Louis Raoul
Il reste à mettre de l’ordre
Dans cette débâcle du dire
Vous n’êtes pas encore
De ceux qui signent d’une noyade
Au bas de l’eau.
in Triptyque du veilleur
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Il reste à mettre de l’ordre
Dans cette débâcle du dire
Vous n’êtes pas encore
De ceux qui signent d’une noyade
Au bas de l’eau.
in Triptyque du veilleur
Il y a des moments où l'on se sent libéré de ses propres limites et imperfections humaines.
Dans de tels instant on se voit là, dans un tout petit coin d'une petite planète, le regard fixé en émerveillement sur la beauté froide et pourtant profonde et émouvante de ce qui est éternel, de ce qui est insaisissable.
La vie et la mort se fondent ensemble et il n'y a pas d'évolution ni de destination, il n'y a que ÊTRE.
Toujours la technologie. La technologie était le trou du cul de la science.
in Charge d'âme
Lorsqu'un soir je rentrais dans la chambre, complètement hagarde, par hasard je me regardais dans la glace. Elle reflétait l'image d'une possédée, sauvage et lubrique, repoussante et fascinante. Échaudée, les yeux enfoncés dans les orbites, la chemise de nuit de travers, le corps sans forme. La voilà la sorcière. Cette créature de la terre, aux instincts dénudés, débridés, avec son insatiable appétit de vie, femme et bête en même temps.
Un portail
Vous attendait
Au bout de l’enfance
Que vous ne saviez pas
Tous ces temps d’orage
À jouer
Quand le ciel perdait ses clés
Sur les toits.
in Triptyque du veilleur
« (…) il m’apparut un jour comme une évidence que ce monde, et en particulier les femmes, n’avait que faire d’hommes d’acier. Ce qu’il leur fallait c’était des hommes véritables. (…) Des hommes qui ne se croient pas invincibles, qui n’ont pas peur de dévoiler leur côté vulnérable, qui ne cachent pas, que ce soit à vous ou à eux-mêmes, leur véritable personnalité. Qui n’hésitent pas à demander de l’aide quand ils en ont besoin. Qui sont fiers que vous les souteniez comme ils sont fiers de vous soutenir. Des hommes qui ne s’identifient pas à la taille de leurs pénis ou à l’abondance de leur pilosité. Des hommes qui ne se signifient pas par leur performance sexuelle ou par leurs comptes en banque. Des hommes qui vous écoutent vraiment, au lieu de vous venir en aide avec condescendance. Des hommes véritables, qui ne se sentent pas humiliés ou castrés parce que, de temps à autre, ils peinent à obtenir une érection. De vrais hommes qui discutent avec vous de ce qui est mieux pour tous deux au lieu de dire, sur un ton arrogant : « Laisse-moi m’en occuper ! ». (…) des hommes qui partagent avec vous leurs problèmes et leurs préoccupations, au lieu de s’obstiner à tenter de tout résoudre tout seuls. Des hommes qui, en un mot, non pas honte de vous demander la direction à suivre, au lieu de prétendre tout savoir, souvent au risque de se perdre. »
in Superman est arabe
La surface de l’eau
Semble ornée comme la soie…
La pluie du printemps
Po Chu Yi
Le monde est plein de bruits et de fureur Il fait froid Trop paresseux pour me lever Les pensées en désordre J’ouvre mon vieux livre de poèmes Je pense à l’endroit où personne ne vient Je pense aux arbres, aux nuages et aux rochers Je pense à l’odeur des herbes Je pense aux corbeaux de la montagne Je pense au jardin de Lo Yang Je pense aux deux grues qui savent danser Je pense à Po Chu Yi Je pense au poète tranquille et oisif Je pense au parfum du vin Je pense au son de la pluie Je pense au goût du ciel Je pense à la nuit profonde et silencieuse Je pense au poète qui s’enivre et dort profondément Je pense au bon vent dans le clair de lune
Tout ce qu'on entend est une opinion, pas un fait.
Tout ce qu'on voit est une perspective, pas la vérité.
les hommes, cinq ans, font des châteaux de sable
les dieux, deux ans, les détruisent
in Microbe n°69
je sais
qu’elle est
là
quelque part
à
archiver
d’encre
les lèvres
du fleuve
in l’archiviste du brouillard
Nous avons marché pieds nus pour toucher l'âme des gravats, et nus, nous avons marché afin que l'âme des vents nous habille de femmes qui nous renvoient les dons de la nature.
in Au dernier soir sur cette terre
L'aube froide
Des ténèbres pâles
Inonde les pôles
Du ciel et de la chair
in Sacre et massacre de l’amour
Toi
tu es un cri
une brûlure
un chardon bleu
dans l’ombre de ta
souffrance
jamais en repos
Tu te cognes au temps
au manque
Ce grand creux
en toi
jamais comblé
Tu ignores la rondeur
la douceur d’un geste
offert
ta tendresse
est une ligne brisée
Dans le bleu de tes yeux
se consume
un noyau dur
que rien ne dénouera
in au coin d’une rue
L’ivrogne et l’enfant titubent
On boit jusqu’à l’innocence
Alors pourquoi sans fin
faut-il presser l’abcès
exprimer retrancher polir
à la poursuite d’une aile
qui ne délivre pas
du temps où on s’enlise
in Sous les couteaux des horloges