'entre elles sont publiées. Auteur de six romans, «Le garçon en pyjama rayé» fut couronné de deux Irish Book Awards, sélectionné pour le British Book Award et brillamment adapté au cinéma. Ses romans sont traduits dans trente langues différentes.

  • Tom Gates, tome 2, excuses béton, Liz Pichon

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    Seuil Jeunesse 2012

     

    C’est qu’il était attendu ce tome 2 des aventures de Tom Gates, et c’est avec délectation que l’on se jette sur ce nouvel opus nommé Excuses béton (et autres bons plans). On y retrouve un Tom Gates fidèle à lui-même, ainsi que ses amis (Derek Fingle, Amy Porter) et ses ennemis (Marcus Meldrou, sa sœur Délia), et bien sûr ses parents et les fossiles (ses grands-parents) et Oncle Kévin, Tante Alice et les deux cousins jumeaux qui adorent, hélas, d’horribles films d’horreur, et puis le papa de Derek qui est très sympa mais avec qui il ne faut JAMAIS entamer une discussion au sujet de la musique (à moins d’avoir plusieurs journées à y consacrer), et bien d’autres personnages que nous avions déjà rencontrés dans le Tome 1, dont le professeur Fullerman et l’hyperactif Norman Watson, dont l’extrême agitation va devenir un atout de choix pour le groupe de Tom et Derek, les Clebszombies, car Norman, à la surprise de tous, va faire un excellent batteur ! Et c’est comme ça que nous assisterons au premier VRAI concert des CLEBSZOMBIES devant une foule en délire (ou presque) à la Maison de Retraite de la Verdure.

    Tom Gates n’a pas (trop) le temps de s’ennuyer entre son groupe, manger des biscuits, survivre à une TERRIBLE rage de dent et à des sorties nature et piscine, embêter sans relâche sa sœur Délia (qui le mérite bien évidemment) et toujours et encore imaginer des excuses béton pour se sortir des embrouilles qui pèsent sur son avenir : Marcus Meldrou, les horribles vêtements de secours prévus pour les sorties nature, Marcus Meldrou, les exposés de dernière minute (c’est qu’il n’a tout de même pas QUE ça à faire) et leurs conséquences imprévues, Marcus Meldrou, l’orchestre scolaire (avec des instruments fabriqués à partir par exemple de bouteilles en plastique !!! La honte pour les membres d’un groupe qui monte, tel que les CLEBSZOMBIES !). Notre Tom Gates, non content d’être doué en tout (ou presque), va même se faire justicier de l’école pour démasquer le grand escroc du tableau d’honneur des étoiles d’or (jouissif) et de regagner aux yeux de tous ses lettres (étoiles) de noblesse. C’est avec un réel plaisir que nous l’accompagnons dans ces nouvelles aventures, tout au long des pages de son nouveau journal (100 de plus que dans le tome 1 !), toujours remplies de dessins et petits croquis rigolos. Bravo Tom Gates ! Un Tome 2 qui vaut au moins TROIS ÉTOILES D’OR !

     

    Pour lire la note à propos du Tome 1 :

    http://www.lacauselitteraire.fr/tom-gates-c-est-moi-liz-p...

     

    Cathy Garcia

     

    Après des études de design, Liz Pichon a travaillé comme directrice artistique dans une maison de disques britannique. Depuis 2004, elle s’est lancée dans l’écriture et l’illustration de livres pour enfants.

    En plus de traduire des auteurs reconnus comme John Le Carré, Natalie Zimmermann est l’auteur de nombreux livres pour la jeunesse et a traduit pour le Seuil Jeunesse toute la série du Journal d’un Dégonflé.Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/tom-gates-tome-2-excuses-...

     

  • Je fabrique mes livres, Nadine Palmaerts et Marie Paruit

     

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    Casterman, septembre 2012. 78 p. 14,50 €.

     

    Voilà un excellent manuel d’activités pour les enfants. Coloré, ludique, simple et précis, ce livre est une mine d’idées ! Il permet aux enfants de comprendre dans un premier temps l’objet livre. Comment s’appelle chacune de ses parties, comment il est fabriqué et comment on peut les fabriquer soi-même. Grâce à des croquis, des tableaux, des bulles, les explications sont très faciles à suivre, même pour les plus jeunes et des petits animaux rigolos agrémentent les pages en participant à l’aventure. Pas à pas, très vite l’objet n’a plus de secret. Une double-page consacrée à la reliure, puis à la couverture, puis aux pages de garde, avec des suggestions qui permettent à l’enfant de trouver ses propres idées et libérer ainsi sa créativité. Ensuite sont proposés toutes sortes de livres à créer, que ce soit dans le thème : le livre de ma semaine, le livre d’une couleur, le livre « j’aime », le livre à offrir, le livre « ce jour-là, à cet endroit », le livre à histoires, ou bien dans la forme : le livre à rabats surprise, les pages en volume, le livre accordéon, le livre éventail, le livre pop-up, le livre en forme de… Une partie technique et une partie qui donne quelques pistes aux enfants, pour qu’ils puissent ensuite laisser aller leur imagination et inventer toutes sortes d’autres livres.

    Une grande place est laissée à l’inventivité, l’originalité de chacun, des conseils judicieux qui vont plus loin qu’un simple guide d’activité, car ils encouragent les enfants à fermer les yeux, à sentir, à respirer, pour être inspirés. Il est d’ailleurs indiqué en première page que si les adultes peuvent aider si besoin sur des petits problèmes techniques, il est important qu’ils laissent les enfants imaginer, dessiner, coller… librement. Large place faite donc à l’expression artistique, dessin, peinture et aussi aux collages. Une double-page leur est entièrement consacrée : des collages à gogo. Un manuel idéal pour donner aux enfants le goût de l’écriture, de la lecture et leur faire lâcher un peu les écrans. Il peut servir de base à des projets pédagogiques dans les écoles, les centres de loisirs mais donner également des envies, pourquoi pas, aux parents. Soirée ou week-end création de livres en famille ? Et pourquoi pas !

     

    Cathy Garcia

     

    Nadine Palmaerts.jpg Nadine Palmaerts anime des ateliers d’écriture depuis 2004. Parallèlement, elle publie depuis 2004 des écrits pour a jeunesse dans diverses revues pour les enfants.

     

    Marie Paruit, diplômée en illustration et communication visuelle, est illustratrice pour la jeunesse. Elle a notamment écrit et illustré Le voleur de chaussettes (Didier Jeunesse 2010) et illustré chez Casterman l’Arbre sorcier de Marie Sabine Roger et L’araignée Gipsy de Hubert Ben Kemoun.

     

    Note parue sur http://www.lacauselitteraire.fr/je-fabrique-mes-livres-na...

     

  • Brûler de l’intérieur, Ahmed Kalouaz, photographies d'Alain Cornu

    Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/bruler-de-l-interieur-ahm...

     
    Littérature jeunesse/ado
     
    Brûler de l'intérieur, Ahmed Kalouaz
     
    "photo roman" Thierry magnier, octobre 2012, 88 p. 9,50 €

     

    Un concept original que ces photos romans, qui n’ont rien à voir avec les romans-photos. Ici photos et roman sont présentés séparément, d’abord les photos, dès la première page, on entre dans l’image, une photo par page. Ici des vues horizontales de bord de mer, plages du Nord en morte saison, des maisons, des rues, vides pour la plupart, une chaise de maître-nageur où s’accrochent des algues, une caravane à gaufres fermées… Des photographies très esthétiques d’où l’humain semble quasi absent et qui ouvrent la porte à l’imagination. Puis démarre l’histoire qui, en contraste peut-être, met l’accent surtout sur l’humanité, ce qu’elle a de plus beau en elle : l’altérité. Le concept de ces photos romans veut que l’auteur écrive une histoire à partir d’une série de photos dont il ignore tout. Pour le lecteur qui a d’abord, lui aussi, regardé ces photos, au fur et à mesure de sa lecture, surviennent tout d’un coup des impressions de déjà vu, des images se superposent, se mélangent à ses propres images, les souvenirs des protagonistes sont aussi les siens : il a vu. Cela donne une texture toute particulière à l’histoire.

    Ici c’est celle d’un moment de vie d’une famille qui vit en Provence. Sophie, la narratrice, adolescente et fille unique, s’interroge sur cette étrange maladie qui menace son père, le burn out, un incendie qui couve déjà depuis un moment et menace de tout emporter.

    « Le travail de papa débordait sur la vie à la maison (…).

    Moi j’aimais bien l’idée d’un père héros défendant les pauvres du monde entier, mais j’avais aussi envie d’un dimanche calme avec lui, dans les Alpes ou en Auvergne, pour admirer au-dessus d’un étang le vol des bernaches, des colverts. (…) Lorsque miraculeusement, il rentrait un peu plus tôt, c’était chargé de dossiers, et quand maman le lui reprochait, il répondait :

    – C’est pas juste des feuilles et du papier qu’il y a là-dedans, mais des hommes et des femmes ».

    Son père mène un combat, depuis longtemps, contre l’injustice, il se démène pour aider les exclus, les réfugiés, les sans-papiers, les blessés de la société, il est tellement pris par ce combat qu’il ne parvient plus à prendre du temps avec sa propre famille, pour partager avec eux aussi un peu de cet amour de l’autre qui le consume. La mère de la narratrice est originaire du Nord, de la Côte d’Opale et elle aimerait bien y retourner un peu, y emmener la famille en vacances, et que ce père, au bord de l’explosion, accepte de souffler un peu, faire une pause.

    « Il se prenait pour un dur à cuire, alors qu’elle ne rêvait que de l’entraîner de temps en temps, même en morte-saison sous les nuages bas que le vent charriait, vers l’écume venant maquiller les galets, le sable gris. (…) Et moi je m’imaginais, dans le chenal, (…) marchant sur la dune en leur tenant la main jusqu’à la fameuse cabane à gaufres ».

    Sophie a des souvenirs de ces lieux, ces plages du Nord, la maison de la grand-mère, elle aimerait y retourner elle aussi, mais quand son père dit qu’ils iront, elle ne le croit pas, elle ne le croit plus. Aussi, un jour, elle enfourche sa bicyclette avec en tête l’idée de « partir à l’aventure, fuir contre mon gré cette maison où le feu couvait dans la tête de papa ».

    C’est ainsi que Sophie va faire deux très belles rencontres. Il y a d’abord Marcelle, une vieille dame originaire du Nord elle aussi, qui a passé une bonne partie de sa vie à Lyon, à photographier les gens de la banlieue, des gens comme celles et ceux pour lesquel(le)s son père se bat aujourd’hui. Tous les murs de sa maison, où elle invite Sophie à manger, sont pleins de ces photos plus admirables les unes que les autres et une amitié instantanée va naître entre ces deux femmes, l’une à peine à l’aube de sa vie et l’autre qui arrive au bout de la sienne, bien remplie et porteuse d’un trésor de cinq mille photos. Sophie voit son père différemment au travers des yeux de Marcelle. Et puis elle rencontre aussi sur le chemin du retour, Justine, qu’un chagrin d’amour a lancée sur les routes et qui a transformé sa douleur en force pour faire le tour de France à pied avec un cheval et un âne. Ces deux rencontres vont insuffler une énergie nouvelle à Sophie, lui élargir ses horizons, et pendant qu’elle apprend ainsi à prendre un peu de recul, à découvrir que la vie recèle bien des surprises, bien des trésors, son père, grâce à un acupuncteur et l’aide de sa femme, retrouve un peu d’énergie pour prendre lui aussi un peu de recul. C’est ainsi qu’un peu plus tard, il fera la surprise d’emmener toute la famille dans le Nord, voir si la cabane à gaufres est toujours sur la plage.

    C’est donc une belle histoire très émouvante, parcourue d’un grand souffle d’humanité, que les photos d’Alain Cornu ont inspirée à Ahmed Kalouaz, qui rend hommage également dans ce texte à une autre photographe, Marcelle Vallet, décédée en février 2000 à l’âge de 93 ans.

    Marcelle Vallet est une des rares femmes photographes et reporters à Lyon dans les années cinquante. Témoignage d’une vie et d’une époque, ses photographies prises jusque dans les années 70 font partie des collections de la Bibliothèque Municipale de Lyon : un ensemble de quelques 5000 pièces, dont plus de 1700 clichés négatifs, que Marcelle Vallet a donnés à la Ville de Lyon en juin 1994.

     

    Cathy Garcia

     

    AVT_Ahmed-Kalouaz_7873.jpgAhmed Kalouaz est un écrivain français né en 1952 à Arzew, en Algérie. Il a publié plus d’une trentaine d’ouvrages (poésie, nouvelles, roman, théâtre, textes pour la jeunesse). Ses romans adultes et jeunesse sont maintenant publiés au Rouergue : Paroles buissonnières, Le Bruit des Autres, 2012 ; Les chiens de la presqu’île, Le Rouergue, 2012 ; Je préfère qu’ils me croient mort, Le Rouergue, 2011.

    Alain Cornu, photographe, est né en 1966 à Decize (Nièvre). Il vit à Paris. Formé à l’école de l’image aux Gobelins à Paris.

  • Je sauve le monde quand je m’ennuie de Guillaume Guéraud

    Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/je-sauve-le-monde-quand-je-m-ennuie-guillaume-gueraud.html

    Je sauve le monde quand je m'ennuie, Guillaume Guéraud

    illustrations nb de Martin Roméro, collection zig zag, Ed. Le Rouergue, octobre 2012, 96 p. 7 €

     

    Voilà un petit livre bien drôle et plein d’énergie qui prend le parti des rêveurs, des têtes en l’air, des touchent pas terre. Le pouvoir de l’imagination versus les tables de multiplication. Eugène, alias le Capitaine Sans-Gêne, s’est donné pour mission de sauver le monde des méchants, et de protéger tout particulièrement Lisa.

    « Lisa est la plus jolie fille de toute l’école. Elle est forte en tout. Et tout le monde est amoureux d’elle. Même moi ».

    Hélas, même Kévin, qui est « le gros costaud de la classe. Tout le monde veut être son ami. Sauf moi ».

    Et en réalité, ou plutôt de l’autre côté de la réalité, en vérité, Kévin a été mis à terre et massacré bien plus d’une fois, par le capitaine Sans-Gêne, alias le cavalier le plus intrépide, le chevalier plus fort que les Jedi, le meilleur joueur de foot de la galaxie…

    Et pas un méchant ne lui résiste, lui qui a pour matelot pas moins que Jack Sparrow en personne, qui lui doit d’ailleurs la vie. Pas un méchant non, qui ne soit réduit en bouillie, étranglé, défenestré, coupé en tranches etc. Nul ne résiste à l’incroyable et invincible Capitaine Sans-Gêne, ni le professeur Charbonax, ni « Le Caméléon Foutraque. Le Noctambule aux Yeux Jaunes. Le Réfrigérateur de la Mort. Le Millionnaire Suceur de Sang. Le Kamikaze en Fauteuil Roulant. Le Cuisinier Cannibale des Caniveaux. La Poubelle Atomique. Le Curé au Crucifix Coupant. Le Scorpion Nucléaire des Neiges ». Même Harry Potter, « ce pleurnichard de la baguette. Ce sorcier de mes fesses (…) Je lui fauche sa baguette à la noix, je lui crame les poils de son balai. Et il suffit que je lui fasse une grimace, pour qu’il se mette à sangloter ». Faut dire que Lisa elle est un peu amoureuse de cet Harry Potter et ça… Ce n’est pas possible ! Parce que Lisa, en vérité, enfin de l’autre côté de la vérité, en réalité, elle est folle amoureuse du Capitaine Sans-Gêne, qui l’a sauvée des androïdes de l’espace, arrachée à la forteresse des pandas géants au Japon. Lisa, elle danse sur les plages des Caraïbes avec un collier à fleurs, et avec elle il fait le tour du monde !

    Seulement voilà, à force de courir les mers et foncer au travers des étoiles, Eugène a peu de temps, et il faut le dire peu de goût, pour des choses aussi insipides que rester sur terre et tout particulièrement en classe… Et Madame Charbonneau, la maîtresse, est du genre rabat-imaginaire, si bien que les parents d’Eugène doivent prendre les choses en main, direction le spécialiste. Eugène a déjà vu un saxophoniste, comprenez un orthophoniste, un air opiniâtre (un neuropédiatre) et voilà qu’il doit maintenant voir un messie contorsionniste (un pédopsy comportementaliste) : le docteur Le Singe (Lessage). Et la sentence tombe :

    « Eugène a juste besoin de s’évader… diagnostique Le Singe.

    (…) “Juste besoin de s’évader” ? Mais on en a tous besoin !

    (…) – Oui, mais votre fils est capable de le faire ».

    Capable !

    « Il a dit ça comme si c’était un pouvoir que j’étais le seul à posséder. (…) Et comme si tout le monde devait m’envier.

    Ce gars-là me plaît bien. Il faudra que je le mette dans une de mes histoires ».

    Et c’est ainsi que de retour en classe, alors que Lisa danse sur des pétales de fleurs, que Kévin et Harry Potter briquent le pont, Le Triton, le fameux vaisseau du capitaine Sans-Gêne, va pouvoir mettre le cap sur les îles Galápagos et leurs trésors flamboyants !

     

    Cathy Garcia

     

    Guillaume-Gueraud_author_full.jpgGuillaume Guéraud, né en 1972 à Bordeaux, est un écrivain français. Il a d’abord suivi des études de journalisme et a travaillé dans divers quotidiens régionaux. Il vit actuellement à Marseille. Il est notamment l’auteur du roman policier Affreux, sales et gentils qui a remporté le prix Fnac des jeunes lecteurs en 2006. Il réalise aussi de petites leçons d’écriture « impertinentes » qu’il appelle des autofilms, réalisés avec son téléphone portable. Il les publie sur le site de partage de vidéo YouTube.

     

    Bibliographie :

    Cité Nique-le-ciel, roman, Éditions du Rouergue, Coll. doAdo, 1998

    Chassé-croisé, roman, Éditions du Rouergue, Coll. doAdo, 1999

    Les Chiens écrasés, roman, Éditions du Rouergue, Coll. doAdo, 1999

    Coup de sabre, roman, Éditions du Rouergue, Coll. doAdo, 2000

    La plus belle fille de la planète, roman, Milan Jeunesse, coll. Milan poche cadet, 2001

    Dernier western, roman, Éditions du Rouergue, Coll. La brune, 2001

    Apache, roman, Éditions du Rouergue, Coll. doAdo, 2002

    La belle est la bête, album, Ill. Claire Franek, Éditions Thierry Magnier, Coll. Petite Poche, 2002

    Arrête ton cinéma, roman, Éditions du Rouergue, Coll. Zigzag, 2003

    Ça va déménager, roman, Éditions Thierry Magnier, Coll. Petite Poche, 2003

    Couscous clan, roman, Éditions du Rouergue, Coll. doAdo, 2004

    Ma rue, album, Ill. Anne von Karstedt, Éditions du Rouergue, Coll. doAdo. Image, 2004

    Arc-en-fiel, roman, Ill. Goele Dewanckel, Éditions du Rouergue, Coll. Varia, 2004

    Manga, roman, Éditions du Rouergue, Coll. doAdo Noir, 2005

    La plus belle fille de mes rêves, roman, Milan Jeunesse, coll. Milan poche cadet, 2005

    Affreux, sales et gentils, roman, Éditions Pleinelune, 2006

    Je mourrai pas gibier, roman, Éditions du Rouergue, Coll. doAdo Noir, 2006

    Va savoir comment ?, album, Éditions Sarbacane, 2006

    La plus belle fille de tous les temps, roman, Milan Jeunesse, coll. Milan poche cadet, 2007

    Ça va mal finir, roman, Éditions Thierry Magnier, Coll. Petite Poche, 2007

    La Brigade de l’œil, roman, Éditions du Rouergue, Coll. doAdo Noir, 2007

    Raspoutine, album, Ill. Marc Daniau, Éditions du Rouergue, Coll. Varia, 2008

    Le Contour de toutes les peurs, roman, Éditions du Rouergue, Coll. doAdo Noir, 2008

    La Grande Bagarre, roman, Milan Jeunesse, coll. Milan poche cadet, 2008

    Oméga et l’ourse, album, Ill. Béatrice Alemagna, Éditions du Panama, 2008

    Déroute Sauvage, roman Éditions du Rouergue coll. DoAdo Noir 2009

    Anka, roman Éditions du Rouergue coll. DoAdo Noir 2012

     

  • Génie toi-même ! de Philippe Brasseur

    Note publiée sur : http://www.lacauselitteraire.fr/genie-toi-meme-philippe-brasseur.html

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    Philippe Brasseur (textes et dessins nb), illustrations couleurs de Virginie Berthemet

    Editions Casterman, 3 octobre 2012, 80 p. 14,50 €

     

    Génie toi-même est un livre d’activités, destiné aux enfants à partir de 9 ans, mais aussi aux adolescents et adultes qui auraient la curiosité d’y jeter un œil. En marchant sur les traces de grands génies connus, toutes époques confondues, que ce soit dans les sciences ou les arts, sont proposés à foison, idées, pistes, suggestions, jeux et défis pour développer son propre génie, unique comme il se doit. Un peu fouillis, et du coup peut-être un peu difficile d’accès pour les plus jeunes, il est cependant possible à ces derniers de glaner ci et là ce qui résonne et d’apprendre au passage pas mal de choses à propos des faits et gestes de grands créateurs ou chercheurs, tels Fleming, Dali, Edison, Copernic, Picasso, Proust, Gaudi, Duchamp, Darwin, Lennon, Freud ou Einstein et beaucoup d’autres encore. Connaître leurs façons d’aborder leur travail, leurs recherches, découvrir leurs manies, trucs et astuces, qui ouvrent le champ à bien d’autres possibles.

    Vingt-sept pistes classées en trois grandes catégories : Sois curieux (se)Sois imaginatif(ve)Sois déterminé-e. Une double-page par personnage, agrémentée de dessins, schémas, photos… Des propositions qui n’hésitent pas à bousculer, à pousser les lecteurs-trices à ne pas suivre des chemins tout tracés : regarde autrement, va vers l’inconnu, ose l’anormalité, imagine l’impossible, pense hors de la boite, pense à l’envers, fais confiance à ton inconscient, et puis des incitations au travail, à la persévérance, à considérer l’échec comme un autre genre de réussite. Cela démarre avec Prend des notes comme Léonard de Vinci, pour finir par l’incontournable Connais toi toi-même de Socrate. Instructif et intelligent, faisant appel à l’imagination, à l’intuition, à l’originalité, voilà donc un livre d’incitation à la créativité vraiment pas comme les autres, un peu sportif pour la cervelle, et en des temps qui versent de plus en plus vers la recherche de la facilité et du tout cuit, c’est quasi révolutionnaire. De plus, ce livre ne se vexera pas si on le pose plus vite que prévu pour se lancer dans sa propre et forcément géniale aventure.

     

    Cathy Garcia

     

    Philippe Brasseur

    Philippe Brasseur, né en 1964. Après avoir travaillé comme créatif dans la publicité, organisateur d’événements, puis éditeur de revues pour enfants, il a choisi de se consacrer à ses deux passions : l’écriture et l’illustration. A publié plusieurs ouvrages d’activité chez Casterman dont Soyons créatifs (2002), 1001 activités autour du livre (2003) et 1001 jeux de créativité avec les objets (2009). Il est aujourd’hui consultant et formateur en entreprises et organisations.

  • Zhang, le peintre magicien de Pascal Vatinel

    Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/zhang-le-peintre-magicien...9782330009243.jpg

    Actes Sud Junior, illustrations Peggy Adam, août 2012, 112 p. 7,70 €

     

    Dans la veine des contes traditionnels chinois, comme celui du pinceau magique, voici une très belle histoire tissée de la série « Fleur de Printemps », du même auteur, cette fois autour de l’art de la peinture sur soie. L’histoire est racontée par le grand-père Lao Cheng, à sa petite-fille Fleur de Printemps, alors qu’elle s’exerce à la calligraphie sous sa conduite.

     

    « – Peur, dis-tu ? Quel mot dois-tu tracer ?

    – “Paix”.

    – Alors, le seul moyen de bien l’écrire est que tu te sentes toi-même paisible. Si tu as peur, ton cœur ne pourra guider correctement ta main. Penses-y ».


    Une belle histoire vaut souvent mieux qu’un grand discours, aussi pour lui faire comprendre la base essentielle de cet art, il se met donc à lui raconter l’histoire de Zhang, le peintre magicien.

    Comment un jeune homme, après avoir fui la ville, poursuivi par des gardes royaux, finit par tomber sur une vieille cabane délabrée au fond d’une forêt et y demander asile au vieil ermite qui y demeure. Peu enclin à laisser ainsi troubler sa solitude, le vieil homme cependant se ravise quand Zhang lui montre ses dessins, et tout particulièrement une esquisse de magnifiques mûriers que ce dernier avait rencontrés sur son chemin. L’ermite alors lui propose un marché. Il lui offre le gîte et le couvert, en échange, le garçon continuera à dessiner, s’occupera du potager, des repas, du ménage, de la mule Xiaoma et aussi, l’essentiel, il se chargera des sacs de feuilles…

    C’est ainsi que Fleur de Printemps va découvrir comment on fabrique la soie en pratiquant l’élevage de vers à soie, et « le vieux maître Lin en connaissait tous les secrets. Celle qu’il fabriquait était extraordinaire, la plus belle de Chine ».

    Zhang séjournera trois ans dans la cabane de l’ermite, qui était en réalité un peintre de grand talent. Celui-ci l’initiera à ses secrets, d’abord la fabrication de la soie et des encres, puis de son art, quand il jugera Zhang suffisamment doué.

     

    « Cent fois déjà je te l’ai dit : “Savoir regarder pour voir et bien voir pour bien interpréter” ».


    Puis un jour, maître Lin raconte son passé de peintre célèbre à Zhang et comment il était arrivé dans cette cabane. Il invite ensuite le jeune garçon à retourner dans le monde, où bien des choses l’attendent.

     

    « De merveilleux paysages t’attendent dans le vaste monde : des lacs, des pics sacrés, des rivages d’une infinie beauté, qui enrichiront ton âme et ton regard ».


    C’est ainsi que Zhang quittera son maître, non sans tristesse, qui lui offrira, pour l’accompagner, sa vieille mule Xiaoma. Effectivement, de nombreuses aventures attendent Zhang et pas toutes agréables, mais chacune d’elles lui permettra de confirmer et peaufiner son art. Sa peinture deviendra véritablement magique. Sur son chemin, il rencontrera la méchanceté et la convoitise, mais aussi la générosité et l’amour. Puis, lui aussi deviendra un peintre très célèbre, jusqu’au jour où il sera prêt pour l’ultime leçon de son vieux maître.

    Quant à la petite Fleur de Printemps, la voilà prête à reprendre son pinceau pour une nouvelle leçon de calligraphie.

     

    Cathy Garcia

     

     

     

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    Pascal Vatinel est né à Paris en 1957. Il commence tôt des études de sinologie et se spécialise sur le symbolisme et les nombres dans les principaux Classiques. Après la publication d’articles dans des revues spécialisées, il écrit son essai sur La Symbolique du Yi Jing et du Jeu d’Échecs, édité en 2000 chez L’Harmattan, sous la supervision du Père Claude Larre† de l’Institut Ricci à Paris. Passionné par les mutations qui marquent l’histoire de la Chine, Pascal Vatinel s’y rend régulièrement depuis plus de vingt ans. Il y perfectionne aussi sa pratique du Taijiquan, en compagnie de son épouse qui enseigne cet art interne à Paris. Sa passion pour les voyages, en Asie et en Australie, mais aussi aux États-Unis et en Europe est une invitation à l’écriture. Son premier roman, L’Affaire du Cuisinier Chinois, est édité par le Rouergue fin 2007. Ce polar reliant Chine contemporaine et Chine ancestrale fait la part belle au suspense mais aussi à la gastronomie de l’Empire du Milieu, ce qui lui vaut son succès. Le livre est d’ailleurs sélectionné par le centre de documentation du Lycée International de Pékin. Son deuxième roman, Les Larmes du Phénix, paraît en 2010 chez Rouergue Noir. Ce thriller, qui s’inspire de faits réels, conduit le lecteur entre Corée du Nord, Chine et États-Unis, et expose, à travers le récit des évadés de Corée, les enjeux politiques qui renvoient face à face la Chine et les États-Unis. Le personnage de Thomas Kessler, un reporter free-lance spécialiste de l’Asie, est repris dans Parce que le Sang n’oublie pas, paru en 2011, où il traque un criminel de guerre japonais impliqué dans le Massacre de Nankin. L’ouvrage fera l’objet d’une conférence au sein du Mémorial de Caen en octobre 2011. Les lecteurs des prisons de Charente ayant sélectionné ce thriller comme l’un des cinq finalistes du Prix Intramuros Cognac 2011, Pascal Vatinel a accepté de collaborer avec l’Association Intramuros en rendant visite à des maisons d’arrêt comme celles de Saintes, Rochefort, Angoulême… Quant à « Thomas Kessler », il mène à nouveau l’enquête dans Environnement mortel, présent en librairie dès janvier 2012. À la même date, Parce que le Sang n’oublie pas est édité en poche par Actes Sud dans sa collection Babel Noir. Pascal Vatinel aime également écrire pour les enfants. La série « Fleur de Printemps », qu’il débute en 2007 avec les éditions Bleu de Chine, a pour vocation d’introduire les bases et les charmes de la pensée chinoise aux enfants français. Niao et le roi qui aimait les Oiseaux, superbement illustré par Gaëlle Duhazé, évoque à travers des thèmes de la tradition, le concept de liberté. Bleu de Chine ayant cessé son activité, le deuxième récit de « Fleur de Printemps », Bao et le Dragon de Jade, est édité par Actes Sud Junior. Le format retenu est celui du livre jeunesse de poche, propre à la collection « Roman cadet » et les illustrations, noir et blanc, bénéficient du talent de Peggy Adam, pour s’adresser aux jeunes dès 8 ans. Bao et le Dragon de Jade est sélectionné pour une dizaine de prix, dont celui des Incorruptibles. Dans la même série, Le jeune archer du roi de Chine paraît en octobre 2011 (toujours chez Actes Sud). Enthousiasmé par l’accueil des jeunes lecteurs français, Pascal Vatinel essaie de leur consacrer le plus de temps possible, lors de rencontres, pour échanger avec eux sur la Chine, ses traditions et coutumes, mais aussi jouer entre le monde réel et celui des légendes.