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FUSIONS POÉTIQUES - Page 60

  • Cathy Garcia - L'orage

    001.JPGQuand l’orage vient, précédé comme toujours de son souffle chaud de bête prête à en découdre, le géranium déjà rouge devient fluorescent. On entend la bête galoper sur le plancher du ciel, ça craque, ça résonne et toujours en moi cette exaltation, cette palpitation, cette excitation qui me garde dehors, face à elle. Les feuilles du citronnier se mettent à briller elles aussi, tout semble électrisé à l’approche de cette force brute et magnifique. La chatte reste avec moi, posée sur une chaise et voilà les gouttes qui se précipitent, crépitent. Les chênes entament la danse, le balancement nerveux de leurs branches.

    Le crayon est mon antenne, la peau est mon antenne, mes poumons avalent le vent, le cœur fait tambour avec le tonnerre. La bête est rusée, elle tourne, ne s’approche pas directement, elle a pissé à peine et tout reste sur sa soif. Un avion, ridicule moucheron, vient la narguer, son moteur résonne comme un chant de cathédrale, ça énerve la bête qui souffle des naseaux, gronde. Pour l’accueillir comme il se doit, avec respect, je lui offre de mon vin de gaillet et nous buvons ensemble, elle tourne plus vite, rugit sourdement mais je sais qu’elle tiendra sa grêle loin de mes plantes. Nous avons un pacte. Je laisse sa respiration s’unir à la mienne, l’air est un élément avec qui je partage de grandes affinités. La bête me répond avec force et douceur à la fois, le vin de gaillet répand sa saveur légèrement amère dans ma gorge. La bête est tout près, elle bouscule les objets, courbe les arbres, elle ne va pas tarder à mordre, mais elle est lumineuse et la voilà qui pisse sa joie sans retenue. Les gouttières recueillent, eau d’orage, le plus euphorisant des parfums. La bête me couve maintenant, tout s’est assombri, ma peau frissonne et je sens à quel point elle retient sa force pour ne rien détruire. Je reste dehors, un peu à l’abri sur la terrasse, entourée des chevaux de vent qui diffusent leurs prières. Je tiens un galet poli dans ma main, gris sombre et dense, comme si je tenais l’orage lui-même. La lumière est incroyable, la bête m’a prise à l’intérieur d’elle-même et tout est calme.

    La chatte est toujours là, partage ma confiance, elle est belle comme tout ce qui m’entoure et même ma peau devient phosphorescente, nous sommes bercées par la bête, son haleine est chaude, la chatte s’endort assise. Elle attend des petits, et la bête a tout d’une mère elle aussi, qui berce et nourrit la nature. Quand son expiration se fait plus fraiche, je sens des choses dans mon bas-ventre. La bête est guérisseuse aussi, suffit de lui demander. La lumière est éblouissante, le souffle monte et revoilà le galop au-dessus de ma tête. La bête n’est pas noire mais de plus en plus blanche, électrique mais sans éclairs, blanche et lumineuse comme un miroir. Grondement et chair de poule, j’enfile un t-shirt.

    La bête a fait un pipi de chat, les asters assoiffés en attendaient bien plus, mais a t’elle dit son dernier mot ? Il y a maintenant comme une forte brise en bord de mer, celle qui fait claquer les drapeaux, tinter les mâts. Je chevauche le dos de la bête, avec elle, je peux aller n’importe où. Je caresse le galet luisant, sa forme est parfaite, c’est à force de polir du bois qu’il brille ainsi. Vous saisissez sa leçon ?

    La bête m’a donné faim, c’est sans doute l’heure passé. Peut-être un dîner en tête à tête avec elle ? On se passera de bougies.

     

    texte et photo de Cathy Garcia, juin 2017

     

     

     

     

  • Robert Budzinski - 1916

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    L’adolescente fuit la mort, puis la défie, à défaut de pouvoir la défaire. Attirer loin au-dehors cette contagieuse tristesse afin que la vie puisse éclairer enfin le fond du puits. La vie, l’émoi, la joie d’être femme. Habitée, vivante !

     

    in (c)Ourse bipolaire

     

     

     

     

  • Mary Anne Mitchell

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    Confusion. Grand toboggan. Oppressant, n’est-il pas ?

     Savoir que nous ne sommes pas seuls permet d’être seul, car grande est la tentation du terrier. Seul on se torture et on aime ça.

     

    cg in Le poulpe et la pulpe (Cardère éd. 2010)

     

     

     

     

     

  • Kibong Rhee

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    La pluie installée, efface peu à peu les parfums de l'Asie. Ne restera bientôt plus que fumées de rêves. Ailleurs j'étais, ici j'écris, en attendant un nouveau dépaysement, la dégringolade des repères, afin de me rencontrer encore sous une autre lumière.

    cg 1999

    in Calepin voyageurs et après ?

     

     

     

     

     

     

  • Tiffinie Greer

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    J’aime la vie, la vraie, celle qui brûle, qui ressemble peut-être à la mort… Extrême… Je m’en fous des faux-semblants, des fausses paroles, faux serments. Tout est faux alors autant jouer.

    cg in Journal 1990

     

     

     

     

  • Auteur inconnu

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    Ah ! Si je pouvais à mon gré

    La nuit me métamorphoser

    Épouser ton doux corps de chat

    Courtiser la lune avec toi

     

    cg in Poème follets & chansons follettes pour petits grands et grands petits

    (Nouveaux Délits éd. 2013)

     

     

     

  • Alex Andreev

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    Je voudrais suivre la route tracée par la lune pleine sur la peau de la mer, là où les sirènes nacrées se prennent dans des filets de pure lumière. La route qui mène aux aubes rieuses des sorcières battant le ciel de leurs ailes noires. Cette route du bout du monde, où les bateaux s'en vont sombrer dans le néant. La mer est vaste et lisse. Un vide immense se glisse en moi, s'engouffre dans mes poumons, douce et tiède respiration, un chant humide, rituel d'amour auquel se mêle la lune, un envoûtement, un appel…

    Il me prend comme une irrésistible envie d'enjamber la balustrade, pour aller marcher légère parmi les étoiles marines sur les eaux somnambules. Légère comme ces voiles que les vieux rêves laissent sur leur sillage. Aller rejoindre les mythiques baleines et les dauphins lunaires, le grand ballet des créatures océanes, disparues elles aussi, au cœur d'un rêve qui scintille à la surface des mers, les nuits de lune trop pleine.

     

    cg in Calepins voyageurs et après ?