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CATHY GARCIA-CANALES - Page 249

  • Christian Guerder

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    Silence épinglé au ciel

    Boutons d'étoiles mal cousus

    Aux vestes des poucets

    Chuchotis de rivière

    Soupirs des fossés

    Libellules ensorcelées

    Par les folles herbes

     

    cg, in Au fond du tiroir, Livre d'artiste n°2, 2012

     

     

     

     

     

  • Rage ; rabia de Regina José Galindo

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    Traduction LAURENT BOUISSET  - Langue d'origine : ESPAGNOL

     
     

    Dans le numéro spécial Guatemala de la revue Nouveaux Délits (n°58) réalisé en collaboration avec Laurent Bouisset, vous aviez pu découvrir des traductions de poèmes de Regina José Galindo, leur puissance à l'image de tout son travail d'artiste poète et performeuse, la voici donc publiée en France pour la première fois aux éditions des Lisières.

    "À l'image de son travail d'artiste performeuse, la poésie de Regina José Galindo est crue, brute, viscérale. Reflet de la violence d'un continent, son écriture radicale dénonce la violence faite aux femmes et aux Indiens dans son « mauvais mauvais mauvais Guatemala » en proie aux gangs après trente-six années de guerre civile. Rendre hommage et affirmer une résistance, c'est ce que construit par son travail artistique et poétique Regina José Galindo, avec rage et vitalité."

     

    à commander ici :

    https://halldulivre.com/livre/9791096274222-rage-rabia-galindo-regina-jose/

     

    Le site de Regina :

    http://www.reginajosegalindo.com/en/home-en/

     

    Le numéro spécial Guatemala :

    http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2017/09/13/numero-58.html

     

     

     

  • Selva

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    Selva

     

    Ombres pâles sous la lune, le petit groupe avance, en silence. En tête, l’Ancien, celui qui sait. La nuit aux yeux d’onça les observe, les couve de désir phosphorescent, de douceur oppressante. Ténèbres végétales gorgées de sucs et de venins. Les transes stridentes des insectes s’élèvent, s’apaisent. Pulsations, ondulations, symphonies d’un autre monde. Océan de cuirasses, carapaces, antennes, crocs, mandibules, pattes, mâchoires. Copulation. Mutilation. Vie et mort s’entredévorent.

     

    Les hommes marchent. Des traits rouge vif marquent leurs pommettes saillantes. Colliers, perles d’os, flûte gravée, calebasses remplie de feuilles, graines, poudres, pierres secrètes. Les hommes marchent vers le monde des morts. Bientôt leur terre ne sera plus. Atteinte depuis trop longtemps d’une étrange maladie, elle rétrécit et personne ne sait comment la guérir, pas même celui qui sait, l’Ancien.

     

    Une étrange maladie et bien d’autres fléaux aux mains d’un envahisseur blanc, cruel, avide, au pouvoir venimeux. L’Ancien ne peut que s’incliner ; les Esprits semblent avoir rétréci avec son monde. Il ne les entend plus. Fouillés, prospectés, clôturés, abattus, démembrés, brûlés, souillés, massacrés, les Esprits ne parlent plus.

     

    L’Ancien pourtant continue à marcher. Solide. D’autres le suivent. Ombres de plus en plus pâles sous la lune rouge. Et des ténèbres vers la voûte lactée, monte la plainte de la Mère qui pleure.

     

    cg in Sursis (à tire d'ailes 2017)

    Collage originale du même nom

     

     

     

  • La Mort et le Météore de Joca Reiners Terron

     

    Zulma éd., 1er octobre 2020

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    190 pages, 17,50 €.

     

    Nul homme n’est le roi de quoi que ce soit.

    LES INDIENS MÉTROPOLITAINS

     

    Un roman bien singulier que La Mort et le Météore, une dystopie amazonienne qui dresse un portrait acerbe d’une sinistre réalité brésilienne, d’ailleurs exacerbée encore depuis les dernières élections présidentielles, envers l’environnement et les derniers peuples autochtones, notamment les plus isolés, dits non contactés. C’est de ceux-là qu'il est question dans ce roman, qui se déroule dans un futur de plus en plus proche où il ne reste rien de la forêt amazonienne sinon quelques derniers hectares brûlant comme l’enfer et où le Chili a disparu sous le Pacifique.

    La mission qui est confiée au narrateur par Boaventura, un vieux et énigmatique protecteur des derniers Indiens Kaajapukugi — alors qu’une fusée chinoise s’apprête à décoller pour une nouvelle tentative de mission habitée vers Mars — c’est d’accompagner les Kaajapukugi au Mexique, avec l’aide de l’association Survival International (qui existe vraiment) et de les aider à s’y installer. En effet, les cinquante ultimes membres de cette tribu isolée, confrontée à la destruction intégrale de l’écosystème essentiel à leur survie physique et spirituelle, ont demandé l’asile politique. Une première dans l’Histoire. Le Canada, qui avait accepté en premier, étant bien trop froid, c’est finalement le Mexique qui sera leur terre d’accueil et plus précisément un plateau du territoire mazatèque.

    Tout ce que les Kaajapukugi connaissent et bien qu’ils soient parvenus à échapper pendant 400 ans à l’avancée de l’homme blanc, bien qu’ayant frôlé une première éradication au XIXe siècle, raconte Boaventura, a été détruit avec « leurs plantes médicinales sacrées, et même les poisons dans lesquels ils trempaient leurs flèches ou encore le timbó, cette légumineuse toxique qu’ils utilisaient pour la pêche. Les fleuves sont asséchés, les poissons sont morts. Tout a disparu, y compris les hannetons dont ils extrayaient du tinsdanhán. Avec l’érosion tout est parti, il ne reste plus que du sable. Et, suite à la disparition du tinsdanhán, c’est aussi leur monde supérieur qui a été emporté, leurs dieux, leurs fêtes et même les trois Ciels où ils auraient trouvé repos dans la nature, chassé joyeusement les hannetons et fait l’amour avec leurs femmes ».

    Et justement, les cinquante derniers membres de la tribu, sont tous des hommes.

    C’est donc une bien triste mission qui est confiée au narrateur, anthropologue intéressé par les langues mortes et jusque-là surtout un « rond de cuir coincé dans un bureau de la Commission nationale pour le développement des peuples indigènes, à mi-chemin entre le ventilateur et le classeur métallique, et à environ deux coudées de la petite table où le thermos de café exhalait ses derniers soupirs. ». Pas marié, sans enfant, il vient de perdre ses parents et se retrouve héritier seul et endeuillé d’une vieille maison dans le centre historique d’Oaxaca au Mexique, ville décor pour touristes où tous les temps se sont mélangés. Pour lui, c’est donc une mission des plus intéressantes, ne serait-ce que pour le sortir de sa morne vie et lui permettre d’approcher une langue quasi inconnue et de faire quelque chose de bien qui pourrait donner un peu de sens à sa vie. Et il compte sur Boaventura pour le guider dans cette mission, puisque ce sertanista (spécialiste de la forêt amazonienne) de la Funai, la bien réelle Fondation nationale de l’Indien au Brésil, a consacré sa vie à la défense des Kaajapukugi. Mais voilà que la mort subite de ce dernier sème le trouble et la mission prend une tournure des plus imprévues. Une vidéo envoyée par Boaventura à l’anthropologue, juste avant de mourir, pourrait être la clé du mystère kaajapukuji.

    Il serait dommage de révéler plus de ce récit vraiment atypique, si ce n’est qu’il ne cache pas une critique sèche et sans concession d’un monde violent et vorace, vu sous l’angle des plus fragiles des humains, mais aussi les plus mystérieux, qui ont des connaissances que le monde moderne ignore et sous-estime grandement. Dans La Mort et le Météore, elles dépassent les lois du temps et de l’espace. Il est aussi une plongée dans les abîmes de l’être humain et la tentative d’y échapper. Joca Reiners Terron mêle, dans ce roman d’aventure terminale, fiction, fantastique et réalité, une très dure réalité qu’il connaît de par son engagement pour la forêt amazonienne.

    C’est son premier roman traduit en français. Un auteur à suivre.

     

    Cathy Garcia Canalès

     

    joca-terron-03-renato-parada_freeofcharge-399.jpegJoca Reiners Terron est né en 1968 dans le Matto Grosso. Il vit à São Paulo. Il a publié une dizaine d’œuvres narratives et trois recueils de poésie.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Deuxième avis de parution : Mon collier de sel

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    Poèmes 1993-2010

     

     

     

    j’ai cassé mon collier de sel

    ne porte plus désormais

    que des colliers de ciel

     

    2020

     

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    Format A5, 36 pages agrafées

    Illustrations originales de l'auteur

     

     

    Édité et imprimé par l'auteur
    sur papier 100 gr calcaire
    couverture 250 gr calcaire
    100 % recyclé

     

    tirage numéroté et signé

     

    à réserver par mail à mc point gc arobase orange point fr

    12 € + 2 € pour le port

     

     

     

  • Le Tarot de Saint Cirque : avis de parution imminente !

     

     

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    "J'ai eu tous les vices ;
    ma vertu fut
    de n'en avoir cultivé aucun.
    C'est là la Tempérance
    qui me fait parler de moi
    au passé simple et tendre.
    De toutes mes expériences,
    je garde cette saveur particulière
    des vies franches et pleines
    qui laissent l’âme tranquille
    et le cœur en paix.
    D'abus en abus, je n'ai désabusé
    que l'ombre de moi-même ;
    qu'elle cuve à la cave ou boite au grenier,
    jour et nuit, je marche sans cette ombre-là.
    De ces dissolutions parfois extrêmes,
    j’ai obtenu d’étranges pouvoirs :
    je vois clair dans vos nuits ;
    de la boue, je sais tirer
    des ailes de lumière."

     

    Illustration en couverture de Cathy Garcia Canalès

     

    ISBN : 978-2-35082-457-4
    64 pages au format 14 x 20 cm,
    8 € (+ 3,50 € de forfait port quel que soit le nombre d’exemplaires commandés)
    Commande à
    Gros Textes
    Fontfourane
    05380 Châteauroux-les-Alpes
    (Chèques à l’ordre de Gros Textes)

     

     

     

     

  • Mes fous chez Voix Dissonantes

    extraction-de-la-pierre-de-folie-par-jerome-bosch

    texte cathy garcia  / jérôme bosch  L’excision de la pierre de folie  1494

     

     

    Il existe sur cette terre un peuple dont on ne parle jamais mais ils se reconnaissent entre eux ; ils s’aiment ou se haïssent mais surtout sans cesse, ils se renvoient la même question, la seule à leurs yeux qui mérite d’être posée. Ils cherchent, cherchent sans répit, sinon quelques plages de mensonges et certaines formes d’oubli. Cette question murmurée, implorée, chantée, hurlée, ils s’en frappent la tête. Ils s’en mettent le cœur à vif. Ils la boivent tel un vin rare, se saoulent et se régénèrent, la perdent pour mieux la retrouver jusqu’au bout des nuits blanches, des journées sans soleil. Ils la décortiquent, l’aspirent, la crachent et l’offrent parfois sans calcul comme un bouquet de fleurs à une âme de passage.

     

    Certains disent qu’ils sont fous. Et alors ?

     

    Il en faut des fous pour exorciser nos démons, pour donner corps à nos monstres et nous permettre de dormir en paix ! Il en faut des fous pour se mettre à nu et se poignarder avec tous nos pieux mensonges ! Il en faut des fous pour se lancer dans ce vide que nous n’affrontons pas même du regard. Il en faut des fous pour aller décrocher les étoiles qui brillent derrière nos paupières cousues.

     

     

    Il en faut des fous pour accoucher le monde !

     

    Fous ! Les fous battent la campagne et la breloque !

    Fous ! désaxés ! détraqués ! dérangés !

    Siphonnés, piqués, cinglés, timbrés, cintrés!

    Mabouls, marteaux ! Toqués, tapés ! Tordus, toc-toc,

    Cinoques, louftingues, dingues loufoques !

     

    Z’ont perdu la raison,

    La boule et la boussole,

    Une araignée au plafond,

    Mais qu’importe Monsieur,

    Les fous travaillent et pas qu’un peu

    Les fous travaillent du chapeau !

     

    Les fourres tout

    Les foutrement gais

    Les inspirés

    Chercheurs de vérité

    Fous téméraires

    Et foutu bordel !

     

    Les fous à lier

    Les fous de liberté

    Les fous d’amour

    Les fous de bonheur

    Les fous de joie

    Les fous de rire

    Les fous des bois

    Fous de toi

    Et fous au galop

    Les fous échappés du jeu de tarot

    Les fous en marche

    Sur l’échiquier

     

    Il y a aussi les foutez-moi la paix

    Les foutez-vous de ma gueule

    Et tous ces fous qui en veulent

    Il y a les vieux fous sans lendemain

    Les fous qui combattent les moulins

     

     

    Les fous parlent à leur chien

    Les fous respectent la terre

    Les fous donnent tout

    Les fous ne mentent pas

    Les fous flânent en chemin

    Nourrissent les oiseaux

    Les fous pleurent

    La mort d’une fleur

    Les fous se rient des frontières

    Les fous traversent les déserts

    Gravissent les montagnes

    Franchissent les mers

    À la nage ou à la rame

    Les fous disent paix et tolérance

    Brûlent leur carte d’identité

    Pour être sans-papier

    Refusent de s’alimenter

    Parce que d’autres sont affamés

    Les fous ne ferment jamais leur porte à clé

     

    Les fous vivent dans les arbres

    Les fous sèment des jardins

    Les fous se couchent au sol

    Devant les tanks les bulldozers

    Il y a des fous qui aiment tellement les animaux qu’ils ne les mangent pas

    Il y a les fous qui balaient devant leurs pas

    pour ne pas écraser les fourmis

    Les fous parlent d’amour quand on leur fait la guerre

    Les fous pardonnent à leurs tortionnaires

    Les fous luttent, résistent, inventent

    Aiment et cultivent la différence

     

    Les fous vivent leurs idéaux

    Les fous crachent des poèmes

    Sur les façades des cités

    Les fous refusent télé, supermarchés

    Refusent d’être vaccinés, pucés

    S’entêtent à ne pas se résigner

     

    Les fous un jour partent

    Sans se retourner

    Les fous voyagent à pied

    À dos d’ânes, en roulottes

    Il y a des fous qui vont dans une grotte

    Méditer pendant des années

    Il y a des fous qui peuvent

    Se passer d’électricité

    Les fous font de leurs rêves une réalité

    Les fous s’aiment malgré tout

    Les fous refusent le garde à vous

    Les fous croient en la justice

    Et pensent pouvoir changer le monde

     

    Mais les fous craignent les fous

    Les fous vraiment malades

    Les fous nocifs, les fous dangereux

    Les foutez-les dehors

    Les fous qui veulent rester entre eux

    Les fous offensifs

    Führers et fous sanguinaires

    Des fous pervers

    Fous du violent

    Foudre de guerre

    Fous psychopathes

    Et fous de la gâchette

    Des fous furieux

    Des fous maniaques

    Des fous avides

    Des fouilles-merde

    Des fous stupides

    Fous des grandeurs

    Fous persécuteurs

    Fous délirants

    Fous paranoïaques

    Et fous de la matraque

    Des fous forcenés

    Fous d’odieux

    Des fous banquiers

    Fous scientifiques

    Fous fanatiques

    Des fous déguisés en flic

    Fous de fric de pouvoir

    Des fous politicards

    Fous qui veulent tout diriger

    Fous qui veulent tout acheter

    Y’a pas pire fous que ceux-là.

    Fous qui pensent qu’ils n’en sont pas

     

    Et qui proclament :

     

    Est fou celui qui ne pense pas comme nous…

    Est fou celui qui n’est pas comme nous…

     

    Et ils enferment, détruisent, asservissent et assassinent.

     

    Monde foutu par ceux-là ?

    Planète foutue par ces fous ci ?

     

    Plutôt fou-rire !

     

     cg, in Follement autre

     

     

    Source et merci à :

    http://voixdissonante.eklablog.com/dans-les-textes-les-fous-a203062156