Richard Schmid
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On ne sait s'il est risible ou bien sinistre, lors d'une perpétuelle, indéracinable et croissante pénurie d'emplois, d'imposer à chacun des chômeurs décomptés par millions – et ce, chaque jour ouvrable de chaque semaine, chaque mois, chaque année – la recherche " effective et permanente " de ce travail qu'il n'y a pas.
L'horreur économique, 1996
Je bois pour oublier mes années d´infortune
Et cette vie commune
Avec toi mais si seul
Je bois pour me donner l´illusion que j´existe
Puisque trop égoïste
Pour me péter la gueule
Et je lève mon verre à nos cœurs en faillite
Nos illusions détruites
A ma fuite en avant
Et je trinque à l´enfer qui dans mon foie s´impose
En bouquet de cirrhose
Que j´arrose en buvant
Je bois au jour le jour à tes fautes, à mes fautes
Au temps que côte à côte
Il nous faut vivre encore
Je bois à nos amours ambiguës, diaboliques
Souvent tragi-comiques
Nos silences de mort
A notre union ratées, mesquine et pitoyable
A ton corps insatiable
Roulant de lit en lit
A ce serment, prêté la main sur l´Evangile
A ton ventre stérile
Qui n´eut jamais de fruit
Je bois pour échapper à ma vie insipide
Je bois jusqu´au suicide
Le dégoût la torpeur
Je bois pour m´enivrer et vomir mes principes
Libérant de mes tripes
Ce que j´ai sur le cœur
Au bonheur avorté, à moi et mes complexes
A toi, tout feu, tout sexe
A tes nombreux amants
A ma peau boursouflée, striée de couperose
Et à la ménopause
Qui te guette au tournant
Je bois aux lois bénies de la vie conjugale
Qui de peur du scandale
Poussent à faire semblant
Je bois jusqu´à la lie aux étreintes sommaires
Aux putes exemplaires
Aux froids accouplements
Au meilleur de la vie qui par lambeaux nous quitte
A cette cellulite
Dont ton corps se rempare
Au devoir accompli comme deux automates
Aux ennuis de prostate
Que j´aurais tôt ou tard
Je bois à en crever et peu à peu j´en crève
Comme ont crevé mes rêves
Quand l´amour m´a trahi
Je bois à m´en damner le foie comme une éponge
Et le mal qui me ronge
Est le mal de l´oubli
Je m´enivre surtout pour mieux noyer ma peine
Et conjurer la haine
Dont nous sommes la proie
Et le bois comme un trou qu´est en tout point semblable
A celui que le diable
Te fait creuser pour moi
Je bois mon Dieu, je bois
Un peu par habitude
Beaucoup de solitude
Et pour t´oublier toi
Et pour t´emmerder toi
Je bois, je bois
LE CHE ET LA TROISIEME RENCONTRE DE POETES DU MONDE A CUBA.
À Holguín, Cuba, depuis 20 ans se réalise un évènement culturel où la meilleure expression de l’art jeune du pays s’unie aux participants du monde pour faire de « Romerías de Mayo » le Festival Mondial des Jeunesses Artistiques.
Cette année sera dédiée, entre autres, au Che créateur. Pour cette raison, la Troisième Rencontre de Poètes du Monde à Cuba « L’Ile en Vers » et poètes du monde a fait appel aux membres du mouvement à envoyer un poème dédié au CHE. Les poèmes seront publiés dans les réseaux sociaux cubains et aussi dans une anthologie en hommage au Comandant Ernesto Che Guevara. L’anthologie sera éditée au Chili par Apostrophes Editions. Les bénéfices qu’on obtiendra de cette anthologie servirons pour financer les projets de notre mouvement, dont l’un d’eux, est d’inviter chaque année un poète cubain à notre rencontre « Sur les Traces du Poète » qu’on organise chaque année au Chili depuis 2005.
Mon poème RÊVE-Ô-LUTION a été traduit par Luis Arias Manzo pour figurer dans cette anthologie.
RÊVE-Ô-LUTION*
Rêve-ô-lution
A los fuegos a las banderas a las barricadas de arena
A la rubicunda del néctar derramado bajo las mesas
A los niños que caen por el amor de una idea
Rêve-ô-lution
A los discursos exaltados a las masas sublevadas
Al coraje de aquellos que tú isas en el pináculo
Al esplendor y la grandeza del desfile
Rêve-ô-lution
Que ellos no traicionarán a los suyos, los tuyos
Qué gloria gana poder
No tendrán para ellos ni sabor ni deseo
Rêve-ô-lution
Que los niños desaparecidos bajo las bombas la metralla
Bajo los tanques bajo las piedras tetarán el seno de tu gloria
Saludarán el arbitrario con sus muertos enterrados
En el corazón como medallas
Rêve-ô-lution
Que tu canción no sea jamás corrompida desviada
Recomprada revendida sueño oh sueño
Que los hombres no prefieren
El aire con sabor a cobardía
Rêve-ô-lution
Que todos los que transitarán por tus tribunales
Reconocerán ahí una justicia incorruptible
Izada a la altura de tus ideales en que jamás
Tendrás de qué enrojecer
Rêve-ô-lution
Que la simple evocación de tu nombre haga nacer
La gran verdad esta espina a todas las frentes
En que algunos de apresurarán
De nombrar corona
Rêve-ô-lution
En nombre del pueblo
Sueña y entretiene la corte
Canta-oh-lución
Y brindemos por nuestros sueños
Felices bufones
*Rêve-ô-lution, juego de palabras : Rêve=Sueño , Ô=Oh, Lution= lución (de revolución)
Traducción de Luis Arias Manzo
RÊVE-Ô-LUTION
Rêve-ô-lution
Aux feux aux drapeaux aux barricades de sable
Au vermeil du nectar répandu sous les tables
Aux enfants qui tombent pour l’amour d’une idée
Rêve-ô-lution
Aux discours exaltés aux masses soulevées
Au courage de ceux que tu hisses au pinacle
À la splendeur et la grandeur du défilé
Rêve-ô-lution
Qu’ils ne trahiront pas les leurs les tiens
Que gloire gain pouvoir
N’auront pour eux ni saveur ni attrait
Rêve-ô-lution
Que les enfants des disparus sous les bombes la mitraille
Sous les tanks sous les pierres tèteront le sein de ta gloire
Salueront l’arbitraire avec leurs morts piqués
Sur le cœur comme des médailles
Rêve-ô-lution
Que ta chanson ne soit jamais corrompue détournée
Rachetée revendue rêve ô rêve
Que les hommes n’y préfèrent
L’air mielleux de la lâcheté
Rêve-ô-lution
Que tous ceux qui transiteront par tes tribunaux
Y reconnaîtront une justice incorruptible
Hissée à la hauteur d’idéaux dont jamais
Tu n’aurais à rougir
Que la simple évocation de ton nom fasse éclore
La grande vérité cette épine à tous les fronts
Que certains s’empresseront
De nommer couronne
Rêve-ô-lution
Au nom du peuple
Rêve et amuse la cour
Chante-ô-lution
Et trinquons à nos rêves
De joyeux bouffons
(extrait de Pandémonium II, livre d’artiste)
http://www.poetasdelmundo.com
avec des photos & illustrations de Pierre Soletti, précédé d’aimables considérations générales de Jean L’Anselme – Tirage limité et numéroté - Ed. Gros Textes 2014.
48 pages, 13 euros
Quelle classe ! C’est un véritable livre d’artiste là, qui donne la part belle (pleine page, papier glissant sous les doigts) aux illustrations, dont une bonne partie sont des photos - prises pour beaucoup dans et depuis un appart d’un Xème étage d’un quelque part qui ressemble à beaucoup d’autres en zone urbaine. Le genre d’illustrations qui convient parfaitement au titre du livre et qui annoncent à la fois la couleur : noir, blanc et un rouge bien vif et l’odeur… Ici les poèmes viennent se coller à l’image, parfois comme des post-it ou s’insérant dans les lignes du décor, s’excusant presque d’être là.
Le jour se lève
vu sa gueule de bois
à dégoûter une tronçonneuse
il s’enfile deux Dafalgans®
effervescents
&
retourne se pieuter.
Et c’est bien du Dejaeger que nous sommes en train de lire et c’est vrai que la poésie de Dejaeger c’est un peu ça, des textes courts écrits comme avec une gueule de bois perpétuelle, qui fait qu’on va direct à l’essentiel, on ne s’encombre pas (déjà assez encombré comme ça) et surtout on ne peut définitivement pas se laisser emmerder et encore moins se prendre au sérieux ou se jouer la comédie. Gueule de bois ne signifie pas langue de bois bien au contraire, la langue, même pâteuse, ne s’en laisse pas conter, elle tire à vue et elle décape. Efficace, comme ces tampons en paille de fer pour nettoyer les cendriers… Normal, elle a pris sa dose de détergent… Tout en prend pour son dégradé et les poètes pour commencer, jamais si bien servi que par soi-même. Pas de place pour le vernis, les fioritures pompeuses, les m’as-tu vu quand je prends la pose… Dejaeger lui ce qu’il veut c’est
de la poésie
qui casse,
qui merde,
qui vomit
& qui te répond quand tu l’appelles
et quoiqu’en dise le titre de ce livre, il se moque bien de la posture du poète dépressif suicidaire, d’ailleurs c’est un Titre à la con
(…)
Ne participez pas
plus encore
au réchauffement
de la planète !!
C’est que sous ses airs de méchant débonnaire, l’humour de Dejaeger n’est pas idiot pour autant, bien au contraire, faisant fi de la bonne conscience obligatoire, il lui reste la seule et véritable conscience qui vaille : la sienne.
- J’en ai ras le bol !
- Ça arrive…
- Dis, Éric, toi qui a toujours le moral, c’est quoi ton secret ?
- Je n’ai pas de morale
- C’est une philosophie comme une autre
- Je n’ai pas de philosophie.
Mais de la poésie, il en a le Dejaeger, une pleine cargaison, d’abord parce qu’il sait que la poésie, c’est service à volonté, il y en partout et qu’elle peut décapiter coca cola et transformer un cumulo-nimbus en attentat pâtissier, avec un beau clin d’œil
en pensant que là-haut
Noël Godin
a enfin réussi à entarter
le soi-disant
créateur
Et qu’elle peut même sortir d’un tube de gel douche
« Le plus génial :
un gel
au lait de pêche !
En me savonnant
je pense
à une jolie fermière
occupée à traire
une pêche »
Lire Dejaeger c’est comme partir à la pêche justement, sachant qu’on peut y aller peinard, on ramènera toujours quelques beaux poissons et même peut-être des poissons volants !
La poésie
passe beaucoup mieux
avec
un coup dans l’aile
de la poésie,
bien entendu :
je ne suis pas un ange !
A lire donc, avec une offrande de bière pour les poissons.
Cathy Garcia
A commander sur le site des Éditions Gros Textes. http://grostextes.over-blog.com/2014/01/eric-dejaeger.html
Éric Dejaeger (1958-20**) continue son petit mauvaishomme de chemin dans la littérature, commencé il y a plus de trente ans. Il compte à ce jour près de 700 textes parus dans une petite centaine de revues, ainsi qu'une trentaine de titres chez des éditeurs belges et français. Refusant les étiquettes, qui finissent toujours par se décoller et valser à la poubelle, il va sans problème de l'aphorisme au roman en passant par le poème, le conte bref, la nouvelle, voire le théâtre. Sans parler de l'incontournable revue Microbe, qu'il commet depuis de nombreuses années, de mèche avec Paul Guiot.
Derniers titres parus :
Buk you ! – Ouvrage collectif autour de Charles Bukowski – Éd. Gros Textes (France, 2013)
Les cancans de Cancale et environs (recueil instantané 3) – Autoédition – Tirage strictement limitée à 64 exemplaires (2012)
La saga Maigros – Cactus Inébranlable éd. (Belgique, 2011)
NON au littérairement correct ! – Éd. Gros Textes (France, 2011)
Un Grand-Chapeau-Noir-Sur-Un-Long-Visage in Banlieue de Babylone (ouvrage collectif autour de Richard Brautigan), Éd. Gros Textes (France, 2010)
Je ne boirai plus jamais d’ouzo… aussi jeune (recueil instantané 2) – Autoédition – Tirage strictement limitée à 65 exemplaires (2010)
Le seigneur des ânes – maelstrÖm réÉvolution (Belgique, 2010)
Prises de vies en noir et noir – Éd. Gros Textes (France, 2009)
Trashaïkus – Les Éd. du Soir au Matin (France, 2009)
De l’art d’accommoder un prosateur cocu à la sauce poétique suivi de Règlement de compte à O.K. Poetry et de Je suis un écrivain sérieux – Les Éd. de la Gare (France, 2009)
Blog de l’auteur : http://courttoujours.hautetfort.com/
Chacun de nous est un essai de la nature dont le but est l'homme.
Nous vivons au sein d'un leurre magistral, d'un monde disparu que des politiques artificielles prétendent perpétuer. Nos concepts du travail et par là du chômage, autour desquels la politique se joue (ou prétend se jouer) n'ont plus de substance : des millions de vies sont ravagées, des destins sont anéantis par cet anachronisme. L'imposture générale continue d'imposer les systèmes d'une société périmée afin que passe inaperçue une nouvelle forme de civilisation qui déjà pointe, où seul un très faible pourcentage de la population terrestre trouvera des fonctions. L'extinction du travail passe pour une simple éclipse alors que, pour la première fois dans l'Histoire, l'ensemble des êtres humains est de moins en moins nécessaire au petit nombre qui façonne l'économie et détient le pouvoir. Nous découvrons qu'au-delà de l'exploitation des hommes, il y avait pire, et que, devant le fait de n'être plus même exploitable, la foule des hommes tenus pour superflus peut trembler, et chaque homme dans cette foule. De l'exploitation à l'exclusion, de l'exclusion à l'élimination... ?
in L'horreur économique – 1996
Cette réalité tangible, visible, audible, dans laquelle nous évoluons sinon verticalement, au moins horizontalement, au gré de nos pensées et de nos perceptions. Réalité qui nous conforte dans cette idée du moi, dur comme fer qu’il existe, chacun en est la preuve pour soi…et pourtant nous sommes bien ennuyés quand il faut le définir ce moi. Pour masquer notre ignorance, nous nous construisons une personnalité à l’aide de goûts, de préférences, d’aversions, de projets, d’ambitions. Nous nous approprions certains sentiments, émotions plus que d’autres et nous en faisons ce que nous appelons notre caractère et nous sommes rarement d’accord avec la description qu’en font les autres. C’est normal, personne ne nous connaît vraiment (et pour cause qui pourrait connaître ce qui n’existe pas parce que sans cesse changeant…) alors nous nous drapons d’un sentiment de solitude que nous attachons avec une ceinture d’apitoiement sur soi. Qu’on y réfléchisse un peu trop et survient l’angoisse, l’ego qui se sent menacé d’inexistence.
Nous voudrions être comme ci ou comme ça, mais hélas les miroirs sont parfois cruels, alors nous nous trouvons des raisons pour continuer à consolider le mythe d’une façon de plus en plus complexe, afin qu’il ne puisse pas être réduit au néant. Vu sous cet angle là, c’est épuisant de vivre !
cg in Journal 1999
La monstera deliciosa, plante d’intérieur qui me suit depuis tant d’années pour consoler mes nostalgies brésiliennes, renaît de ses tiges rasées… On l’appelle aussi l’ananas du pauvre.
cg in Jardin du causse, 2004
Ed. de l'Atlantique 2011)
...chercheuse d’absolu a du mal avec le côté pratique des choses. Le côté terre à terre. Je manque de terre et de feu, on le sait bien. Je navigue dans les eaux et dans les airs, un univers de bulles. Plénitude ou illusion, un poisson volant. Et le plus fou, c’est que j’en ai vu des poissons volants, des immenses et j’en ai même promené quelques-uns...
cg in Journal 2006