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Avril 2021
Numéro 69, numéro chaotique, comme me l’a soufflé un certain Martin ? Fort possible, et en retard comme un lapin d’Alice ! Lapin de Pâques sans aucun doute à la recherche d’un mystérieux œuf noir très cosmico-alchimique, dont j’ai rêvé tout récemment, ce qui n’a pas empêché mon ordinateur de faire un séjour chez son docteur, entre autres contretemps et bifurcations d’agenda sanitaire… Bref, difficile de trouver l’inspiration et plus encore la concentration pour un édito, entre les vagues virales, les tsunamis de fatigue et les clapotis du sens. Quelque chose me murmure à l’oreille qu’il faut se calmer, respirer et faire ce qu’on peut, juste le faire au mieux, sincèrement. En ces temps plus que confus, la poésie me semble plus désirable que jamais et concevoir cette revue continue à faire sens, donc voilà — plus chaotique qu’érotique — un numéro 69 très éclectique ! Puissiez-vous y trouver de quoi nourrir votre jardin intérieur. C’est la saison des semis, alors semons, mettons les mains dans la terre et la langue dans les mots, restons à l’écoute de ces petites voix qui murmurent à nos oreilles et ne trichons pas avec l’essentiel.
cgc
L’impossible est un univers clos. Néanmoins, nous en possédons la clé et, comme nous le soupçonnons depuis des millénaires, la porte s’ouvre sur un champ d’infinies possibilités. Ce champ, il nous appartient plus que jamais de l’explorer et de le cultiver. La clé n’est ni magique ni symbolique. Les Grecs anciens la nommaient « poésie », du verbe « poiein », construire, façonner, créer.
Raoul Vaneigem
illustrations de JL Millet
Sommaire et plus ici :
et aussi l'édito du n°68 de janvier dernier que je n'avais pas posté :
Eh bien 2020 est passé comme un éclair, et on se demande bien après ça, qu’est-ce que cette nouvelle année va bien pouvoir nous concocter dans le grand chaudron fou de la vie ? Virus, guerres, comète, suicides collectifs, extra-terrestres, zombies, miracles ? Qu’est-ce qui va encore nous secouer, nous bousculer, nous jeter à terre ? On n’a aucune prise sur les événements extérieurs mais on peut cependant choisir le meilleur en toutes circonstances, aussi infime soit-il. Il n’y a pas que des mauvaises et sombres nouvelles, il y a des jaillissements surprenants, des résurgences de joie, des illuminations bienfaisantes, une créativité fière et indomptée qui se fout des autorisations et s’il y a bien une énergie qui a le pouvoir de transformer le plomb en or, les larmes en sourires, la colère en création, c’est celle de l’amour. L’amour quand on ne lui met aucune barrière, condition, précaution. Lui aussi fait des vagues, des vagues puissantes et douces, qui inondent le cœur, nettoient l’âme et tout se met à briller ! C’est tellement bon, on oublie à quel point c’est bon. Et gratuit ! Aimer ! Rien ne peut nous empêcher d’aimer, ni confinement, ni distanciation sanitaire, ni crise économique, lois liberticides, rien ni personne ne peut nous interdire d’aimer et de nous aimer nous-mêmes aussi. Pas plus que de danser d’ailleurs ou chanter, jouer, rire ! Il ne s’agit pas de faire n’importe quoi et d’emmerder les autres, mais de rester suffisamment souples pour inventer toujours de nouvelles formes d’expression de cette vie qui bat en nous son rythme vivace. Et si les circonstances s’acharnent à souffler sur les flammes, ne jamais oublier que notre flamme intérieure à chacune, à chacun, possède son propre point d'allumage spontané. Alors résister, oui, mais pas comme des bestiaux acculés qui encornent les murs, mais juste comme une évidence – en vie danse ! – parce que nous sommes des êtres fondamentalement libres, potentiellement capables d’aimer avec une force qui pulvérise toute peur, toute sclérose ; la force de l’eau que rien n’arrête, et qui même retenue par de monumentaux barrages, fomente en secret son évasion par le ciel.
Alors, que l’an 2021 nous guérisse de toutes nos peurs, de tous nos maux et protège la Terre de toutes nos sinistres folies, et soyons souples, forts et porteurs de vie, partout où nous sommes, partout où nous passons, comme une eau aimante !
CGC
De la souffrance vient la sensibilité dont naît l’intelligence..
Tout le monde parle de savoir-vivre, mais personne du savoir-souffrir..
Ce qui importe ce n’est pas le poids qui t'accable, c’est comment tu te courbes pour ne pas casser..
Ce n’est pas le bruit qui t’abasourdit, c’est comment tu écoutes les murmures du monde..
Ce n’est pas la force du vent qui t'emporte, c’est comment tu hisses tes voiles..
Ce n’est pas la hauteur des vagues qui te frappent, c’est comment tu t’y laves..
Ce n’est pas l’absence de lumière qui t'entoure,
c’est comment tu chantes dans le noir..
Ce n’est pas ce que tu perds, c’est comment tu ouvres ton cœur pour la suite..
Ce n’est pas la quantité de larmes que tu verses, c’est comment tu souris en pleurant..
Ce qui importe, ce n’est pas l’intensité du feu que tu traverses..
C’est comment tu danses dans les flammes.
"En 1990, la guerre fait rage en Abkhazie. Un village ne compte comme seuls habitants qu’un vieil homme, Ivo, et un producteur de mandarines, Markus, - tous deux d’origine estonienne - qui refuse de quitter sa plantation alors que les fruits sont presque mûrs. Le conflit est de plus en plus proche mais Ivo décide de venir en aide à Akhmed, un Caucasien blessé, et le cache chez lui. Markus, à son tour, découvre un Géorgien laissé pour mort sur le champ de bataille. Il l’emmène lui aussi chez Ivo. Deux combattants de camps opposés se retrouvent alors sous le même toit…"
Au-dessus de moi, par delà le treillis noir des fils électriques,
le ciel pendait tout près de la terre.
in La mitrailleuse d’argile
Pour lire, cliquez sur les images
juste une précision, les quatre recueils mentionnés de la tétralogie sont toujours disponibles !
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à propos de WAM, publié par l’éditeur du Contentieux, Robert Roman :
https://www.dechargelarevue.com/WAM-no-1.html
Saison des sauts
Les saisons sous les ponts
Tissent des vents bleus
Ensablent les mémoires
Dessèchent les instants
Soie coton et brindilles
Les monstres lèchent
Le tranchant du parapet
Lancent aux passants égarés
De fines aiguilles de pluie
Les poissons dévorent la pierre
Usent le temps
L’abîment en eau de prière
Un homme aveugle
Se jette dans le vide
Lové sur lui-même
Fragile coquille
in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009