Frédérique de Carvalho
Doucement de sève et de sang l’oreille collée aux arbres doucement de serments sous les pierres doucement de ventre et de murmure le baiser dans la sente l’eau filante des mains
in Shangrilah paysage
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Doucement de sève et de sang l’oreille collée aux arbres doucement de serments sous les pierres doucement de ventre et de murmure le baiser dans la sente l’eau filante des mains
in Shangrilah paysage
Prenez-moi tout mais laissez-moi l'extase
et je serai plus riche que mes semblables.
Dans la couleur de l’abeille
le frémissement
du miel.
in Clins d’œil
Tous les mouvements
du cœur dans un seul frisson
de saule pleureur
Il y a de la joie à sentir la chaleur. Viens dans le grand monde et vois le soleil.
Suis les traces des anciens pas dans la nuit d'été.
Il y a de la peur à sentir le froid. Viens dans le grand monde et vois la lune.
Maintenant nouvelle lune, maintenant pleine lune.
Suis les traces des anciens pas dans la nuit d'hiver.
L’homme est né simplement
Pour tomber
…ne plus jamais se relever, une lance dans le dos
Le feu, l’arc, et sous le masque, la cicatrice ouverte sur les étoiles,
tout ce qui lui a été appris, lui a été ravi par le flot impétueux du fossé,
alors pourquoi continue-t-il à changer toujours les pierres de place ?
On a croisé l’enfant qui dodeline de la tête dans le désert des églises poussiéreuses.
On a lâché une pièce : il dodeline de plus belle
Commerce des sourires, des rouges à lèvres élastiques, des parures lisses et conformes
La rue se maquille, agitée par ses poches pleines de punaises, et ses trottoirs engainés dans leurs courses, où l’entrain se consomme en coups de vent
in A travers l’écran (Traction Brabant n°40)
Je ne sais pas ce qui m’a semblé le plus étrange
qu’elle appelle son chien « Amour » d’une voix tendre
ou qu’elle s’adresse à son mari en aboyant ?
Car voilà : on a supposé la terre plate. C'était vrai elle l'est encore aujourd'hui, de Paris à Asnières par exemple. Seulement n'empêche pas que la science prouve que la terre est surtout ronde. Ce qu'actuellement personne ne conteste. Or, actuellement, on en est encore, malgré ça, à croire que la vie est plate et va de la naissance à la mort.
in Lettre à Emile Bernard, Arles 1888
J’erre dans la démesurée douceur
du songe
in Promesse achevée à bras nus
il ne lui reste pour amis
que quelques graminées
le merle espiègle du jardin
un crapaud sous une murette
un mimosa fragile
et les buissons ardents
qui ont tout vu tout entendu
et qui se souviennent
in Quotidiennes pour oublier
et qui refuse la souffrance et la lucidité dans sa vie
refuse également la volupté et la connaissance
in La poésie de l’extase et le pouvoir chamanique du langage
Mais qui saurait forcer le masque de ta face
Et l'opaque frontière des peaux
Atteindre le point nul en soi-même vibrant
Au centre le point mort et père des frissons
Roulant à l'infini leurs ondes circulaires
Tout immobile au fond du coeur l'astre absolu
Le point vide support de la vie et des formes
Qui deviennent selon le cercle des tourments
Le secret des métamorphoses aveugles
in Sacre et massacre de l’amour
La mer sculpte, têtue, dans chaque vague,
Le monument où elle s’écroule
in Liberté sur Paroles
Comment je suis devenu charmant, sympathique et délicieux "Je dors très tard. Je me suicide à 65 %. J’ai la vie très bon marché, elle n’est pour moi que 30 % de la vie. Ma vie a 30 % de la vie. Il lui manque des bras, des ficelles et quelques boutons. 5 % sont consacrés à un état de stupeur demi lucide accompagné de crépitements anémiques. Ces 5 % s’appellent DADA. Donc la vie est bon marché. La mort est un peu plus chère. Mais la vie est charmante et la mort aussi est charmante. J’étais il y a quelques jours, à une réunion d’imbéciles. Il y avait beaucoup de monde. Tout le monde était charmant. Tristan Tzara, un personnage petit, idiot et insignifiant faisait une conférence sur l’art de devenir charmant. Il était charmant d’ailleurs. Tout le monde est charmant. Et spirituel. C’est délicieux, n’est ce pas ? Tout le monde est délicieux, d’ailleurs. 9 degrés au dessous de zéro. C’est charmant n’est ce pas ? Non ce n’est pas charmant. Dieu n’est pas à la hauteur. Il n’est même pas dans le Bottin. Mais il est tout de même charmant. Les ambassadeurs, les poètes, les comtes, les princes, les musiciens, les journalistes, les acteurs, les écrivains, les diplomates, les directeurs, les couturiers, les socialistes, les princesses et les baronnes, c’est charmant. Vous tous, vous êtes charmants, très fins, spirituels et délicieux. Tristan Tzara vous dit : il veut bien faire autre chose, mais il préfère rester un idiot, un farceur et un fumiste. Soyez sincères un instant : ce que je viens de vous dire, est charmant ou idiot ? Il y a des gens (journalistes, avocats, amateurs, philosophes) qui tiennent même les affaires, les mariages, les visites, les guerres, les congrès divers, les sociétés anonymes, la politique, les accidents, les dancings, les crises économiques, les crises de nerfs, pour des variations de dada. N’étant pas impérialiste, je ne partage pas leurs opinions ; je crois plutôt que dada n’est qu’une divinité de second ordre, qu’il faut placer tout simplement à coté des autres formes du nouveau mécanisme à religions d’interrègne. La simplicité est elle simple ou dada ? Je me trouve assez sympathique.
in Comment je suis devenu charmant, sympathique et délicieux