A. Slapins - Evenk shamaness heating her drum over fire - 1975
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On croit que l'homme peut s'en aller droit devant soi. On croit que l'homme est libre... On ne voit pas la corde qui le rattache au puits, qui le rattache, comme un cordon ombilical, au ventre de la terre. S'il fait un pas de plus, il meurt.
in Terre des hommes
Laver ses sens et se faire confiance. Le quotidien nouveau est là. Aussi limpide, aussi simple et évident qu’une fleur de véronique, une évidente beauté. La vie ne peut pas être qu’une longue et interminable suite de conflits et de problèmes. Il faut un temps pour le rire et pour la fête, pour respirer à pleins poumons, chanter, aimer, délivrer le corps. Je veux du bonheur maintenant, du bonheur tout simple, bon comme du pain frais.
cg in A la loupe, tout est rituel, 2013
L'amour est le miracle d'être un jour entendu jusque dans nos silences, et d'entendre en retour avec la même délicatesse : la vie à l'état pur, aussi fine que l'air qui soutient les ailes des libellules et se réjouit de leur danse.
in Ressusciter
La poésie est avant tout la peinture, la chorégraphie,
la musique et la calligraphie de l'âme.
in Neige
Papillon de jour attiré par la nuit ou papillon de nuit attiré par le jour ?
cg in Journal 2006
Cette agrégation d'anonymats, on la retrouve, démultipliée, dans ces foules immenses abandonnées sur d'autres continents, des populations entières, parfois, livrées à la famine, aux épidémies, à toutes les formes de génocides, et souvent sous l'emprise de potentats agréés et soutenus par les grandes puissances. Foules d'Afrique, d'Amérique du Sud. Misère du sous-continent indien. Tant d'autres. Echelles monstrueuses, et l'indifférence occidentale à la mort latente ou aux hécatombes qui se déroulent à des distances qui sont celles de banales destinations touristiques.
Indifférence aux masses de vivants sacrifiés ; quelques minutes d'émotion, toutefois, lorsque la télévision diffuse deux ou trois images de ces dérélictions, de ces tortures, et que nous nous grisons discrètement de nos indignations magnanimes, de la générosité de nos émotions, de nos serrements de cœur sous-tendus par la satisfaction, plus discrète encore, de n'être que des spectateurs – mais dominants.
in L'horreur économique – 1996
Les pays occidentaux ferment donc jalousement leurs frontières terrestres à " la misère du monde ", mais laissent s'échapper par des routes virtuelles les richesses auxquelles leurs citoyens impuissants, désinformés, s'imaginent avoir encore droit, celles qu'ils croient encore posséder et devoir défendre, mais qu'ils laissent fuir sans émotion.
Ce ne sont pas les immigrés qui épuisent chez nous une masse salariale déjà en voie de disparition, mais plutôt, parmi les habitants des contrées défavorisées, ceux qui ne sont pas devenus des étrangers, ceux qui n'ont pas émigré, mais qui, demeurés au sein de leurs propres pays, travaillent à des prix (si l'on peut dire) d'aumône, sans protection sociale, dans des conditions oubliées ici. [...]
Les marchés peuvent choisir leurs pauvres dans des circuits élargis ; le catalogue s'enrichit, car il existe désormais des pauvres pauvres et des pauvres riches. Et il en existe – on en découvre toujours – d'encore plus pauvres, moins difficiles, moins " exigeants ". Pas exigeants du tout. Des soldes fantastiques. Des promotions partout. Le travail est pour rien si l'on sait voyager. Autre avantage : le choix de ces pauvres-là, de ces pauvres pauvres, appauvrira les pauvres riches qui, devenus plus pauvres, proches des pauvres pauvres, seront à leur tour moins exigeants. La belle époque !
in L'horreur économique – 1996