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  • Jeane Myers

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    SUTURE

     

    Lunes de cire

    Echo des frontières

    Tracées au khôl

    Nuit émaciée

    Aux éclats de souffre

     

    La langue des anges

    Dérange les nerfs

    Prend la douleur

    Trois fois nouée

     

    Mots souillés

    Paupières éparpillées

    Aux portes

     

    Langues humaines

    Langue de la soif

    Première

    Obstinée

     

    Rapprocher les lèvres

    Recoudre le mot

    La plaie le meurtre

    Par un baiser

    Ou le silence

     

    cg in Mystica perdita, 2009

     

     

     

     

     

     

  • Cindy Schmid

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    Cindy Schmid , également connu sous le nom Swinx, est né à Rostock en 1976, Allemagne. De 1995 à 1999, elle a fait des études de premier cycle en droit à l'université de Greifswald. De 1999 à 2002, elle a fait un apprentissage en tant que concepteur multimédia à Waren / Müritz et a pas mal voyagé. Depuis 2003, elle a travaillé comme pigiste et artiste en design graphique à Greifswald. Son centre d'intérêt artistique est le collage.
     

     

  • Le Complexe d’Eden Bellwether, Benjamin Wood

    traduit de l’anglais par Renaud Morin - Ed. Zulma 2014

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    497 pages, 23€50

     

    La vérité est la torche qui luit dans le brouillard sans le dissiper.

    Helvétius

     

     

    Ici, ce qui capte le lecteur sur presque cinq cent pages, ce n’est pas tant l’histoire elle-même, bien qu’elle soit absolument digne d’intérêt, mais bien l’art de l’auteur de lui donner une tension et un souffle vraiment très particuliers, et quand on sait que c’est un premier roman, on ne peut que saluer la prouesse. La plume de Benjamin Wood nous promène toujours sur le fil du rasoir, dans ce qui pourrait être un thriller cérébral, dans une ambiance qui frôle parfois le gothique, mais sans jamais basculer dedans.

     

    Bien que l’intrigue prenne place à Cambridge en juin 2003, l’ensemble du roman semble légèrement teinté de sépia, sans qu’il ne sente pour autant la poussière. Il y a bien sûr en fond de décor l’illustre université, beaucoup de livres et une maison de retraite et puis, il y a la musique aussi, musique de chambre ou de chapelle, et l’instrument central du roman, presque un personnage à lui tout seul : l’orgue. Un orgue qui va servir à des rituels bien étranges, et peut-être même dangereux…

     

    Le jeune Oscar Lowe n’est pas étudiant, il travaille à Cerdarbrook, dans une maison de retraite toute proche de l’Université, mais passionné de littérature, il se sent proche du Dr Paulsen, un des patients dont il s’occupe. Ancien professeur de lettres à Cambridge et chargé de cours à King’s College, aussi cultivé que caustique, voire grossier, seul Oscar peut l’approcher sans se voir méchamment rabroué, voire pire, car il « était le seul membre du personnel à savoir respecter son besoin d’intimité ». En échange, il peut emprunter au Dr Paulsen, les innombrables ouvrages de sa bibliothèque, ce qui permet à Oscar d’assouvir son immense soif de lecture.

     

    C’est en rentrant chez lui un soir, fatigué après le travail, qu’Oscar, traversant le campus, va être irrésistiblement attiré par la musique émanant de la Chapelle de King’s Collège, quelque chose d’inexplicable et de fascinant qui le fera entrer, bien qu’athée, pour assister à l’Office, dans un état proche de l’extase. Il y remarquera aussi une jeune fille blonde dont il fera connaissance à la sortie : la troublante Iris Bellwether, étudiante en médecine et puis fera la connaissance, très vite aussi, du plus troublant encore, mais de manière plus irritante peut-être, Eden Bellwether, organiste prodige et frère d’Iris. Tous deux futurs riches héritiers d’une famille qui apprécie cependant autant, sinon plus, l’ouverture d’esprit que la bonne éducation et qui saura accueillir Oscar avec sympathie, de même que le petit cercle, plutôt fermé, d’amis qui gravitent autour du frère et de la sœur, et cela bien qu’Oscar soit de condition bien plus modeste et complètement étranger au monde étudiant.

     

    Cette double rencontre va entrainer Oscar dans une relation amoureuse avec Iris, mais aussi dans une aventure de plus en plus oppressante, dans laquelle viendront s’emberlificoter d’autres histoires, dont celle de son patient préféré à Cedarbrook et d’Herbert Crest, un éminent psychologue atteint d’une tumeur maligne au cerveau.

     

    Le pivot central étant Eden Bellwether, en qui génie et folie se disputent la vedette, et tout particulièrement au dépend de sa sœur Iris, avec qui il entretient une trouble relation.

     

    « Parfois, les individus ayant une Personnalité narcissique essayent de faire la preuve de leurs talents, s’enfermant dans un cycle sans fin. Elles peuvent s’imposer des tâches extraordinaires, impossibles à réaliser ou à surmonter, et se débattent ensuite avec les sentiments d’échecs et d’incompétence que ces défis auto-imposés ont fait naître. Elle avait souligné la dernière partie de la citation plusieurs fois. Si cette fureur reste contenue, dirigée vers l’intérieur, elle peut conduire à l’automutilation et à l’idéation suicidaire. »

     

    Le complexe d’Eden Bellwether nous entraine dans les méandres de la psychologie et de la morale humaine et pose des questions qui ne peuvent se satisfaire d’une seule et unique réponse, tant celles-ci sont complexes et Benjamin Wood fait tout cela avec talent et simplicité, sachant susciter sans faiblir l’intérêt du lecteur. On peut le dire : de façon magistrale.

     

    Cathy Garcia

     

     

    benjamin-wood_5023260.jpgBenjamin Wood, né en 1981, a grandi dans le nord-ouest de l’Angleterre. Amplement salué par la critique et finaliste de nombreux prix, le Complexe d’Eden Bellwether est son premier roman

     

    Cette note a été publiée sur le site de La Cause Littéraire :

    http://www.lacauselitteraire.fr/

     

     

     

  • Revue Nouveaux Délits - édito du numéro 49

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    Oct. nov. déc. 2014

     

     

    En guise d’édito :

     

    Le missionnaire européen était assis accroupi avec les Indiens Hurons en grand cercle autour d’un feu de camp. C’était une position à laquelle il n’était pas habitué, et il avait le sentiment qu’elle ne l’aiderait pas à convaincre les Indiens de partager son point de vue. Néanmoins il leur a exposé courageusement l’idée selon laquelle il n’était pas un mais deux. En l’entendant les guerriers ont éclaté de rire et ont commencé à jeter de gros bâtons et de la poussière dans le feu. Un étrange mélange de terreur et de ressentiment a alors envahi le cœur du missionnaire. Lorsque les rires ont cessé, il a poursuivi son exposé. Avec patience, il a expliqué aux sauvages que ce corps fait de chair et de sang qu’ils voyaient assis devant eux n’était qu’une coquille extérieure, et qu’en lui un corps invisible plus petit habitait, qui un jour s’envolerait pour vivre dans les cieux. Les Hurons ont gloussé de plus belle, en se faisant des signes de tête entendus tout en vidant les cendres de leurs pipes en pierre dans le feu crépitant. Le missionnaire avait le sentiment d’être profondément incompris, et était sur le point de se lever pour regagner sa tente, vexé, lorsqu’un vieil homme près de lui l’a arrêté en lui saisissant l’épaule. Il lui a expliqué que tous les guerriers et les chamans présents dans le cercle connaissaient l’existence de ces deux corps et qu’ils avaient également de petits êtres qui vivaient en eux, au cœur de leurs poitrines, et qui s’envolaient eux aussi au moment de la mort. Cette nouvelle a réjoui le missionnaire, et l’a convaincu que les Indiens étaient désormais sur le même chemin spirituel que lui. Avec un zèle renouvelé, il a demandé au vieil homme où, selon son peuple, ces petits êtres intérieurs s’en allaient. Les Hurons ont tous recommencé à rire, et le vieil homme a désigné du doigt la cime d’un énorme cèdre millénaire dont la silhouette se dressait dans la lueur du feu. Il a dit au missionnaire que ces « petits êtres » allaient au sommet de cet arbre puis descendaient dans son tronc et ses branches, où ils vivaient pour l’éternité, et que c’était pour cela qu’il ne pouvait pas l’abattre pour construire sa petite chapelle.

    Sam Shepard in Chroniques des jours enfuis

     

     http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/