Jacques Prévert
Tout condamné à vivre aura la tête bourrée
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Tout condamné à vivre aura la tête bourrée
L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes ;
Allonge l’illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté.
Tout cela ne vaut pas le poison qui découle de tes yeux, de tes yeux ouverts ;
Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers…
Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces gouffres amers
Tout cela ne vaut pas le terrible prodige de ta salive qui mord
Qui plonge dans l’oubli mon âme sans remord
Et, chavirant le vertige,
La roule défaillante aux rives de la Mort !
Rien n’est plus fragile
Que le bonheur sans illusion
Histoire : puits des ressentiments.
in Le Tiers-Instruit
For the music is your special friend
Dance on fire as it intends
Music is your only friend
Until the end, until the end
Take a highway to the end of the night
Take a journey to the bright midnight
Realms of bliss Realms of light
Some are born to sweet delight
Some are born to the endless night
J'ai vu que ce n'était pas l'homme qui était impuissant dans sa lutte contre le mal, j'ai vu que c'était le mal qui était impuissant dans sa lutte contre l'homme. Le secret de l'immortalité de la bonté est dans son impuissance. Elle est invincible.
Elle pleure, insensé, parce qu’elle a vécu !
Et parce qu’elle vit ! Mais ce qu’elle déplore
Surtout, ce qui la fait frémir jusqu’aux genoux
C’est que demain, hélas !
Il faudra vivre encore
Demain, après-demain et toujours ! – comme nous !
Tel que je suis j’attends encore et crois encore aux anges
Je sais les moments où le bleu de la mort
Se salit comme fange
Quand même j’attends et pense que le vent
Chante parfois à haute voix
Avec de pauvres plumes.
Je rebâtis mon songe et puis
Confondant mystification et magie
En tordant le fer sans enclume
J’ai oublié toutes les lois
Pour me laisser à votre choix.
Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage
Traversé ça et là par de brillants soleils
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage
Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
J’ai erré dans les rues, sans cesse et sans but, j’ai marché des jours entiers sur leurs pavés d’indifférence à la recherche de quelque chose de différent. Je me suis perdue dans cet immense labyrinthe sans même penser à demander mon chemin. Car je n’en ai pas et je n’en aurai jamais.
Les hasards qui faisaient surgir un lien impromptu, mais chargé de résonance, entre divers éléments avaient toujours exercé sur elle une emprise délicieuse. Ces rapprochements imprévisibles entre les multiples rives de son existence enchantaient son esprit, comme tout ce qui intensifiait sa vision du monde ou plutôt tout ce qui favorisait la fusion de son monde intérieur avec le monde extérieur. C’étaient enfin ses meilleurs moments: un fabuleux bouche-à-bouche. L’unité régnait à nouveau ici-bas. Elle était à la recherche de ces instants glorieux quand la place entière était cédée à la sidération. L’émotion qui naissait alors était porteuse d’une métamorphose. Cette idée la réjouissait. Se sentir transformée équivalait à une révélation. (…) Les coïncidences lui tournaient la tête, ouvraient ses yeux, ses lèvres, ses oreilles, lui procuraient la divine sensation de l'étonnement. Elle se laissait volontiers séduire par l’idée que d’autres réalités se dissimulaient derrière ces manifestations extérieures si elle était prête à les voir. La réalité était en cela comparable à une peinture à l’huile: toute en couches de pigments successives dont la superposition demeure invisible à l’œil nu. Les amoureux sont sensibles aux signes les plus infimes: elle était tout le temps amoureuse, donc très exercée à l’extra-lucidité et capable d’aller voir jusqu’à la couche la plus maigre pour découvrir le dessin originel. Faire cette descente, c’était en quelque sorte accéder aux causes premières et anticiper leurs effets.
in Swiftitudes
La vie n’est donc qu’une course éperdue
Rien ne sert de courir
Il faut partir à point
Il faut mourir à point
Chercher devant une ombre
Et se ronger les poings
L’on voudrait résister bien ou mal
Et mettre les poings sur les i d’idéal.
Toi que j’ai souvent cherché
A travers d’autres regards
Et si l’on s’était trouvé
Et qu’il ne soit pas trop tard
Pour le temps qu’il me reste à vivre
Stopperais-tu ta vie ivre
Pour venir avec moi
Sur ton île aux mimosas.