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  • Chobek - Fading compassion

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    Il y a des douleurs si anciennes, des plaies tellement creusées où trop viennent remettre les pieds, c’est difficile la sérénité. Il y a des fantômes qui ressassent de vieilles histoires sans même réaliser qu’ils sont eux-mêmes de vieux fantômes. Percevoir le plus noir de l’humanité, c’est difficile. La véritable compassion passe par ce chemin mais ce que je sais aujourd’hui, c’est qu’on ne se balade pas impunément à poil sur ce chemin-là. Une armure est nécessaire, qui ne soit ni de métal, ni de pierre, pas même de bois mais un cœur à toute épreuve, un tambour solide et puissant.

     

    in (c)Ourse bipolaire

     

     

     

  • Bruno Montpied

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    Les tourterelles reluquent la marelle. Les lapins, les lamas, les éléphants aux échelles. Les lutins lèchent les lupins, allument les lampions. Elle, lionne, s’élance aux lianes, au ciel, lustre langue, déploie ses ailes et se fait la belle.

    cg in Alpha bée

     

     

     

  • Ariana Dixon

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    C’est un désir de l’instant, du moment. Et puis, c’est différent, chaque impression est différente et des impressions on en a des millions par jour. Chacune est unique, on ne la revivra jamais, mais il y en a qui se ressemblent, des impressions qui en rappellent d’autres et nos vies sont construites sur ce tissu infini d’impressions, juste des impressions, rien de plus.

    cg in Journal 1995

     

     

  • Junko Oki

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    Je suis à l'écoute de toutes ces parties de moi qui se cherchent et s'appellent, je les invite à se rejoindre en un centre mystérieux. Je n'oublie pas de rire, rire de ma matière, de mes folles pensées, de ma condition humaine, de tout ce que je sais et ne sais pas encore.

    cg in Journal 1997

     

     

     

  • Microbe s'achève dans le sang

     

    Microbe 100.jpgL’ultime Microbe, le SANG, est prêt. Il a été préparé de conserve par Paul Guiot et Éric Dejaeger. Une première en près de dix-sept ans ! Ce numéro est quasiment un double avec 36 pages au lieu des 20 habituelles.

    Au sommaire : Jane Agou, Catherine Barsics, Marc Bonetto, Julien Boutreux,  Fabrice Brunet, Rosa Chàvez, Serpil Çökelik, Jean-Marc Couvé, Pascal Dandois, Éric Dejaeger, Mireille Disdero, Agnès Doligez, Georges Elliautou, Antoine Gallardo, Cathy Garcia, Antoine Geniaut, Paul Guiot, Émeline Houel, Jo Hubert, Hozan Kebo, Mary Jane Kelly, Roger Lahu, Jean L’Anselme, Céline Maltère, Cédric Merland, Fabrice Marzuolo, Marc Menu, Sophie Postre, Thomas Pourchayre, Thierry Radière, Olivier Robert, Thierry Roquet, Didier Trumeau & Vipurine.
    Collage de couverture : Robert Varlet.
    Illustrations : Jean-Paul Verstraeten.

    http://courttoujours.hautetfort.com/archive/2017/02/25/microbe-sang-5911224.html

     

    Merci à Eric Dejaeger et Paul Guiot pour ces 17 années d'une belle, drôle et délicieusement impertinente aventure !!!

     

     

     

     

     

  • Mémoire de sable par Jean-Louis Millet

     

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    texte et photo   jlmi



    Je suis là depuis des millénaires, je pourrais même dire depuis l’origine du monde. Pas le monde des hommes, si jeune, si puéril !

    Non. Le monde minéral, celui de la concrétion d’après le grand barouf. Paf ! Boum !

    Bien sûr, je n’avais pas la forme que j’ai aujourd’hui. Comme tous mes camarades de l’époque d’ailleurs. Nous étions tous très... unis. Nous étions même inséparables !!! Puis le temps a fait son œuvre, il nous a séparés, aidé en cela par ceux d’entre nous dont la nature était d’être fluides et ceux qui, dans un tel état d’excitation pour se faire une place à la surface, atteignaient la fusion avant de rejoindre les grands courants ascendants du magma.

    Enfin, tout ça est tellement loin que je ne me souviens plus bien de tous les détails. Toujours est-il que l’érosion m’a donné une vie propre, en cela qu’elle m’a permis de voyager en banc de myriades de grains assemblés pour de grandes transhumances conduites par l’eau ou le vent.

    Aujourd’hui, je m’étale en une longue et belle plage blanche et rose  entourée de mes parents chenus, ces somptueux blocs de granit rose aux formes arrondies que vous ne pouvez manquer d’apercevoir lorsque vous venez me rendre visite. Dans leurs jeunesses, vous auriez dû les voir, hauts et pointus, défiant le ciel et ses nuées. Plus de dix mille mètres. C’était quelque chose. J’avoue que maintenant ils font bien leur âge, ils souffrent d’arénisation. Tant mieux d’ailleurs ! Sans cela je ne serais pas là !!! Je m’égare, excusez moi, mais je n’ai que ça à faire…

    Donc, je suis là. Sur la côte nord de la Bretagne, dans ce pays appelé France. Chaque jour, par deux fois, la mer vient me baigner, en douceur, souvent avec tendresse, vague après vague. Sauf quand elle est en colère bien sûr. Alors ces jours là, ça déménage, passez moi l’expression. Elle me brasse, me masse, me malaxe, me pitrouille, me papouille, me tourne et me retourne avant de m’abandonner hors d’haleine et trempée. Heureusement, j’ai plusieurs heures pour m’en remettre. Et puis elle n’est pas souvent furieuse deux fois de suite. Il faut bien lui reconnaître ça. Un autre avantage que j’ai omis de vous conter : la mer supprime toutes mes imperfections. Elle me retend la peau même si elle me laisse ici ou là des petits bourrelets, des ripple-marks dit-on je crois.  Enfin, c’est ma thalasso à moi !

    Le vent aussi prend soin de moi. Il me sèche, peigne mes mèches de surface, les met parfois en désordre mais ses doigts sont si doux… Enfin c’est comme sa compagne. Quand elle est en boule, il l’est aussi. Je crois que dans tous les couples il y a ce genre de chose. Nul n’est parfait. Moi, je suis résolument célibataire, ouverte à toutes et à tous pour être plus juste…

    La pluie aussi est une bonne compagne, mais passagère, irrégulière, quoique certains en disent sur ici. Bonne fille la pluie, elle s’adapte entre les grosses gouttes et la bruine, entre les averses – les grains – et le crachin. J’aime bien la pluie. Elle m’hydrate et me dessale un peu.

    Ah ! et puis il y a le soleil. Lui aussi me sèche comme le vent mais en plus il me chauffe, tiédit ma peau, la blanchit ou la fait rosir. Un réel plaisir. Vous connaissez d’ailleurs, vous qui venez coucher avec moi, non ? C’est bien cela que vous venez chercher, bien plus que moi je le sais bien…

    Tentez donc maintenant d’imaginer ce qu’aujourd’hui peut contenir ma mémoire. Disons sur les cent dernières années, c’est tout. Facile. La mémoire du sable.

    Sa mémoire vous dites vous, mais elle a perdu le nord, c’est pas possible !

    Mais si, c’est possible et je vais vous mettre sur la voie. Parce que c’est vous !

     

    Lorsque vous arrivez juste après mon bain, ma peau est lisse, souple et tendre. Puis, vous marchez, vous courez, vous jouez au ballon, vous me percez de vos parasols et de vos tentes, vous laissez vos enfants me trouer, me couvrir de ces pustules qu’ils appellent châteaux, vous me ratissez pour soi disant pêcher, vous laissez vos chiens me salir, ( je n’ai pas de caniveau dites-vous ? Curieuse réaction lorsque l’on connaît vos trottoirs à ce que je me suis laissé dire… poursuivons…), vous faites rouler vos char à voile, vous traîner vos bateaux ou vos planches à voile… Certains soirs même, vous venez vous aimez, un bain de minuit dites vous, mon œil ! Enfin, c’est mieux que de venir picoler ou se shooter…

    Beaucoup d’entre vous me laissent leurs détritus et ça, c’est pas sympa. Du coup vous faites venir des herses pour me nettoyer mais en même temps ces monstres énergivores détruisent tout le petit monde vivant que j’héberge car vous n’êtes pas les seuls sur Terre, vous n’avez jamais été les seuls et c’est tant mieux, sinon ce serait tout bonnement invivable. Même vos cargos me dégueulent dessus de plus en plus souvent. Le pétrole, ça on vous le dit. Ça vous touche. Ça fait de l’audience, il y en a pour des jours et des jours à me voir engluée et nauséabonde, pleine de cadavres d’oiseaux, et seulement quelques uns d’entre vous se débattant avec toute cette merde ( oh pardon !)… Mais ce n’est pas tout. Il n’y a pas que le pétrole. Tenez, la dernière fois, c’était une cargaison d’ananas. Bien sûr dit comme ça, ça prête à sourire. Moi, ça me donne envie de chialer !

    Et ces derniers temps tout ça empire malgré tous les signaux d’alarme que nous vous envoyons avec mes camarades des quatre coins du globe. Surtout celui de la calotte et il y met le paquet. Tâchez de vous en souvenir à l’heure de l’apéro – avec ou sans alcool - quand vous agitez vos glaçons dans vos verres…

    Enfin, vous n’êtes que des humains, on ne peut pas trop vous en demander, ça, on l’a compris depuis longtemps… Mais de vous à moi - car vous pouvez êtes sympa quand même - à faire les cons comme ça, vous allez disparaître, mais nous, même blessés, abîmés, saccagés, défigurés nous serons toujours là avec tout le temps devant nous pour nous refaire une beauté, pensez, sur un million d’années…

    Allez, même si c’est grave, nous resterons en relation. Mes camarades et moi nous ne sommes pas rancuniers. Ni rapporteurs d’ailleurs. Car si je vous disais tout…

    Enfin réfléchissez.

    Ou plutôt, agissez !

     

     

    Source : le site de jlmi "Au hasard de connivences"

    http://jlmi22.hautetfort.com/