Yves Martin
Je suis persuadé qu’on ne sort pas indemne de la poésie. Tôt ou tard, elle a votre peau.
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Je suis persuadé qu’on ne sort pas indemne de la poésie. Tôt ou tard, elle a votre peau.
Bruit d’un rythme sec, escorte cette quête du vieux dire habité de brande, et vous mes morts, parleurs de dialectes sonores, et la clochette au cou des chèvres :
Leur pis balance entre les haies d’épines, des crins retenus aux buissons la mésange au redoux trame un chant d’existence.
in le flamboyant
Quoique tu rêves d'entreprendre, commence-le.
L'audace a du génie, du pouvoir, de la magie.
Je ne crois pas aux pressentiments, mais il y a longtemps que j'ai perdu foi en mes incroyances. Les « je n'y crois plus » sont encore des certitudes et il n'y a rien de plus trompeur.
in Clair de femme
j’aurais pu enfoncer tous les doigts de ma main dans ta fente
pour aller chercher ce qu’ils ont appelé dieu
in La mort est plus futée qu’une souris
Pourquoi, au fond, la souffrance serait-elle dramatique ? Pas de clef à l'énigme, là, on retourne à ce que l'on est. C'est à dire rien. Pulvérisé à nouveau. Poussière d'ange ou d'étoiles, ou d'asphalte. Le grand jeu. Le grand tourbillon. Nourri de ne plus rien savoir, de ne plus penser à soi. La clé, alors serait de remercier. Dire merci à tout, même à l'épouvantable, dans une fulgurante attention.
Rivière lente lente, les pensées des poissons s'étirent et s'étirent,
ces pensées indécises leur sont un bien-être du corps et de l'esprit !
Retouche à l’aube
un chien flaire le bas du ciel
et lève l’ombre oubliée sous un arbre
la lumière enfant renoue sa sandale
les morts ont encore vieilli
Les hommes ont ficelé les choses
Et leur bivouac sent la charogne
in Une quinte sous nos doigts
Je tiens le monde pour un mensonge
Mais sa laideur ne peut faire cesser ma fougue
in Une quinte sous nos doigts
des fruits viennent l’oubli cueille les siens.
in Promesse achevée à bras nus
Femmes abandonnées, pucelle aux yeux de biche,
Putain aux yeux de plomb,
Femme au foyer laissée pour un baiser plus rond,
Je sais le bruit de soie de vos sexes qui tremblent
Et j'ai pleuré plus haut que vous toutes ensemble.
in Avec la permission de Dieu, 1953
Je te demande la peur, des matins perles, et puis l'oubli. Je te quémande le doute, la fente, une insouciance héroïque Les quatre chemins si ta voix m'y appelle, L'aurore et sa nuit dépouillée à te dessiner. Je te demande tes peurs, tes matins perles et puis ton seul oubli Je te quémande ton doute, ta fente, une insouciance héroïque Le fil d'Ariane vers mes éternités par ton chant Border l'étreinte de ces sanglants mirages oubliés. Je serai là, où se dissolvent les syllabes portant le monde et tout son poids. Tu seras là où crachent les montagnes Portant dans l'ombre la lumière et nos feux.
Un peu plus chaque matin
Vivre doit s’écrire debout
A l’encre rouge
Seul de préférence
Avec des cartouches de mots
Prêtes à servir
Dans un silence de cathédrale.
in Quotidiennes
visage du Bouddha
au front traversé
d’une mèche de verdure
au pays où les arbres
sont les berceaux des ruines
in Sous les couteaux des horloges