Auteur inconnu
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Je n'ai jamais abusé de l'alcool, il a toujours été consentant.
pas de cou autour duquel elle pourrait jeter ses bras pour s’accrocher, comme en a droit toute personne qui se noie.
in La Patagonie
Tes caresses sont précises et elles me lisent à tombeau ouvert. La mort, c’est ma peau que tu tends comme un voile dans la nuit.
in Chroniques du Diable consolateur
Le petit rien de décalage, de dérapage, la rage qui se polit comme un diamant au fur et à mesure que les années passent. Je dis que je déteste mais en vérité je suis fascinée ! C’est une protection contre ma propre folie, celle que je glisse entre les mots d’une poésie inoffensive, des jeux d’esprits sans importance. Il faudrait pouvoir lire au travers, que l’écriture devienne transparente pour laisser apparaître l’inexprimable. C’est cela même, l’inexprimable, l’innommable, qui me fait trembler, qui m’exalte. C’est à la fois un meurtre et une jouissance. L’assassinat de la raison, l’autodafé de tous ces masques, ces laisser-passer face au monstre appelé « normalité ». Foutaises ! Cœur au ventre agacé par des spasmes violents, la vie qui veut sortir, qui veut naître à elle-même.
in Calepins voyageurs et après ?
Vous croyez que le monde serait ce qu’il est, sans la peur des bois ? La peur du noir ? La peur du grand large et la peur du fond des eaux ? Mais ce serait infâme. Les bêtes déambuleraient, dehors comme dedans. Elles laisseraient des épluchures. Des bouses. Ôtez le danger, le monde devient un antre. Les ruminantes habitudes envahissent l’espace, elles vont jusqu’au ciel. L’univers tourne au terrier, tout s’effondre. Quoi, j’exagère ? Pas du tout. Dehors comme dedans, il n’y a que les hommes pour croire que c’est la formule du bonheur, la définition du paradis sur terre. Ce n’est pas la définition du paradis, c’est la description d’un camping….
in Nous, les chats
Nous sommes l’ourlet du monde. C’est là qu’il finit, et je puis ajouter – sans me vanter – qu’il finit bien. Sans nous la création serait dépenaillée, il y aurait un effilochement constant des espèces, une dégénérescence à la marge. Le monde cesserait d’être beau pour être plein, et plein de quoi, grands dieux ? Il serait plein d’oiseaux sans ailes, rempli de biches obèses et de bêtes fumistes, plein à craquer.
in Nous, les chats
Si le langage était une chose sérieuse, les hommes n’auraient jamais appris à parler à leurs objets.
Avec les objets qui font du raffut, comment dormir ? Autour des hommes, l’insistance, voire l’insolence des choses est stupéfiante. Autant leurs animaux sont doux, autant leurs objets sont excités. Mais cela vient des hommes : l’importunité des choses est fonction de l’attention, proprement déplacée, qu’ils leur prêtent.
in Nous, les chats
Il y a cette main qui promène un rouleau sur le ciel. Qui repeint pour de bon. Qui efface les restes. Qui prolonge l’été au dessus de nos têtes.
in Passant l’été