Auteur inconnu - Cimetière de Turin, Italie
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Tel que je suis j’attends encore et crois encore aux anges
Je sais les moments où le bleu de la mort
Se salit comme fange
Quand même j’attends et pense que le vent
Chante parfois à haute voix
Avec de pauvres plumes.
Je rebâtis mon songe et puis
Confondant mystification et magie
En tordant le fer sans enclume
J’ai oublié toutes les lois
Pour me laisser à votre choix.
Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage
Traversé ça et là par de brillants soleils
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage
Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
J’ai erré dans les rues, sans cesse et sans but, j’ai marché des jours entiers sur leurs pavés d’indifférence à la recherche de quelque chose de différent. Je me suis perdue dans cet immense labyrinthe sans même penser à demander mon chemin. Car je n’en ai pas et je n’en aurai jamais.
Noir d’encre. Cette musique est un appel aux voyages, toujours le voyage, intérieur ou extérieur. Ma maladie, c’est de vouloir me sédentariser alors que mon âme reste nomade. Cette maladie je ne sais si elle est bénédiction ou malédiction. Pourquoi donc, toujours ces choix à faire ? Ces contraires qu’il faut départager ?
cg in Journal 2001
Les hasards qui faisaient surgir un lien impromptu, mais chargé de résonance, entre divers éléments avaient toujours exercé sur elle une emprise délicieuse. Ces rapprochements imprévisibles entre les multiples rives de son existence enchantaient son esprit, comme tout ce qui intensifiait sa vision du monde ou plutôt tout ce qui favorisait la fusion de son monde intérieur avec le monde extérieur. C’étaient enfin ses meilleurs moments: un fabuleux bouche-à-bouche. L’unité régnait à nouveau ici-bas. Elle était à la recherche de ces instants glorieux quand la place entière était cédée à la sidération. L’émotion qui naissait alors était porteuse d’une métamorphose. Cette idée la réjouissait. Se sentir transformée équivalait à une révélation. (…) Les coïncidences lui tournaient la tête, ouvraient ses yeux, ses lèvres, ses oreilles, lui procuraient la divine sensation de l'étonnement. Elle se laissait volontiers séduire par l’idée que d’autres réalités se dissimulaient derrière ces manifestations extérieures si elle était prête à les voir. La réalité était en cela comparable à une peinture à l’huile: toute en couches de pigments successives dont la superposition demeure invisible à l’œil nu. Les amoureux sont sensibles aux signes les plus infimes: elle était tout le temps amoureuse, donc très exercée à l’extra-lucidité et capable d’aller voir jusqu’à la couche la plus maigre pour découvrir le dessin originel. Faire cette descente, c’était en quelque sorte accéder aux causes premières et anticiper leurs effets.
in Swiftitudes
Depuis quelques jours, des parfums suaves m’arrivent soudain de je ne sais où, des parfums fleuris. C’est étrange. C’est un phénomène qui a commencé il y a quelque temps maintenant, et qui revient soudain, comme ça. Des parfums flottent dans les airs. Parfois la sensation qu’un autre monde est là, tout près, de l’autre côté d’un voile de plus en plus fin.
cg in A la loupe, tout est rituel