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FUSIONS POÉTIQUES - Page 54

  • A.R. Penck

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    Entre les tranches de murs, on s’asperge, on s’enfonce. On manque se dissoudre dans le code réciproque. On exulte, on bégaie. On dilapide aux confins sa raison, ses raisins. On écluse l’ordinaire.

    Miettes et cicatrices. 

    On se souvient des intempéries, des couleurs de peaux et du faucon de nos cerveaux calleux, mutilé par les langues de contrition. Il nous faut vivre pourtant, en petites grappes de soleil insolent.

     

    cg in Surréel des surrénales

    extrait d'Aujourd'hui est habitable

     

     

     

  • Auteur inconnu

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    la crue du vivre déferlera

    saisons des puits pour les oasis

    nous avons des runes de feu

    dans le noir des fibres

    l’ange dans la chambre

    brandit un tison vibrant

    splendides braises du clair désert

    mais pas de serpents écorchés

    nulle possession démente

    juste l’audace de la lune ronde

    dans le fourreau de la nuit

     

    cg in Aujourd'hui est habitable

     

     

     

     

     

     

  • Cathy Garcia - L'orage

    001.JPGQuand l’orage vient, précédé comme toujours de son souffle chaud de bête prête à en découdre, le géranium déjà rouge devient fluorescent. On entend la bête galoper sur le plancher du ciel, ça craque, ça résonne et toujours en moi cette exaltation, cette palpitation, cette excitation qui me garde dehors, face à elle. Les feuilles du citronnier se mettent à briller elles aussi, tout semble électrisé à l’approche de cette force brute et magnifique. La chatte reste avec moi, posée sur une chaise et voilà les gouttes qui se précipitent, crépitent. Les chênes entament la danse, le balancement nerveux de leurs branches.

    Le crayon est mon antenne, la peau est mon antenne, mes poumons avalent le vent, le cœur fait tambour avec le tonnerre. La bête est rusée, elle tourne, ne s’approche pas directement, elle a pissé à peine et tout reste sur sa soif. Un avion, ridicule moucheron, vient la narguer, son moteur résonne comme un chant de cathédrale, ça énerve la bête qui souffle des naseaux, gronde. Pour l’accueillir comme il se doit, avec respect, je lui offre de mon vin de gaillet et nous buvons ensemble, elle tourne plus vite, rugit sourdement mais je sais qu’elle tiendra sa grêle loin de mes plantes. Nous avons un pacte. Je laisse sa respiration s’unir à la mienne, l’air est un élément avec qui je partage de grandes affinités. La bête me répond avec force et douceur à la fois, le vin de gaillet répand sa saveur légèrement amère dans ma gorge. La bête est tout près, elle bouscule les objets, courbe les arbres, elle ne va pas tarder à mordre, mais elle est lumineuse et la voilà qui pisse sa joie sans retenue. Les gouttières recueillent, eau d’orage, le plus euphorisant des parfums. La bête me couve maintenant, tout s’est assombri, ma peau frissonne et je sens à quel point elle retient sa force pour ne rien détruire. Je reste dehors, un peu à l’abri sur la terrasse, entourée des chevaux de vent qui diffusent leurs prières. Je tiens un galet poli dans ma main, gris sombre et dense, comme si je tenais l’orage lui-même. La lumière est incroyable, la bête m’a prise à l’intérieur d’elle-même et tout est calme.

    La chatte est toujours là, partage ma confiance, elle est belle comme tout ce qui m’entoure et même ma peau devient phosphorescente, nous sommes bercées par la bête, son haleine est chaude, la chatte s’endort assise. Elle attend des petits, et la bête a tout d’une mère elle aussi, qui berce et nourrit la nature. Quand son expiration se fait plus fraiche, je sens des choses dans mon bas-ventre. La bête est guérisseuse aussi, suffit de lui demander. La lumière est éblouissante, le souffle monte et revoilà le galop au-dessus de ma tête. La bête n’est pas noire mais de plus en plus blanche, électrique mais sans éclairs, blanche et lumineuse comme un miroir. Grondement et chair de poule, j’enfile un t-shirt.

    La bête a fait un pipi de chat, les asters assoiffés en attendaient bien plus, mais a t’elle dit son dernier mot ? Il y a maintenant comme une forte brise en bord de mer, celle qui fait claquer les drapeaux, tinter les mâts. Je chevauche le dos de la bête, avec elle, je peux aller n’importe où. Je caresse le galet luisant, sa forme est parfaite, c’est à force de polir du bois qu’il brille ainsi. Vous saisissez sa leçon ?

    La bête m’a donné faim, c’est sans doute l’heure passé. Peut-être un dîner en tête à tête avec elle ? On se passera de bougies.

     

    texte et photo de Cathy Garcia, juin 2017

     

     

     

     

  • Robert Budzinski - 1916

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    L’enfant fuit la mort, puis la défie, à défaut de pouvoir la défaire. Attirer loin au-dehors cette contagieuse tristesse, afin que la vie puisse éclairer enfin le fond du puits. La vie, l’émoi, la joie d’être femme. Habitée, vivante !

    cg in (c)Ourse bipolaire

     

     

     

     

  • Mary Anne Mitchell

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    Confusion. Grand toboggan. Oppressant, n’est-il pas ?

     Savoir que nous ne sommes pas seuls permet d’être seul, car grande est la tentation du terrier. Seul on se torture et on aime ça.

     

    cg in Le poulpe et la pulpe (Cardère éd. 2010)

     

     

     

     

     

  • Kibong Rhee

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    La pluie installée, efface peu à peu les parfums de l'Asie. Ne restera bientôt plus que fumées de rêves. Ailleurs j'étais, ici j'écris, en attendant un nouveau dépaysement, la dégringolade des repères, afin de me rencontrer encore sous une autre lumière.

    cg 1999

    in Calepin voyageurs et après ?