Alfred Stevens - Phare au crépuscule

Perceptions erronées des chercheurs de phare. Incommunicable tristesse. Être demeurée ainsi coincée, des bouts de moi se disputent des lambeaux de fantômes.
cg in Celle qui manque (Asphodèle éd. 2011)
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Perceptions erronées des chercheurs de phare. Incommunicable tristesse. Être demeurée ainsi coincée, des bouts de moi se disputent des lambeaux de fantômes.
cg in Celle qui manque (Asphodèle éd. 2011)

texte Cathy Garcia sur une photo d'Anne-Lise ©
Elle est partie dans la nuit
je ne m’en suis pas aperçu, je dormais
c’est la soif qui m’a réveillé
la soif d’elle
je l’ai appelée, seule la chatte m’a répondu
je suis sorti devant la maison
l’aube commençait à enflammer le ciel
J’ai couru jusqu’à la plage
la marée était basse
l’horizon vide
j’ai couru comme un fou
je l’ai appelée à m’en déchirer les poumons
je n’ai trouvé que ses bottines sur le sable
j’ai entendu l’océan au loin qui se marrait
à moins que ce ne fussent les mouettes
Premier opus d'un échange sur invitation de la photographe :
http://www.boucle-a-l-ouest.com/
Tout va bien merci ! Je n’agresse personne. Je fais ce que l’homme fait depuis les débuts de l’humanité et fera encore et encore : tenter d’élargir sa perception, d’ôter ses œillères. Œillères qui nous sont collées d’office à la naissance dans notre société moderne occidentale soi-disant évoluée. C’est pourtant malgré les apparences, une société fondamentalement régressive en ce qui concerne l’épanouissement de l’humain. Nous entrons à la naissance dans une machine totalement automatisée qui s’appelle éducation mais qui est en fait une uniformisation, un dressage qui vise à faire de nous vingt à vingt-cinq ans plus tard des produits conformes et rentables. Afin d’éviter les débordements ou un excès de réflexion, les médias se chargent de nous faire croire à la liberté et au paradis sur terre, qui est celui de la consommation. Les employés du marketing se creusent la tête pour trouver toujours plus, toujours mieux, toujours nouveau, toujours plus aveuglant. Nous aimons ce qui brille.
Ainsi à quatorze ans, je le savais déjà mais je n’avais pas les mots pour l’exprimer. De le savoir ne m’a pas empêché de me faire avaler comme les autres et moi-même j’ai avalé tout et n’importe quoi. C’est dégueulasse !
Il faut écouter les cris de toutes ces jeunesses qui passent, se lassent ou se cassent. Il faut écouter ceux qui revenus de tout ont cherché pourtant des espaces encore purs. Il faut écouter ce que l’on ne nous dit pas, ce qui est caché entre les lignes et derrière. Nous ne sommes pas des produits manufacturés, nous sommes des êtres humains. Nous sommes vivants ! Pour combien de temps ? Qui en a encore conscience ?
Le jour où les masques tomberont, où cesserons d’être appliquées des lois qui n’ont plus de sens… Le jour où la justice ne sera plus une utopie, où l’Homme ne se glorifiera plus de son ignorance, le jour où l’amour fera enfin la loi…
J’ai fait un rêve…
23 décembre 1992, j'avais 22 ans

La figue est une fleur.
A déguster glacée devant la cheminée où chante le feu.
Fleur, fruit, ivresse, extase du sucre. Alchimie secrète de l’amour.
cg in Chroniques du hamac, 2008

Où est la poésie ? Dans l’air ? Un sourire ? Un regard ?
Une absurdité qui brise l’œuf du temps.
cg, festival de poésie de Lodève, juillet 2008
in Calepins voyageurs et après ?

Quels que soient les blasons
La splendeur de l'Histoire
Nations et mémoires
Se verront anéanties
Quand sonnera le glas
Du temps écroulé
in Guerre et autres gâchis, Nouveaux Délits 2014

couler d'amour
aux liens de plomb
et renaître avide
captive
au plus profond des os
toute tentative
pour s'arracher
me déchire
nous dérive
cg in Histoires d'amour, histoire d'aimer

Mon esprit se sent parfois à l'étroit et là j'ai besoin d'un bon coup de rock'n'roll, comme un coup de balai dans la cage à neurones !
cg in Journal 1997

L’automne s’étire, en douceur, en langueur, plaisir des couleurs qui éclatent, s’approfondissent. Un tableau de maître et maîtresse saison, toute en fruits gorgés de sucre.
cg in A la loupe

Ô aiguillages lugubres. Mécaniques abandonnées. Les axes élastiques, le roulis entêtant, le souffle effrayant des fabriques.
Lasse des épaves, la fantaisie se cabre, glane des comas dans les chardons. On passe le gant de crin sur nos sourires de lézards tout en ignorant les rituels des cyclopes qui gardent les mines de pollen.
cg in Aujourd'hui est habitable

Une à une, tombent les peaux qui recouvrent mes yeux, l'esprit s’épluche mais jamais assez nu encore. Sur des voies de plus en plus étroites, des pentes plus escarpées, je marche, c'est l’essentiel. Je marche sur mes mots et je fais sauter les murs, les uns après les autres. Qu'importe le sens, les contresens, c'est la flamme qui compte.
cg, novembre 1997
in Calepins voyageurs et après ?

nous respirons ce vide précieux
plongeons dans l’océan du ciel
cg in Aujourd'hui est habitable

J’ai rêvé de plantation de plantes à fleurs dont les pétales avaient l’odeur de la mandarine. Puis j’ai vu, comme si j’étais en hauteur, des éléphants, des tigres, des gazelles au bord de la mer. Hallucinant ! Et puis l’Afrique était déplacée vers l’Ouest et à la place de l’Egypte, il y a avait la Tanzanie.
cg in Journal 1993

Je suis nue sans mon faux-moi. Dois-je marcher de biais pour tromper l’ennemi ? On se les fabrique les ennemis, dedans, dehors, malgré soi. Ennemi. Haine-moi. Les stridences des machines signalent l’humain en action, ça rentre dans la tête, insupportable. Les moteurs grondent, grognent et soudain c’est l’avion militaire qui perfore le ciel. Soif de silence et de mots profonds comme des regards qui savent.
cg in Le livre des sensations

retourner la peau des pensées
être le tanneur le couturier
le peintre rupestre paré
d’une ramure sacrée
aussi nue
qu’au premier jour
boire à la source s’oublier
sur un lit de feuilles froissées
suivre du bout des doigts le fil imaginaire
poser le mensonge
libérer le silence
puis jeter l’encre
cg in Mon collier de sel