Henri-François Guitard
Et je voudrais surtout que tout soit si fou
Que je ne puisse plus penser, ni pleurer
Par peine ou par goût.
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Et je voudrais surtout que tout soit si fou
Que je ne puisse plus penser, ni pleurer
Par peine ou par goût.
Et moi, il me semblait - tant la fièvre est incohérente ! – que la lune grimant sa face, me tirait la langue comme un pendu !
Le chariot de supermarché, c’est beaucoup plus violent, obscène; vous y étalez une partie de votre organisation vitale, au vu de tous, et, de son côté, il constitue l’élément mobile et grillagé d’un système de surveillance, voire de suspicion (…). On y mélange tout, comme dans une poubelle, d’ailleurs c’est une antichambre de poubelle, tout sera jeté. (…) J’ai toujours eu une attirance étrange pour les objets: l’envie à la fois de les posséder et de m’en débarrasser. Ils provoquent en moi une relation très violente à la réalité. Ils sont comme une quintessence du réel. Quand on essaie d’échapper au quotidien, les objets vous rattrapent, immanquablement, implacablement. Ils vous ramènent à cela même que vous essayez de fuir. Le Caddie est un exemple type de cette mécanique implacable du réel: dans un supermarché, vous pouvez jouer d’élégance et de distance autant que vous voulez, il vous tient comme un élastique.
in "Les objets du siècle: le chariot", Libération, 20 mars 1999
You know it would be untrue
You know I would be a liar
If I was to say to you
Girl we couldn’t get much higher
Come on baby light my fire
Chaque fleur attire sa mouche.
in Journal (1er octobre 1898)
Tu viens juste d'avoir quatre-vingt-deux ans. Tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait plus de cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais. Récemment je suis retombé amoureux de toi une nouvelle fois et je porte de nouveau en moi un vide dévorant que ne comble que ton corps serré contre le mien.
in Lettre à D.
Chacun fixe le seuil de ses ébahissements.
Les miens commencent dès l'animal.
Expliquez-moi le crapaud, je vous tiens quitte de l'homme.
in Carnet d'un biologiste
Qui joue son âme au poker flatteur,
couchera sous les ponts de l’Amour.
in Disparates
Ainsi, les malheurs des autres nous sont indifférents,
à moins qu'ils ne nous fassent plaisir.
in Journal (7 décembre 1894)
Avec les gens de cour, vos pareils, don Salluste,
Je vous laisse, et je reste avec mes chenapans.
Je vis avec les loups, non avec les serpents.
in Ruy Blas
Car la rencontre de deux personnes qui s'aiment inaugure une vie nouvelle, imprévue, incomparablement plus riche que la simple addition de leurs qualités respectives.
in Le miroir des idées
Lance ton cœur devant toi
Et cours pour l’attraper
Si la solitude existe, ce que j'ignore, on aurait bien le droit,
à l'occasion, d'en rêver comme d'un paradis.
in L'envers et l'endroit
Comme c’était facile de partir et d’oublier les gens, les lieux,
d’être neuf. C’était à cause du soleil, du vent, de la mer.
Ce que vous nommez environnement,
c’est ce qui reste de ce que vous avez détruit.
in Les Sociétés traditionnelles au secours des sociétés modernes
de Sabine Rabourdin (éd. Changer d’ère)