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MES NOTES DE LECTURE : LITTÉRATURE JEUNESSE

  • La course à la lune de Myriam Bendhif-Syllas, illustrations de Marion Arbona

     

    Le buveur d’encre, novembre 2017

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    76 pages, 14 €.

     

     

    Voici un très bel ouvrage, où les vraiment superbes illustrations de Marion Arbona s’enlacent au plus près du texte et donnent corps à ce conte qui renoue avec ceux d’antan, avant qu’ils n’aient été dépouillés de leur côté obscur, de leur part de nuit. Un conte imprégné d’une très ancienne sagesse et qui va puiser au plus profond de la mémoire ancestrale des vérités encore plus profondes : pour recevoir, il faut donner et notre lien aux autres, mais aussi à la nature, devrait s’enraciner dans cette évidence. C’est ce que découvre la jeune fille de ce conte initiatique sous l’égide de la lune. Il serait dommage de trop en révéler, car le mystère fait partie du chemin, mais c’est un véritable régal de renouer avec ces énergies oubliées qui grondent dans le ventre des femmes. Le courage, la simplicité, la force, le lien intime avec la nature, autant avec sa douceur et sa beauté qu’avec sa sombre puissance.

     

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    Fille, louve, lune, sorcière, guérisseuse et le conte est fait. Quand on tourne la dernière page, on sent ce petit quelque chose qui remue en nous, ce petit quelque chose de doux et sauvage. Un conte sans limite d’âge, beau comme une lune pleine, dédié « à toute les  sœurcières, grandes et petites qui dansent la vie ».

     

    Cathy Garcia

     

     

    un-conte-initiatique.jpgMyriam Bendhif-Syllas est enseignante dans le secondaire et docteur en littérature française. Elle a publié en 2010, Genet, Proust : Chemins croisés aux éditions L'Harmattan et coordonné un dossier consacré à Jean Genet pour la revue en ligne La Vie littéraire. Elle est rédactrice à la cause littéraire. "La course à la lune" est son premier livre jeunesse.

     

     

    1301793-marion-arbona-diplomee-animation-ecole.jpgAprès son diplôme en animation aux Arts Décoratifs de Paris Marion Arbona se consacre à l’illustration de livres pour enfants. Quand elle ne dessine pas, elle s’intéresse aux poissons des abysses, aux chats (mais elle est allergique), aux plantes bizarres, elle bouquine et va au cinéma. Son tube de gouache préféré est le rouge de cadmium clair. Marion a reçu plusieurs prix d’illustration aux États-Unis et au Canada où elle a vécu pendant dix ans. Elle retourne vivre à Paris en 2015.

     

  • Les Palsou – Un conte de Noël - André Bouchard

     

    texte et illustrations d'André Bouchard, Seuil Jeunesse, 6 octobre 2016.

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    40 pages, 13,50 €.

     

    C’est un vrai conte de Noël que nous propose ici l’auteur/dessinateur André Bouchard, vrai parce qu’on y parle de joie, de générosité, de partage, d’entraide et d’ouverture à l’autre. Vrai parce que le Père Noël s’il existait, pourrait bien être un vieux monsieur à barbe blanche qui vit et apprend aux enfants au cœur d’un bidonville « le bricolage, le jardinage, la politique, la mécanique, l’infirmerie, la littérature, la couture, la soudure et l’arithmétique ». Un bidonville où « pour les langues étrangères on se débrouille entre nous. Dans le quartier, on parle couramment chinois, espagnol, arabe, polonais, grec, bambara, portugais, français et verlan. »

     

    Avec de belles illustrations qui prennent leurs aises sur toute la page, mélange de gris hachurés et de couleurs pétantes, André Bouchard nous présente la famille Palsou et ses quatre enfants. Comme toutes les familles, elle fait ses courses au marché et au supermarché et les enfants prennent le goûter au parc, comme tout le monde quoi. Enfin presque...

     

     

    Mais les enfants, malgré la fricassée d’épluchures, s’amusent bien, comme tous les enfants et ils l’aiment leur quartier plein de cachettes et d’aventures, comme ils aiment leur école avec le vieux Monsieur Nicolas. Leur seul vrai problème, ce sont tous les autres adultes qui ne rigolent pas, mais alors pas du tout ! Alors, ils vont tenter de leur apprendre, en ouvrant l’école du rire, mais ça ne marche pas très bien, les élèves sont des cancres. C’est l’arrivée d’une cocotte magique qui va changer les choses. « C’est là que nous avons compris un truc archi-important ! On peut rire de n’importe quoi avec n’importe qui à condition d’avoir le ventre plein ! ». Ainsi avec « Cocotte Magique », Noël pourrait bien finalement être « une énorme rigolade ». À moins que la Guenille ne vienne jouer sa carabosse… Pour le savoir, lisez les Palsou.

     

    Un très chouette album, tendre et impertinent, dédié à Charles Dickens, Karl Marx et François Ruffin. Le ton est donné.                                                            CG

     

     

    AVT_Andre-Bouchard_873.pjpeg.jpgAndré Bouchard a été publicitaire. Il vit à Paris et travaille aujourd'hui pour la presse et l'édition en qualité d'auteur et illustrateur. Ses livres se caractérisent par des dessins malicieux et un humour caustique. Il a notamment illustré de nombreux livres de Vincent Malone. Il est également l'auteur de : Beurk ! (Seuil jeunesse), Les lions ne mangent pas de croquettes (Seuil jeunesse), Quand papa était petit y avait des dinosaures (Seuil jeunesse), La Mensongite galopante (Gallimard)... « La principale caractéristique commune à la plupart de mes ouvrages, c'est une prédilection pour "le merveilleux ou le fantastique quotidien". Je puise mon inspiration dans la réalité vécue de l'enfant : son rapport aux parents, à la nourriture, à l'égoïsme, au mensonge, etc.»

     

     

  • Histoire d’un chien mapuche (Historia de un perro llamado Leal) de Luis Sepulveda

     

    traduit de l’espagnol (Chili) par Anne-Marie  Illustrations Joëlle Jolivet

    Métailié, octobre 2016

     

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    95 pages, 12 €

     

     

    Au travers de cette belle et émouvante histoire, Luis Sepúlveda rend hommage à ses origines mapuche, étymologiquement « les Gens de la Terre », du Wallmapu, la terre d’Araucanie. Ce peuple autochtone lutte depuis des siècles contre le wingka, l’étranger blanc qui lui a pris ses terres et bien plus que ça et qui l’a repoussé sur les plateaux aux confins du Chili et de l’Argentine. La lutte des Mapuche contre les injustices auxquelles ils sont soumis, est toujours très d’actualité, leurs chefs sont violemment persécutés, leurs droits constamment bafoués.

    Comme tous les peuples autochtones d’Amérique, les Mapuche sont très proches et très respectueux de la nature. Ils la connaissent, la comprennent et la protègent et savent qu’elle « se réjouit de leur présence et tout ce qu’elle demande c’est qu’on nomme ses prodiges avec de belles paroles, avec amour ».

    C’est donc ici l’histoire d’un pichitrewa, un chiot perdu dans la montagne, adopté par nawel, le jaguar, puis conduit par celui-ci dans un village Mapuche où il sera élevé avec le petit-fils d’un logko, un chef et un sage, jusqu’à ce que des wingkas fassent irruption dans le village, avec armes de mort et pelleteuses, assassinent le logko et s’emparent des terres et du chien.

    Cette belle et triste histoire est racontée à la première personne, par le chien lui-même, nommé Afmau, qui signifie loyal. Elle parle de fidélité, de courage, de noblesse et de la cruauté des wingkas, de leur ignorance et de leur irrespect de la nature. Une belle leçon de vie, un hommage au peuple mapuche et un hymne à la nature, où la terre, les animaux, les arbres, les plantes, sont des personnages à part entière. On y apprend bien des choses sur cette Araucanie perdue ainsi que de nombreux mots en mapudungun, la langue mapuche, même les chiffres et les mois, au nombre de treize, qu’on pourra retrouver au complet dans un lexique à la fin de l’ouvrage.

    Des dessins en noir et blanc de Joëlle Jolivet accompagnent, avec justesse et une palpable émotion, cette histoire, de celles qui se racontent au cours d’ayekantun, ces réunions au coin du feu ou au bord de la rivière « en mangeant les fruits de l’araucaria et en buvant le jus des pommes que l’on vient de cueillir au verger », comme celles que racontait aux enfants le grand-oncle de l’auteur, Ignacio Kallfukurá.

    Nul doute que ce sang mapuche qui coule dans les veines de Luis Sepúlveda n’est pas étranger à sa profonde sensibilité et son admirable talent de conteur.

    Et on songe à ces quelques strophes du poète mapucheElikura Chihuailaf Nahuelpan :

     

    Welu ñichaw egu tañi laku egu–

    Lonko lechi lof

    mew – welu kvme az zuwam

    pukintu keygu

     

     

    Je parle de la mémoire de mon enfance

    et non d’une société idyllique

    Là-bas, il me semble,

    j’appris ce qu’était la poésie

     

     

    Cathy Garcia

     

     

     

    imagesCAV9U26J.jpgLuis Sepúlveda est un écrivain chilien né le 4 octobre 1949 à Ovalle. Son premier roman, Le Vieux qui lisait des romans d’amour, traduit en trente-cinq langues et adapté au grand écran en 2001, lui a apporté une renommée internationale. 1975 : il a vingt-quatre ans lorsque, militant à l’Unité populaire (UIP), il est condamné à vingt-huit ans de prison par un tribunal militaire chilien pour trahison et conspiration. Son avocat, commis d’office, est un lieutenant de l’armée. Il venait de passer deux ans dans une prison pour détenus politiques. Libéré en 1977 grâce à Amnesty International, il voit sa peine commuée en huit ans d’exil en Suède. Il n’ira jamais, s’arrêtant à l’escale argentine du vol. Sepúlveda va arpenter l’Amérique latine : Équateur, Pérou, Colombie, Nicaragua. Il n’abandonne pas la politique : un an avec les Indiens shuars en 1978 pour étudier l’impact des colonisations, engagement aux côtés des sandinistes de la Brigade internationale Simon-Bolivar en 1979. Il devient aussi reporter, sans abandonner la création : en Équateur, il fonde une troupe de théâtre dans le cadre de l’Alliance française. Il arrive en Europe en 1982. Travaille comme journaliste à Hambourg. Ce qui le fait retourner en Amérique du Sud et aller en Afrique. Il vivra ensuite à Paris, puis à Gijon en Espagne. Le militantisme, toujours : entre 1982 et 1987, il mène quelques actions avec Greenpeace. Son œuvre, fortement marquée donc par l’engagement politique et écologique ainsi que par la répression des dictatures des années 70, mêle le goût du voyage et son intérêt pour les peuples premiers.

     

    Publié sur avec une critique du même livre par Didier Bazy : http://www.lacauselitteraire.fr/histoire-d-un-chien-mapuche-luis-sepulveda-deux-critiques

     

     

     
  • L’étrange bibliothèque de Haruki Murakami

     

    traduit du japonais par Hélène Morita, illustrations de Kat Menschik

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    Belfond, novembre 2015. 72 pages, 17 €.

     

    Un jeune garçon qui voulait simplement emprunter des livres à la bibliothèque, se retrouve enfermé dans une cellule au fin fond d’un labyrinthe obscur, prisonnier d’un vieillard terrifiant, et sous la garde d’un homme-mouton passif et bienveillant qui fait de délicieux beignets. Comme un rêve qui bascule très vite dans le pire des cauchemars, cette histoire n’aurait pas déplu à Lewis Carroll. Avec pour ingrédients le mystère, le bizarre, l’absurde et une frontière très poreuse entre le poétique et l’épouvante, on y retrouve le goût immodéré de l’auteur pour les bibliothèques et les ambiances pesantes mais comme évaporées. Il y est question de nourriture de l’esprit et de nourriture pour le ventre et d’un menaçant mélange des deux. Il y est aussi question d’un chien féroce, d’un étourneau et d’une petite fille très belle. Bien que la fin puisse laisser le lecteur sur sa faim, très vite, celui-ci se rendra compte que son esprit est retourné dans le labyrinthe pour tenter de démêler le sens caché de cette histoire, et c’est là que tout l’art de Murakami opère. Il réussit à se frayer un chemin dans notre tête et à y déposer tout un tas de questionnements, comme une souris viendrait y déposer des souriceaux. L’ambiance noire et angoissante de L’étrange bibliothèque est formidablement mise en valeur par les vraiment superbes illustrations, en plein page, de l’artiste berlinoise Kat Menschik, qui font de cet ouvrage un très beau livre à glisser dans sa bibliothèque, en prenant garde à ne pas y glisser à son tour.

     

    Cathy Garcia

     

     

    Harukami.pngNé à Kyoto en 1949, Haruki Murakami est un des auteurs japonais contemporains les plus lus au monde. Pressenti pour le prix Nobel depuis 2006, il est traduit en cinquante langues. Fils d’enseignants en littérature japonaise, Haruki Murakami passe son enfance dans une ville portuaire, Kobe, entouré de livres et de chats. Plus tard, il poursuit des études de théâtre et de cinéma à l’université de Waseda. Son imagination est très tôt séduite et façonnée par la littérature américaine, notamment les romans de Raymond Carver, de Raymond Chandler ou de Scott Fitzgerald. Dès 1974, il ouvre un petit bar de jazz, le « Peter Cat », à Tokyo, qu’il va tenir pendant sept ans avant de devenir écrivain. C’est en regardant un match de base-ball, au moment précis où le joueur américain Dave Hilton frappe la balle, qu’Haruki Murakami eut l’idée d’écrire son premier roman, Écoute le chant du vent (1979 – non traduit en Français) qui remporte un succès immédiat et se voit couronné du Prix Gunzo des Nouveaux Écrivains. Premier tome d’une trilogie, ce roman est suivi du Flipper de 1973 (1980) et de La Chasse au mouton sauvage (1982). Haruki Murakami devient dès lors l’un des écrivains japonais les plus populaires au monde. Après la publication de plusieurs romans à succès, Haruki Murakami s’installe à l’étranger. De 1986 à 1989, il vit en Grèce, à Rome et enfin aux États-Unis, où il enseigne la littérature japonaise dans plusieurs universités, dont celle de Princeton. Mais la grave crise économique et sociale que traverse le Japon incite l’écrivain à retourner sur ses terres natales dès 1995. Très marqué par le tremblement de terre de Kōbe, qui lui inspire par la suite le recueil de nouvelles Après le tremblement de terre, Haruki Murakami s’intéresse également à l’attaque terroriste au gaz sarin dans le métro de Tokyo, perpétrée par la secte Aum. Cette tragédie fera l’objet d’un grand livre d’enquête, Underground, dans lequel l’auteur donne la parole aux témoins et aux victimes de l’attaque. Le thème de l’attentat dans le métro figure également dans 1Q84. La plupart des romans d’Haruki Murakami sont traduits en France chez Belfond et repris aux éditions 10/18, parmi lesquels les célèbres Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, Les Amants du Spoutnik, Kafka sur le rivage ou encore La Ballade de l'impossible. Haruki Murakami a reçu, tout au long de sa carrière, plusieurs distinctions littéraires prestigieuses, notamment le prix Yomiri Literary Prize, le prix Kafka 2006 et le prix Jérusalem de la liberté de l’individu dans la société. Après la trilogie 1Q84, qui a connu un immense succès planétaire, son nouveau roman L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, numéro un des ventes de livres en 2013 au Japon, paraît aux éditions Belfond à la rentrée 2014. En plus de son travail de romancier, Haruki Murakami est le traducteur en japonais de plusieurs écrivains anglo-saxons incontournables, dont Scott Fitzgerald, John Irving, J.D Salinger ou Raymond Carver. De ce dernier, Haruki Murakami affirme qu’il est le professeur le plus important de son existence, ainsi que son plus grand ami en littérature. Haruki Murakami est également journaliste et essayiste.

     

    cette note a été publiée sur la Cause Littéraire.

    http://www.lacauselitteraire.fr/

     

     

  • Littérature Jeunesse dans Collection (la Cause Littéraire avec les Editions de Londres)

       

    par Myriam Bendhif-Syllas

    Prix : 2.99 €
    ISBN : 978-1-910628-41-6
    Nombre de pages : 302 pages
    Langue du livre : français

    Thème : Nouveautés!

    Lorsque la Cause Littéraire a débuté, l’équipe s’est proposé de parler de littérature, de façon non professionnelle certes mais avec le plus grand sérieux, une égale attention apportée à chaque titre et un regard ouvert, précis et amoureux. Car, ce dont il s’agit ici, c’est bel et bien d’amour, d’amour de la littérature sous toutes ses formes, en toute liberté, dans un désir de partage avec les lecteurs de la revue.

    Alors, soutenus par la rédaction et par un groupe de rédacteurs volontaires, nous nous sommes décidés à donner toute sa place à la littérature jeunesse. Sans faire d’exceptions, de l’album pour tous petits à l’album documentaire, des premiers romans aux récits pour adolescents et jeunes adultes, en passant par le pop-up, la BD et les livres-CD. Cette littérature en pleine expansion, riche d’une rare créativité, méritait qu’on lui accorde le même sérieux, la même attention, le même regard que ceux dont bénéficiaient les œuvres destinées aux adultes.

    La Cause Littéraire, en tant que revue numérique indépendante, a été et est aujourd’hui un espace idéal pour développer cette démarche. Si nos articles suivent un certain cadre, une éthique commune, ils demeurent libres dans leur mode d’expression. Il nous est possible de prendre le temps de développer les aspects qui paraissent importants ou remarquables, de parler du graphisme, du format atypique, de citer les textes et d’analyser des images sans risque de sortir du nombre limité de caractères. Il semble que cet aspect soit particulièrement apprécié de nos lecteurs, des auteurs également. Ces retours constituent une grande satisfaction et un encouragement à poursuivre en cette voie.

    Le numéro 3 de « Collection » vous propose un florilège de ces lectures qui nous ont marqués, amusés, interpellés et qui pourront être partagées par d’autres via cette publication. Nous espérons qu’elle participera à la prise de conscience des adultes vis-à-vis des productions jeunesse car ils en sont les premiers lecteurs, les acheteurs, les prescripteurs. Ils sont en effet les premiers passeurs de livres pour les plus jeunes. Dans une certaine mesure, ce sont aussi à eux que sont destinés tous ces ouvrages qui transitent par leur lecture avant d’être remis entre les mains des enfants et adolescents. Notre conviction profonde est que la littérature pour la jeunesse est une partie de la littérature dans son ensemble et qu’elle s’adresse, en réalité, à un public bien plus large que celui qu’on veut bien lui prêter. Ces ouvrages peuvent se lire à partir d’un certain âge, mais sans limite d’âge aucune. Alors laissez-vous tenter, oubliez que vous êtes devenus des adultes et venez découvrir ces coups de cœur et ses surprenants livres qui viennent nous lier tous, grands et petits, dans cet amour fondateur et fondamental qu’est l’amour de la lecture.

    Nous avons choisi de réunir les articles non en fonction de l’âge potentiel des lecteurs ‒ même si celui-ci est précisé en fin d’article ‒ mais en fonction des genres ou des atmosphères. Ce classement s’avère indicatif car certains livres y échappent bien entendu ; certains étant hybrides, à cheval sur plusieurs genres, voire inclassables. Nous commencerons par l’humour qui du sourire au rire traverse bon nombre des productions jeunesse ; viennent ensuite des contes d’hier et d’aujourd’hui, des contes revisités ou inventés, des récits d’aventures palpitants puis des récits historiques de toutes les époques. Des livres documentaires variés tant par leur forme que par leur contenu. Enfin, les récits fantastiques et de science-fiction précèdent les drames et thrillers. Une dernière et brève catégorie est consacrée à quelques inclassables, retenus pour leurs qualités et leur singularité.

    Je souhaite remercier les rédacteurs qui ont contribué par leur motivation, leur talent, à ce travail durant plusieurs années et qui ont accepté de voir leurs textes réunis dans ce volume : Valérie Debieux, Laetitia Steinbach, Olivier Verdun, Cathy Garcia et Emily Vaquié.

    Myriam Bendhif-Syllas

     

     

     

  • Terre-Dragon II. Le Chant du Fleuve, Erik L’Homme

                                            

    Gallimard Jeunesse, février 2015

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    212 pages, 11,50 €.

     

      

     

    Nous avions hâte de connaître la suite des aventures d’Aegir-Peau-d’Ours, ce jeune Dakan, évadé de chez les Naatfarirs qui voulaient en faire un esclave, de Sheylis-Mauvais-Œil, petite-fille de sorcière, elle-même détentrice de pouvoirs et apprentie de Gaan, le vieux sorcier qui avait pris les deux adolescents sous sa protection, sans oublier le jeune Doom le Scalde, c'est-à-dire poète joueur de luth, bien qu’il écorche encore un peu les oreilles de ses amis.

     

    Nous les avions laissés au milieu du Fleuve de Métal, sur un bateau de pierre créé grâce à la magie de Gaan. Pourchassés pas Ishkar-Joue-Fendue, le guerrier Naatfarir, accompagné de son esclave Dakan et de Chakor le noir, un sorcier, ils doivent gagner au plus vite la ville de Kesh-La-Grande, où se trouve le palais du Roi-Dragon. Mais les obstacles seront ici encore très nombreux, voleurs, marais nauséabonds truffés de pièges et de dangers, et un puissant sort opéré par Sahr’sâ, un prêtre du Crâne qui détient toujours la jeune Naabin, a détruit toute la magie de la région, aussi Gaan et Sheylis ne peuvent plus compter sur elle pour les tirer d’affaire, et le vieux Gaan s’affaiblit de plus en plus.

      

    Il semblerait que ce tome là soit un peu moins fouillé que le précédent, quelques ressorts manquent d’originalité et il a perdu en poésie, mais pas en suspense, donc on reste accroché à l’histoire, le rythme est dynamique et on en apprend toujours plus sur ces mystérieux thun-lawz, signes magiques laissés aux habitants du royaume par le Chevaucheur de Vent avant son départ pour le mont Kashkar et qui ressemblent à des runes.

     

    La fin nous laisse en apnée : que va-t-il arriver à Aegir-Peau-d’Ours qui décidément n’est pas un Dakan comme les autres ? Reste à attendre le troisième et dernier tome, Les Sortilèges du Vent.

     

    Ce deuxième tome confirme donc l’attraction exercé par cet univers archaïque, un peu austère et mystérieux, habité de puissantes magies et il reste encore plein de choses à découvrir. Vivement la suite donc, en espérant qu’on y retrouve un peu plus de la poésie du premier tome, qui par ailleurs était plus dense et coûtait aussi moins cher...

     

      

    Cathy Garcia

     

      

    Pour lire à propos du Tome 1 : http://www.lacauselitteraire.fr/terre-dragon-tome-1-le-souffle-des-pierres-erik-l-homme

     

     

     

    contributor_20439_244x0.jpgNé à Grenoble, le 22 décembre  1967, Erik L'Homme passe son enfance à Dieulefit, dont la branche maternelle de sa famille est originaire. Ayant peu d'amour pour l'école (sauf pour les matières littéraires), il se délecte surtout de ses activités parascolaires (piano, rugby) au rang desquelles de grandes promenades dans la nature en compagnie de son père et de ses frères. La passion de la nature ne le quittera d'ailleurs jamais, et après avoir passé une maîtrise d'histoire à l'université de Lyon, il part à la découverte du monde pendant de nombreuses années, accompagné de l'un de ses frères, photographe, dans des voyages qui les conduiront du Pakistan à la Malaisie en passant par l'Afghanistan, les Philippines, le Liban, le Maroc et la Thaïlande. De retour en France, il reprend des études doctorales à l'EHESS puis écrit son premier ouvrage, consacré au royaume de Chitrâl (Pakistan) où son frère et lui ont séjourné pendant deux ans, et à sa langue (le khowar) qu'ils y ont apprise. Après sa rencontre avec Jean-Philippe Arrou-Vignod, auteur et directeur littéraire chez Gallimard, il se lance dans l'écriture de romans jeunesse avec la publication en 2001 de Qadehar le sorcier, premier tome de la trilogie Le Livre des étoiles. Une première publication qui recevra le prix Jeunesse du Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges, le deuxième de la trilogie Le Seigneur Sha recevra aussi le prix des collégiens du Var. En 2009, ses livres jeunesse publiés sont au nombre de dix : la trilogie Le Livre des étoiles, celle des Maîtres des brisants (un space opera dont le troisième opus, Seigneurs de guerre, vient de sortir), l'album des Contes d'un royaume perdu (illustré par François Place) et Phænomen, thriller fantastique en trois tomes également qui commence à avoir du succès à l'étranger. A noter également, le livre illustré "Cochon Rouge", méconnu, sur les indiens d'Amérique. 2011, Erik L'Homme part en dédicace à droite à gauche en France et présente à cette occasion A comme Association, une nouvelle saga dynamique, dont le sixième tome vient de sortir.

     

     

     Note parue sur http://www.lacauselitteraire.fr/terre-dragon-ii-le-chant-...

     

     

     

  • Détectives de père en fils, tome 1 de Rohan Gavin

    traduit de l’anglais par Anne Kriel, Gallimard Jeunesse, octobre 2014,

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    385 pages, 17,50 €   

     

    Plutôt prenante cette enquête et très british – pour cause l’auteur est anglais, elle se déroule d’ailleurs dans la ville de Londres et alentour. Élémentaire mon cher Watson ! (réplique du film Le Retour de Sherlock Holmes, 1929).

    Des enfants surdoués à faire peur, du suspense, de l’humour, des frissons, de la magie noire, une bonne dose de psychologie et de pathos familial, une touche d’excentricité, une pincée de Scotland Yard et quelques véritables cadavres, le tout sur un ton suffisamment léger pour que le livre soit recommandé à partir de 10 ans, cependant 12 me paraît plus raisonnable. L’enquête dure tout de même 380 pages, avec un foisonnement de détails et des longueurs qui peuvent décourager de jeunes lecteurs. Il y manque peut-être un peu de densité donc et le costume en tweed peut ne pas plaire à tout le monde, mais la lecture est toutefois agréable et on a toujours envie de connaître la suite, preuve que la mayonnaise a pris.

    Les héros, comme le titre l’indique, sont les Kingsley, un père et un fils, Alan et Darkus, 13 ans, surnommé Doc et toute l’énergie que met ce dernier pour égaler, voire surpasser un père qu’il n’a connu que tout entièrement absorbé par son travail, puis plongé depuis quatre ans dans un inexplicable profond sommeil. Mais Darkus a récupéré la Bible, le disque dur d’Alan, où sont compilés tout le fruit et les détails de ses enquêtes, qui convergent toutes vers un même but : prouver l’existence d’un groupe occulte mais ultra puissant, la Combinaison.

    Pour Darkus, le début de sa propre enquête, sont des évènements étranges qui semblent n’avoir aucun lien entre eux, mais très vite un nouveau best-seller intitulé Le Code semble être un bon début de piste. Un Livre peut-il prendre possession d’une personne jusqu’à lui faire commettre le pire ?

    C’est ce que le très rationnel Darkus, aidé de sa rebelle demi-sœur Tilly, mais aussi d’une imposante gouvernante polonaise et d’un tout aussi imposant agent écossais, va devoir découvrir. Ce sera aussi l’occasion pour lui de retrouver un père. Il est évident que tout au long de l’enquête les sandwichs à la confiture (en triangle, pas en carré) et les biscuits au chocolat seront d’un soutien non négligeable.

    Les aventures de Kingsley & fils, ne faisant que commencer, nous pourrons donc prendre le thé en attendant la suite.

     

    Cathy Garcia

     

    gavin rohan_.jpgAuteur et scénariste, Rohan Gavin vit à Londres. La série Détectives de père en fils lui a été inspirée par ses passions de toujours : les histoires de détectives, les voitures, et toute forme de théorie du complot. Fils de l’auteur Jamila Gavin, il était enfant un grand fan de Tintin, et ses cinq auteurs préférés sont Roald Dahl, Sir Arthur Conan Doyle, Charles Dickens, Ian Fleming et Stephen King.

     

     Cette note a été publié sur http://www.lacauselitteraire.fr/detectives-de-pere-en-fils-tome-1-rohan-gavin

     

     

     

  • Contes de Grimm par Philippe Pullman

     

    traduit de l’anglais par Jean Esch, images de Shaun Tan

     

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    Gallimard, 23 octobre 2014

    496 pages, 35 €.

     

     

    Quel superbe ouvrage, se dit-on aussitôt que l’on a cette « bible » entre les mains, bible par son format et son épaisseur mais aussi par la sensation que l’on tient entre les mains un livre sacré. La beauté des œuvres qui l’illustrent y est pour beaucoup. L’artiste Shaun Tan s’est pour cela inspiré des sculptures de pierre des Inuits et de statuettes en terre de l’art précolombien.

     

    L-Oiseau-d-or_image_full.jpgTout art traditionnel sachant insuffler pouvoir et magie à des matériaux à la fois brut comme la pierre et la terre, et comme le sont les innombrables contes, ici recueillis par les frères Grimm et donc puisés au terreau de l’imaginaire européen, taillés dans le roc de l’imaginaire collectif universel et polis au cours des siècles de mains en mains et de bouche en bouche. Ici on en retrouve cinquante, des plus célèbres aux plus méconnus, dont Philippe Pullman s’est emparé pour les faire passer par sa propre langue, l’Anglais donc, puis retranscrits pour nous en Français par Jean Esch, qui a conservé au plus près les couleurs et le ton particuliers de l’auteur.

     

     

     

    Hansel-et-Gretel_image_full.jpgDes notes à la fin de chaque conte, apportent un éclairage érudit et approfondi à chacun, c’est donc un ouvrage qui n‘a pas de limite d’âge, les enfants aimeront écouter ces histoires intemporelles qui ne vieillissent pas mais refleurissent comme un arbre immortel pour offrir des fruits toujours aussi savoureux à chaque nouvelle génération, et les adultes les redécouvriront avec joie, encore qu’un bon nombre d’entre elles soient tellement peu connues, qu’ils feront eux aussi certainement de nouvelles rencontres. Tous ne pourront qu’apprécier la qualité d’écriture et de l’ouvrage dans son ensemble.

     

    La-Mort-marraine_image_full.jpg

      

    Dans l’introduction l’auteur retrace le contexte historique de la collecte des Frères Grimm et donne un aperçu de sa propre démarche : « À l’instar du jazz, raconter des histoires est un art de l’improvisation, comme l’écriture. » et de son rapport tout particulier et personnel avec le conte de fée : « Quand je travaille, je suis extrêmement superstitieux. Ma superstition concerne la voix à travers laquelle naît l’histoire. Je suis en effet persuadé que chaque récit est accompagné par son propre lutin, dont nous incarnons la voix quand nous racontons cette histoire, et que nous la narrerons avec davantage de succès si nous traitons ce lutin avec respect et courtoisie. »

     

    Le-pecheur-et-sa-femme_image_full.jpgDe même, en postface, l’artiste Shaun Tan s’exprime sur la façon dont sont nées les œuvres qui illustrent les contes et donnent à l’ensemble cette aura mystérieuse et vraiment très singulière.

    Couds l’ourlet et tire le fil

    Frappe sur le clou en plein dans le mille….

     

     

     

     

     

     Cathy Garcia

     

     

     

    Philippe Pullman, .jpgPhilip Pullman est né en 1946, à Norwich, en Angleterre. Son père, pilote de chasse de la R.A.F., est tué en février 1954, au large du Kenya. La mère et ses deux jeunes fils, installés en Rhodésie du Sud, reviennent en Angleterre. Les deux frères sont élevés par les grands-parents maternels dans le Norfolk, tandis que leur mère travaille à Londres. Les garçons grandissent dans une atmosphère religieuse et paisible. Le grand-père, pasteur anglican, passe ses soirées à leur raconter des récits de la Bible. C'est en découvrant à l'école la «Ballade du Vieux Mari» de Coleridge, que Philip Pullman commence à être attiré par l'écriture. Mais une vie de voyages prend le relais : sa mère s'est remariée avec un pilote de la R.A.F. et elle emmène les deux jeunes garçons avec elle en Australie. Philip, âgé de neuf ans, découvre les magazines illustrés –«Batman» et «Spiderman»– et les émissions radiophoniques, qui stimulent son imagination : le soir, il improvise la suite de ces aventures à l'intention de son frère. À l'âge de dix ans, il retourne en Grande-Bretagne, au pays de Galles, et emménage avec toute la famille, agrandie de deux autres enfants. Il passe son temps à lire, à écrire des poèmes, à peindre et à jouer de la guitare. À treize ans, il rencontre un professeur qui le soutient dans son désir de devenir écrivain et lui permet d'obtenir une bourse pour préparer l'examen d'entrée à Exeter College, à Oxford, en 1965. Déçu par le niveau de l'enseignement, il envisage de suivre un autre cursus l'année suivante, en sciences politiques, philosophie et psychologie, mais sa requête est refusée. Il passe l'examen final avec la mention passable. Lors de sa dernière année à l'université, à travers la lecture du roman de Mikhaïl Boulgakov, «Le Maître et Marguerite», Philip Pullman découvre le genre du réalisme fantastique. Il commence à écrire un premier roman mais, appelé en Ouganda pour s'occuper de sa mère malade, il ne le termine pas. Après divers métiers, dont celui d'apprenti bibliothécaire, il mène à bien un nouveau projet de roman, un «thriller métaphysique», qu'il publie et pour lequel il obtient un prix. Il suit ensuite une formation pour devenir instituteur pour des élèves de neuf à treize ans, à Oxford. C'est en préparant des représentations théâtrales pour son établissement qu'il se met à écrire lui-même des pièces qui seront la première ébauche de ses romans pour enfants. Ses premières histoires policières fantastiques, qu'il écrit à raison de trois pages par jour, lui permettent bientôt de prendre un emploi à mi-temps à Oxford. Il devient formateur pour de jeunes professeurs en animant un atelier de conteur qui insiste particulièrement sur la mythologie grecque. Les romans s'enchaînent. Dès 1985, il commence une série policière dont l'héroïne, Sally Lockhart, doit beaucoup au célèbre Sherlock Holmes, et dont l'action se situe dans l'Angleterre de la fin du XIXe siècle. Mais c'est avec la trilogie «À la croisée des mondes», qu'il a mis sept ans à écrire, que Philip Pullman connaît son plus grand succès.

     

    AShaun Tan.jpguteur et dessinateur de bandes dessinées pour la jeunesse, Shaun Tan, né en 1974, grandit à Perth, en Australie. Déjà sur les bancs de l'école, il se distingue par sa taille, plus petite que la moyenne mais surtout par un sacré crayon. Diplômé en arts et littérature anglaise, il débute sa carrière en travaillant en freelance pour illustrer des livres d'images. Puis il dessine pour des magazines de science-fiction et d'horreur destinés aux adolescents. Au bout de quelques années, son travail est récompensé par de nombreux prix dont The Picture Book of the Year Award. En 2001, il reçoit le prix du meilleur artiste aux World Fantasy Awards de Montréal. Cela lui ouvre les portes des Studios Pixar («Toy Story», «Nemo», «Cars», etc.) et des studios Blue Sky («L'Âge de glace») pour lesquels il participe à plusieurs réalisations en tant que concepteur graphique. Au même moment, il commence à publier ses bandes dessinées : «The Arrival», «The List Thing», «The Rabbits» ou encore «Memorial». Ses dessins oniriques conquièrent ses lecteurs. Ayant plus d'une corde à son arc, Shaun Tan peint également de vrais tableaux d'où il puise l'inspiration de la réalité, une rue, un homme et sa canette de bière, une marée noire... Par ailleurs, il peint également une fresque géante pour une bibliothèque ou illustre des pochettes de CD. Shaun Tan a illustré plus d'une vingtaine de titres, jouant de toutes les techniques, crayon, encre, peinture, etc. Shaun Tan a aussi collaboré à un film d'animation et à des adaptations théâtrales et musicales de ses œuvres. En 2011 il est récompensé à Bologne par le jury du prix Astrid Lindgren (le prix le plus important de la littérature jeunesse) qui le proclame lauréat de l'année.

     

    Note publiée sur http://www.lacauselitteraire.fr/

  • Grains de fables de mon sablier de Jean-François Mathé

    illustrations de Charlotte Berghman,

    Edition: Carnets du dessert de lune novembre 2014

     

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    78 pages, 10 €   

     

    Petit format à glisser dans la poche, beau papier, belles illustrations colorées et de la poésie tout plein, pour les enfants jusqu’à 103 ans.

    En poésie, on voyagera, Nos rêves sont les seuls voiliers/Que le tour du monde désire, on voguera sur le Nil, même si c’est sur un lit, /Moitié face, moitié profil, /Bloqué par un torticolis. On appréciera le petit déjeuner servi par l’hôtesse de l’air Un croissant de lune/Dans un bol de thé. /Et si l’on est sage, /Avec notre thé/ On aura du lait, / mais juste un nuage.

    On ne manquera pas de comprendre l’étonnement du chien à qui on ne donne jamais sa langue et qui ne voudra pas avoir pour copain le rouge-gorge qui n’aide à rien, il fait le beau/ Et quand je l’ignore, il babille.

    Ces grains de fables s’écoulent au fil des pages, tantôt moelleux, tantôt croquants, souvent drôles et portés par des courants d’air de joyeuse impertinence, car le vent ne renonce pas à enseigner la liberté/À tout ce que l’on tient en cage, mais également mêlés de quelques pointes de cruauté, quand par exemple sous la dent, le grain cachait un petit ami : trop tard on l’a avalé !

    On croisera toute une faune d’animaux et d’humains, on se moquera bien volontiers du général vertical qui est mort alité, on aura un brin de tristesse pour le petit garçon qui ayant peur de perdre sa maman qui embrasse un nouveau papa, tandis qu’il tourne sur le manège, voudrait qu’elle ait Toujours à son bras/Un seul papa d’bois. D’ailleurs la jalousie est un vilain défaut et dans le poème en pot la victime n’a pas de pot. Et en parlant de pot, vous en apprendrez aussi sur le triste mariage de la poule au pot.

    On saura de même qu’il ne faut même pas confier ses secrets à l’ombre Elle est l’intérieur d’une oreille, mais on pourra cependant déplorer qu’il soit encore question de découverte de l’Amérique avec Christophe Colomb car qu’en pensent donc les « découverts » ? Alors que l’auteur ne manque pas de dire pourtant dans un autre poème, à propos d’un autre sujet, que Tout ça c’est l’Histoire,/Ses sombres saisons, /Ses fers, ses prisons,/Ceux qui s’en font gloire.

     

    Cathy Garcia

     

    AVT_Jean-Francois-Mathe_5038.jpgJean-François Mathé est né dans l’Indre en 1950. Professeur agrégé de lettres modernes en lycée, il a partagé son temps entre la passion pour son métier, la passion de la poésie, celle du dessin d’humour et celle de la chanson. Marié, une fille et deux petites-filles. Il a pris sa retraite en 2010 et vit dans un village du Poitou. Il a reçu en 2013 le Grand Prix International de Poésie Guillevic-Ville de Saint-Malo pour l’ensemble de son œuvre.

     

    Charlotte Berghman a fait ses études à l’Institut Saint-Luc à Bruxelles, option illustration. Sa formation complétée d’un CAP lui permet d’enseigner l’art plastique. Actuellement, elle travaille comme animatrice artistique à mi-temps dans une maison de quartier. Elle reste ouverte à d’autres lieux comme maisons de jeunes, C.E.C, etc. Pour elle, l’illustration et l’animation sont intimement liées. On peut suivre son travail sur http://cha-berghman.blogspot.be/

     

    Cette note a été publié sur La Cause Littéraire :  http://www.lacauselitteraire.fr/

     

     

  • Je m’appelle Mina de David Almond

    traduit de l’anglais par Diane Ménard

    Gallimard jeunesse, Folio Junior mai 2014

     

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     318 pages, 7 €.

     

     

    Je m’appelle Mina est un véritable petit joyau, d’une rare luminosité, précieux dans sa sensibilité, sa justesse, la délicatesse avec lequel il aborde des sujets difficiles comme la mort, le deuil, la différence, la difficulté d’être, la peur des autres, la tentation du suicide ; des sujets sombres et pourtant ce livre est illuminé de l’intérieur, habité d’une joie profonde. Il offre à travers le prisme – et quel prisme ! - des pensées de Mina, un merveilleux hommage à ce qui fait de nous des êtres véritablement  humains : le questionnement, la beauté de la vie et de tout être vivant, l’amour, l’amitié, l’imagination, le sens poétique, le goût de l’aventure et de la liberté, la quête d’identité, l’authenticité et la force de surmonter ses peurs.

     

    Mina a neuf ans, son père est mort et elle vit seule avec sa mère. Mina est différente, du moins c’est ce que semble vouloir lui signifier le monde au-delà de sa maison, de son jardin et de son arbre dans lequel elle passe une grande partie de son temps. Alors Mina démarre un journal, pour confier des secrets bien-sûr, mais aussi parce que Mina adore jouer avec les mots, inventer des histoires, inventer du rien, du bizarre, laisser les mots « flâner et vagabonder », car pour Mina les mots « devraient voler comme les chouettes, voleter comme les chauves-souris, et se faufiler comme les chats. Ils devraient murmurer, crier, danser et chanter. » Et ce n’est pas à l’école qu’ils peuvent faire ça, à l’école les mots sont comme  Mina : en cage. 

     

    Heureusement la maman de Mina la comprend, la comprend si bien qu’elle décide de la scolariser à la maison, parce qu’elle voit bien que Mina ne pourra pas apprendre de l’école, mais il y a tant de choses à apprendre à la maison, d’une promenade dans un parc, de travaux artistiques dans la cuisine, tant à apprendre d’un arbre et des merles qui y font leur nid et d’une phrase de Paul Klee. Tant à apprendre en observant le ciel, la nuit, les étoiles. Mina « adore la nuit. Tout semble possible la nuit quand le reste du monde est endormi ».

     

    Mina a juste besoin de temps, de temps pour grandir, pour devenir courageuse et pouvoir dire un jour « bonjour, je m’appelle Mina » au garçon qui vient d’emménager dans la maison d’en face, celle du vieux monsieur qui est mort. Mina a besoin d’écoute, de tendresse et de l’amour immense de sa maman, qui sait bien que même lorsqu’on devient adulte « il reste toujours au fond de soi quelque chose de minuscule et de fragile (…) comme un tout petit oiseau, qu’on aurait en plein cœur » et « en fait ce n’est pas du tout une faiblesse. Si on oublie que c’est là, on a de gros ennuis ».

     

    Alors Mina n’a pas besoin d’opération de déstrangification, Mina est juste Mina. Une petite fille de neuf ans qui a perdu son papa et qui grandit quand même, à son rythme. «  Est-ce que tout le monde ressent cette excitation, cette stupéfaction en grandissant ? ».

     

    Je m’appelle Mina est un livre aussi beau que bouleversant, drôle aussi et vivifiant, comme un torrent de montagne, doux comme un chat et hors norme, hors cage, hors pensée unique, il fait vraiment du bien. C’est de la pure poésie, de la poésie qui marche, qui court, qui pense et qui danse sous les traits de Mina, et pas seulement dans le fond mais aussi dans la forme de ce journal, où les mots s’échappent, grandissent, rapetissent, où les pages noircissent ou se vident totalement, où Mina propose tout un tas d’activités hors piste et donne de superbes titres aux chapitres tels que :

     

    Dinosaures, pain perdu & voyage aux enfers

    Choux de Bruxelles, sarcasmes & mystères du temps

    Roulé aux figues, urine, crachat, transpiration et tous les mots qui expriment la joie

    Le jour des évaluations blablibertysnack et lumidosité

    En marchant, pizza, étoiles & poussière

     

    Laissez-vous donc emmener par ce livre pas comme les autres, parce qu’il n’est tellement pas comme les autres que chacun est sûr de s’y retrouver dedans.

     

    Cathy Garcia

     

     

     

     

     

     

    david almond.jpgDavid Almond a d'abord été postier, vendeur de balais, éditeur et enseignant ! Un beau jour, il a quitté son travail, vendu sa maison et a rejoint une communauté d'artistes pour se consacrer entièrement à l'écriture. Il publie des livres aussi bien pour les adultes que pour la jeunesse qui lui valent aujourd'hui la réputation de véritable classique. «Skellig», son premier roman pour la jeunesse, remporte un grand succès et reçoit la Carnegie Medal et le Whitbread Children's Book of the Year. Pour «Le Jeu de la Mort», on lui décerne le prix britannique Silver Smarties et le prix américain Michael L. Prinz. Il est également l'auteur d'«Ange des Marais Noirs» (Gallimard Jeunesse). «Le cracheur de feu» a été récompensé en Angleterre par la Carnegie Medal et le prix Smarties en 2003. Il allie souvent réalité et imaginaire, créant un mélange excitant et original, composé de drames humains, d'allégories et d'épisodes surréalistes. Il est l'un des écrivains préférés de J. K. Rowlings, l'auteur de «Harry Potter». Le prix Hans Christian Andersen, parfois surnommé le "petit prix Nobel de littérature", lui a été décerné à Bologne en 2010.

     

     

    Note publiée sur http://www.lacauselitteraire.fr/

     

  • Cet été là – roman graphique jeunesse, de Jillian Tamaki et Mariko Tamaki

    lettrage de Jean-Luc Ruault et traduction de l’anglais (Canada) par Fanny Soubiran, Ed. Rue de Sèvre, mai 2014.

     

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    319 pages, 20 euros.

     

      

    Cet été là est un roman graphique pour jeunes adultes, un "YA graphic novel", qui frappe avant tout par la qualité expressive de ses dessins en n&b. Déclinés en vignettes, en pleine page, voire double page, favorisant ainsi des échappées très poétiques, ils en racontent autant, sinon plus, que les textes. Cette alternance bien étudiée donne vraiment du rythme à l’ensemble, dont l’ambiance sonore est également fortement soulignée à la façon des mangas.

    Cet été là, comme tous les autres étés, Rose part avec ses parents pour leur maison au bord du lac à Awago Beach. Là, comme chaque été depuis qu’elle a 5 ans, elle retrouvera l’exubérante Windy, sa voisine et amie de vacances et tous les souvenirs et rituels de l’enfance. Sauf que cet été là, Rose, surnommée Rosie, à 13 ans et quelque chose a changé, quelque chose d’infime qu’elle ne comprend pas bien, comme une fêlure qui peu à peu va s’agrandir, pas autour d’elle, enfin pas vraiment, mais plutôt en elle.

    Se baigner, jouer, faire du vélo, ramasser des galets, elle en éprouve moins de plaisir, comme si ses sensations s’étaient émoussées. Les pitreries de Windy parfois l’agacent et puis il y a sa mère qui ne va pas bien, qui ne veut jamais aller se baigner, comme si elle était tout le temps malade.

    Windy, dont la mère est massothérapeute et végétarienne et qui a donc l’habitude de milieux plutôt alternatifs, n’a pas sa langue dans sa poche et jacasse à propose de tout et de rien, mais aussi à propos de seins, les siens venant tout juste d’éclore, contrairement à Rosie, plus filiforme. Elle parle aussi d’enfants dont les mères sont toutes lesbiennes comme sa tante. La seule boutique d’Awago Beach, est tenue par Dunc et son pote, ils y louent aussi des cassettes vidéo et enfin il y a Jenny et d’autres filles, que les deux garçons appellent « les salopes », qui sortent avec eux, qui boivent…

    Windy et Rosie, considérées comme des gamines inoffensives qui louent des films d’horreur pour prouver qu’elles n’ont peur de rien, attrapent cependant au vol des informations troublantes, qui ont toutes plus ou moins à voir avec la sexualité. Windy s’en moque un peu, alors elle fait l’imbécile, mais Rosie est beaucoup plus troublée que ce qu’elle en laisse paraître, troublée par Dunc déjà… Elle s’imagine des choses… Des projets pour un futur romantique… Mais Dunc a des soucis…

    Cet été là parle donc de cette période fragile où une fille est en équilibre précaire entre l’enfance et l’adolescence, un équilibre qui peut basculer à tout moment avec l’irruption soudaine d’un monde plus obscur, le monde des adultes. Ce roman en parle avec justesse mais aussi avec crudité, parce que la vie est comme ça et que lorsqu’on a 12-13 ans et que des questionnements se pointent, c’est souvent sans crier gare. Des mots, des expressions résonnent dont on ignore le sens mais qui semblent brûler les lèvres si on les prononce et puis des comportements que l’on ne comprend pas, des émotions qui nous submergent et qui peuvent pousser à commettre des erreurs, qui peuvent parfois avoir de graves répercussions.

    C’est tout cela qui est raconté sans pincettes, ce qui peut ne pas plaire à tous les parents, mais cependant avec sensibilité, au travers d’un été de plus à Awago Beach.

     

    Cathy Garcia

     

    Jillian et Mariko Tamaki sont deux cousines canadiennes.

    Mariko Tamaki website.jpgMariko Tamaki est romancière et musicienne. Outre Skim, roman graphique qu’elle avait déjà co-écrit avec Jillian Tamaki, elle a aussi publié des essais et des œuvres de fiction.

     

     

     

    Jillian Tamakis.jpgJillian Tamaki est une illustratrice et dessinatrice canadienne installée dans le quartier de Brooklyn, à New York. Elle est l’auteur de deux livres dont Skim, avec Mariko Tamaki, et de la bande dessinée SuperMutant Magic Academy diffusée en ligne.

     

     

     

  • Terre-Dragon - Tome 1 – Le souffle des pierres - Erik L’Homme

                                   

    Gallimard Jeunesse, 28 août 2014

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    256 pages, 10,90 €

     

     

     

    Voilà qui inaugure bien cette nouvelle trilogie d’Erik L’Homme. Ce premier tome palpitant d’aventures, donne envie de connaître sans tarder la suite de cette histoire, qui semble dotée d’une vraie originalité, dans la veine pourtant bien exploitée déjà, de l’héroic fantasy.

    Tout se déroule ici en Terre-Dragon. Une contrée fantastique entourée de montagnes et traversée par un étrange fleuve métallique, sur lequel ne peuvent naviguer que des bateaux de pierre et cela uniquement, dans le sens du courant. Cette contrée et ce fleuve sont honorés par le long poème épique d’un scalde, sorte de barde de temps plus anciens encore, nommé Rosk-le-Borgne. Un poème connu de tous et qui entrera régulièrement en résonance avec le fil de l’histoire. Dans une atmosphère plutôt sombre de paganisme magique, où plusieurs clans se côtoient sous la tutelle d’un énigmatique Roi-Dragon que personne n’a jamais vu, nous ferons la connaissance d’un jeune garçon revêtu d’une peau d’ours, au moment où celui-ci s’évade d’une cage, dans laquelle les Naatfarirs, qui avaient également tué ses parents, le gardaient inexplicablement prisonnier depuis des années.

    Dans sa fuite à travers la montagne, Ægir-Peau-d’Ours rencontrera la jeune Sheylis-Mauvais-Œil, petite-fille et apprentie d’une vieille sorcière. Sheylis aussi est en fuite, pourchassée par les habitants de son village qui veulent sa mort. Cette rencontre scellera leur destin et provoquera une métamorphose prématurée du jeune Ægir, qui en réalité est un Dakan, bien que lui-même ne le sache pas encore, mais ce serait dommage de trop en révéler. Sachez seulement que de nombreux et parfois pittoresques personnages viendront aider ou au contraire traquer les deux adolescents, usant de magie grise ou noire, à l’aide notamment des thun-lawz, les signes de pouvoir ou pire encore, de magie rouge. En effet, tandis que les Naatfarirs, avec à leur tête le guerrier Ishkar-Joue-Fendue, veulent récupérer ce qu’ils considèrent être leur Dakan et ceci, avant que ce dernier ne devienne vraiment indomptable, les mystérieux et redoutés prêtres du Crâne, enlèvent des jeunes filles pour l’accomplissement d’une toute aussi mystérieuse prophétie.

    Ce premier tome nous met donc l’eau à la bouche et remue en chacun, jeunes et moins jeunes, la petite étincelle de rêve qui ne meurt pas. Nous attendons avec impatience, le tome 2 : Le chant du fleuve.

    Cathy Garcia

     

    Ncontributor_20439_244x0.jpgé à Grenoble, le 22 décembre  1967, Erik L'Homme passe son enfance à Dieulefit, dont la branche maternelle de sa famille est originaire. Ayant peu d'amour pour l'école (sauf pour les matières littéraires), il se délecte surtout de ses activités parascolaires (piano, rugby) au rang desquelles de grandes promenades dans la nature en compagnie de son père et de ses frères. La passion de la nature ne le quittera d'ailleurs jamais, et après avoir passé une maîtrise d'histoire à l'université de Lyon, il part à la découverte du monde pendant de nombreuses années, accompagné de l'un de ses frères, photographe, dans des voyages qui les conduiront du Pakistan à la Malaisie en passant par l'Afghanistan, les Philippines, le Liban, le Maroc et la Thaïlande. De retour en France, il reprend des études doctorales à l'EHESS puis écrit son premier ouvrage, consacré au royaume de Chitrâl (Pakistan) où son frère et lui ont séjourné pendant deux ans, et à sa langue (le khowar) qu'ils y ont apprise. Après sa rencontre avec Jean-Philippe Arrou-Vignod, auteur et directeur littéraire chez Gallimard, il se lance dans l'écriture de romans jeunesse avec la publication en 2001 de Qadehar le sorcier, premier tome de la trilogie Le Livre des étoiles. Une première publication qui recevra le prix Jeunesse du Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges, le deuxième de la trilogie Le Seigneur Sha recevra aussi le prix des collégiens du Var. En 2009, ses livres jeunesse publiés sont au nombre de dix : la trilogie Le Livre des étoiles, celle des Maîtres des brisants (un space opera dont le troisième opus, Seigneurs de guerre, vient de sortir), l'album des Contes d'un royaume perdu (illustré par François Place) et Phænomen, thriller fantastique en trois tomes également qui commence à avoir du succès à l'étranger. A noter également, le livre illustré "Cochon Rouge", méconnu, sur les indiens d'Amérique. 2011, Erik L'Homme part en dédicace à droite à gauche en France et présente à cette occasion A comme Association, une nouvelle saga dynamique, dont le sixième tome vient de sortir.

     

    Cette note a été publiée sur le site de la Cause Littéraire.

  • Jack et la mort de Tim Bowley

     

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    illustration de Natalie Pudalov


    OQO éditions – octobre 2013. 32 pages, 15,50 €.

     

      

    Cette histoire inspirée de La mort attrapée dans une noix, un conte traditionnel britannique, traite avec délicatesse d’un sujet lourd et grave comme la mort d’une maman pour un petit garçon, et recèle un trésor de sagesse qui permet aux petits comme aux grands de comprendre, très facilement, une leçon des plus essentielles : la mort fait partie de la vie, elles sont indissociables.

      

    En effet, quand le petit Jack croise « une silhouette élancée, vêtue d’une cape noire et le visage caché sous une capuche », qui cherche où se trouve sa maison, Jack comprend aussitôt que c’est la Mort qui vient chercher sa maman malade. Quoi de plus inacceptable pour un petit garçon ? Laisser la mort lui enlever sa maman ! Aussi comme il est malin, il va faire perdre du temps à la Mort en la défiant de nombreuses façons jusqu’à trouver le moyen de l’enfermer dans une bouteille.

     

    Et ça marche ! Quand Jack retourne chez lui sa mère est en pleine forme, elle chante et veut manger. Elle l’envoie donc chercher du bacon. Mais qu’elle ne fut pas la surprise de Jack arrivant chez le boucher, de voir celui-ci aux prises avec un cochon qu’il n’arrive pas à tuer. Les poulets, c’est pareil, impossible de les tuer. Le couteau rebondit sut le cochon et les têtes coupées des poulets reviennent aussitôt sur leur cous. Qu’importe, dit sa maman, et elle l’envoie chercher des légumes au jardin pour faire une délicieuse soupe. Mais au jardin, c’est pareil, impossible de sortir les carottes de terre, pas plus que les pommes de terre, sans parler de ramasser des haricots ou même une pomme.

     

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    C’est comme ça que les jours passant, les villageois commencent tous à avoir très faim, et avec ça ils sont de plus en plus envahis de mouches, de puces, de moustiques… La maman de Jack se doute qu’il y est pour quelque chose et quand il lui raconte toute l’histoire, elle lui demande d’aller aussitôt libérer la Mort.

     

      

    « Merci Jack, dit-elle aimablement,

     

    Maintenant, tu comprends peut-être

     

    que je ne suis pas l’ennemie de la vie.

     

    Elle et moi, nous sommes les deux faces d’une même pièce.

     

    Sans moi, la vie n’existerait pas. »

     

     

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    Jack et la Mort est un livre à mettre entre toutes les mains, sans hésiter. Surtout que, et ce n’est pas la moindre de ses qualités, les illustrations de Natalie Pudalov dans lesquelles s’insère le texte, sont absolument splendides, se déployant en double- page, elles font non seulement corps avec l’histoire, mais elles en racontent même un peu plus. Ce sont de véritables tableaux très originaux aux belles tonalités légèrement insaturées, qui mettent en valeur un rouge flamboyant, tel un fil rouge entre les doigts de la Mort, qui nous guide tout au long des pages. Vraiment, une réussite !

     

      

    Cathy Garcia

     

      

     

    Tim Bowley en plus d’écrire des livres de contes pour les enfants, voire pour les adultes, est surtout un conteur professionnel depuis 1984. Installé en Espagne, depuis son départ du Royaume-Uni en 2001.

     

    Biblio : Historias de Ninguna Parte-Tales from Nowhere(Parablas del Candil) ; Semillas al Viento/Seeds on the Wind (Editorial Raices);El Rey Oso Blanco y Otros Cuentos Maravillosos(Kalandraka);No Escapatorio y Otro Cuentos Maravillosos(Kalandraka);Jamie planted an acorn/Jaime plantio una bellota (Kalandraka);Amelia wants a dog/Amelia quiere un perro(Kalandraka);I’m Scared/Tengo Miedo(OQO)

     

     

    pudalov_image.jpgNatalie Pudalov est née à Niznii Novgorod en Russie en 1980. Toute petite elle a émigré avec sa famille a émigré en Israel. Elle a étudié à " Bezalel " Academy of Art & Design de Jérusalem et obtenu un diplôme en design graphique. Elle a également étudié l'illustration à l’Akademie Der Bildenden Kunste, à Stuttgart, en Allemagne.

  • Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis de Luis Sepulveda

    illustrations de Joëlle Jolivet, Métailié avril 2013

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    80 pages, 11 €

        

     

    Vous vous souvenez de L’histoire d’une mouette et du chat qui lui a appris à voler ? Et bien, Luis Sepúlveda nous revient avec une nouvelle histoire de chat aussi belle que la première. Une histoire sensible, pleine de douceur et de bons sentiments, qui font du bien au cœur et à la tête.

    « Je pourrais dire que Mix est le chat de Max mais je pourrais aussi indiquer que Max est l’humain de Mix. Cependant, comme la vie nous enseigne qu’il n’est pas juste que quelqu’un soit le propriétaire d’une autre personne ou d’un animal, disons alors que Max et Mix, ou Mix et Max, s’aiment l’un l’autre ».

    Max et Mix vivent à Munich, dans une rue bordée de grands et beaux marronniers. Max est un petit garçon et Mix un chaton. Chacune de leurs aventures est l’occasion d’une leçon d’amitié et les deux amis grandissent heureux ensemble. Mix devient un beau chat « adulte, fort et vigoureux », et Max « un adolescent qui se rendait chaque matin à l’école à bicyclette », tandis que Mix allait courir sur les toits et chacun veillait sur la liberté de l’autre, comme le font les vrais amis.

    Puis Max devint « un jeune homme plein de projets et de rêves » et Mix commença à vieillir. A dix-huit ans, quand Max prit un appartement, il prit Mix avec lui. « Mix s’habitua très vite à la nouvelle maison, tout en haut d’un immeuble de cinq étages, et il prit l’habitude de s’asseoir sur le rebord d’une fenêtre, avec l’attention des chats pour tout ce qui se passait de l’autre côté des vitres ». Max lui avait aussi aménagé une trappe pour qu’il puisse se rendre sur les toits, et ainsi la vie s’écoula sans heurts. Max et Mix étaient bons l’un pour l’autre comme le sont les vrais amis.

    Hélas, un jour Max s’aperçut que Mix n’y voyait plus comme avant, pire, qu’il n’y voyait pas du tout. « Le diagnostic fut cruel, dur, inattendu, Mix était aveugle ». Aussi, Max fit en sorte que plus rien ne bouge dans l’appartement, afin que Mix sache s’y retrouver, car ainsi sont les amis, ils s’entraident, même et surtout dans les grandes difficultés de la vie. Max se mit à travailler de plus en plus, Mix était seul toute la journée, son ouïe devint de plus en plus fine, il passait son temps à écouter les sons, dedans, dehors, des autres appartements… Un jour « il entendit des pas menus, très menus mais rapides s’approcher, s’arrêter et se rapprocher de nouveau (…) avec la rapidité de ses plus belles années, Mix lança une de ses pattes de devant et sentit un petit corps tremblant sous ses coussinets ». C’est ainsi que Mix fit la connaissance et vice et versa, d’une souris du Mexique, échappée d’un appartement du dessus. La souris n’a pas de prénom, aussi elle s’appellera Mex.

    C’est donc la plus étonnante amitié que fait naître Luis Sepúlveda sous sa plume, qui une fois encore nous enchante. Une grande et profonde leçon de générosité et d’humanité, dont paradoxalement, les animaux sont loin d’être exempts, surtout quand on les aime comme Sepúlveda, comme il nous le confiera à la fin du livre en racontant comment lui est venue l’inspiration de cette histoire. L’Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis, à lire pour soi ou en famille et se faire du bien au cœur et à la tête.

     

    Cathy Garcia

     

     

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    Luis Sepúlveda est un écrivain chilien né le 4 octobre 1949 à Ovalle. Son premier roman, Le Vieux qui lisait des romans d’amour, traduit en trente-cinq langues et adapté au grand écran en 2001, lui a apporté une renommée internationale. 1975 : il a vingt-quatre ans lorsque, militant à l’Unité populaire (UIP), il est condamné à vingt-huit ans de prison par un tribunal militaire chilien pour trahison et conspiration. Son avocat, commis d’office, est un lieutenant de l’armée. Il venait de passer deux ans dans une prison pour détenus politiques. Libéré en 1977 grâce à Amnesty International, il voit sa peine commuée en huit ans d’exil en Suède. Il n’ira jamais, s’arrêtant à l’escale argentine du vol. Sepúlveda va arpenter l’Amérique latine : Équateur, Pérou, Colombie, Nicaragua. Il n’abandonne pas la politique : un an avec les Indiens shuars en 1978 pour étudier l’impact des colonisations, engagement aux côté des sandinistes de la Brigade internationale Simon-Bolivar en 1979. Il devient aussi reporter, sans abandonner la création : en Équateur, il fonde une troupe de théâtre dans le cadre de l’Alliance française. Il arrive en Europe, en 1982. Travaille comme journaliste à Hambourg. Ce qui le fait retourner en Amérique du Sud et aller en Afrique. Il vivra ensuite à Paris, puis à Gijon en Espagne. Le militantisme, toujours : entre 1982 et 1987, il mène quelques actions avec Greenpeace. Son œuvre, fortement marquée donc par l'engagement politique et écologique ainsi que par la répression des dictatures des années 70, mêle le goût du voyage et son intérêt pour les peuples premiers.

     

     

    Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/histoire-du-chat-et-de-la-souris-qui-devinrent-amis-luis-sepulveda

     

  • Contes de la Terre Mère

    par Rolande Causse, Nane et Jean-Luc Vézinet, illustrations Amélie Fontaine

     

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    Gallimard Jeunesse, avril 2013

    42 pages, 14,50 €

        

    Neuf contes pour faire le tour de notre Terre Mère, notre belle planète si précieuse que nous devrions aimer et protéger, comme elle aussi prend soin de nous. Neuf contes pleins de sagesse, qui s’achèvent chacun sur un petit poème de trois-quatre lignes qui en concentre l’essentiel. Neuf contes qui ouvrent l’esprit, parlent à notre cœur et chacun d’eux a un secret à nous confier.

    Le secret du colibri, qui a insufflé à Pierre Rabhi le nom d’un mouvement écologique et citoyen, résonne encore au plus profond de l’Amazonie. Peu importe que l’on soit grand ou petit, ce qui importe c’est de participer à sa mesure au bien de tous, de faire sa part, ne serait-ce que d’apporter Une goutte d’eau pour éteindre un grand incendie.

    Des Indes, le conte Maléfique ou bénéfique nous apprend que l’équilibre est essentiel et que croyant bien faire, on peut commettre parfois de fatales erreurs. Dans la nature, chaque chose a sa raison d’être et même parfois celles que l’on juge mauvaises.

    Branche abattue

    Équilibre rompu

    L’arbre en mourut


    Un conte aborigène australien, La montagne aux fleurs, montre que foi, persévérance et courage sont récompensés et que les vieilles légendes contiennent un noyau de vérité qu’il est bon de rechercher.

    Du Venezuela, Calebasse, sarbacane et crécelle, un conte arekuna, prouve que générosité et respect apportent abondance alors que l’avidité et la concupiscence conduisent au désastre. La Terre Mère nous offre généreusement ses fruits, mais pour en bénéficier longtemps, nous devons être respectueux de ses limites et ne pas prendre plus qu’il n’en faut, même si nous avons la magie (ou la science) avec nous, sous peine de rompre un équilibre essentiel à notre propre survie. C’est le secret que nous confie ce conte.

    Le grand déluge, est un conte amérindien de la vallée de Yellowstone, aux États-Unis. Il raconte la naissance du premier arc-en-ciel, en commençant par la création du monde par le Grand Esprit, et puis l’arrivée des hommes qui ne respectaient pas la Terre Mère, s’appropriaient les terres, coupaient les arbres, massacraient les bisons et les autres animaux… Alors le Grand Esprit, empli de tristesse devant toute cette désolation sur la Terre Mère « fit tomber une pluie diluvienne pour laver ses plaies et la débarrasser de la présence des hommes », mais grâce à la sagesse de son chef Ours Tacheté et d’un grand bison blanc, la tribu fut sauvée. Pour savoir comment, il faut lire le conte.

    Puis nous faisons un tour en France, en Picardie, avec un conte rigolo, La malice des animaux, destiné aux chasseurs.

    L’arbre à pluie, un conte colombien du désert de la Guajira, nous apprend que l’eau est une précieuse source de vie, et qu’il faut, pour le bien de tous, savoir en prendre soin et la partager équitablement.

    Les trois frères et l’héritage nous emmène aux îles du Cap-Vert, et comme le conte vénézuélien, il montre comment malhonnêteté, avidité et concupiscence conduisent à la perte.

    N’est point enviable

    Le sort des insatiables

    Si elle les juge coupables

    Dame nature est redoutable

    Et enfin, nous partons au Yémen, rejoindre Le vieil homme et le verger, un vieil homme sage et éclairé, qui plante des arbres fruitiers. Un conte qui nous apprend que prendre soin de la Terre Mère c’est aussi songer à ceux qui viendront après et que tout comme nous bénéficions des fruits de nos ancêtres, nous devons aussi planter pour ceux qui viendront après nous.

    Voilà donc en quelques contes, une belle leçon d’écologie, une belle leçon de vie puisqu'au fond, c’est ça l’écologie, c’est le choix de la vie. Une vie en harmonie sur une planète en bonne santé, pour le bien de tous ceux qui sont là, aussi bien nous, humains, que les animaux et les plantes et pour le bien de tous ceux qui suivront. On dit qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, espérons-le.

    Les illustrations d’Amélie Fontaine, dans des tons utilisant simplement les trois couleurs primaires et le noir donnent un cachet supplémentaire à ce bel album. On regrette simplement l’absence d’un conte chinois ou japonais, empreint de sagesse taoïste ou bouddhiste, qui aurait judicieusement complété l’ensemble.

     

    Cathy Garcia

      

     

    Rolande Causse est née en 1937. Elle a deux grandes passions dans la vie : l’écriture et la lecture. Elle écrit des romans et des poèmes pour la jeunesse et aussi des livrets d’opéra. Elle a créé des ateliers de Lecture-Écriture, en 1975, et le Salon du livre de jeunesse de Montreuil, en 1984. Rolande Causse a enseigné également la littérature dans le cadre de la formation permanente. Son association, La Scribure, regroupe des écrivains autour de la promotion de la littérature. Son roman Rouge Braise évoque un lointain souvenir et voudrait être un témoignage contre la guerre, et toutes les souffrances qu’elle engendre.

    Nane et Jean-Luc Vézinet, auteurs et conteurs, ont cosigné avec elle Contes de la Terre-Mère.

    Amélie Fontaine, illustratrice : http://www.ameliefontaine.fr/

     

     

     Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/contes-de-la-terre-mere-rolande-causse-nane-et-jean-luc-vezinet-illustrations-amelie-fontaine