Béa Tristan - Les mauvaises manières (1968)
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cathy garcia canalès, début 80's
LES VOLCANS
Il faut qu'on parle des volcans.
Ce fut sublime de grandir au milieu des géants
aux gueules grandes ouvertes.
Enfant, chaque jour, je m'enfonçais
avec cette vitesse de fille gâtée
dans les profondeurs de la terre.
Il me suffisait de poser une oreille
contre la pierre noire que la forêt
avalait
pour sentir le coeur battre ;
ils disent que le feu ne reviendra
probablement jamais.
Ce n'est pas vrai.
C'est une erreur que de penser que mille années
suffisent à éteindre
le brasier des géants.
Simplement, ils se taisent ;
de temps en temps ils murmurent,
personne ne les entend.
Leurs paupières sont froissées :
quand l'été les surprend ils se couvrent
d'herbes sèches pour étouffer
le ronronnement de la vallée.
On ne m'a rien dit, rien expliqué;
Je le sais. Dedans ma poitrine
J'ai le même cratère abîmé
d'un volcan endormi dans vingt-six ans
de cendres renversées,
cerclé de prairies sombres, nourri d'une colère
chargées de tempêtes anciennes.
Il faut qu'on parle de mon volcan.
De cette robe légère que ta voix
lui a taillée, pour lui et pour lui seul,
dans la lumière.
De ce geste simple,
quand tu glisses, en silence, sur son flanc,
quand tu poses ton oreille contre sa peau
d'écorce, de fumée et de sang
et qu'enfin se rejoignent,
dans cette heure si particulière
où les arbres s'éteignent,
la main de la fureur mise dans celle du volcan.
Cent poèmes
Pour chaque champ que tu brûleras
nous sèmerons cent graines
Pour chaque fœtus que tu tueras
nous accoucherons cent fois
Pour chaque femme que tu violeras
nous aurons cent orgasmes
Pour chaque homme que tu tortureras
nous embrasserons cent joies
Pour chaque crime que tu nieras
nous tisserons cent vérités
Pour chaque arme que tu brandiras
nous ferons cent dessins
Pour chaque balle perdue
cent poèmes
Pour chaque balle trouvée
mille chansons.
in Revue Nouveaux Délits n°58 - octobre 2017
Me voilà ravie de présenter
le quatrième Délit buissonnier de la revue Nouveaux Délits !
alors...
plutôt que d'écouter couiner les ambitieux,
que la crise épidéconomique,
— hélas vécue comme une épreuve
par nous, véritables mortels —
stimule et extasie,
j'ai ce jour d'huis préféré
profiter de l'arrêt cardiaque du monde
et de la suspension de son souffle,
pour lire, bercé anesthésié
par cette nouvelle musique de danse macabre,
quelques poèmes de Nuno Judice ;
puis tout en sirotant un citron chaud
édulcoré au miel de sapin,
ce jour d'huis préféré,
tandis que tournoyaient dans le ciel gris doux
dépourvu d'effets dramatiques
quelques corbeaux émoustillés,
voir merles et pies, brindilles au bec,
préparer leur nid,
sans se soucier de notre mort,
parmi des explosions de pâquerettes
et l'éclosion de trois tulipes.
*
Poèmes de Lionel Mazari
écrits sous confinement
entre le 17 Mars et le 19 avril 2020
Illustrations en couverture : Morgane Plumelle
*
tirage numéroté
40 pages agrafées
imprimées sur papier calcaire 100 g
couverture calcaire 250 g
100 % recyclé
Dépôt légal : juillet 2020 - ISSN : 2556-0026
10 €
+2 € de port
à commander à :
Association Nouveaux Délits
nouveauxdelits@orange.fr