Hélène Desplechin
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Que c’est curieux, on résiste victorieusement aux larmes, on se « tient » très bien, aux minutes les plus dures. Et puis quelqu’un vous fait un petit signe amical derrière une vitre, on découvre, fleurie, une fleur encore fermée la veille, une lettre tombe d’un tiroir, et tout tombe.
in Lettre à Marguerite Moreno
Monde foutu par ceux-là ?
Planète foutue par ces fous ci ?
Plutôt fou-rire !
cg in Follement autre
elle dit ça
en souriant
Charline-au-chien
devant la bouche du métro
devant la bouche bée des passants
devant la viande des voisins
leur poids
leur argent
leur baie vitrée qui va bien
La liberté aurait-elle si bon goût, si je n’avais pas de chaînes à limer ? Je suis passée au-delà de la sincérité, je flatte et nourris la bête, je veux la voir grandir, lui donner des titres de noblesse, la tirer vers la lumière… Savoir, enfin !
cg in Journal 1999
Bonzaïs Hallucinogènes
ou nano-histoires sans les nains
suivi de
CONNE PLAINTE DU POÈTE
DÉCOUVERTE
Le temps est un escargot supersonique.
Yesssssssssssssssss... !
*
MES CROCS NIQUENT DES CONS
Ceux qui ont de la chance finissent par croire qu’ils la méritent.
*
GAZ DE VIE
Il n'y a pas de réponse. Nous sommes tous peut-être des réponses à une question oubliée.
Question originelle et qui finalement n'était peut-être qu'un "quoi ?" lancé par le créateur surpris par son propre pet. Peut-être a t-il pensé alors qu'il n'était pas seul... et vois où ça nous a conduit. Le souffle, le verbe, tout ça, la poésie quoi.
Ô poète, divin péteur !
Illustrations originales (collages) de l'auteur
ISBN : 978-2-35082-334-8
54 pages au format 15 x 10 cm,
6 € (+ 1 € de port – port compris à partir de l’achat de 2 exemplaires)
https://sites.google.com/site/grostextes/publications-2017/garcia-Cathy
Mon petit florilège perso :
Douche froide
Quand un chômeur, il refroidit vite
*
24h sur 24
Je vis au jour le jour, surtout la nuit.
*
Origine
N’oublions jamais d’où nous venons : du trou du cul de la galaxie. Ça dégaze sec ! Et ça vous met des parfums d’étoiles pleins les narines !
*
Fort comme un chêne
Glander c’est résister à l’occupation.
*
Les mo®ts nous collent à la peau
Il s’est réincarné à spirales ; ça lui permet d’écrire encore un peu
Thierry Roquet in L’ampleur des astres - Fragmensonges de vie
Cactus Inébranlable édtions, septembre 2016
avec en couverture mon collage
Regard intérieur, 1997
pour commander :
https://sites.google.com/site/grostextes/publications-2017/maltaverne-patrice
trad. russe Anne Coldefy-Faucard
Actes Sud, février 2017
Telluria est une sorte de grande fresque post-contemporaine qui propulse et bringuebale le lecteur dans les prochaines décennies du XXIe siècle, dans une Russie éclatée par des tendances séparatistes alors que les Chinois ont débarqué sur Mars, et sur un territoire plus vaste encore allant de l’Atlantique jusqu’au Pacifique, à travers une Europe post-wahhabite, elle-aussi éclatée. Une sorte de Moyen-âge de science-fiction dans lequel il est difficile de trouver des repères pour commencer, tellement c’est la pagaille. Ça démarre dans une sorte de fabrique de casse-têtes, où on comprend qu’il y a des petits et des grands, les petits étant vraiment minuscules et les grands vraiment géants. Et ce ne sont pas les seules créatures étranges qu’on croisera tout au long du foisonnement de ces 350 pages, des humains zoomorphes, des centaures et des robots… On y voyage plutôt à voiture à cheval, les autotractés étant de plus en plus rares, et elles roulent à la pomme de terre, certains privilégiés peuvent voler aussi avec des ailes motorisées. La dystopie fait dans le post-anachronisme.
Le lecteur qui tenterait de s’attacher en début de lecture à un quelconque fil en sera vite découragé, car en réalité Telluria est découpé en 50 chapitres, qui peuvent se lire chacun séparément, et plus encore, l’auteur y multiplie les codes, les styles et les genres, la narration littéraire et l’oralité, les hybrides entre eux, tant et si bien que cela donne le tournis mais attise aussi la curiosité car l’intérêt est sans arrêt relancé et le grotesque alléchant. C’est ce qu’on appelle le skaz, un genre littéraire typiquement russe.
Le lecteur comprend vite qu’il doit lâcher toute volonté et se laisser simplement conduire, ce qu’il finira par faire, perdu qu’il est dans cette mosaïque hallucinée, cette confusion des frontières à tous niveaux… Un élément cependant sert de lien, et cet élément se répand sur tout ce territoire et devient l’obsession principale de ce monde sens dessus dessous : le tellure, les clous de tellure, un métal plus fort que la plus forte des drogues, le summum du soma, qui est fabriqué en République de Telluria, dans l’Altaï, dont le président est Français. Ces clous doivent être plantés directement dans le crâne, selon un protocole précis, par des charpentiers plus ou moins qualifiés, dont certains parmi les plus renommés ont élevé cette activité au rang d’un art mystique et forment un ordre ressemblant à celui des Templiers. Ces clous une fois plantés permettent de réaliser les désirs et les rêves les plus fous, et notamment de rencontrer et échanger avec des personnes disparues, de vivre en temps réel n’importe quelle époque sous n’importe quelle forme et d’échapper ainsi à un monde chaotique, ravagé par la violence. Mais il y a aussi une idée d’initiation et d’enseignements tirés de ces expériences, pour ceux en tout cas, qui survivent à l’implantation.
Sous couvert d’allégorie fantastico-délirante, Telluria est un roman éminemment politique, qui questionne les rouages du système et les idéologies, les fantasmes de pouvoir, qui continuent à alimenter le désir de conquête.
Cathy Garcia
Vladimir Sorokine né en 1955, ingénieurs et illustrateur, a commencé à écrire en 1977, connu surtout dans les milieux non-conformistes et devient un écrivain russe majeur après l’effondrement de l’Union soviétique, le parangon du post-modernisme. Ses romans, nouvelles, récits et pièces de théâtre sont de véritables événements, suscitant louanges, critiques acerbes, contestations, indignation, ils tournent tous plus au moins autour de la question du totalitarisme. Il est devenu la bête noire du gouvernement actuel. Écrit dans les années 1985-1989, Roman paru en 1994 est un de ses chefs-d’œuvre. Son roman Le lard bleu (1999) lui a valu une grande notoriété, et bien des problèmes, dont un procès pour pornographie. Plus tard, sortiront une trilogie, La Glace (2008) et une Journée d'un opritchnik (2008), Le Kremlin en sucre (nouvelles, 2011), La Tourmente (2011). Il est l’auteur également de pièces de théâtre, dont Dostoïevski-trip, paru chez Les solitaires intempestifs, en 2001.
Note parue sur la Cause Littéraire :
http://www.lacauselitteraire.fr/telluria-vladimir-sorokine