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CATHY GARCIA-CANALES - Page 239

  • Marie Ghillebaert - Offrande de feu, de fleurs et de couleurs - Pèlerinage de la pleine lune - Chamundi Hill, Karnataka, Inde - 31 juillet 2015

    Offrande  Pèlerinage de la pleine lune 31 juillet 2015, Chamundi Hill, Karnataka, Inde.jpg

     

    Savoir tisser de la joie avec tout ça, malgré tout ça et la faire partager, c'est ça le courage et rien d'autre. Il faut cependant dire, poser le noir, ne pas faire semblant. Ce n'est qu'en acceptant toutes nos émotions qu'on peut trouver cette joie inconditionnelle. Au début, un petit truc de rien du tout, la dernière étincelle d'une toute petite braise, on souffle dessus pour voir, on n'y croit pas, c'est mort mais cette dernière petite lueur, ce point rouge en soi, c'est ce qui ne meurt jamais. Alors on souffle dessus, on continue et un jour un peu de fumée, un autre une flamme, un autre encore un brasier à l'intérieur ! « Se consumer de joie », cette petite expression anodine. Puis l'incendie retombe, c'est le noir, on oublie, on n'y croit plus mais toujours ce petit point rouge. Si on s'en souvient, on le retrouve vite et on recommence, on souffle dessus. Vient le jour où l’on sait qu'on peut rallumer cette braise quand on veut, une paix s'installe, rien n'a changé dehors mais celles et ceux qui nous croisent aperçoivent la flamme. Elle illumine, elle réchauffe celles et ceux qui veulent bien s'approcher et une flamme rallume une autre flamme qui rallume une autre flamme et alors nous brûlons, libres et joyeux, nous brûlons de vie.

     

    in Ourse bipolaire

     

     

     

  • Philippe Brahy à propos du Tarot de Saint Cirque

     

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    Cathy Garcia CANALÈS & Lionel MAZARI
    Le Tarot de Saint Cirque
    Gros Textes – 8€
    ISBN : 978-2-35082-457-4
     
    Plus d'une lame pour ce « Tarot de Saint Cirque » qui se joue à refaire le monde toujours défait ; une sorte de "chants magnétiques" à quatre mains où, Cathy GARCIA CANALÈS et Lionel MAZARI croisent leurs plumes et fusionnent au point qu'il est bien difficile de les discerner l'un de l'autre. Une osmose parfaite et proche en son début de la « Danse macabre de Saint-Saëns » conduite par le poème d'Henri Cazalis en son début : « Zig et zig et zig, la mort en cadence / Frappant une tombe avec son talon, / La mort à minuit joue un air de danse, / Zig et zig et zag, sur son violon.


    Cathy GARCIA CANALÈS, poète, artiste plasticienne, revuiste, animatrice d'atelier et Lionel MAZARI, homme de théâtre et de scène ; auteur-compositeur-interprète. Ce binôme forme un ensemble exceptionnel pour ce recueil fait de textes en prose –de courtes scénettes liées aux précédentes dans une écriture d'égale humeur. Lionel MAZARI, dont l'impeccable diction a servi les poèmes d'Armand OLIVENNES.


    (pg 11 IV — LA PAPESSE) :
    « “Est-ce la Papesse qui passe sur son ânesse ? / Est-ce son âme qu'elle tient en laisse sur le chemin ? / Est-ce la paresse qui retient prisonnière sa jeunesse ?” Bien des questions se posent à la foire aux illusions. » […]


    (pg 13 V — L'ARCANE SANS NOM) :
    « La Mort déguisée d'os / est une sage-femme, / une accoucheuse / qui fait des enfants / en cachette. » […]


    (pg 23 X — LE DIABLE) :
    « Boucan de tous les miens, / triqueballe des Enfers, / comme ils sont ingrats ! / Comme si je ne savais pas les recevoir / avec chaleur, avec ardeur ! » […]


    Ceci devrait donner le ton de ce recueil qui, par le biais du quotidien, s'approche avec dérision de notre destinée. Le Pape, lui-même, en prend pour son grade :


    (pg 28 XII — LE PAPE) :
    « Au tarot tari de l'otarie tarée, / le Pape a dit : “ Habemus bubulle ” / et Jacadi, son chien de mer, / a répondu “ Habemus baballe ”. / Le Pape a tout entendu, / bien qu'occupé à pontifier. » […]


    (pg 47 XIX — LE MAT) :
    […] « j'ai donné ma langue au chien, / avec lui les choses sont simples : / pour montrer qu'il est content / il lui suffit de remuer la queue. » […]


    Nous savons tous qu'il y a deux choses qu'on n'arrête pas dans la vie : la queue des chiens et la langue des gens. Autant le dire avec ironie et sourires. Ce que font Cathy Garcia et Lionel avec talent.


    Je vous recommande la lecture de ce recueil dont je suis loin d'avoir fait le tour et qui se termine sur une note positive : […] « … on a vu sur les chemins, / le Mat siffloter en souriant / suivi d'un chien / qui n'est pas le sien. » La question que l'on peut se poser : Qui est le Mat ?


    Dernière lame : pg 61 — LA MANDRAGORE :
    La très belle illustration de Cathy Garcia CANALÈS.

     


     
     
     
     

  • Et pourquoi moi je dois parler comme toi ? - Anouk Grindberg

    Magnifique Anouk Grindberg. Ce qu'elle ne dit pas dans cet interview, c'est que c'est un sujet qui la touche très directement en rapport avec l'histoire de sa mère et le rejet qu'elle-même a eu en tant que fille par rapport à ce qui a été perçu comme folie par les codes d'une société qui a empêché sa mère d'être ce qu'elle était, de se déployer dans son être, quand on nous empêche de voler, alors on peut se laisser submerger par les forces destructrices du repli.

     

    Et-pourquoi-moi-je-dois-parler-comme-toi-1e-Couv.jpgSorti le 15 octobre dernier aux éditions Le Passeur.

    Anouk Grinberg propose une constellation de textes d'art brut, des bijoux d'inventivité et de liberté, textes écrits par des hommes et des femmes relégués dans les marges des institutions psychiatriques.

     

     

    Chez eux, l’imagination est en tête, les visions débordent, les identités sont multiples, et les sens sont à nu. L’enfance est partout, le réel est augmenté de dialogues avec des esprits et ils parlent couramment la langue du chaos ; le dedans est dehors. On dit d’eux qu’ils sont fous ou idiots.

     

    À leur façon, ils portent aussi le monde. Ils disent, à corps et à cri : « Je ne suis pas ce que vous
    croyez », ils font des danses de vie pour éclairer leurs chambres noires, ils écrivent au monde et le monde
    n’entend pas ; ils créent sans le savoir, et nous nous inclinons devant la vie qu’ils portent en eux. Ils ont eu la pulsion d’écrire, comme on a la pulsion de la vie. Ils se fichaient d’écrire « comme il faut » ; ils
    obéissaient à d’autres lois, inventaient des langues pour se tenir au plus près d’eux-mêmes. Ça jette des étincelles.

     

    Nos cœurs sont à la fête, même quand c’est triste. On retrouve des frères, des sœurs, ou bien nous-mêmes, épluchés de nos falbalas. Avec les écrits bruts, on est à la source de pourquoi l’écriture vient, pour faire monter la vie, pour s’ébrouer du malheur et en faire des feux de camps, pour faire vivre l’esprit.

     

    On ne comprend pas comment le manque de tout l’élémentaire produit cet oxygène. C’est un mystère. Et
    en attendant de comprendre, je tourne autour et avec eux, je me sens vivante.

     

     

    Anouk Grinberg est comédienne et artiste peintre. Ce recueil est un complément au spectacle qu’elle jouera en France en 2020-2021.

     

     

    https://www.le-passeur-editeur.com/les-livres/litt%C3%A9rature/et-pourquoi-moi-je-dois-parler-comme-toi/

     

     

     

     

  • Giovanni Castell - série Aporie

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    nos petits bateaux

    nos petites histoires

    ont rendez-vous

    au grand océan

    de lumière

                                                         

    c’est lui qui fait battre nos cœur

    tourner nos petites centrales

     

    in Le livre des sensations

     

     

     

  • Auteur inconnu

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    Sentir à quel point nous sommes fait de la même étoffe que les fleurs, les nuages, le vent, la pluie et que nos limites ne sont là que pour jouir de toutes les sensations possibles.

     

    cg, in Le livre des sensations

     

     

     

  • Carles Netto Lluis - Papers 3, 2019

    Carles Netto Lluis - Papers 3, 2019.jpg

     

    Il y a dix, vingt, trente ans et la vie passe. Inconsciente. Même nœuds, mêmes impasses. Nos grimaces et nos cris, étranges colifichets empruntés au théâtre d’ombres. Impasse des tourments, des rancœurs à déloger, des caillots de vanité.

     

    Passez-moi la lame qui incise la matière du langage. Sève d’étoiles, draille des signes. Babel fond sous ma langue. J’en fixe simplement l’ombre sur le papier. Infini fugitif. Mes empreintes sur les neiges éternelles de l’inconnaissance.

     

    in Celle qui manque

     

     

  • Blanche

     

     

    On voit de drôles d’oiseaux échoués sur nos plages
    De drôles d’oiseaux !
    Ils ont de l’écume plein les plumes
    Ils ne bougent plus
    Du sel plein les yeux qui ne s’ouvrent plus
    …Au moins ils ne souffrent plus

    Leur ramage se rapporte à leur plumage
    On voit de drôles d’oiseaux
    Qui arrivent par vagues
    Corps mourants qui dansent
    Bal atroce
    Ils viennent chanter sans voix
    Nous parler d’espoir et d’errance
    De leur avenir pris dans des ronces
    Ils viennent perdre nos regards dans l’vague
    Et Bam ! En réponse
    On ferme nos ports
    Nos cœurs, nos portes
    Ils s’enfoncent

    Je revois ce petit rouge gorge
    Allongé sur le sable
    De loin on dirait la ruine d’un monde qui fait l’mort
    Oui mais de près c’est un enfant
    Qui dort qui dort
    Petit prophète deplumé
    Craché par la tempête
    Minuscule poète
    Petit rêve depouillé

    On voit de drôles d’oiseaux échoués sur nos plages
    Avant sur la rive
    on trouvait des bouteilles et on lisait les messages
    Mais les prières roulées dans des flacons de chair
    On préfère les laisser couler
    On laisse les chagrins se noyer
    En pleine mer
    Y’a tant de sos qui s’perdent
    En pleine merde
    D’oiseaux messagers qui viennent se crasher sur nos ombres
    Et on oublie qu’dans c’monde
    On est tous mi-grands mi-p’tits
    Mi-grands mi-p’tits

    Nous, On voudrait se reposer de nos soucis
    Le plus loin possible des bains d’sang
    Et ça s’comprend
    Ici on d’vient barges alors comment devenir berges ?
    On peut pas voir large
    On peut que gamberger, se murger
    Et puis, Bâtir des murs qui dissimulent mal le murmure de l’animal
    Pour oublier que dans c’monde
    On est tous mi grands mi p’tits
    Mi grands mi p’tits

    En restant mutique on s’mutile
    En même temps que dire ?
    J’me sens si impuissante c’est épuisant
    Comment être utile ?
    Ni mystique ni politique
    Mon seul pouvoir est poétique
    Et ce soir très hypothétique
    Peut être que mon premier devoir
    C’est juste de voir
    Et de dire ce qu’en penserait
    La petite fille que j’ai été :
    Y’a des hommes à la mer
    Des enfants en bas âge à bâbord
    Et des mères dont les larmes débordent des canots de sauv’tage
    Alors pour rester debout demain, humains
    Faudra jeter des bouées
    Et tendre des mains
    Des mains !

    Le cœur en miettes sur la main
    C’est la que les oiseaux viennent se mourir
    La voix tremble, s’étrangle et demande
    Sans plier
    Quitte à supplier
    « Ouvrez les ports
    Laissez nous dev’nir terres d’asile
    Je me doute bien qu’ c’est compliqué
    Mais on peut plus vivre comme des îles…
    L’humanité est en péril
    Si elle laisse ne serait-ce qu’un d’ces Hommes périr sans pleurer
    Quand des corps coulent à pic
    C’est l’urgence on agit
    Toi tu prends l’temps d’reflechir
    Mais leurs poumons qui s’ remplissent sont le sablier
    Leurs poumons sont le sablier !
    bordel ce gosse ça pourrait être ton fils
    T’as toujours pas pigé ?!
    Tu oublies qu’ dans c’monde
    On est tous mi grands mi p’tits
    Mi grands mi p’tits
    …Raisonnement elliptique

    Je vois de drôles d’oiseaux échoués
    Sur mes pages
    J’voudrais leur donner des noms
    Des noms d’Hommes
    Mais ils restent anonymes
    Sans figure et sans âge
    Masse informe qui dérive
    Comme une tache de pétrole, de chloroform’ et d’bile

    J’ai le cœur mazouté
    On compte les morts !
    Humanité j’écris ton nom
    Mais je sais pas où t’es…
    Alors les yeux salés
    Mi ouverts, mi clos
    Je rêve
    Je vois de drôles d’oiseaux
    Je vois de drôles d’oiseaux qui voguent
    Et guident des bateaux qui volent
    De drôles d’oiseaux qui voguent et guident des bateaux qui volent…
    Je rêve et je me souviens
    Que dans cette vie
    on est tous
    Si p’tits et si grands
    Si p’tits mais si grands…
    Ensemble