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FUSIONS POÉTIQUES - Page 56

  • Elicia Edidjanto

     

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    MON  LOUP D’AMAZONIE

     

    A Punch

     

     Il y avait un ruisseau au fond du potager, l’Amazone, et au-delà c’était la forêt, la grande, la vraie. Et puis toi et moi, à la belle aventure. Toi, chien loup de noir et de fauve et moi, intrépide héroïne chaussée de caoutchouc vert.

     

    Le pont d’allumettes franchi, on glissait dans le lit sauvage du ru, pour remonter son cours et pister ses secrets, humer l’acidulé des pommes humides, le frisson phosphorescent d’étoiles grenouilles sur l’argile moussue.

     

    Nous apprenions la langue de l’eau, entre le chuchotis des rives vierges, les méandres périlleux et l’obscur ensorcellement des racines.

     

    On galopait, bondissait entre ronces et lianes, s’enfonçait au plus profond de la mer végétale pour connaître soudain la joie ivre et farouche de se savoir enfin perdus. Quand Réel et Imaginaire tissaient le Temps du Jeu alors TOUT devenait possible !

     

    Je m’abandonnais heureuse à cette magie du monde qui m’a tout enseigné.

    Et toi beau loup fidèle sans faute toujours, à la civilisation tu me ramenais.

    Civilisation dont l’entrée se situait à hauteur exacte

    De la première rangée de carottes du potager.

     

    2005

     

     

     

     

  • A.R. Penck

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    Ma religion à moi, ma façon de me lier au monde est unique et son temple est à ciel ouvert, sans mur, sans dogme, elle est mouvante et changeante comme les dunes du désert.

     

    Ma religion est syncrétique, n'appartient à aucun courant spécifique sinon celui du vaste fleuve de l'humanité. Ma religion est du domaine du ressenti. Dans ma quête, ce que je cherchais est venu à moi et je suis déjà morte plusieurs fois.

     

    L'humain n'a pas beaucoup changé depuis les balbutiements de l'espèce, et c'est pourquoi il devient fou dans un monde qui n'est plus à sa mesure. Nous sommes des marcheurs-cueilleurs pas des forçats-consommateurs.  

     

    Religion est un mot, ce dont je parle est au-delà des mots. Le profane et le sacré n'auraient jamais dû être séparés, la dualité est une illusion. Être. Voilà tout. Les pieds ancrés à la terre, respirer, boire, manger, sentir, créer, contempler, aimer...

     

    cg in Univers'elle

     

     

     

  • Jean Christophe Fischer

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    L’ego et l’empathie sont inconciliables : pour que l’empathie grandisse, l’ego doit céder du terrain. L’ego n’est qu’une masse de pensées cristallisées et plus il est fort, plus il craint les autres egos. Plus il se croit humble et tolérant, plus il se compromet avec lui-même. J’apprends de mes « alter egos ». J’apprends, j’avale, à en vomir, tellement nous sommes égarés, produits ratés d’une société débilitante.

     

    in (c)Ourse (bi)polaire

     

     

     

     

  • Crina Prida

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    Au sentiment d’encombrement répond le désir de se dépouiller sur tous les plans, se dépouiller de tout ce qui n’est pas essentiel. La sensation est très forte, impérative. La terre, les plantes, l’eau, l’air, le corps, le cœur. Ce n’est plus un temps de création, mais de lâcher-prise. La fructification se fera d’elle-même, ou pas. Peu importe. Lâcher les peurs, lâcher la honte et la culpabilité qui n’ont aucun motif réel. Vieux poisons bien incrustés. Il en faut des cycles et des saisons pour se nettoyer en profondeur et il faut marcher, arpenter les chemins. Faire circuler le sang dans les veines du monde.

    cg in le livre des sensations

     

     

     

     

  • Don McCullin

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    nous secouerons la pesanteur

    pour fuir l’étreinte des goudrons

     à l’envers des fleurs

    roulerons dans les taillis

    sous les horizons tranchants

    comme des rasoirs

    à la gorge du ciel

     

    cg in Aujourd'hui est habitable

     

     

     

  • Chobek - Stars

     

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    Il faut stopper net la plainte, renouer le fil ténu, la corde de poussière, la corde d’étoiles, la sentir vibrer. C’est cela et rien d’autre, une vibration infime mais si puissante.

    cg in le baume, le pire et la quintessence