Nat Farbman - Cats Blackie & Brownie catching squirts of milk during milking at Arch Badertscher's dairy farm - 1954
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75 pages, 10 €.
Le Cow-boy de Malakoff est un héros presque solitaire qui vit avec « une squaw du Maroc, une berbère au sang pur et noble » et une fillette qu’il appelle « mon trésor ». Le Cow-boy de Malakoff vit dans « l’immensité poussiéreuse d’un tipi d’avant-guerre » au troisième étage sans ascenseur, « il n’y a pas de digicode, pas de boîte aux lettres (juste une fente dans la porte) ». Le Cow-boy de Malakoff a un lasso de sept mètres, 10 000 vaches qui paissent « jusqu’au quai de la ligne 13, station plateau de Vanves-Malakoff » et des « crocodiles qui viennent de la cave (les larmes d’encore plus loin). Le cow-boy de Malakoff écrit des poèmes « - Je ne sais pas faire autre chose, ma chérie… » et son ranch donne sur l’open space « ce sont des quartiers à perte de vue des immeubles des villes et encore des villes qui s’étendent à l’infini » qu’il peut observer depuis la fenêtre rectangulaire de son tipi deux pièces. Une fenêtre sur les rebords de laquelle « les rayons du soleil s’échouent comme des merdes ». Le cow-boy de Malakoff mène « un vide sédentaire », et même si un vague espoir demeure « comme les oiseaux cherchent la branche au dessus des nuages d’où ils pourront s’élancer vers la rivière poissonneuse qui coule dans le couloir du bus 191 entre deux blocs de béton et un supermarché », le cow-boy de Malakoff sait que le désert est à la porte « - De quoi tu parles, mon chéri ? – De ce qui nous entoure ; referme la porte derrière toi, s’il te plaît. ».
« Dans le décompte des jours indifférenciés », le cow-boy de Malakoff met un pas devant l’autre, bon gré, mal gré, parce qu’il le faut bien :
« - c’est comme ça qu’on avance, je crois
un peu comme une mouche
attirée par
le cul d’une vache. »
Même si parfois, « les jours de peur irraisonnée quand je n’ose plus foutre les pieds dehors », ce n’est que pour aller du lit à la salle de bains, roulant du cul justement « comme John Wayne », « en imitant Robert Mitchum devant la glace beuglant d’une voix virile : - Do you want à biggest target ? ».
« Satori par ci, Satori par là », c’est pourtant bien de la sagesse que le cow-boy de Malakoff ramène à coups de poèmes-lasso.
« Succession de hauts et
de bas
de doux vallons
et de hautes montagnes
pierreuses
le temps
d’une vie
présente les mêmes aspérités
qu’une toile
entre les mains
d’un maître
qui n’en finirait plus
de boire un
dernier verre
puis
de tout recommencer
sans trouver
jamais la justesse
à la fin. »
Le cow-boy de Malakoff, alias Thierry Roquet, a une fois encore, mais peut-être plus encore dans ce recueil là, le don de ré-enchanter le désenchantement. Ce recueil plein d’amour et jamais sans humour est comme une canette d’oxygène pour un chinois de Pékin, un espace intérieur illimité pour les cowboys urbains. A lire à cheval sur un bon vieux canapé. Hiiiiiiiii haaaaaa !
Cathy Garcia
Né en 1968 en Bretagne, Thierry Roquet vit à Malakoff (banlieue sud de Paris). Après une adolescence boutonneuse et solitaire, des études assez vite écourtées, divers boulots alimentaires, des lectures marquantes, une belle histoire d’amour, un enfant et un licenciement (presque) à l’amiable, s’oriente vers l’écriture (du quotidien) petit format… mais longue durée. Ne compte pas s’arrêter là. Inch’allah !
La vie n’est donc qu’une course éperdue
Rien ne sert de courir
Il faut partir à point
Il faut mourir à point
Chercher devant une ombre
Et se ronger les poings
L’on voudrait résister bien ou mal
Et mettre les poings sur les i d’idéal.
Un extrait de Fugitive :
Ph., G.AdC [JE DOIS MARCHER ENCORE] Je dois marcher encore, vers les jachères où les sources vives brassent des runes de rocs et d’ongles. Ça ulule, ça hurle, les nuits sont glacées, les étoiles toujours inaccessibles mais le cœur résonne dans le bois, dans les pierres. Tambours, feux couvés. Flammèches, camouflage des crinières. Nuques renversées. Transe insolente. L’âme s’encorde aux cailloux sorciers. |
Voir : http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2014/03/cathy-garcia-je-dois-marcher-encore.html
Merci à Angèle Paoli.
Photographe italien (de mode essentiellement), né à Milan en 1938.
Toi que j’ai souvent cherché
A travers d’autres regards
Et si l’on s’était trouvé
Et qu’il ne soit pas trop tard
Pour le temps qu’il me reste à vivre
Stopperais-tu ta vie ivre
Pour venir avec moi
Sur ton île aux mimosas.
fragile-moi
évade-moi
sois mon cheval nu
réveille le chaos entre mes cuisses
cg in Tisonne, 2013
Je ne pars pas en Asie les mains vides. Je pars avec des bagages de lumière. A moi de savoir les utiliser. La nervosité me guette mais je connais les moyens de l’apaiser. C’est l’esprit qui créé cet état alors c’est l’esprit qu’il faut calmer. Pour cela le corps est un instrument exceptionnel. L’esprit est le cheval, le souffle est le cavalier. Seul le cavalier peut maîtriser le cheval.
cg in Journal 1999