Charles Baudelaire
Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage
Traversé ça et là par de brillants soleils
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage
Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
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Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage
Traversé ça et là par de brillants soleils
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage
Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
J’ai erré dans les rues, sans cesse et sans but, j’ai marché des jours entiers sur leurs pavés d’indifférence à la recherche de quelque chose de différent. Je me suis perdue dans cet immense labyrinthe sans même penser à demander mon chemin. Car je n’en ai pas et je n’en aurai jamais.
Les hasards qui faisaient surgir un lien impromptu, mais chargé de résonance, entre divers éléments avaient toujours exercé sur elle une emprise délicieuse. Ces rapprochements imprévisibles entre les multiples rives de son existence enchantaient son esprit, comme tout ce qui intensifiait sa vision du monde ou plutôt tout ce qui favorisait la fusion de son monde intérieur avec le monde extérieur. C’étaient enfin ses meilleurs moments: un fabuleux bouche-à-bouche. L’unité régnait à nouveau ici-bas. Elle était à la recherche de ces instants glorieux quand la place entière était cédée à la sidération. L’émotion qui naissait alors était porteuse d’une métamorphose. Cette idée la réjouissait. Se sentir transformée équivalait à une révélation. (…) Les coïncidences lui tournaient la tête, ouvraient ses yeux, ses lèvres, ses oreilles, lui procuraient la divine sensation de l'étonnement. Elle se laissait volontiers séduire par l’idée que d’autres réalités se dissimulaient derrière ces manifestations extérieures si elle était prête à les voir. La réalité était en cela comparable à une peinture à l’huile: toute en couches de pigments successives dont la superposition demeure invisible à l’œil nu. Les amoureux sont sensibles aux signes les plus infimes: elle était tout le temps amoureuse, donc très exercée à l’extra-lucidité et capable d’aller voir jusqu’à la couche la plus maigre pour découvrir le dessin originel. Faire cette descente, c’était en quelque sorte accéder aux causes premières et anticiper leurs effets.
in Swiftitudes
La vie n’est donc qu’une course éperdue
Rien ne sert de courir
Il faut partir à point
Il faut mourir à point
Chercher devant une ombre
Et se ronger les poings
L’on voudrait résister bien ou mal
Et mettre les poings sur les i d’idéal.
Toi que j’ai souvent cherché
A travers d’autres regards
Et si l’on s’était trouvé
Et qu’il ne soit pas trop tard
Pour le temps qu’il me reste à vivre
Stopperais-tu ta vie ivre
Pour venir avec moi
Sur ton île aux mimosas.
Je ne pense guère de bien de ce que les gens racontent. Un sourd a entendu un muet raconter qu'un aveugle a vu un paralytique danser sur une corde raide.
in La Nuit sous le pont de pierre
Issu de la pensée avide d’absolu qui ne trouve rien à sa mesure, le spleen garde de cette aspiration brisée quelque chose d’âpre et de tendu. Et d’autre part, d’avoir à son origine la sensation implacable du vide des choses et de la fugacité des êtres lui donne on ne sait quel air de condamnation perpétuelle et de paralysie sans remède. Démuni à la fois de résignation et d’espérance, le spleen est une sorte de violence immobile.
Il faut avoir un chaos en soi-même
pour accoucher d'une étoile qui danse.
Qui n'aime pas les loups n'aime pas la nuit, la nuit pour ce qu'elle est, c'est-à-dire la face obscure de notre immense liberté.
in Quinze lieux communs
A travers le moi, tout se révèle, tout se réfléchit, tout s’exprime. Mais par rapport à ce dont il se fait ainsi le médium, le moi est-il autre chose que ce qu’est une vague sur la mer ? Elle se forme de très loin, enfle, monte, se précipite, elle explose, elle se brise; et pourtant elle n’existe pas.
in Traité des solitudes
Ce qui ne peut danser au bord des lèvres
- s'en va hurler au fond de l'âme.
in L'autre visage
C'est un état pratique d'être perdu. c'est là qu'on boit.
Puisqu'on est perdu, on n'a rien à perdre.
C'est à celui qui domine sur les esprits par la force de la vérité, non à ceux qui font des esclaves par la violence, c'est à celui qui connaît l'univers, non à ceux qui le défigurent, que nous devons nos respects.
in Lettres philosophiques
On croit que l'homme peut s'en aller droit devant soi. On croit que l'homme est libre... On ne voit pas la corde qui le rattache au puits, qui le rattache, comme un cordon ombilical, au ventre de la terre. S'il fait un pas de plus, il meurt.
in Terre des hommes