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  • Viviane Forrester

     

    On ne sait s'il est risible ou bien sinistre, lors d'une perpétuelle, indéracinable et croissante pénurie d'emplois, d'imposer à chacun des chômeurs décomptés par millions – et ce, chaque jour ouvrable de chaque semaine, chaque mois, chaque année – la recherche " effective et permanente " de ce travail qu'il n'y a pas. 

     

    L'horreur économique, 1996

     

     

  • Charlez Aznavour - Je bois

     

    Je bois pour oublier mes années d´infortune
    Et cette vie commune
    Avec toi mais si seul
    Je bois pour me donner l´illusion que j´existe
    Puisque trop égoïste
    Pour me péter la gueule

    Et je lève mon verre à nos cœurs en faillite
    Nos illusions détruites
    A ma fuite en avant
    Et je trinque à l´enfer qui dans mon foie s´impose
    En bouquet de cirrhose
    Que j´arrose en buvant

    Je bois au jour le jour à tes fautes, à mes fautes
    Au temps que côte à côte
    Il nous faut vivre encore
    Je bois à nos amours ambiguës, diaboliques
    Souvent tragi-comiques
    Nos silences de mort

    A notre union ratées, mesquine et pitoyable
    A ton corps insatiable
    Roulant de lit en lit
    A ce serment, prêté la main sur l´Evangile
    A ton ventre stérile
    Qui n´eut jamais de fruit

    Je bois pour échapper à ma vie insipide
    Je bois jusqu´au suicide
    Le dégoût la torpeur
    Je bois pour m´enivrer et vomir mes principes
    Libérant de mes tripes
    Ce que j´ai sur le cœur

    Au bonheur avorté, à moi et mes complexes
    A toi, tout feu, tout sexe
    A tes nombreux amants
    A ma peau boursouflée, striée de couperose
    Et à la ménopause
    Qui te guette au tournant

    Je bois aux lois bénies de la vie conjugale
    Qui de peur du scandale
    Poussent à faire semblant
    Je bois jusqu´à la lie aux étreintes sommaires
    Aux putes exemplaires
    Aux froids accouplements

    Au meilleur de la vie qui par lambeaux nous quitte
    A cette cellulite
    Dont ton corps se rempare
    Au devoir accompli comme deux automates
    Aux ennuis de prostate
    Que j´aurais tôt ou tard

    Je bois à en crever et peu à peu j´en crève
    Comme ont crevé mes rêves
    Quand l´amour m´a trahi
    Je bois à m´en damner le foie comme une éponge
    Et le mal qui me ronge
    Est le mal de l´oubli

    Je m´enivre surtout pour mieux noyer ma peine
    Et conjurer la haine
    Dont nous sommes la proie
    Et le bois comme un trou qu´est en tout point semblable
    A celui que le diable
    Te fait creuser pour moi

    Je bois mon Dieu, je bois
    Un peu par habitude
    Beaucoup de solitude
    Et pour t´oublier toi
    Et pour t´emmerder toi
    Je bois, je bois

     

     

  • Poemas al Che

     

    LE CHE ET LA TROISIEME RENCONTRE DE POETES DU MONDE A CUBA.

    À Holguín, Cuba, depuis 20 ans se réalise un évènement culturel où la meilleure expression de l’art jeune du pays s’unie aux participants  du monde pour faire de « Romerías de Mayo » le Festival Mondial des Jeunesses Artistiques.

    Cette année sera dédiée, entre autres, au Che créateur. Pour cette raison, la Troisième Rencontre de Poètes du Monde à Cuba « L’Ile en Vers » et poètes du monde a fait appel aux membres du mouvement à envoyer un poème dédié au CHE. Les poèmes seront publiés dans les réseaux sociaux cubains et aussi dans une anthologie en hommage au Comandant Ernesto Che Guevara. L’anthologie sera éditée au Chili par Apostrophes Editions. Les bénéfices qu’on obtiendra de cette anthologie servirons pour financer les projets de notre mouvement, dont l’un d’eux, est d’inviter chaque année un poète cubain à notre rencontre « Sur les Traces du Poète » qu’on organise chaque année au Chili depuis 2005.

     

     

    Mon poème RÊVE-Ô-LUTION  a été traduit par Luis Arias Manzo pour figurer dans cette anthologie.

     

     

     

    RÊVE-Ô-LUTION*

     

    Rêve-ô-lution

    A los fuegos  a las banderas a las barricadas de arena

    A la rubicunda del néctar derramado bajo las mesas

    A los niños que caen por el amor de una idea

     

    Rêve-ô-lution

    A los discursos exaltados a las masas sublevadas

    Al coraje de aquellos que tú isas en el pináculo

    Al esplendor y la grandeza del desfile

     

    Rêve-ô-lution

    Que ellos no traicionarán a los suyos, los tuyos

    Qué gloria gana poder

    No tendrán para ellos ni sabor ni deseo

     

    Rêve-ô-lution

    Que los niños desaparecidos bajo las bombas la metralla

    Bajo los tanques bajo las piedras tetarán el seno de tu gloria

    Saludarán el arbitrario con sus muertos enterrados

    En el corazón como medallas

     

    Rêve-ô-lution

    Que tu canción no sea jamás corrompida desviada

    Recomprada revendida sueño oh sueño

    Que los hombres no prefieren

    El aire con sabor a cobardía

     

    Rêve-ô-lution

    Que todos los que transitarán por tus tribunales

    Reconocerán ahí una justicia incorruptible

    Izada a la altura de tus ideales en que jamás

    Tendrás de qué enrojecer

     

    Rêve-ô-lution

    Que la simple evocación de tu nombre haga nacer

    La gran verdad esta espina a todas las frentes

    En que algunos de apresurarán

    De nombrar corona

     

    Rêve-ô-lution

    En nombre del pueblo

    Sueña y entretiene la corte

    Canta-oh-lución

    Y brindemos por nuestros sueños

    Felices bufones

     

    *Rêve-ô-lution, juego de palabras : Rêve=Sueño , Ô=Oh, Lution= lución (de revolución)

     

    Traducción de Luis Arias Manzo

     

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    RÊVE-Ô-LUTION

     

    Rêve-ô-lution

    Aux feux aux drapeaux aux barricades de sable

    Au vermeil du nectar répandu sous les tables

    Aux enfants qui tombent pour l’amour d’une idée

     

    Rêve-ô-lution

    Aux discours exaltés aux masses soulevées

    Au courage de ceux que tu hisses au pinacle

    À la splendeur et la grandeur du défilé

     

    Rêve-ô-lution

    Qu’ils ne trahiront pas les leurs les tiens

    Que gloire gain pouvoir

    N’auront pour eux ni saveur ni attrait

    Rêve-ô-lution

    Que les enfants des disparus sous les bombes la mitraille

    Sous les tanks sous les pierres tèteront le sein de ta gloire

    Salueront l’arbitraire avec leurs morts piqués

    Sur le cœur comme des médailles

    Rêve-ô-lution

    Que ta chanson ne soit jamais corrompue détournée

    Rachetée revendue rêve ô rêve

    Que les hommes n’y préfèrent

    L’air mielleux de la lâcheté

     

    Rêve-ô-lution

    Que tous ceux qui transiteront par tes tribunaux

    Y reconnaîtront une justice incorruptible

    Hissée à la hauteur d’idéaux dont jamais

    Tu n’aurais à rougir

     

    Que la simple évocation de ton nom fasse éclore

    La grande vérité cette épine à tous les fronts

    Que certains s’empresseront

    De nommer couronne

     

    Rêve-ô-lution

    Au nom du peuple

    Rêve et amuse la cour

    Chante-ô-lution

    Et trinquons à nos rêves

    De joyeux bouffons

     

     (extrait de Pandémonium II, livre d’artiste)

     

     

    http://www.poetasdelmundo.com

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Ouvrez le gaz 30 minutes avant de craquer l’allumette d’Éric Dejaeger

    avec des photos & illustrations de Pierre Soletti, précédé d’aimables considérations générales de Jean L’Anselme – Tirage limité et numéroté - Ed. Gros Textes 2014.

     

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    48 pages, 13 euros

     

     

    Quelle classe ! C’est un véritable livre d’artiste là, qui donne la part belle (pleine page, papier glissant sous les doigts) aux illustrations, dont une bonne partie sont des photos - prises pour beaucoup dans et depuis un appart d’un Xème étage d’un quelque part qui ressemble à beaucoup d’autres en zone urbaine. Le genre d’illustrations qui convient parfaitement au titre du livre et qui annoncent à la fois la couleur : noir, blanc et un rouge bien vif et l’odeur… Ici les poèmes viennent se coller à l’image, parfois comme des post-it ou s’insérant dans les lignes du décor, s’excusant presque d’être là.

     

    Le jour se lève

    vu sa gueule de bois

    à dégoûter une tronçonneuse

    il s’enfile deux Dafalgans®

    effervescents

    &

    retourne se pieuter.

     

    Et c’est bien du Dejaeger que nous sommes en train de lire et c’est vrai que la poésie de Dejaeger c’est un peu ça, des textes courts écrits comme avec une gueule de bois perpétuelle, qui fait qu’on va direct à l’essentiel, on ne s’encombre pas (déjà assez encombré comme ça) et surtout on ne peut définitivement pas se laisser emmerder et encore moins se prendre au sérieux ou se jouer la comédie. Gueule de bois ne signifie pas langue de bois bien au contraire, la langue, même pâteuse, ne s’en laisse pas conter, elle tire à vue et elle décape. Efficace, comme ces tampons en paille de fer pour nettoyer les cendriers…   Normal, elle a pris sa dose de détergent… Tout en prend pour son dégradé et les poètes pour commencer, jamais si bien servi que par soi-même. Pas de place pour le vernis, les fioritures pompeuses, les m’as-tu vu quand je prends la pose… Dejaeger lui ce qu’il veut c’est

     

    de la poésie

    qui casse,

    qui merde,

    qui vomit

    & qui te répond quand tu l’appelles

     

    et quoiqu’en dise le titre de ce livre, il se moque bien de la posture du poète dépressif suicidaire, d’ailleurs c’est un Titre à la con

     

    (…)

    Ne participez pas

    plus encore

    au réchauffement

    de la planète !!

     

    C’est que sous ses airs de méchant débonnaire, l’humour de Dejaeger n’est pas idiot pour autant, bien au contraire, faisant fi de la bonne conscience obligatoire, il lui reste la seule et véritable conscience qui vaille : la sienne.

     

    - J’en ai ras le bol !

    - Ça arrive…

    - Dis, Éric, toi qui a toujours le moral, c’est quoi ton secret ?

    - Je n’ai pas de morale

    - C’est une philosophie comme une autre

    - Je n’ai pas de philosophie.

     

    Mais de la poésie, il en a le Dejaeger, une pleine cargaison, d’abord parce qu’il sait que la poésie, c’est service à volonté, il y en partout et qu’elle peut décapiter coca cola et transformer un cumulo-nimbus en attentat pâtissier, avec un beau clin d’œil

     

    en pensant que là-haut

    Noël Godin

    a enfin réussi à entarter

    le soi-disant

    créateur

     

     

    Et qu’elle peut même sortir d’un tube de gel douche

     

    «  Le plus génial :

    un gel

    au lait de pêche !

    En me savonnant

    je pense

    à une jolie fermière

    occupée à traire

    une pêche »

     

    Lire Dejaeger c’est comme partir à la pêche justement, sachant qu’on peut y aller peinard, on ramènera toujours quelques beaux poissons et même peut-être des poissons volants !

     

    La poésie

    passe beaucoup mieux

    avec

    un coup dans l’aile

    de la poésie,

    bien entendu :

    je ne suis pas un ange !

     

    A lire donc, avec une offrande de bière pour les poissons.

     

     

    Cathy Garcia

     

     

    A commander sur le site des Éditions Gros Textes. http://grostextes.over-blog.com/2014/01/eric-dejaeger.html

     

     

    eric dejaeger.jpgÉric Dejaeger (1958-20**) continue son petit mauvaishomme de chemin dans la littérature, commencé il y a plus de trente ans. Il compte à ce jour près de 700 textes parus dans une petite centaine de revues, ainsi qu'une trentaine de titres chez des éditeurs belges et français. Refusant les étiquettes, qui finissent toujours par se décoller et valser à la poubelle, il va sans problème de l'aphorisme au roman en passant par le poème, le conte bref, la nouvelle, voire le théâtre. Sans parler de l'incontournable revue Microbe, qu'il commet depuis de nombreuses années, de mèche avec Paul Guiot.

     

    Derniers titres parus :


    Buk you ! – Ouvrage collectif autour de Charles Bukowski – Éd. Gros Textes (France, 2013)

    Les cancans de Cancale et environs (recueil instantané 3) – Autoédition – Tirage strictement limitée à 64 exemplaires (2012)

    La saga Maigros – Cactus Inébranlable éd. (Belgique, 2011)

    NON au littérairement correct ! – Éd. Gros Textes (France, 2011)

    Un Grand-Chapeau-Noir-Sur-Un-Long-Visage in Banlieue de Babylone (ouvrage collectif autour de Richard Brautigan), Éd. Gros Textes (France, 2010)

    Je ne boirai plus jamais d’ouzo… aussi jeune (recueil instantané 2) – Autoédition – Tirage strictement limitée à 65 exemplaires (2010)

    Le seigneur des ânes – maelstrÖm réÉvolution (Belgique, 2010)

    Prises de vies en noir et noir – Éd. Gros Textes (France, 2009)

    Trashaïkus – Les Éd. du Soir au Matin (France, 2009)

    De l’art d’accommoder un prosateur cocu à la sauce poétique suivi de Règlement de compte à O.K. Poetry et de Je suis un écrivain sérieux – Les Éd. de la Gare (France, 2009)


    Blog de l’auteur : http://courttoujours.hautetfort.com/

     

  • Viviane Forrester

     

    Nous vivons au sein d'un leurre magistral, d'un monde disparu que des politiques artificielles prétendent perpétuer. Nos concepts du travail et par là du chômage, autour desquels la politique se joue (ou prétend se jouer) n'ont plus de substance : des millions de vies sont ravagées, des destins sont anéantis par cet anachronisme. L'imposture générale continue d'imposer les systèmes d'une société périmée afin que passe inaperçue une nouvelle forme de civilisation qui déjà pointe, où seul un très faible pourcentage de la population terrestre trouvera des fonctions. L'extinction du travail passe pour une simple éclipse alors que, pour la première fois dans l'Histoire, l'ensemble des êtres humains est de moins en moins nécessaire au petit nombre qui façonne l'économie et détient le pouvoir. Nous découvrons qu'au-delà de l'exploitation des hommes, il y avait pire, et que, devant le fait de n'être plus même exploitable, la foule des hommes tenus pour superflus peut trembler, et chaque homme dans cette foule. De l'exploitation à l'exclusion, de l'exclusion à l'élimination... ? 

     

    in L'horreur économique – 1996

     

     

  • Hilde Pollak - Onhe title (tänzerin) - 1930's

    Hilde Pollak- Onhe title ( tänzerin)  1920-1930s.jpg

     

     

    Cette réalité tangible, visible, audible, dans laquelle nous évoluons sinon verticalement, au moins horizontalement, au gré de nos pensées et de nos perceptions. Réalité qui nous conforte dans cette idée du moi, dur comme fer qu’il existe, chacun en est la preuve pour soi…et pourtant nous sommes bien ennuyés quand il faut le définir ce moi. Pour masquer notre ignorance, nous nous construisons une personnalité à l’aide de goûts, de préférences, d’aversions, de projets, d’ambitions. Nous nous approprions certains sentiments, émotions plus que d’autres et nous en faisons ce que nous appelons notre caractère et nous sommes rarement d’accord avec la description qu’en font les autres. C’est normal, personne ne nous connaît vraiment (et pour cause qui pourrait connaître ce qui n’existe pas parce que sans cesse changeant…) alors nous nous drapons d’un sentiment de solitude que nous attachons avec une ceinture d’apitoiement sur soi. Qu’on y réfléchisse un peu trop et survient l’angoisse, l’ego qui se sent menacé d’inexistence.

     

    Nous voudrions être comme ci ou comme ça, mais hélas les miroirs sont parfois cruels, alors nous nous trouvons des raisons pour continuer à consolider le mythe d’une façon de plus en plus complexe, afin qu’il ne puisse pas être réduit au néant. Vu sous cet angle là, c’est épuisant de vivre !

     

    cg in Journal 1999

     

     

     

     

  • Moony Khoa Le - Water Walker

    Moony Khoa Le _Water-Walker.jpg

     

    ...chercheuse d’absolu a du mal avec le côté pratique des choses. Le côté terre à terre. Je manque de terre et de feu, on le sait bien. Je navigue dans les eaux et dans les airs, un univers de bulles. Plénitude ou illusion, un poisson volant. Et le plus fou, c’est que j’en ai vu des poissons volants, des immenses et j’en ai même promené quelques-uns...

     

    cg in Journal 2006