Bea Tristan - L'Ile Tonnerre
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Agitée. Oppressée. Nuages noirs. Gorgée de larmes. Vide. En pression, compression. En colère. Tomber à l’intérieur de soi. Rien à quoi se raccrocher. Hypnotisée par la face sombre de chaque chose. Ne pas voir ce que cet état dissimule. Le trou, l’abîme de frustration. Et la fatigue jusqu’aux os.
cg in Le livre des sensation
"Quand c’est dallé, ça tinte sous la botte en phonolithe, par endroit fondu profond, du brut d’impact, ou les cratères qui se décalent qui baissent qui montent ? Je sens par instant fondre le verre qui sépare réel/irréel et je perds du repère, trop pour ne pas me marrer… et vouloir aller au bout… si massif, viril, tout ici, dans le pétrifié solide, en même temps vapeur et plume… de chez fluctue… nous nous enfonçons dans le Dehors… ça j’ai vu… droit devant… que le danger est plus palpable, plus excitant, now. De la baie écrasée…. Cette terre rouge profonde… Cette brume de mandarine évaporée… d’orange brûlée…
(…)
Le sable, maintenant étale, s’était tu… et elle s’était levée. Sa silhouette animale flamboyait debout, son corps serti dans un mur d’étoiles, avec sa poitrine de haute pomme, qui les provoquait en silence. Vénus. Elle ne bougeait pour ainsi dire plus, altière à l’égale d’une statue, mais son marbre avait des frissonnements de fauve, seulement perceptible à ce que frémissait ses seins et le creux de son ventre sous l’afflux d’air qui l’emplissait.
(…)
Le Dehors ne pouvait appartenir à quiconque et le gouvernement lui-même n’avait jamais songé à se l’approprier. Trop immense, trop changeant, trop violent : ingérable. Une vraie sauvagerie de rocs, d’éclats d’aérolithes er de cratères brisés à coup de météores, avec des dalles saignées au sable sec, des collines brutes striées au râteau des vents cosmiques et, face au ciel, les crêtes déchiquetées d’amoniac et de gel. Espace perdu… le Dehors était irrécupérable : à cause des ouragans cosmiques, à cause des pluies de météores incessantes, à cause des vapeurs de nox…
(…)
Je me suis fixé une règle, sans m’en rendre compte : chaque fois que j’aurais une idée ou une conviction, il fallait que je l’expérimente. Que je fasse ce que je pensais. Ne plus déplacer des Cubes et des civilisations dans le cosmos, mais agir chaque pensée, aussi minime soit-elle, la confronter à la résistance de la matière, affronter son mouvement à la pesanteur des choses et des gens. Terribles les gens… Plus lourds parfois que des fûts.
(…)
Nous en avons fini avec les révolutions culbuto qui remettent sur leurs pieds ce qu’elles renversent, parce-que, ne l’ayant jamais conquise, elles rêvaient de la liberté comme d’un ciel lorsqu’il nous faut apprendre — nous — à la vivre en tant que sol. La révolution, c’est un quotidien qui vibre."
titre original : The Legacy of Luna
Le combat d’une femme pour sauver une forêt de séquoia
Le 18 décembre 1999, pour la première fois depuis plus de deux ans, les pieds de Julia Butterfly Hill touchèrent à nouveau la terre ferme. Elle venait de descendre de « Luna », un séquoia millénaire de Californie.
En 1997, la jeune femme grimpa à plus de 55 mètres de hauteur dans l’arbre majestueux, perché sur une montagne au nord de la Californie, pour ce qu’elle croyait être une occupation temporaire de quelques semaines. Cette action de blocage avait comme objectif d’empêcher Pacific Lumber de procéder à une nouvelle coupe à blanc, un processus très destructeur pour l’environnement et dangereux pour les communautés vivant aux alentours. La précédente coupe à blanc avait entraîné un glissement de terrain, détruisant sur son passage des arbres centenaires et de nombreuses maisons, et mettant en péril la vie de ses habitants.
Au cours de ce qui devint une action de désobéissance civile historique, Julia dût subir les tempêtes, notamment celle d’El Niño, le harcèlement des hélicoptères, ainsi que le siège des agents de sécurité de la compagnie écocidaire.
Julia, du haut de sa plate-forme, écrivit son histoire. Elle n’avait alors aucune idée de la solitude à laquelle elle serait confrontée, et ne pensait pas vivre ainsi durant plus de deux ans. Qui plus est, elle n’imaginait pas être le témoin d’une tentative visant à détruire l’une des dernières forêts primaires de séquoias du monde, ni ne soupçonnait la force incommensurable et les leçons de vie qu’elle allait tirer de Luna. Bien que sa brave vigilance et son esprit indomptable aient fait d’elle une héroïne aux yeux de beaucoup, Julia nous livre avant tout un récit simple et réconfortant, rempli d’amour, de conviction et de courage afin de lutter pour l’héritage de notre Terre.
« Tu crois pouvoir écraser cette chenille ?
Bien, c’est fait : ce n’était pas difficile.
Bien maintenant, refais la chenille. »
elles sombrent jaillissent
trente tonnes de graisse
de grâce
saluent le ciel replongent
in Ma Patagonie